Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2024 au titre de l’article IV avec le Togo

le 10 septembre 2024

Washington. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV[1] avec le Togo.

Après une série de chocs ces dernières années, le Togo continue à faire face à des vents contraires, notamment les défis persistants de l’insécurité alimentaire et des attentats terroristes, tandis que dans l’ensemble, ses besoins de développement restent aigus. L’expansion budgétaire menée en riposte aux chocs a permis de préserver une croissance économique robuste, mais elle a également augmenté le déficit, ce qui a eu pour effet d’annuler la baisse de l’endettement obtenue au cours de la période de l’accord FEC de 2017–20, de réduire la marge de manœuvre budgétaire et les réserves permettant d’absorber les chocs, et de contribuer aux vulnérabilités au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Pour aider le pays à surmonter ces difficultés, en mars 2024, à la demande des autorités, le Fonds monétaire international a approuvé un nouvel accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC).

Dans le contexte d’un renforcement considérable des recettes budgétaires et d’un début de rééquilibrage budgétaire en 2023, les perspectives macroéconomiques sont globalement favorables. La croissance devrait rester vigoureuse, tandis que les recettes budgétaires devraient augmenter davantage. L’inflation étant faible et le déficit du solde courant étant sous contrôle, il n’existe aucun déséquilibre intérieur ou extérieur considérable.

Les perspectives sont toutefois soumises à des risques élevés, dont une intensification potentielle du terrorisme, des difficultés éventuelles à obtenir des financements régionaux à coût abordable et des défis dans le secteur bancaire. À long terme, les résultats économiques sont également mis en péril par une détérioration de la viabilité de la dette en cas d’échec des efforts déployés pour réaliser un rééquilibrage budgétaire suffisant tout en maintenant une croissance vigoureuse.

Les consultations de 2024 au titre de l’article IV ont mis l’accent sur la manière dont les autorités togolaises peuvent au mieux : i) ancrer la stabilité macroéconomique en réalisant un rééquilibrage budgétaire pour accroître la viabilité de la dette, ii) mener des réformes structurelles pour jeter les bases d’une croissance pérenne, et iii) renforcer l’inclusion sociale afin d’accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable et de soutenir les perspectives de croissance à moyen terme.  

Évaluation par le conseil d’administration[2]

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent des mesures prises par les autorités, qui ont permis au Togo de résister relativement bien à la série de chocs de ces dernières années, enregistrant une croissance continue et des progrès vers les objectifs de développement durable. Toutefois, d’importants défis subsistent, notamment en raison de la forte augmentation de la dette ces dernières années et des attaques terroristes à la frontière nord, et les besoins en matière de développement restent considérables. Dans ce contexte, les administrateurs encouragent les autorités à maintenir leur plein engagement à mettre en œuvre l’accord au titre de la FEC récemment approuvé et à poursuivre leurs efforts pour renforcer la viabilité de la dette et mettre en œuvre des réformes visant à favoriser une croissance inclusive et à réduire la pauvreté. Ces mesures devront être clairement communiquées au public pour garantir la cohésion sociale et devront être appuyées par le programme de développement des capacités du FMI.

Les administrateurs soulignent qu’il importe de poursuivre un rééquilibrage des finances publiques favorable à la croissance, guidé par le double ancrage budgétaire défini dans le cadre de l’accord FEC : assurer la viabilité de la dette et constituer des marges de manœuvre budgétaires. Ils saluent la nette augmentation récente des recettes budgétaires et appellent les autorités à prendre de nouvelles mesures, tant sur plan de la politique fiscale que sur celui de l’administration des recettes. De telles mesures pourraient être considérées comme faisant partie d’une stratégie budgétaire globale qui tienne compte à la fois de la fiscalité et des dépenses dans l’optique d’atteindre les objectifs d’efficacité et de répartition des revenus. Dans ce contexte, il sera impératif de dégager un espace pour les dépenses prioritaires, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, pour promouvoir l’inclusion sociale, tandis que l’augmentation des transferts monétaires pourrait encore améliorer les filets de sécurité sociale. Les autorités devraient également continuer à renforcer la gestion des finances publiques, y compris la surveillance des entreprises publiques.

