La présente édition marque une fois de plus notre volonté de rendre compte des travaux du Fonds monétaire international sur le plan des relations avec les organisations de la société civile. Cette fenêtre grande ouverte sur nos activités témoigne de l'importance que nous attachons à ces relations. Les articles que vous lirez dans ce numéro traitent de manière claire et concise de plusieurs grandes questions qui touchent aujourd'hui l'économie mondiale. La démarche que nous suivons dans ce bulletin n'est que l'une des composantes d'un vaste travail engagé pour renforcer l'interaction avec la société civile. De nombreux lecteurs se souviendront de l'édition spéciale de mars dernier où nous annoncions un projet destiné à intensifier les relations des services de l'institution avec la société civile. Ce projet, qui vise essentiellement à établir un guide clair et pratique à l'intention des responsables de missions et des représentants résidents dans leurs rapports avec les OSC, bénéficie du concours du professeur Jan Aart Scholte, du Centre for Globalisation and Regionalisation de l'université de Warwick, spécialiste des relations entre les institutions multilatérales -- en particulier le FMI -- et la société civile. L'entretien que celui-ci nous a accordé est à la une de la présente édition. La préparation du guide occupera une place de choix dans le travail du Département des relations extérieures avec la société civile durant les mois à venir. Le professeur Scholte soumettra bientôt un avant-projet à l'examen d'un large éventail d'OSC -- notamment du sud --, suite à quoi nous en afficherons une version révisée sur notre site Internet (www.imf.org) pour commentaires. Nous attendons avec beaucoup d'intérêt vos observations et réactions, d'autant que ce guide est appelé à être régulièrement mis à jour. Vous trouverez en outre dans la présente édition d'autres articles sur plusieurs aspects essentiels des activités menées par le FMI pendant le trimestre écoulé : réunion du Comité monétaire et financier international à l'occasion des réunions de printemps, travail sur la mondialisation financière récemment publié par le Département des études et rencontres importantes avec des OSC. Retour à la table des matières Entretien avec le professeur Jan Aart Scholte Le professeur Jan Aart Scholte, du Centre for Globalisation and Regionalisation de l'université de Warwick, en Grande-Bretagne, est l'auteur de Civil Society Voices and the International Monetary Fund. Il se consacre actuellement à la rédaction d'un guide des relations avec les organisations de la société civile, à l'intention des services du FMI (voir le Numéro spécial du Bulletin d'information de la société civile). En visite à Washington, en mars dernier, pour la préparation de son ouvrage, M. Scholte nous a parlé de son travail. Nous publions ci-après des extraits de l'entretien qu'il nous a accordé : Q: Depuis combien de temps vous intéressez-vous aux relations entre le FMI et la société civile ? R: Cela fait environ huit ans, en comptant mes travaux sur le terrain en Argentine, au Brésil, au Canada, en Égypte, aux États-Unis, en Inde, au Mexique, en Ouganda, en Roumanie, en Russie, en Thaïlande, et dans l'Union européenne. En 1995, année où j'ai présenté un premier projet de recherche, les contacts entre le FMI et le monde associatif étaient fort limités, en particulier dans les pays qui appliquaient un programme. J'étais toutefois convaincu, que cela allait changer. Les événements m'ont donné raison. Q: Pourquoi tenter d'améliorer ces relations ? R: Il suffit de voir comment fonctionne l'économie mondiale pour se rendre compte du rôle de plus en plus important qu'y joue la société civile. Les contacts entre les OSC et les institutions économiques d'envergure mondiale s'intensifient. Or, il importe que ces relations soient des plus positives et constructives. Après une dizaine ou une quinzaine d'années d'échanges croissants, nous pouvons faire le point, évaluer les réussites et les échecs et en tirer les enseignements pertinents. Q: Dans votre rapport vous décriviez le FMI comme présentant une culture institutionnelle qui n'était pas entièrement portée au dialogue avec la société civile. Est-ce que cela a