Les services du FMI achèvent leur mission de 2024 au titre de l'article IV à Madagascar

le 18 octobre 2024

Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des équipes des services du FMI qui rendent compte de leurs conclusions préliminaires après leur visite dans un pays. Les opinions exprimées dans ces conclusions sont celles des services du FMI et ne représentent pas nécessairement celles du conseil d'administration. Sur la base des observations préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l'approbation de la direction, sera présenté au conseil d'administration pour examen et décision.
  • La croissance de Madagascar devrait se maintenir à 4,2 % en 2024, avant d’accélérer à 4,6% en 2025.
  • Des réformes ambitieuses sont nécessaires pour accroître les recettes budgétaires et dégager de l’espace pour accroître l'investissement public et les dépenses sociales, tout en préservant la stabilité macroéconomique et en limitant les risques budgétaires.
  • Il est essentiel d'améliorer la gouvernance et d'accélérer les réformes visant à renforcer la résilience aux chocs climatiques et attirer des financements pour le climat pour générer une croissance plus élevée et plus inclusive à moyen terme.

Washington. Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Frédéric Lambert a mené à Antananarivo des discussions dans le cadre de la consultation au titre de l'article IV de 2024 et des premières revues des accords appuyés par la facilité élargie de crédit (FEC) et la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).

À l'issue de la mission, M. Lambert a fait la déclaration suivante :

« L'économie malagasy se stabilise mais fait face à une inflation persistante. Après une croissance de 4,2 % en 2023, l'activité économique est restée stable début 2024, malgré une bonne récolte de riz et un rebond de l'extraction du graphite. L’inflation a atteint 7,8 % en août 2024, sous l’effet de la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Le mauvais état des infrastructures routières et le manque de fiabilité de l'approvisionnement en électricité continuent d’accroître les coûts de transport et de production.

La croissance devrait se maintenir à 4,2 % en 2024 et accélérer pour atteindre 4,6 % en 2025. L'inflation moyenne annuelle devrait baisser à 7,2 % en 2025, avant de converger progressivement vers 6 % à moyen terme. Le déficit des transactions courantes se stabiliserait en dessous de 5 % du PIB.

Le déficit budgétaire primaire devrait atteindre 2,7 % du PIB en 2024, en supposant qu'il n'y ait pas d'arriérés de taxes douanières sur le pétrole. Malgré la conclusion de deux accords en 2022 et en 2023, certains distributeurs de carburant retiennent le paiement des droits de douane pour forcer le règlement de leurs créances vis-à-vis de l'État, dont une partie est liée aux achats de carburant de la JIRAMA. L'absence de règlement avec les distributeurs de carburants imposerait de réduire les dépenses pour éviter un creusement du déficit budgétaire.

Les perspectives économiques sont exposées à des risques à la baisse liés aux conflits régionaux, comme celui entre Gaza et Israël, et à la guerre en Ukraine, qui pourraient perturber le commerce, la finance et les prix des matières premières. Sur le plan intérieur, les pénuries d’eau et d'électricité, la dégradation des infrastructures et les problèmes de gouvernance pourraient alimenter le mécontentement populaire. Les chocs climatiques menacent aussi la stabilité des prix et la sécurité alimentaires. En revanche, la mise en œuvre des réformes de la politique générale de l’État (PGE) pourrait améliorer la productivité et la croissance.

Augmenter les recettes fiscales pour financer l'investissement et les dépenses sociales contribuerait à stimuler une croissance inclusive tirée par le secteur privé. Le budget 2025 devrait comporter une combinaison de mesures de politique fiscale et de mesures administratives, dont une réduction des dépenses fiscales de 280 milliards d’ariary pour soutenir les objectifs de recettes de l'État. À moyen terme, il faudrait envisager de supprimer progressivement les coûteuses exonérations de taxes à l'importation et de TVA et mener d'autres réformes afin d’élargir l'assiette fiscale. Une réforme complète des droits d'accises et une révision de l'impôt sur le revenu des personnes physiques pour le rendre plus progressif devraient s'accompagner de réformes des administrations fiscale et douanière, notamment pour améliorer la transparence des contrôles fiscaux et la procédure d’appel et pour accélérer le remboursement des crédits de TVA.

