République Islamique de Mauritanie : Le Conseil d'administration du FMI conclut les consultations au titre de l'Article IV de 2024 et achève les troisièmes revues des accords élargis au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit, ainsi que la deuxième revue de l'accord de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD)

le 19 décembre 2024

  • Le Conseil d'administration du Fonds Monétaire International (FMI) a conclu les consultations de 2024 au titre de l'Article IV avec la Mauritanie. Le Conseil a également finalisé les troisièmes revues des accords au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi du Crédit (MEDC), ainsi que la deuxième revue dans le cadre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). Cette décision permet un décaissement immédiat de 36,16 millions de DTS (environ 47,4 millions de dollars).
  • L'économie mauritanienne demeure résiliente, quand bien même la croissance économique devrait ralentir à 4,6 % en 2024. Les perspectives de croissance demeurent favorables à moyen terme. Une mobilisation accrue des recettes, un renforcement de la supervision bancaire et une mise en œuvre soutenue du plan national de gouvernance devraient contribuer à une croissance inclusive tirée par le secteur privé.
  • La performance du programme a été solide. Les efforts de réforme entrepris par la Mauritanie, ainsi qu’une gestion macroéconomique saine, ont permis de renforcer la viabilité de la dette et la résilience aux chocs, tout en créant des marges budgétaires pour les dépenses prioritaires dans les infrastructures et les secteurs sociaux.

Washington, DC: Le Conseil d'administration du FMI a conclu aujourd'hui, les consultations au titre de l'Article IV[1] de 2024 avec la Mauritanie et a achevé les troisièmes revues des accords combinés sur 42 mois de la FEC et du MEDC, ainsi que la deuxième revue dans le cadre de l'accord FRD. Les accords FEC/MEDC ont été approuvés en janvier 2023 (voir communiqué de presse N°23/15), et l'accord FRD a été approuvé en décembre 2023 (voir communiqué de presse N°23/465).

L'achèvement des revues permet un décaissement immédiat de 6,44 millions de DTS (environ 8,4 millions de dollars) au titre de la FEC/MEDC et de 29,72 millions de DTS (environ 39,0 millions de dollars) au titre de la FRD, portant les décaissements cumulés à 89,7 millions de DTS (environ 117,7 millions de dollars). Le Conseil d'administration a également approuvé la modification du critère de performance quantitatif relatif à la nouvelle dette contractée ou garantie par le gouvernement pour 2024, tout en maintenant un risque de surendettement modéré.

L'économie mauritanienne demeure résiliente, soutenue par les efforts continus de réforme du gouvernement. L'activité économique devrait ralentir à 4,6 % en 2024, en raison d'une contraction des activités extractives. Après un ralentissement prévu en 2025-2026, les perspectives de croissance devraient être favorables à moyen terme. Les risques subsistent et sont liés notamment à l'escalade de l'instabilité régionale et les événements climatiques extrêmes.

La poursuite d'une politique budgétaire prudente, basée sur l’ancrage budgétaire et une mobilisation soutenue des recettes, à travers notamment une rationalisation des exonérations fiscales, permettra de créer des marges budgétaires pour les infrastructures et les dépenses sociales, tout en maintenant la viabilité de la dette. Les réformes en cours dans le secteur financier, notamment le renforcement de la supervision bancaire et l'application des normes prudentielles, devraient contribuer à élargir l'accès au financement et à renforcer le système bancaire en tant que moteur de croissance. L'accélération des réformes structurelles, notamment grâce aux efforts continus pour renforcer la gouvernance, le climat des affaires et le cadre réglementaire, est cruciale pour diversifier l'économie et parvenir à une croissance inclusive génératrice d'emplois.

La performance du programme a été robuste tout au long des trois piliers : soutenabilité budgétaire, flexibilisation du taux de change, et réformes en matière de gouvernance. Toutes les cibles quantitatives fixées pour fin juin 2024 ont été atteints, et la plupart des repères structurels (au titre de la FEC et du MEDC) ont été réalisés, et toutes les mesures de réforme (dans le cadre de la FRD) ont été mises en œuvre.

À l'issue des discussions du Conseil d'administration sur la Mauritanie, M. Kenji Okamura, Directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :

Soutenue par des politiques solides, l'économie mauritanienne a continué de croître en 2024. L’inflation reste maîtrisée et les résultats budgétaires sont restés conformes à l'objectif à moyen terme de diminution de la dette extérieure. Les solides résultats obtenus dans le cadre du programme ont été soutenus par des politiques monétaires et budgétaires prudentes. Les autorités s'attachent à améliorer les cadres d'action, à renforcer la résilience, à accélérer la croissance inclusive et à atténuer les problèmes posés par le changement climatique.