changé ? R: Aujourd'hui, les services du FMI, dans leur grande majorité, ne contestent pas le principe des relations avec la société civile; ce qui, je l'avoue, ne manque pas de me surprendre. Il y a encore huit ans, il était courant de penser que si l'on approchait le monde associatif on risquait de s'aliéner les autorités du pays et donc de compromettre la bonne mise en œuvre des programmes. Aujourd'hui, on pense généralement que le dialogue avec la société civile est indispensable pour instaurer un climat politique propice à une exécution constructive des programmes. Q: Pourquoi a-t-on alors besoin d'un guide ? R: La pratique suscite beaucoup plus d'interrogations. Les services du FMI manifestent plus de doutes et d'hésitations lorsqu'il s'agit de savoir qui doivent être les interlocuteurs, quand et où les rencontrer, et dans quelles conditions. Comment les services du FMI peuvent-ils s'assurer qu'ils rencontrent des groupes représentatifs de la société avec laquelle ils tentent d'établir un dialogue ? Le contact doit-il se limiter à la négociation des programmes, ou s'étendre également aux missions et aux consultations au titre de l'article IV ? Ou bien faut-il que le dialogue soit continu ? Dans leurs contacts avec le monde associatif, les services du FMI risquent-ils de se voir impliqués dans des controverses politiques locales qu'ils ne comprennent pas ? De manière générale, le FMI est conscient de la complexité des relations avec la société civile, compte tenu de la spécificité de chaque situation et du fait qu'elle évolue. Un guide peut donc apporter des éclaircissements et donner aux représentants du FMI plus d'assurance dans leurs démarches auprès des groupes de la société civile. Q: Ce sera un ouvrage volumineux ? R: Disons une dizaine de page : ni un simple article, ni un long chapitre. Ce sera un guide pratique à l'usage quotidien des services du FMI, et non pas un traité ni une étude savante. Q:
Quels sont vos liens contractuels avec le FMI ? R: Je ne suis pas rémunéré pour ce travail, je reçois simplement le remboursement de mes frais. Dans un domaine comme celui-ci -- que beaucoup jugent délicat sur le plan politique -- il s'agit de faciliter le dialogue, d'être un intermédiaire impartial et d'être perçu comme tel. Q: Comment se déroule votre travail ? R: Cette semaine j'ai eu des entretiens avec les services du FMI et j'ai essayé de prendre connaissance des expériences heureuses et moins heureuses des relations avec la société civile. J'ai également présenté à mes interlocuteurs une ébauche de guide, afin de connaître leur réaction. J'ai également commencé à soumettre cet avant-projet à l'examen d'une trentaine de praticiens de la société civile qui ont une expérience des relations avec les institutions financières internationales ou, de manière générale, avec des organismes mondiaux dont les activités sont liées à la gouvernance. Ce groupe de spécialiste présente une bonne diversification Nord-Sud et hommes-femmes. Q: Quelle
sera la prochaine étape ? R: J'entends rédiger une note que je soumettrai à l'attention du FMI lors de ma prochaine visite début mai. Le groupe de praticiens de la société civile aura également l'occasion de se prononcer sur une version actualisée du projet. Vers le milieu de l'année, l'avant-projet définitif sera affiché sur le site Internet du FMI; tout le monde pourra alors donner son avis. Q: Que se passera-t-il ensuite ? R:. Mon travail aura été inutile s'il n'a pas d'effets concrets. Par exemple, j'envisagerais dans un premier temps que les Représentants résidents du FMI se servent du guide pour organiser leurs réunions avec les principaux groupes de la société civile. Le FMI pourrait alors prendre connaissance des réactions de ces derniers et voir comment la note pourrait être adaptée ou amendée au vu des conditions locales. De la sorte, un grand nombre d'OSC de pays menant un programme prendraient connaissance de cette note et verraient que le FMI est déterminé à améliorer ses relations avec elles. Q: Dans quelles régions les rapports
