Bulletin du FMI : Le FMI va intensifier ses conseils en matière de politiques du marché du travail
le 8 mai 2013
- Les défis à relever dans les domaines de la croissance, de la création d'emplois et de l’inclusion sont étroitement liés
- Le FMI va intensifier son analyse et ses conseils en matière d'emploi et de croissance
- Une hausse du taux d’activité des femmes peut stimuler le développement
M. Min Zhu, Directeur général adjoint du FMI, a déclaré dans une entrevue qu'après avoir fait le point sur ses travaux dans les domaines de la création d’emplois et de la croissance, l'institution peut encore développer son analyse et donner davantage de conseils pour aider ses membres à atteindre leurs objectifs en matière de croissance inclusive.
Croissance et emploi
M. Min Zhu, Directeur général adjoint du FMI, a déclaré dans une entrevue qu'après avoir fait le point sur ses travaux dans les domaines de la création d’emplois et de la croissance, l'institution peut encore développer son analyse et donner davantage de conseils pour aider ses membres à atteindre leurs objectifs en matière de croissance inclusive.
Dans une entrevue au Bulletin du FMI, M. Zhu a noté, en se référant à un récent document de l'institution intitulé Jobs and Growth: Analytical and Operational Considerations for the Fund, que, alors que la stabilité économique est essentielle pour créer des emplois et générer de la croissance, chaque pays ne peut adopter une seule stratégie et il n’y a pas non plus de solution universelle.
Lors des discussions des réunions de printemps à Washington, le Comité monétaire et financier international, comité directeur du FMI, a également insisté sur la nécessité de stimuler la croissance et de créer des emplois.
Bulletin du FMI : pourquoi le FMI se lance-t-il dans ces travaux sur l'emploi et la croissance ?
M. Zhu : je soulignerai deux grands facteurs. Premièrement, lorsque nous regardons le monde qui nous entoure, plus de 200 millions de personnes n'ont pas d'emploi. Le chômage à long terme est élevé, de même que celui des jeunes. En même temps, nous n'enregistrons qu'une reprise modérée par rapport aux crises antérieures. La faible croissance et le chômage élevé sont donc des problèmes majeurs.
En second lieu, nos membres nous demandent de plus en plus de conseils sur la façon de promouvoir la croissance et de soutenir la création d'emplois et nous devons être réceptifs à ces demandes.
Le FMI consacre déjà de nombreux travaux à ces questions. Cependant, il est judicieux de faire le point. C'est l'objectif du rapport susmentionné qui nous permet de voir ce que nous pouvons faire de plus. Ce rapport n'est pas la première étape, ni la dernière d'ailleurs.
Bulletin du FMI : avec, comme vous le soulignez, un chômage mondial dépassant 200 millions de personnes, quelles mesures les pays devraient-ils prendre ?
M. Zhu : le chômage a surtout augmenté dans les pays avancés à cause du faible niveau de la demande. L'une des priorités devrait donc être de soutenir la demande globale. Il faudrait rééquilibrer les finances publiques au rythme que permet l'espace budgétaire, en protégeant par ailleurs il les pauvres.
Au-delà du court terme, des problèmes resteront à régler. Les pays sont confrontés aux répercussions de « mégatendances ». L'intégration commerciale et financière est de plus en plus poussée et il y a les innovations technologiques et les mutations démographiques. Ces facteurs ont tous des conséquences pour l'emploi, la croissance et les inégalités. Les pays doivent procéder à des réformes structurelles profondes pour relever ces défis.
Bulletin du FMI : la « croissance inclusive » est l'une des priorités majeures du document. De quoi s'agit-il, pourquoi est-elle importante et comment le FMI peut-il faire face à cette question ?
M. Zhu : il n'y a pas de définition universellement acceptée de la croissance inclusive. Cependant, la plupart des définitions ont en commun trois éléments : stimuler la croissance tout en créant de l'emploi productif, assurer l'égalité des chances de façon à ce que la croissance et l'emploi profitent à tous les segments de la société et corriger certaines inégalités de revenus, en particulier celles dont souffrent les pauvres et les couches vulnérables de la population.
La croissance inclusive est importante, car il y a des raisons de croire que de fortes inégalités peuvent mettre en péril le niveau et la stabilité de la croissance à long terme, même si, jusqu'à présent, les données empiriques sur les effets des inégalités sur la croissance sont dans l'ensemble peu concluantes. Par exemple, les couches les plus pauvres de la population ne peuvent investir suffisamment dans l’éducation et dans des entreprises.
Le FMI peut aider ses membres à atteindre leurs objectifs en matière de croissance inclusive par exemple en intensifiant ses conseils en matière de politiques du marché du travail. Nous pouvons aussi donner des conseils sur les politiques budgétaires qui visent un certain degré de redistribution des revenus sans compromettre les incitations nécessaires.
Bulletin du FMI : ces sujets font-ils partie de la mission du FMI ?
M. Zhu : oui. Selon l'article premier des statuts, l'un des buts du FMI est de contribuer « à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et de revenu réel ». Nous pouvons nous intéresser à des questions macrosociales, comme l'inclusion et les inégalités, lorsqu'elles menacent la stabilité économique. En conséquence, l'emploi et la croissance ont toujours occupé une place importante dans les travaux du FMI.
De nombreux éléments importants pour la croissance inclusive, comme l'éducation, ne relèvent pas, à l'évidence, du champ de compétence particulier du FMI. C'est pourquoi nous prenons contact et collaborons avec d'autres institutions comme l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'Organisation internationale du travail (OIT) et la Banque mondiale. Par exemple, nous nous sommes penchés avec l’OIT sur des questions de protection sociale minimale dans le cadre d'études conjointes en Afrique et en Asie. Nous avons mené des dialogues sociaux avec aussi bien l’OIT que la Confédération syndicale internationale en Europe, en Amérique latine, dans l'hémisphère occidental et en Asie. Nous procédons conjointement à des études avec l’OIT.
Dans l'ensemble, le FMI donne des conseils à ceux de ses membres qui souhaitent maintenir une croissance forte et équilibrée.
Bulletin du FMI : le document contient un dossier spécial sur les aspects sexospécifiques de l'emploi et de la croissance. Quelle est votre opinion sur ces problèmes ?
M. Zhu : la différenciation homme-femme est un point important à prendre en considération lorsqu'on étudie comment soutenir une croissance inclusive. Le taux d’activité des femmes reste constamment inférieur à celui des hommes et n'a augmenté que légèrement ces dernières décennies pour atteindre 52 %. Une hausse de ce taux peut faire augmenter le PIB potentiel dans de nombreux pays. L'élimination des dispositions fiscales qui découragent la participation des femmes (problème du « second » revenu) les aiderait à rejoindre la population active et à contribuer à la croissance.