La mise en œuvre et l'institutionnalisation d'un ancrage budgétaire contribuerait à protéger les dépenses publiques de la volatilité des prix des produits de base et à réduire la dette publique extérieure. Une politique budgétaire disciplinée accompagnée de réformes des administrations fiscale et douanière pourrait créer l'espace budgétaire nécessaire pour répondre aux besoins considérables en matière d'infrastructures et de développement social, tout en préservant la crédibilité du cadre budgétaire à moyen terme. Les principales mesures visent à élargir l'assiette de l'impôt, améliorer l'administration fiscale et éliminer les exonérations excessives. Il sera également important d'améliorer l'efficience de l'investissement public.

Alors que l'inflation est restée contenue, la Banque centrale de Mauritanie a convenablement rétréci le corridor des taux d'intérêt et abaissé le taux directeur. Les autorités s'attachent à améliorer le cadre de politique monétaire et à réduire au minimum l'excès de liquidité afin de maintenir l'ancrage de l'inflation et de développer les marchés interbancaires. Il est important de continuer à renforcer les fonctions de surveillance et l'indépendance de la banque centrale. Un suivi attentif de l'évolution du secteur financier et la poursuite de l'application de la réglementation prudentielle renforceraient la résilience du secteur bancaire aux chocs. Il convient de prendre d'autres mesures importantes pour renforcer le dispositif de LBC/FT, améliorer le fonctionnement du marché des changes et assouplir le taux de change.

Il est essentiel de mettre en œuvre résolument des réformes structurelles pour soutenir une croissance plus forte, plus inclusive et diversifiée, tirée par le secteur privé. Parmi les priorités figurent le renforcement de la gouvernance et de la transparence, la promotion du développement du secteur financier et de l'inclusion financière, et la mise en œuvre du plan d'action sur la gouvernance visant à améliorer le climat des affaires.

La poursuite de la mise en œuvre des mesures ambitieuses de réforme de l'adaptation au changement climatique et de l'atténuation de ses effets, soutenues par la facilité pour la résilience et la durabilité, contribuera à relever les défis à moyen et long terme de la Mauritanie et à mobiliser des financements supplémentaires

Évaluation du conseil d’administration[2]

Les administrateurs saluent l’engagement des autorités et la solide performance du programme, appuyés par des politiques monétaires et budgétaires prudentes. Les administrateurs soulignent que, tout en étant positives, les perspectives sont exposées à des risques considérables, notamment les risques sécuritaires dans la région du Sahel et les chocs climatiques. Les administrateurs soulignent la nécessité d'un engagement continu en faveur du maintien de la stabilité macroéconomique, du renforcement des cadres des politiques macroéconomiques et de la poursuite des réformes visant à promouvoir une croissance durable et inclusive.

Les administrateurs encouragent le maintien de la discipline budgétaire pour soutenir la viabilité des finances publiques et de la dette, ainsi que l’institutionnalisation de l’ancrage budgétaire afin de gérer la volatilité du secteur extractif. Notant les besoins de développement considérables, les administrateurs appellent à une mobilisation plus ambitieuse des recettes intérieures, tout en assurant un niveau adéquat d'investissements publics et de dépenses sociales pour soutenir les groupes vulnérables. Ils recommandent des mesures visant à élargir l'assiette fiscale, à améliorer l'administration fiscale et à supprimer les exonérations excessives.

Les administrateurs ont mis l’accent sur la nécessité d'améliorer davantage le cadre de politique monétaire et de poursuivre les efforts de réduction des excédents de liquidité dans le secteur bancaire. Conscients de l'importance de renforcer les fonctions de surveillance et l'indépendance de la banque centrale, les administrateurs saluent les récentes modifications apportées à la loi sur la banque centrale. Ils encouragent les autorités à mettre en œuvre les recommandations restantes de l'évaluation des sauvegardes de 2023. Les administrateurs reconnaissent l'importance des mesures en cours visant à améliorer encore le fonctionnement du marché des changes et à accroître la flexibilité du taux de change. En outre, les administrateurs mettent l’accent sur la nécessité de suivre attentivement l'évolution du secteur bancaire et de renforcer la résilience des banques face aux chocs. Des mesures additionnelles pour renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont importantes.