avec la société civile présentent-ils le plus d'importance ? R: Là où le FMI joue un rôle actif dans la politique macroéconomique. Or, c'est souvent dans ces pays où les liens entre le FMI et la société civile sont le moins développés. Il serait regrettable que le guide finisse par être principalement examiné et débattu au sein des associations des pays du nord, qui jouissent déjà du meilleur accès, qui sont déjà intervenues le plus, et qui exercent déjà le plus d'influence. Q: Les gouvernements
voient-ils souvent d'un mauvais œil les contacts entre le FMI et les organisations
de la société civile ? R: À n'en pas douter, il arrive que les autorités réagissent avec peu d'enthousiasme, voire qu'elles affichent ouvertement leur opposition. Je pense toutefois que l'on exagère leur inquiétude. Il y a en fait peu de cas où les autorités ont clairement fait savoir qu'elles ne voulaient pas que le FMI aborde tel ou tel groupe ou la société civile en général. Dans d'autres cas, elles signalement subtilement qu'elles y voient des inconvénients. Cela dit, la plupart des gouvernements ont beaucoup plus tendance à l'accepter. Du reste, certains employés du FMI sont peut-être enclins à se servir d'un prétendu comportement frileux des autorités, pour justifier leur peu d'enthousiasme à dialoguer avec les groupes de la société civile. Retour à la table des matières Le point sur la réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI) Le Comité monétaire et financier international (CMFI) a tenu la première de ses deux réunions annuelles le 12 avril, à l'occasion des Réunions de printemps de 2003, avec pour toile de fond une économie mondiale incertaine. Si la guerre en Iraq touchait à sa fin, de nombreux doutes existaient quant aux conséquences du conflit. La réunion a traité de ces questions et des inquiétudes quant à l'état d'avancement des efforts déployés pour aider les pays les plus pauvres, ainsi que des initiatives destinées à mieux prévenir et résoudre les crises économiques. Le communiqué du CMFI, rendu public à la fin de la rencontre, réaffirme l'attachement du Comité à une étroite coopération internationale en vue de soutenir la relance mondiale. Gordon Brown, Président du Comité et Chancelier de l'échiquier, soulignait durant la conférence de presse qui a suivi la réunion que « C'est la preuve de notre détermination à tous que même en ces temps difficiles nous ayons pu transcender les considérations immédiates pour inscrire notre réflexion dans une perspective à long terme ». S'agissant de l'après-guerre en Iraq, le Comité s'est dit favorable à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies et a réaffirmé le rôle du FMI et de la Banque mondiale dans le rétablissement du « développement économique, social et politique soutenu de l'Iraq ». Le communiqué a rappelé que l'un et l'autre « se tiennent prêts à jouer leur rôle normal dans le redéveloppement de l'Iraq en temps opportun ». À la question de savoir ce que l'on entendait par « rôle normal », le Directeur général du FMI, M. Horst Köhler, a répondu lors de la conférence de presse que le Comité abordait ses responsabilités en Iraq comme il avait abordé les projets post-conflit au Kosovo, en Afghanistan, au Timor oriental ou ailleurs. M. Köhler a précisé qu'une mission exploratoire pourrait être envoyée en Iraq une fois que les conditions de sécurité seraient réunies. En ce qui concerne l'économie mondiale, le CMFI a invité les économies avancées à entreprendre des politiques de nature à « conduire à une accélération de la croissance au second semestre de l'année ». Le communiqué a insisté sur les mesures qui, dans les pays avancés, permettraient de « faire face aux pressions qui s'exerceront à moyen terme sur les finances publiques », notamment aux États-Unis, et de renforcer les réformes structurelles nécessaires en Europe et au Japon. Le communiqué invite les économies de marché émergentes à affermir leur capacité de résistance face à d'éventuels revers de la situation mondiale, en renforçant leur stabilité macroéconomique et en procédant à des réformes structurelles. S'agissant des pays à faible revenu, le CMFI a souligné que les perspectives de raffermissement de la croissance « devraient être étayées par de meilleures politiques économiques, des institutions plus solides, des avancées vers la résolution des conflits régionaux et des apports supplémentaires de ressources de la part