Des réformes structurelles sont essentielles pour limiter les risques budgétaires. Les transferts à la JIRAMA doivent être budgétisés et réduits progressivement. Le plan de redressement de l’entreprise, développé avec l’appui de la Banque mondiale, doit être rapidement mis en œuvre avec un fort soutien de l’exécutif. La mise en place d'un mécanisme d'ajustement automatique des prix du carburant est cruciale pour gérer les risques budgétaires en ajustant les prix à la pompe mensuellement afin de refléter les variations des prix du marché dans une fourchette de +/-200 ariary par litre. Les négociations avec les distributeurs de carburant devraient reprendre pour régler les dettes croisées dans le budget 2024, en veillant au respect des obligations fiscales et parafiscales et au règlement des dettes gouvernementales.

Si la sélection, la hiérarchisation et la gestion des projets d'investissement public est essentielle pour améliorer l'efficience des dépenses, le renforcement des processus de gestion des finances publiques devrait améliorer l'exécution budgétaire et la traçabilité. L'approbation de la loi de finances par le Parlement devrait suffire pour lancer l'exécution des dépenses ou des projets d'investissement, sans autre autorisation supplémentaire du Conseil des ministres ou du Bureau de suivi des engagements (BSE).

Il est essentiel d'améliorer la gouvernance pour générer une croissance plus élevée et plus inclusive. Le manque de transparence et de prévisibilité et les soupçons de mainmise sur l'État par des intérêts privés sapent la confiance du secteur privé et du public dans les institutions, et découragent l'investissement et les initiatives de développement. Les priorités consistent notamment à assurer la stabilité juridique, à éviter les réglementations rétroactives, à faire appliquer les lois existantes, à assurer une protection efficace des droits de propriété et le respect des contrats, à garantir des conditions de concurrence équitables et à créer des mécanismes efficaces de règlement des litiges. L'élaboration d'une nouvelle stratégie de lutte contre la corruption couvrant la période 2025-2030 est l'occasion d'accélérer la dynamique dans ce domaine, et le FMI appuiera les efforts des autorités au moyen d'une évaluation diagnostique de la gouvernance qui sera achevée en 2025.

La banque centrale doit se tenir prête à relever ses taux directeurs pour maintenir l'inflation sur une trajectoire descendante. Elle devrait continuer à gérer la liquidité au moyen d'opérations d'open market et communiquer de manière plus prévisible et transparente sur la politique monétaire et la gestion de la liquidité afin d'accroître la crédibilité et la redevabilité. Il conviendrait de limiter les interventions sur le marché des changes au lissage de la volatilité excessive des cours et à la constitution de réserves extérieures, sans résister aux forces sous-jacentes des marchés. La poursuite du développement du marché interbancaire et le renforcement du canal des taux d'intérêt de la politique monétaire contribueront au bon fonctionnement du nouveau cadre opérationnel de politique monétaire. Le maintien de la stabilité financière est essentiel pour le développement des marchés de crédit privés.

Des filets de protection sociale plus solides sont essentiels pour renforcer la résilience. L'établissement de banques alimentaires peut réduire l'insécurité alimentaire et soutenir la production alimentaire locale. L'élargissement du registre social unique avec des critères d'éligibilité clairs améliorera le ciblage de l'assistance sociale. Davantage de ressources sont nécessaires pour l'éducation et la santé, avec un recrutement transparent et basé sur le mérite. La numérisation peut favoriser l'inclusion financière et les programmes de transferts monétaires.

Renforcer la résilience climatique devrait être une priorité pour le gouvernement. Avec le soutien de la facilité pour la résilience et la durabilité et du cadre de coopération renforcée pour l'action climatique du Groupe de la Banque mondiale et du FMI, Madagascar devrait développer une stratégie nationale de financement climatique pour attirer les investissements liés au climat.

L'équipe du FMI remercie les autorités malagasy et ses autres interlocuteurs pour des discussions franches et fructueuses. Les discussions sur les premières revues des accords au titre de la FEC et de la FRD se poursuivront virtuellement dans les semaines à venir.»

Département de la communication du FMI
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