Les administrateurs soulignent qu'il importe d'accélérer les réformes structurelles pour générer une croissance plus élevée et plus inclusive tirée par le secteur privé. Ils soulignent la nécessité de renforcer la gouvernance et la transparence et saluent le plan d'action pour la gouvernance économique et les réformes de lutte contre la corruption. Les administrateurs soulignent également la nécessité d'améliorer le climat des affaires, de diversifier l'économie et de renforcer l'inclusion financière. Tout en notant la nécessité d'atténuer les difficultés posées par le changement climatique, les administrateurs saluent les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme de réformes en faveur du climat appuyé par la facilité pour la résilience et la durabilité. Parmi les mesures importantes figurent l'intégration de l'action climatique dans les investissements publics et la gestion financière, l'augmentation de la production d'énergie renouvelable et l'amélioration de la gestion des ressources en eau. Les administrateurs encouragent la poursuite des efforts visant à améliorer la communication de données.

 

 

Mauritanie : Indicateurs économiques sélectionnés, 2019–2024

 

2019

2020

2021

2022

2023

 

2024

 

 

 

 

 

2ème

Revue

 

Est.

2ème

Revue

 

Proj.

Comptes nationaux et prix

 

 

(Variation annuelle en pourcentage)

 

 

PIB réel

3.1

-0.4

0.7

6.8

3.4

6.5

4.3

4.6

PIB réel du secteur extractif

7.5

7.1

-19.2

18.3

10.9

9.4

2.6

-0.5

PIB réel hors secteur extractif

2.5

-1.7

6.0

3.8

1.7

5.9

4.7

5.7

Indice des prix à la consommation (fin de période)

 

2.7

 

1.8

 

5.7

 

11.0

 

1.6

 

1.6

 

4.0

 

3.0

Opérations du gouvernement central

(En pourcentage du PIB hors secteur extractif, sauf indication contraire)

Recettes et subventions

19.9

20.8

22.7

25.0

22.9

22.5

23.6

24.1

Hors secteur extractif

16.7

16.6

16.2

18.2

17.3

17.0

18.6

18.9

Taxes

12.2

10.9

11.7

13.4

12.8

12.6

14.0

14.3

Secteur extractif

1.6

2.1

4.2

5.1

3.7

3.7

3.1

3.4

Dépenses et prêts nets

17.8

18.5

20.8

28.7

25.4

25.0

25.2

25.4

Dont: Courant

11.2

12.0

13.0

17.2

16.6

16.4

15.7

15.5

Capital

6.8

6.6

7.8

11.5

8.8

8.7

9.5

9.8

Solde Primaire (hors Subventions)

1.4

1.2

0.5

-4.5

-3.4

-3.3

-2.5

-2.1

Solde global (en pourcentage du PIB)

 

2.0

 

2.2

 

1.9

 

-3.7

 

-2.5

 

-2.5

 

-1.6

 

-1.2

Dette du secteur public (en pourcentage du PIB)

57.7

56.5

52.4

48.5

47.9

46.4

44.5

44.3

Secteur extérieur :

 

 

 

 

 

 

 

 

Solde du compte courant (en pourcentage du PIB)

 

-10.5

 

-6.8

 

-8.6

 

-14.9

 

-10.0

 

-8.8

 

-7.9

 

-7.7

Réserves officielles brutes (en millions de dollars US, fin de période)

1,135

1,542

2,347

1,877

2,032

2,032

1,976

2,039

En mois d’importations  Importations non extractives

 

5.8

 

6.7

 

8.2

 

6.2

 

6.3

 

6.4

 

6.4

 

6.5

Dette publique extérieure (en millions de dollars US)

 

3,845

 

4,113

 

4,204

 

3,970

 

4033

 

3,959

 

4025

 

3,921

En pourcentage du PIB

48.7

49.1

45.8

42.3

41.4

40.0

38.0

36.3

Sources: Estimations et projections des autorités mauritaniennes et des services du FMI.

 

 

[1] En vertu de l'Article IV des Statuts du FMI, le Fonds engage des discussions bilatérales avec ses membres, généralement chaque année. Une équipe des services du FMI se rend dans le pays pour recueillir des informations économiques et financières et discuter avec les responsables des évolutions et des politiques économiques du pays. De retour au siège, l'équipe prépare un rapport qui sert de base aux discussions du Conseil d'administration

[2][2] À l’issue des délibérations, la Directrice Générale, en sa qualité de présidente du conseil, résume les opinions des administrateurs et transmet ce résumé aux autorités nationales. Une explication des termes convenus utilisés communément dans ces résumés est disponible à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.

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