des bailleurs de fonds, y compris sous forme d'allégements de la dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) ». Il a précisé que le FMI continue de jouer un rôle important en aidant les pays à faible revenu à avancer dans la réalisation des objectifs de développement pour le Millénaire. Le Comité reconnaît qu'il faut d'urgence élargir les débouchés commerciaux et relever le niveau des apports de ressources des bailleurs de fonds aux pays en développement tout en en accroissant l'efficacité. Il encourage le FMI à poursuivre ses travaux pour aligner les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance et les budgets nationaux. Cette opération sera facilitée par des projections économiques plus réalistes, une analyse systématique des sources de croissance, une collaboration efficace entre la Banque mondiale et le FMI, et une conception souple des programmes permettant notamment de tenir compte d'une augmentation des apports d'aide. Le Comité attend aussi avec intérêt l'examen du rôle du FMI dans les pays à faible revenu pour le moyen terme. En ce qui concerne l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), le CMFI se félicite de la poursuite des progrès en matière d'allégement, mais note que certains pays mettent plus longtemps que prévu pour arriver au point d'achèvement et que d'autres pays admissibles se heurtent à des obstacles pour participer à l'initiative. Il attend avec intérêt un examen de ces questions, lors de sa prochaine réunion, en septembre, à Dubaï. Le Comité réaffirme son engagement à l'égard du financement intégral de l'initiative PPTE et salue les efforts déployés par certains pays pour fournir un allègement de dette supplémentaire. Retour à la table des matières Les services du FMI et la société civile pendant les réunions de printemps
Retour à la table des matières Document sur la mondialisation financière Le FMI a récemment publié une étude traitant des effets de la mondialisation financière sur les pays en développement (Effects of Financial Globalization on Developing Countries-Some Empirical Evidence, Eswar Prasad, Kenneth Rogoff, Shang-Jin Wei et M. Ayhan Kose). Cet ouvrage offre une perspective plus nuancée du rôle que jouent les flux de capitaux internationaux dans la promotion du développement. Il présente également quelques conclusions importantes pour la politique économique des pays en développement. L'étude s'efforce de répondre à trois questions :
D'après la théorie économique, les pays en développement ont beaucoup à gagner de l'intégration financière. En s'ouvrant aux flux de capitaux, tels qu'investissements directs étrangers, investissements de portefeuille ou emprunts bancaires, les pays non seulement encouragent la croissance, mais ils contribuent aussi à stabiliser la consommation, reflet important du bien-être économique. L'étude montre que la pratique n'est pas toujours conforme à la théorie. Même si le revenu par habitant est supérieur dans les pays en développement à économie ouverte, il est difficile de trouver des preuves catégoriques attribuant cela à la libéralisation de leur compte de capital. De fait, certains de ces pays ont traversé des crises monétaires ou bancaires fort coûteuses, lorsque les investisseurs ont soudainement décidé de retirer leur mise. Cela dit, l'étude a également permis de relever que lorsque l'intégration financière dépasse un certain seuil, l'effet positif des flux de capitaux internationaux (accès moins coûteux au capital, transfert de nouvelles technologies, développement du système bancaire) commence à éclipser leurs retombées négatives. Qui plus est, les pays ayant adopté de solides politiques économiques et où le niveau de corruption est faible ont beaucoup de chances de mettre à profit l'intégration financière. Ces pays réussissent à attirer l'investissement direct étranger, qui lui-même est particulièrement propice à la croissance. En revanche, les pays qui, aux yeux des investisseurs, manquent de transparence ou présentent des politiques économiques carencielles, tendent à dépendre davantage des « capitaux fébriles », tels que prêts bancaires à court terme, et attirent moins l'investissement direct étranger, d'où une plus grande propension aux crises.
