J’entreprends cette semaine ma troisième visite en Afrique subsaharienne en un an. Et quelle différence en douze mois!
Il y a un an, l’Africa était plongée dans les remous de la crise financière mondiale. La crise causait des ravages sur plusieurs plans : effondrement des exportations, banques en difficultés à cause de l’augmentation des créances improductives et chute des investissements. Le taux de croissance moyen de l’Afrique subsaharienne est tombé à 2 % en 2009, contre 5,6 % l’année précédente.
Mais l’amélioration des politiques gouvernementales (en anglais) face à la crise a permis au continent de traverser la tempête beaucoup mieux que prévu et le FMI prévoit que l’Afrique se remettra relativement vite, avec un rebond de la croissance moyenne à 4½ % cette année et 5½ % en 2011. Les pays africains ont su prendre les mesures requises pour atténuer l’effet des turbulences parce que les politiques en place avant la crise étaient bonnes, permettant l’accumulation de réserves, la réduction de l’endettement et l’aménagement de l’espace budgétaire nécessaire pour lutter contre la récession.
Ce sont les accomplissements de l’Afrique, mais le FMI et la communauté internationale y sont aussi apporté leur contribution — modeste, mais importante. Nous avons, parmi d’autres, fourni notre assistance au cours des turbulences et accentué la coopération sous forme de conseils et d’analyses.
Œuvrer au service de la cause de l’Afrique
L’étroit partenariat qui lie le FMI à l’Afrique est symbolisé par une conférence historique que nous avons organisée avec le gouvernement tanzanien l’an dernier à cette époque dans le but de bâtir des partenariats efficaces pour relever les défis de la croissance en Afrique.
Lors de cette conférence, le FMI a pris l’engagement d’améliorer les règles et procédures opérationnelles de son action en faveur de l’Afrique. Et je me suis engagé pour ma part à faire en sorte que les préoccupations de l’Afrique soient prises en compte lors des réunions de Groupe des Vingt (G-20) pays industrialisés et émergents et à plaider la cause de l’Afrique. Aujourd’hui, alors que j’accomplis ma troisième tournée dans la région en un an, me rendant au Kenya, en Afrique du Sud et en Zambie, j’aimerais présenter le bilan de notre action, au regard des engagements pris.
• Impartialité. Nous nous attachons à faire en sorte que nos conseils répondent aux besoins de l’ensembel de nos pays membres et nous assistons les pays du G-20 dans le processus d’évaluation mutuelle de leurs politiques économiques.
• Forte hausse des prêts. Nous avont considérablement accru nos engagements en faveur de l’Afrique subsaharienne, en signant de nouveaux accords — ou en accroissant le montant de ceux qui étaient en cours — avec une vingtaine de pays. En 2009, nous avons débloqué au profit de l’Afrique des prêts libres d’intérêts qui se chiffrent à 3,6 milliards de $ EU, soit trois fois plus qu’en 2008. Le total de nos engagements est passé à 5 milliards de $ EU.
• Refonte des modalités de prêt. Nous avons revu les modalités de nos prêts, qui sont maintenant assortis d’une conditionnalité moins envahissante, axée sur les mesures cruciales pour promouvoir la stabilité, la croissance et la lutte contre la pauvreté. Et nous veillons à ce que les programmes soutenus par nos prêts comportent suffisamment de mesures propres à protéger les dépenses sociales et les initiatives de lutte contre la pauvreté.
• Déblocage de réserves complémentaires. Pour apaiser les craintes que les pays ne soient pas en mesure de surmonter la crise financière mondiale, les pays membres du FMI ont approuvé une allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS), avoirs de réserves internationaux créés par le FMI. Cette allocation a permis d’injecter l’équivalent de quelque 250 milliards de $ EU dans l’économie mondiale, au profit des 186 pays membres, dont bien sûr les pays africains.
• Meilleure représentation. Nous travaillons à la réforme de notre système de gouvernance, en partie afin que les pays d’Afrique et d’autres régions aient davantage voix au chapitre pour décider de ce que le FMI doit faire.
• Toujours plus d’assistance technique. Le FMI va ouvrir deux nouveaux centres régionaux d’assistance technique, au Ghana et à Maurice, en complément des trois centres déjà bien établis en Tanzanie, au Mali et au Gabon.
• Fonction de catalyse. Nous progressons à grand pas vers l’adoption d’une approche plus souple de la dynamique de l’endettement qui aidera les pays dont les besoins d’infrastructures sont si pressants à gagner accès au financement qui leur est nécessaire pour réaliser leurs objectifs de développement.
Les défis de l’avenir
Les décideurs africains ont fait front aux difficultés causées par la crise financière mondiale, mais ils ont encore fort à faire. Leurs pays resteront très exposés aux fluctuations des cours des produits de base, aux catastrophes naturelles et dans certains cas, à l’instabilité politique. La question de savoir que faire face au changement climatique se pose en outre de façon aigüe ici au Kenya mais aussi ailleurs en Afrique.
Au cours des jours qui viennent, je m’apprête à rencontrer tout un ensemble de partenaires africains — chefs d’État et étudiants, syndicalistes et fournisseurs d’aide, et aussi dirigeants de la société civile — et à écouter ce qu’ils ont à dire. Certes, nous avons fait beaucoup de chemin au cours de l’année écoulée. Mais nous avons encore une longue besogne devant nous pour tacher d’aider l’Afrique à confronter les enjeux du XXIème siècle. Je rendrai compte de mes entretiens — et de mes observations — dans mon prochain billet.