Le Bénin : un pionnier africain

le 31 janvier 2025

L'innovation et une forte dynamique de réforme ont renforcé la résilience du Bénin face aux défis régionaux et mondiaux et contribué aux progrès vers l'atteinte des objectifs de développement durable.

Le Bénin a été confronté à un certain nombre de retombées négatives en 2022 : une détérioration de la situation sécuritaire à caractère régionale à sa frontière septentrionale, les séquelles de la COVID-19 et la hausse du coût de la vie dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pour contrer ces effets néfastes, le pays a bénéficié du soutien du FMI, notamment à travers un accord mixte de 650 millions de dollars américains au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) et de la facilité élargie de crédit (FEC), auquel s'est ajouté un accord de 200 millions de dollars au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) en 2023. La confiance des partenaires au développement dans le programme de réformes du pays s'est traduite par des appuis budgétaires au-delà des attentes. De plus, le Bénin a été l'un des premiers pays à réaccéder le marché international des capitaux l'an dernier, après une interruption de deux ans et plusieurs années d'amélioration de la notation du crédit souverain.  

Malgré les difficultés, il y a des signes prometteurs de transformation économique. Entre autres réalisations, la croissance a été forte, l'ajustement budgétaire se poursuit tout en permettant une hausse sensible des dépenses sociales, et les efforts visant à renforcer la gouvernance prennent de l’ampleur.

À la suite de la cinquième revue combinée de l'accord MEDC/FEC en cours et de la deuxième revue de l'accord au titre de la FRD, Focus-pays du FMI s'est entretenu sur les résultats économiques du pays avec Romuald Wadagni, Ministre d'État, Ministre de l'Économie et des Finances du Bénin, et Constant Lonkeng, chef de mission du FMI pour le Bénin.

Comment le programme de réformes actuel affecte-t-il le vécu quotidien des Béninois et Béninoises ?

Ministre des Finances Wadagni : Tout d’abord, il convient de souligner que notre programme de réformes en cours nous a permis de traverser un épisode de chocs graves et répétés, avec l'appui technique et financier de nos partenaires au développement. En conséquence, notre économie a fait preuve d'une résilience remarquable, avec une croissance moyenne de plus de 6,5 % au cours des années récentes.

La résilience économique contribue à exploiter le potentiel de la population béninoise. Notre programme de réformes met notamment l'accent sur l'amélioration du capital humain, tel que stipulé dans notre Programme d'actions du gouvernement axé sur l’humain (PAG 2021–26).

Notre programme intégré d'alimentation scolaire fournit actuellement des repas gratuits aux élèves dans 95 % des écoles primaires en zones rurales (plus de 1,3 million d'enfants), avec une couverture complète ciblée cette année. Le premier cycle de l’enseignement secondaire est désormais gratuit pour les filles dans toutes les 77 communes du Bénin (environ 2 millions de filles), et un projet pilote est en cours pour l'étendre au deuxième cycle de l'enseignement secondaire. Nous mettons également l'accent sur l'enseignement technique et la formation professionnelle pour préparer notre large population de jeunes à saisir les opportunités d'emploi dans des activités à forte valeur ajoutée.

De façon générale, notre projet phare Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) vise à favoriser la résilience sociale grâce à divers programmes, notamment le microcrédit, l'accès aux soins de santé et les retraites. Le registre social, établi en amont dans le cadre du MEDC et de la FEC avec l'appui technique de la Banque mondiale, est un outil essentiel pour orienter notre aide vers les plus vulnérables.

De quelle manière l'engagement du FMI a-t-il soutenu le programme d'action des autorités ?

M. Lonkeng, chef de mission du FMI : L'une des considérations essentielles à la conception du programme appuyé par le FMI a consisté à trouver l'équilibre entre financement et ajustement budgétaire dans un environnement exposé aux chocs. Compte tenu de l'expérience avérée du Bénin en matière de gestion macroéconomique, nous avons opté pour un modèle flexible, ce qui représente une marque de confiance du FMI à l’égard du Benin.

La concentration du financement en début de programme a contribué à la riposte anticyclique appropriée du pays face à de graves chocs. Le FMI a décaissé plus de 40 % de l'enveloppe totale du financement d'environ 400 % de la quote-part du Bénin au cours des six premiers mois du programme de 42 mois afin de lisser l'ajustement budgétaire. Le programme MEDC/FEC a ensuite été complété par un accord au titre de la FRD (120 % de la quote-part du Bénin) afin de contribuer au renforcement de la résilience socioéconomique globale du pays.

Depuis lors, les autorités ont réamorcé la reconstitution des marges de manœuvre, l'accroissement des recettes intérieures étant un élément essentiel de cet effort et, plus généralement, la pierre angulaire du programme de réformes du Benin. Une réforme de la politique fiscale en début de programme a complété les efforts de digitalisation du système fiscal afin d'accroître les recettes. Comme le montre le graphique, le ratio impôts/PIB du Bénin a augmenté de plus de 2 points de pourcentage au cours de la période 2022–24, dépassant de loin l'amélioration moyenne enregistrée par les autres pays sur cette période.

chart1

Selon vous, quel a été le facteur de réussite de l’engagement au titre du programme ainsi que les principaux défis à relever ?

M. Lonkeng, chef de mission du FMI : L’appropriation des réformes par les autorités béninoises a été la clé principale. Le Bénin a une tradition établie de consultation publique autour du programme de réformes du pays, notamment dans le cadre du Plan National de Développement (PND) et du Programme d'Actions du Gouvernement (PAG). Le programme appuyé par le FMI avait donc des bases solides locales sur lesquelles s’adosser.  

L'expansion continue de l'assiette de l'impôt, en s'appuyant sur la stratégie de recettes à moyen terme récemment élaborée, aiderait à financer les importants besoins de développement du Bénin (l'âge médian du pays est de 18 ans), à améliorer la capacité du pays à servir sa dette et préserver la viabilité de celle-ci.

Sur le plan structurel, une continuité dans la réduction de la dépendance au modèle de croissance porté par le transit, soutenue par un contrat social équilibré, favoriserait la création d'emplois dans le secteur privé dans des activités à plus forte valeur ajoutée pour les très nombreux jeunes. Ceci hausserait le niveau de vie des Béninoises et Béninois de manière durable et inclusive. Un renforcement de la résilience au changement climatique et la poursuite de la transformation numérique soutiendraient également la résilience socioéconomique globale à long terme.