Considérons un exemple pratique. L'intégration financière peut inciter les pays à dépenser de manière excessive. Lorsqu'ils ont accès aux marchés de capitaux internationaux, les gouvernements peuvent emprunter plus facilement -- souvent à l'excès et à court terme. L'accumulation de dettes à court terme en devises rend ainsi les pays plus vulnérables aux chocs extérieurs ou aux caprices des investisseurs. Si ces risques nous obligent à aborder la libéralisation avec prudence, ils ne doivent cependant pas servir d'argument pour la rejeter en bloc. Le FMI continue de penser que les pays en développement ont beaucoup à gagner d'une ouverture sur le monde extérieur. Il importe de souligner que l'étude n'a porté que sur l'un des aspects de la mondialisation -- concrètement, le rôle des flux de capitaux internationaux dans le développement économique des pays en développement. Elle n'a pas abordé, par exemple, le commerce extérieur ni la mobilité de la main d'œuvre, qui sont d'autres versants de la mondialisation. Nombreuses sont les études qui ont constaté que la libéralisation des échanges avait un effet positif sur la croissance économique. Autrement dit, il ne faut pas attendre de cette étude sur la libéralisation financière une réponse à la question de savoir si la mondialisation est « bonne » ou « mauvaise » pour les pays en développement. On trouvera un complément d'information sur le FMI et la libéralisation du compte de capital dans les documents suivants :
Retour à la table des matières Dialogue avec la société civile Rencontre avec le Conseil œcuménique des églises Les représentants du FMI, de la Banque mondiale et du Conseil œcuménique des églises (COE) se sont donné rendez-vous à Genève, en février dernier, à l'occasion d'un séminaire sur les stratégies de croissance et l'accès de la société civile aux responsables de la politique économique. Cette manifestation, qui a duré deux journées, a été l'occasion d'entendre des exposés et d'engager un débat sur ces questions. L'un des objectifs de cette rencontre -- et de celles qui devraient lui faire suite sur une période de deux ans -- était de recenser les points de convergence. Ce séminaire était l'aboutissement d'un échange de correspondance entre Horst Köhler, Directeur général du FMI, James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, et Konrad Raiser, Secrétaire général du COE, qui l'an dernier avaient manifesté le souhait d'établir un dialogue au plus haut niveau. Les travaux se sont répartis en quatre sessions qui ont porté sur les thèmes suivants : l'évolution de la mission des institutions de Bretton Woods et de leur vues sur le développement; la notion de création de richesse et de justice sociale au plan international, la privatisation, et un bilan de l'expérience acquise en matière de dialogue. Le COE n'a pas ménagé ses critiques. Durant la session consacrée à la création de richesse et à la justice sociale, Pamela Brubaker, professeur d'éthique chrétienne à l'université luthérienne de Californie, a souligné que les politiques économiques préconisées par les institutions de Bretton Woods avaient eu pour effet de creuser le fossé entre les riches et les pauvres, et elle ne s'est pas montrée convaincue par les récents changements à leurs initiatives de lutte contre la pauvreté. Selon elle, les institutions financières internationales obéissent aux intérêts d'une minorité d'entreprises et de grands pays. Intervenant durant la même session, Peter Heller, Directeur adjoint du Département des finances publiques du FMI, a, en guise de réponse, décrit comment le FMI, durant ces 15 dernières années, avait donné plus de place à la lutte contre la pauvreté et à la création d'emplois. Au début des années 1990, il fallait veiller à ce que les politiques d'ajustement ne nuisent pas aux populations pauvres. Aujourd'hui, on insiste davantage sur la nécessité d'aider les pays à créer des emplois pour sortir les ménages de la pauvreté et à adopter des politiques d'accompagnement permettant d'acheminer vers les populations pauvres les services essentiels d'éducation et de santé, tout en encourageant la croissance et la stabilité macroéconomique. M. Heller a souligné que les