Les services du FMI achèvent les consultations de 2020 au titre de l’article IV avec le Maroc
le 2 novembre 2020
- La réaction rapide des autorités a permis d’endiguer l’impact économique et social de la crise sanitaire. Cependant, comme celle de beaucoup d’autres pays, l’économie marocaine devrait subir une profonde récession cette année.
- Les services du FMI prévoient que la croissance rebondira à 4,5 % l’année prochaine, car les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estomperont, mais il subsiste des risques considérables.
- Le Maroc a déployé des efforts décisifs pour élargir l’assistance sociale cette année. Les services du FMI conviennent qu’une réforme globale du système de protection sociale sera plus urgente après la pandémie.
Washington, DC : Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Roberto Cardarelli a mené une mission à distance du 19 octobre au 2 novembre 2020 dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l’article IV des statuts du FMI.
À l’issue de la mission, M. Cardarelli a fait la déclaration suivante :
« En dépit de la riposte rapide des autorités, la pandémie mondiale n’a pas épargné le Maroc et a eu des retombées négatives sur sa population, à l’instar de tous les pays du monde. La mission tient à exprimer sa solidarité avec tous les marocains qui ont été touchés par la crise sanitaire et ceux qui travaillent de manière incessante à tous les niveaux de la société pour aider leurs concitoyens à faire face à ses conséquences.
« Sous l’effet combiné de la sécheresse et de la pandémie du COVID-19, le PIB devrait se contracter dans une fourchette de 6 à 7 % en 2020 en fonction de l’évolution de cette pandémie, et le taux de chômage devrait fortement augmenter. Les déficits budgétaire et extérieur devraient se creuser, du fait de la baisse des recettes fiscales et le recul des recettes en devises tirées du tourisme, respectivement. Néanmoins, la résilience des transferts des marocains résidant à l’étranger et la baisse des importations ont limité les besoins de financement extérieur du Maroc, et les réserves internationales restent largement supérieures à leur niveau de l’an dernier notamment grâce au tirage au titre de la ligne de précaution et de liquidité du FMI en avril dernier (communiqués de presse No. 20/138) et à l’intensification des efforts de mobilisation des financements extérieurs. Les services du FMI s’attendent à ce que la croissance du PIB rebondisse l’an prochain à 4,5 %, sous l’hypothèse que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent, mais cette projection de référence est sujette à de considérables risques baissiers.
« La politique budgétaire a été assouplie de manière appropriée en 2020. Les recettes fiscales ont diminué nettement et les autorités ont accru les dépenses publiques et révisé leur composition pour réduire au minimum les répercussions économiques et sociales de la crise. Parmi les mesures prises dans ce cadre, les subventions aux salariés affectés et les transferts monétaires aux travailleurs de l’économie informelle, l’appui au financement des entreprises ont soutenu la demande intérieure, protégé les groupes les plus vulnérables de la population et préservé le tissu productif. La loi de finances 2021 entend continuer à soutenir la reprise au cours des prochaines années, principalement par la relance de l’investissement et la réforme du système de protection sociale récemment annoncée par les autorités. Les services du FMI saluent l’intention des autorités de soutenir la reprise en 2021. Ils conviennent aussi avec les autorités que le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide. Tout en reconnaissant l’incertitude exceptionnelle qui entoure le calendrier et le rythme de la reprise, les services du FMI recommandent dans leurs projections de référence de commencer à réduire le ratio dette publique par rapport au PIB à compter de 2022. Par contre, une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire. Des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressivité du système fiscal, de nouvelles réformes de l’administration publique qui rationaliseraient les dépenses et le programme de privatisation des autorités contribueraient à reconstituer les marges de manœuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale.
« Bank Al-Maghrib (BAM) a pris des mesures décisives pour atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie réelle et le secteur financier. Les services du FMI notent avec satisfaction la politique monétaire accommodante qui est menée et considère que celle-ci devrait être poursuivie jusqu’à ce que l’inflation commence à augmenter. BAM envisage d’utiliser tous les outils à sa disposition pour contribuer à limiter l’impact économique si les risques liés à la résurgence de la pandémie se matérialisaient. Une plus grande flexibilité du régime de change va bénéficier à l’économie marocaine en préservant les réserves et la compétitivité et en renforçant sa capacité d’absorption des chocs externes. Les autorités sont en train d’assurer un suivi étroit des conditions de déroulement de la transition et d’approfondir les études sur tous les volets pour juger du moment opportun pour entamer une nouvelle phase.
« Les banques ont été relativement résilientes face à la pandémie, grâce à leurs niveaux initiaux relativement élevés de fonds propres et de liquidité et à la riposte vigoureuse de BAM. Les services du FMI notent avec satisfaction que BAM a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distribution de dividendes cette année afin de se prémunir contre une détérioration éventuelle du portefeuille des crédits bancaires dans un avenir proche. BAM continue de surveiller activement les répercussions de la crise sur la qualité des actifs bancaires tout en poursuivant en coordination avec le Ministère chargé des finances le parachèvement du dispositif de résolution afin de renforcer la panoplie d’instruments des autorités.
« Il est essentiel de faire avancer le programme de réformes structurelles pour solidifier la reprise après la pandémie et atteindre une croissance plus forte, résiliente et inclusive, qui améliore le niveau de vie de l’ensemble des Marocains. Les services du FMI félicitent les autorités pour les efforts résolus qu’elles ont engagés pour développer l’assistance sociale cette année et conviennent qu’une réforme globale du système de protection sociale est devenue plus urgente à la suite de la pandémie. L’élargissement de l’assurance médicale à tous les Marocains contribuerait à accroître l’accès à des services de meilleure qualité, tandis que l’harmonisation de tous les programmes existants d’assistance sociale dans le cadre d’un registre social unifié améliorerait l’efficience et le ciblage du système. La mission souscrit à la réforme annoncée des entreprises publiques, qui devrait mettre en place des conditions propices à un secteur public plus efficient et stimuler le développement du secteur privé. Enfin, la mission salue les progrès accomplis récemment dans l’établissement du cadre juridique pour la numérisation de l’administration publique et la simplification de ses procédures, ainsi que les mesures récentes visant à mettre en œuvre la réforme de l’éducation, notamment du système de formation professionnelle, à améliorer la gouvernance et à lutter contre la corruption.
« La mission tient à remercier les autorités marocaines, ainsi que les représentants des secteurs public et privé et de la société civile qu’elle a eu l’occasion de rencontrer, pour leur coopération et pour les entretiens productifs. »
Informations générales
Depuis 2012, le Maroc a conclu avec le FMI quatre accords successifs au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le 7 avril, les autorités marocaines ont procédé au tirage de toutes les ressources disponibles (environ 3 milliards de dollars) dans le cadre de l'accord au titre de la LPL ( voir communiqué de presse no 20/138 ). C’était la première fois que les autorités recouraient aux ressources disponibles au titre de la LPL, et ce, pour faire face au choc sans précédent de la pandémie de COVID-19.
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