Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2024 au titre de l’article IV avec le Tchad

le 9 décembre 2024

Washington, DC: Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations de 2024 au titre de l’article IV avec le Tchad.

La reprise économique du Tchad après la pandémie s’est accélérée en 2023, avec une croissance atteignant 4,9 pour cent. L’activité non pétrolière a progressé de 4,5 pour cent, portée par une reprise de la production agricole et une augmentation substantielle des investissements publics. Le PIB pétrolier a augmenté de 7,6 pour cent grâce à la remise en production de champs pétroliers auparavant fermés. Après avoir baissé en 2023 (à 4,2 pour cent contre 8,3 pour cent à fin 2022), l’inflation en glissement annuel a augmenté pour atteindre 8,7 pour cent à fin août 2024, en raison d’un réajustement des prix des carburants et d’un rebond des prix des denrées alimentaires. Le solde du compte courant extérieur est redevenu déficitaire, de 0,7 pour cent du PIB, en 2023, les cours du pétrole ayant baissé et l’augmentation des investissements publics ayant stimulé les importations.

Après avoir sensiblement augmenté en 2023 (à 11,9 pour cent du PIB hors pétrole), le déficit primaire hors pétrole s’est modéré à 4,2 pour cent du PIB hors pétrole au cours des sept premiers mois de 2024, reflétant une réduction du recours aux procédures de dépenses d’urgence, la maitrise des dépenses budgétaires et des contraintes de financement. La dette publique totale a diminué pour atteindre 34,2 pour cent du PIB en 2023, la persistance de prix du pétrole élevés ayant stimulé les recettes publiques. L’orientation procyclique de la politique budgétaire en 2023 et au cours des premiers mois de 2024 a conduit à un épuisement  des réserves de liquidités, les dépôts du gouvernement passant de 3,4 pour cent du PIB à fin 2022 à 1,1 pour cent fin à juillet 2024.

La croissance économique devrait baisser à 3,1 pour cent en 2024 en raison de l’impact des récentes inondations et d’une légère baisse de la production pétrolière, mais elle rebondirait à moyen terme grâce à des investissements publics soutenus et aux réformes structurelles. L’inflation devrait rester temporairement élevée en 2024 avant de converger progressivement vers l’objectif de 3 pour cent fixé par la BEAC à moyen terme, à mesure que les prix des denrées alimentaires et du carburant se modèreront. De nouveaux efforts d’assainissement budgétaire axés sur la mobilisation des recettes non pétrolières et la rationalisation des dépenses non prioritaires devraient contribuer à une réduction du déficit primaire hors pétrole à 8 pour cent du PIB hors pétrole en 2024, 7,2 pour cent en 2025, et 5 pour cent à moyen terme. La dette publique devrait se stabiliser autour de 32 pour cent du PIB, tandis que la dette nette devrait progressivement diminuer pour atteindre 27½ pour cent du PIB d’ici 2029, du fait d’une constitution graduelle de réserves budgétaires représentant 5 pour cent du PIB. Les risques pesant sur les perspectives économiques sont importants et orientés à la baisse. Ils incluent d’éventuels retards dans la mise en œuvre des mesures de consolidation budgétaire, une baisse plus importante que prévu des prix du pétrole, un afflux accru de réfugiés soudanais, ainsi qu’une nouvelle augmentation de la fréquence et de la gravité des événements liés au changement climatique.

À l’issue de la réunion, le conseil d’administration a fait la déclaration suivante :

« Les administrateurs ont approuvé l’essentiel de l'évaluation des services du FMI. Ils ont noté l'impact négatif des récent chocs graves—y compris les inondations historiques et l’afflux continu de réfugiés en provenance du Soudan—sur la croissance économique du Tchad et sur une situation déjà difficile en matière de sécurité alimentaire. Dans ce contexte, ils ont salué le réengagement des autorités avec le Fonds et leur engagement à promouvoir le développement économique et social, notamment en élargissant l'accès aux services publics, en renforçant la gouvernance et en améliorant le climat des affaires. Les administrateurs ont encouragé les autorités à collaborer avec le FMI et d'autres partenaires en développement pour finaliser leur nouveau plan national de développement (PND) et articuler les politiques et réformes macroéconomiques nécessaires pour atteindre ces objectifs.