pauvres sont les principaux bénéficiaires des politiques visant à juguler l'inflation : à la différence des riches et des groupes à revenu intermédiaire, ils n'ont pas les moyens d'éviter une perte de revenu réel. Il a en outre rappelé que les principaux actionnaires du FMI avaient vivement appuyé cette nouvelle orientation. Brian Ames, Conseiller du Département de la définition et de l'examen des politiques, a fait le point sur le processus relatif aux documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, et sur les possibilités qu'il offre à la participation de la société civile et à l'élargissement du débat sur les principales questions liées à la pauvreté. Durant la même session, Patrick Bond, de l'université de Witwatersrand, a fait un exposé fort critique sur la privatisation de l'alimentation en eau en Afrique australe. Le séminaire a permis de dégager un consensus selon lequel le COE et les institutions de Bretton Woods partagent un même engagement dans la lutte contre la pauvreté. Cependant, nombreux sont les membres du COE qui s'estiment exclus du processus de définition des priorités de développement. Les organismes représentés à ce séminaire partagent en outre la volonté de poursuivre le dialogue. Un deuxième séminaire est ainsi prévu à Washington dans le courant de l'année. Il sera l'occasion de traiter du processus participatif des DSRP, du rôle des secteurs public et privé dans l'économie, de la réaction à la mondialisation, et de la gouvernance au sein des institutions de Bretton Woods et dans les pays membres. Certaines églises participantes ont indiqué qu'à l'avenir elles aborderaient le dialogue en proposant des suggestions concrètes et des solutions de rechange dans la lutte contre la pauvreté, et éventuellement en modifiant la composition de leur délégation à ce type de rencontre. Retour à la table des matières Le Directeur général rencontre le Président de World Vision Dans le cadre des réunions qu'il tient avec les ONG s'intéressant au travail des institutions financières internationales, le Directeur général du FMI, Horst Köhler, a rencontré en février Dean Hirsch, Président de World Vision International, organisation confessionnelle d'aide humanitaire et de lutte contre la pauvreté. À cette occasion, M. Hirsch a souligné que toutes les parties impliquées dans le dialogue entre le FMI et les OSC doivent agir de façon constructive et ouverte, à l'heure où le FMI aborde de façon plus transparente les relations avec divers groupes. Cette rencontre - qui a eu lieu suite à la publication du document de World Vision intitulé « Deepening the Dialogue: The IMF and Civil Society» (Approfondir le dialogue entre le FMI et la société civile), disponible en anglais à l'adresse www.globalempowerment.org) -représente un pas de plus dans l'amélioration des relations entre le FMI et la société civile. Alors qu'on lui reprochait par le passé de faire fi des critiques, le FMI est aujourd'hui examiné de plus près. Alan Whaites, Directeur de la politique générale et de la sensibilisation de World Vision, a mis en garde M. Köhler, rappelant qu'il ne faut pas traiter les relations avec les ONG comme faisant partie de la « gestion des risques ». Il a signalé que durant certaines réunions entre le FMI et la société civile, les parties en présence s'entendaient plus qu'elles ne s'écoutaient et il a encouragé le FMI à être plus ouvert aux vues des ONG. M. Köhler a déclaré que parfois le FMI sert d'exutoire de tous les maux de la planète, ajoutant que les plaintes d'un manque d'accès au FMI sont parfois galvaudées. Il a précisé que le contact avec les ONG « faisait désormais partie de la vie du FMI », puis a décrit les travaux entrepris par le Département des relations extérieures pour aider les services du FMI dans leur travail de sensibilisation auprès de la société civile (lire l'entretien avec le professeur Scholte, page 3). M. Hirsch a ajouté qu'en qualité de Président du Mouvement mondial en faveur des enfants, il a pour responsabilité de définir les moyens de mobiliser les institutions financières internationales, les Nations Unies et les autres organisations pour agir en faveur de l'enfance, notamment par le biais de l'éducation