Le FMI tient une table ronde avec les jeunes du Moyen-Orient à Amman (Jordanie)
Le 9 mars 2010Un groupe de vingt étudiants de la faculté d'économie et de sciences politiques de l'université de Jordanie a examiné les priorités économiques du pays, les enseignements à tirer de la crise financière mondiale et le rôle que le FMI devrait jouer dans le pays. Les étudiants accordent un degré élevé de priorité à la réduction du chômage. Ils ont appelé les autorités à garantir la stabilité économique et à encourager l'investissement pour promouvoir la croissance et la création d'emplois. Ils ont demandé au FMI d'aider la Jordanie en lui fournissant des conseils techniques et d'engager un débat plus large avec toutes les parties prenantes dans l'ensemble du pays. La crise mondiale a eu des implications manifestes pour les réformes (y compris de la réglementation) et pour les systèmes d'alerte avancée.
Les étudiants de l'université de Jordanie ont indiqué que la stabilité macroéconomique est essentielle pour résoudre le problème du chômage dans leur pays. La sécurité économique, une inflation faible et stable, des finances publiques saines et un environnement favorable aux investisseurs sont nécessaires pour que la Jordanie attire des investissements, en particulier des investissements directs étrangers, et se dote d'un secteur dynamique de petites et moyennes entreprises qui pourraient absorber la main-d’œuvre considérable. Il est important aussi de mettre à niveau les infrastructures du pays et de faciliter l'accès au crédit pour encourager l'investissement.
« Nous manquons de ressources naturelles », a noté un étudiant, « nous devons donc privilégier l'investissement dans nos ressources humaines », notamment grâce à l'éducation, en mettant à niveau les programmes et en offrant des formations qui correspondent aux besoins du marché du travail. Il a été proposé aussi de créer des centres d'emploi pour faciliter la recherche d'un travail et assurer l'équilibre du marché : ces centres serviraient d'intermédiaire entre les chercheurs d'emploi et les employeurs en fournissant à chaque groupe des informations sur l'offre de l'autre groupe.
Bon nombre d'étudiants considèrent que le tourisme est la pièce maîtresse de l'économie jordanienne. Ils estiment que le gouvernement devrait accroître l'investissement et renforcer le marketing dans ce secteur pour permettre à ce dernier d'atteindre son plein potentiel. « Il n’est pas logique que l'Égypte ait plus du double de touristes que la Jordanie, comme ce fut le cas l'an dernier », a noté un autre étudiant. « Il y a beaucoup de sites touristiques en Jordanie aussi ; nous devons simplement mieux les promouvoir ».
Étant donné les besoins économiques de la Jordanie, comment le FMI pourrait-il aider au mieux ce pays ? Les étudiants apprécient les conseils donnés par les experts du FMI et en soulignent l'avantage, à savoir qu'ils reposent non seulement sur les compétences techniques des services du FMI, mais aussi sur leur expérience de ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans les autres pays. Plusieurs étudiants ont demandé de consacrer davantage d'études à la Jordanie en particulier et appellent le FMI à se soucier davantage des besoins sociaux et du secteur financier de leur pays.
L'un des étudiants a évoqué avec satisfaction la réforme des quotes-parts convenue récemment par les pays membres du FMI, mais il a noté qu'elle n'est pas suffisante. Il est nécessaire d'assurer une meilleure représentation des pays en développement pour veiller à ce que ces pays se rallient aux conseils du FMI et pour orienter davantage l'institution vers leurs besoins. Cette préoccupation a également été exprimée par plusieurs autres étudiants de l'université de Jordanie, ainsi que d'autres universités de la région, selon laquelle le FMI défend les intérêts des pays développés, qui vont parfois à l'encontre de ceux des autres pays membres.
En ce qui concerne la crise financière mondiale, les étudiants ont noté qu’elle a mis à jour des défaillances importantes du système financier international. Selon eux, le monde et le FMI n’étaient pas bien préparés pour affronter une telle crise; c’est pourquoi ils s’emploient maintenant à entreprendre les réformes qui, si tout va bien, permettront de mieux faire face à la prochaine crise, ou même de l’éviter. « Pour tirer les enseignements de la crise, nous devons en déterminer les causes », a noté un étudiant. « Et la cause principale était l’octroi d’un crédit excessif dans de mauvaises conditions ». « La crise était principalement une crise morale », a fait observer un autre étudiant, et a montré que « la main invisible est estropiée ». L’enseignement principal est donc qu’il est nécessaire de mieux réglementer, le crédit en particulier, mais aussi le secteur financier et le gouvernement d’entreprise de manière plus générale.
Quelques étudiants ont indiqué qu’une intégration moins poussée et un recours plus grand à l’investissement intérieur auraient atténué les répercussions de la crise et limité le nombre de pays touchés. Cependant, d’autres ont rejeté la motion du combat contre la mondialisation. Un étudiant a insisté sur le fait que « nous vivons dans un système connecté et aucun élément ne peut survivre sans l’autre ». Il faut continuer de réduire les obstacles à la circulation des biens et des idées, mais aussi mettre en place des garde-fous appropriés, et les pays doivent être prêts à affronter des crises si elles se présentent. À cet égard, il est essentiel de concevoir un système efficace d’alerte avancée. Si les pays (et le FMI) avaient vu venir la crise, ils auraient peut-être pu riposter rapidement pour l’éviter ou, du moins, en atténuer les effets.