Aux lendemains de la crise financière mondiale, l’Afrique subsaharienne frémit d’une énergie nouvelle — et un large consensus s’établit sur la marche à suivre pour l’avenir. Par-dessus tout, l’Afrique affirme avec force qu’elle entend être maîtresse de son destin et non se laisser mener par d’autres.
C’est à tout le moins mon sentiment initial après deux jours de dialogue au Kenya avec le Président Kibaki et ses collaborateurs, avec les dirigeants de la société civile et les syndicalistes, les universitaires et étudiants et les Kenyans ordinaires. Le « retour en force de l’Afrique », c’est ainsi que j’ai décrit mes impressions dans un débat télévisé en direct à Nairobi avec le Premier Ministre Odinga, le Ministre des finances M. Kenyatta, la lauréate du Prix Nobel Mme Wangari Mathai, Akere Muna, de Transparency International et mon ami Bob Geldof.
Scénario trop optimiste? Je ne pense pas. J’ai vu se dégager des thèmes bien précis au cours de mes rencontres avec les Africains, au fil du voyage qui m’emmènera en Afrique du Sud et en Zambie, après le Kenya :
Premièrement, la priorité va à de bonnes politiques économiques. Cela peut paraître évident, mais ça n’a pas toujours été le cas sur ce continent. Ce sont des politiques économiques avisées qui ont mis l’Afrique en sûreté pendant la crise; et elles constituent la clé de l’avenir, pour ramener la croissance à son niveau d’avant la crise et créer des emplois.
Deuxième thème : l’importance de la bonne gouvernance. Et en particulier le nouveau rôle que joue dans ce processus une société civile vigoureuse. Évidence, là-encore? Peut-être, mais le déballage franc et ouvert des questions de corruption, de transparence et de responsabilité civique et financière n’a pas toujours été l’apanage des débats télévisés en direct en Afrique. Or c’est ce que nous avons vécu le 8 mars à l’Université de Nairobi.
Il y a troisièmement une prise de conscience de plus en plus aigüe de l’importance du rôle de l’Afrique et de ses relations avec le reste du monde — commerce, flux d’investissement, et aide aussi, bien sûr. J’ai entendu Bob Geldof exposer dans un plaidoyer poignant et passionné pourquoi l’Afrique doit devenir un « pôle de croissance mondiale » d’ici 2050. Pour y parvenir, il faudra bien entendu que l’Afrique se confronte à des forces planétaires qui vont régir l’avenir du continent.
L’une de ces forces est le changement climatique — autre thème dont je constate que l’Afrique a de plus en plus conscience. J’ai été subjugué par les propos de Wangari Mathai décrivant avec la science et l’expertise bien digne d’un Prix Nobel les avantages dont peut disposer l’Afrique dans le domaine de la « croissance verte ».
Dans un discours intitulé « La transformation économique de l’Afrique », j’ai aussi évoqué l’idée d’un « fonds vert », qui serait capable de recueillir 100 milliards de $ par an pour les efforts visant à s’adapter au changement climatique, mais aussi à le maîtriser — ce qui permettrait de l’impasse et de débloquer les financements pour les dépenses que nécessite le changement climatique.
Ce fonds ne serait pas administré par le FMI, mais nos services planchent sur un projet qui, j’en suis convaincu, pourrait apporter une importante contribution au débat international — et au bien-être de notre planète au XXIème siècle. Je suis heureux que Nick Stern, qui est une sommité dans ce domaine, soit du même avis. »
J’aurai plus de précisions à donner dans les semaines à venir.
Vous pouvez aussi vous reporter au précédent billet de mon blog de voyage : FMI — L’accomplissement des promesses faites à l’Afrique