et de la santé. Selon lui, grâce à ce projet il espère trouver les moyens d'inciter les interlocuteurs habituels du FMI à agir de manière plus ouverte. Il s'est en outre déclaré intéressé par les travaux du FMI sur un examen du rôle des représentants résidents dans les pays membres. Retour à la table des matières Réunion sur le CEI-7 à Lucerne Une réunion a eu lieu à Lucerne, en Suisse, en janvier dernier pour traiter des défis que doivent relever les sept pays les plus pauvres de la Communauté des États indépendants (CEI-7) dans leur longue transition vers le développement économique. Des dirigeants des sept pays (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, République kirghize, République de Moldova, Tadjikistan et Ouzbékistan) ont participé à cette rencontre, aux côtés de représentants de la société civile des divers pays, de responsables d'organisations multilatérales, et de représentants des pays donateurs et du monde universitaire. Chacune des sessions a fait l'objet d'un débat animé sur le rôle de la communauté internationale au début de la transition, l'importance de l'internalisation, et la nécessité d'améliorer la coopération dans la région. Les responsables des sept pays de la CEI ont rappelé que leurs pays avaient reçu un précieux soutien financier et technique des institutions financières multilatérales, mais ils ont toutefois précisé que le financement tendait à privilégier les prêts, et expliqué que cette disproportion tenait au fait que l'on avait sous-estimé le temps nécessaire pour jeter les bases de la croissance économique. Marat Sultanov, député de la République kirghize, a déclaré que comme les dons sont limités, les pays n'ont d'autre choix que d'emprunter pour éviter une dégradation du niveau de vie plus forte que durant les premières années de la transition. En fin de compte, selon lui, la communauté internationale avait aidé à les pays à se constituer des institutions mais également des dettes. Les documents présentés lors de la conférence ne préconisaient pas une approche de la transition radicalement différente. Plusieurs représentants nationaux ont toutefois souligné que les réformes n'étaient viables qui si les pays les « internalisaient ». Yegor Gaidar, ancien Premier ministre russe et actuel Directeur de l'Institut des économies en transition basé à Moscou, a rappelé qu'en Russie les réformes fiscales sont devenues réalité parce que les responsables russes, eux-mêmes, avaient pris l'initiative de leur conception. Les participants ont convenu que compte tenu de leur situation géographique et de la taille modeste de leur économie, les sept pays les plus pauvres de la CEI devront notamment s'atteler à l'expansion de leur commerce extérieur. Les responsables nationaux ont fait leur cette idée et ont reconnu que les échanges commerciaux étaient fortement limités par des fermetures des frontières, des restrictions de transit et des contraintes tarifaires ad hoc. Ils ont toutefois ajouté qu'il était essentiel d'assurer un meilleur accès aux marchés des pays industrialisés, et notamment ceux de l'UE. La conférence s'est terminée sur une note d'optimisme relatif. En dépit du long chemin qu'il reste à parcourir, la récente reprise de la croissance constatée dans la plupart des pays avait permis de faire reculer la pauvreté, et l'on peut donc penser que les pays se sont engagés sur la bonne voie. Tous les documents de la conférence sont disponibles sur le site Internet de l'initiative en faveur des CEI-7, en anglais et en russe. Retour à la table des matières Susan Adams, Représentant résident principal, Vietnam Le 12 mars, j'ai été invitée à intervenir auprès du Development Cooperation Committee (DCC) de Hanoi, instance qui rassemble des ONG et d'autres membres de la société civile. Plus de 350 ONG internationales sont présentes au Vietnam, et leurs travaux sont coordonnés en partie par le Vietnam NGO Resource Center. J'ai encouragé les participants à « faire la jonction » entre les efforts qu'ils déploient sur le terrain et la démarche macroéconomique du FMI. Il s'agit de savoir combien de « jonctions » ou de « traits d'union » on peut établir entre telle activité d'une ONG donnée et tel centre