« Les administrateurs ont souligné qu'une politique budgétaire prudente et durable, visant à créer l'espace budgétaire nécessaire pour les dépenses sociales et d'investissement, devrait être un élément clé du PND. Ils ont souligné l'importance d'ancrer la politique budgétaire sur un objectif de dette nette et de constituer des réserves budgétaires, ce qui augmenterait également la résilience aux chocs. Les administrateurs ont encouragé les autorités à accélérer les réformes structurelles visant à digitaliser l'administration fiscale, renforcer la gestion des finances et des investissements publics et améliorer la gestion des entreprises publiques.

« Les administrateurs ont appelé à une intensification des efforts pour renforcer le secteur financier. Ils ont souligné l'importance d'accélérer l'adoption et la mise en œuvre de plans de restructuration visant à améliorer les performances opérationnelles et financières des deux banques publiques systémiques et à assurer leur recapitalisation.

« Les administrateurs ont convenu de l'importance de diversifier l'économie pour réduire la dépendance à l'égard du secteur pétrolier, et ont souligné que les réformes visant à renforcer le climat des affaires, à améliorer la gouvernance et à réduire les disparités entre les hommes et les femmes sont essentielles pour parvenir à une croissance soutenue et inclusive à moyen terme. Pour renforcer le climat des affaires, ils encouragent les autorités à mettre en œuvre des cadres de gouvernance et de lutte contre la corruption, ainsi que des mesures visant à améliorer l'éducation, à accroitre l'accès aux infrastructures de base et à promouvoir l'économie formelle et l'inclusion financière. Les administrateurs ont également souligné l’importance d'améliorer les résultats en termes de scolarisation des femmes et d'accroître leur participation au marché du travail afin de stimuler la croissance et de réduire la pauvreté.

« Les administrateurs ont noté que la fréquence croissante des chocs liés au climat soulignait l'importance de faire avancer la stratégie d'adaptation du Tchad. Ils ont souligné la nécessité d'intégrer le changement climatique dans le PND pour renforcer la capacité de gestion des investissements publics et de réactiver le Haut Comité interministériel de l'environnement pour renforcer la coordination des politiques et faciliter l'accès aux financements internationaux pour le climat.

« Les administrateurs ont souligné la nécessité d’améliorer la qualité et la fourniture en temps opportun de statistiques économiques afin de mieux étayer la surveillance et l'analyse économique. Ils ont salué la stratégie de développement des capacités et ont appelé à un alignement étroit de la planification de la mise en œuvre sur les demandes des autorités et à une coordination continue avec les autres fournisseurs d'assistance technique.

Il est prévu que les prochaines consultations au titre de l'article IV avec le Tchad se déroulent selon le cycle habituel de 12‑mois. »

 

Tchad. Indicateurs économiques sélectionnés, 2023-25

Population (millions, 2023):

18.3

 

Quote (millions de DTS):

140.2

PIB par habitant ($USD, 2023):

1051

 

Quote (% du total):

0.03

Produits principaux et exportations:

Pétrole brut ; Élevage

Taux de pauvreté (%, 2022)

38.7

Principaux marchés d'exportation

États-Unis ; Nigeria

 

 

 

 

 

 

2023

2024

2025

 

 

 

Prel.

Proj.

Proj.

 

 

 

 

Production (variation annuelle en pourcentage)

 

 

 

PIB à prix constants

 

 

4.8

3.2

3.4

PIB pétrolier

 

 

7.6

-0.5

-1.4

PIB non pétrolier

 

 

4.5

3.7

4.2

 

 

 

 

 

 

Prix (variation annuelle en pourcentage)

 

 

 

 

Indice des prix à la consommation (moyenne de la période)

4.1

8.7

4.4

 

 

 

 

 

 

Finances publiques (en pourcentage du PIB non pétrolier)

 

 

 

Recettes et dons

 

 

18.6

20.2

19.6

Dépenses

 

 

20.4

20.4

20.7

Solde global (engagement)

 

 

-1.8

-0.1

-1.1

Solde primaire hors pétrole (base engagement)

 

 

-11.2

-7.5

-6.8

Dette totale (en pourcentage du PIB)

 

 

30.3

29.5

29.5

 

 

 

 

 

 

Monnaie et crédit (variation annuelle en pourcentage)

 

 

 

Crédit à l’économie

 

 

11.0

9.0

9.5

Monnaie et quasi-monnaie

 

 

14.6

10.3

10.8

 

 

 

 

 

 

Secteur extérieur (en pourcentage du PIB)

 

 

 

 

Solde courant, transferts officiels courants inclus

 

-0.7

-1.3

-4.2

Dette extérieure

 

 

16.1

15.8

17.0

 

 

 

 

 

 

Sources: Autorités tchadiennes; estimations et previsions du FMI.

 

 

 

               

 

 

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