d'intérêt du FMI. Par exemple, plusieurs ONG implantées au Vietnam se consacrent aux micro-crédits ruraux et aux micro-prêts aux petites entreprises. Si les micro-prêts ne figurent pas parmi les questions généralement couvertes par le dialogue de politique économique entre le FMI et la Banque d'État du Vietnam (BEV), ils font désormais « partie du paysage » car la Banque asiatique de développement (BAsD) apporte son concours à un projet d'assistance technique dont l'objectif est justement de rédiger des manuels de contrôle bancaire à l'intention de la BEV pour les activités de micro-prêts. Je citerai un autre exemple. Une équipe de l'UNESCO s'est récemment rendue au Vietnam pour étudier le potentiel d'écotourisme de la baie d'Halong (un site prodigieux au nord du pays). Le représentant de l'UNESCO a commencé par présenter ses excuses pour avoir rencontré le FMI, qui - il en était convaincu - ne s'intéressait absolument pas à l'écotourisme, mais figurait cependant sur son calendrier de réunions. Bien au contraire, nous avions « fait la jonction », en trois temps : premièrement, l'écotourisme est non seulement important pour nous tous d'un point de vue environnemental, mais il contribue aussi à promouvoir le tourisme de manière générale; deuxièmement, le tourisme présente de nombreuses ramifications avec le développement économique dans l'ensemble des secteurs et, partant, nourrit la croissance et contribue à combattre la pauvreté; et troisièmement, le tourisme permet de dégager des recettes en devises pour le Vietnam, ce qui a une incidence directe sur la vitalité des réserves de la Banque d'État du Vietnam. Moralité : les liens qui nous unissent sont beaucoup plus nombreux qu'on ne le pense. Pour de plus amples renseignements sur le FMI au Vietnam, veuillez visiter notre site Internet, où vous trouverez également un lien vers la version intégrale de la présentation au DCC. Retour à la table des matières Lorenzo U. Figliuoli, Représentant résident principal, Ukraine Sous la houlette de la famille des Nations Unies, nous avons participé à des réunions mensuelles sur l'Initiative en faveur des jeunes lancée par plusieurs instances de l'ONU. Ce projet vise à définir le contenu et la forme du sommet de la jeunesse de l'ONU prévu pour juillet 2003. Cette rencontre aura notamment pour objectif de donner aux jeunes les moyens de développer les aptitudes nécessaires pour prendre part à la vie publique; les doter des aptitudes leur permettant de travailler avec les autorités; les encourager à faire entendre leur voix à tous les niveaux de la prise de décisions; débattre des Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) dans le cadre des nouvelles lois que doivent adopter les autorités; et donner la parole aux jeunes dans la définition des politiques et des lois. Dans cette perspective, le sommet servira de tribune d'échange, mais aussi d'instrument d'organisation pour plusieurs mesures concrètes, notamment la progression vers les ODM; la promotion de la santé génésique, des modes de vie sains, de la famille, de la santé et d'un comportement masculin responsable; et la suppression des formes les plus abjectes de travail des enfants. Notre souci est de veiller à ce que les crédits budgétaires - en faveur de la santé et de l'éducation, par exemple -- soient dépensés à bon escient et que le financement soit suffisant, compte tenu des contraintes globales. Nous nous efforçons en outre de voir si les droits des jeunes sont respectés dans les codes économique et civil récemment adoptés. De manière plus générale, en collaboration avec les autres donateurs, nous vérifions si les autorités suivent un processus ouvert et transparent de consultation de la société civile sur un large éventail de questions de politique générale. Pour plus de renseignements, veuillez visiter le site Internet du Représentant résident du FMI. Retour à la table des matières Si vous souhaitez être informé des nouveaux documents affichés sur le site Internet du FMI, veuillez vous inscrire, pour en être notifié par courriel, à notre système de notification. Autres réunions récentes entre les services du FMI et les OSC
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