Les administrateurs notent que pour stimuler la croissance, il conviendra d’améliorer le climat des affaires, d’accélérer les gains de productivité et d’attirer davantage d’investissements privés. Le renforcement des cadres de gouvernance et de lutte contre la corruption sera essentiel. À cet égard, ils encouragent les autorités à demander au FMI une évaluation diagnostique de la gouvernance. Les administrateurs prennent note du dynamisme de l’activité dans la zone économique spéciale, et préconisent une mise en œuvre prudente des politiques industrielles, en examinant leur coût et leurs avantages. Les autorités devraient également continuer à remédier aux vulnérabilités existantes du secteur financier et à accroître la capacité des banques à accorder des crédits au secteur privé. L’amélioration de l’accès aux infrastructures et aux services publics et le renforcement de la résilience climatique, éventuellement avec le soutien d’un accord au titre de la FRD, restent essentiels. Il importe également d’améliorer encore la fourniture de données au FMI.

Il est prévu que la prochaine consultation avec le Togo au titre de l’article IV se déroulera conformément à la décision du conseil d’administration sur le cycle des consultations pour les pays membres ayant conclu un accord avec le FMI.

 

Tableau 1. Togo : principaux indicateurs économiques et financiers, 2020–29

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2020

2021

 

2022

2023

 

2024

2025

2026

2027

2028

2029

 

 

Estimations

 

Projections

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(variation en pourcentage, sauf indication contraire)

PIB réel

 

2,0

6,0

 

5,8

5,6

 

5,3

5,3

5,5

5,5

5,5

5,5

PIB réel par habitant

 

-0,4

3,5

 

3,3

3,1

 

2,8

2,8

3,0

3,0

3,0

3,0

Déflateur du PIB

 

1,8

2,5

 

3,7

2,9

 

2,2

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

Indice des prix à la consommation (moyenne)

 

1,8

4,5

 

7,6

5,3

 

2,7

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

PIB (en milliards de francs CFA)

 

4253

4621

 

5069

5507

 

5927

6366

6850

7371

7932

8536

Taux de change FCFA/USD (niveau moyen annuel)

 

575

554

 

622

606

 

Taux de change réel effectif (appréciation = -)

 

-2,0

-1,4

 

2,3

-5,4

 

Termes de l’échange (détérioration = -)

 

-1,3

6,5

 

-0,1

4,4

 

-2,7

-2,5

0,4

1,1

1,0

0,7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Situation monétaire

 

 (variation en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période)

Avoirs extérieurs nets

 

14,1

5,6

 

-0,6

6,2

 

2,7

2,4

3,0

2,8

2,2

2,2

Crédit net à l’État

 

-1,6

-0,3

 

8,0

0,2

 

-2,9

1,0

1,2

2,0

0,2

0,2

Crédit au secteur non public

 

0,2

6,0

 

10,7

1,5

 

9,4

4,0

4,4

4,6

4,8

4,8

Monnaie au sens large (M2)

 

11,4

12,3

 

14,9

8,5

 

8,8

7,4

7,6

7,6

7,6

7,6

Vitesse de circulation (PIB/M2 fin de période)

 

2,1

2,1

 

2,0

2,0

 

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Investissement et épargne

 

(en pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Investissement intérieur brut

 

21,4

23,4

 

25,9

28,0

 

26,0

24,4

25,0

25,8

26,7

27,2

Secteur public

 

9,3

8,2

 

9,7

11,5

 

9,3

7,3

7,7

8,3

8,9

9,4

Non publique

 

12,1

15,2

 

16,2

16,5

 

16,7

17,1

17,3

17,5

17,8

17,8

Épargne nationale brute

 

21,1

21,2

 

22,5

25,1

 

22,7

21,0

21,9

23,3

24,4

24,9

Secteur public

 

2,2

3,6

 

1,4

4,8

 

4,4

4,3

4,7

5,3

5,9

6,4

Non publique

 

18,9

17,6

 

21,0

20,3

 

18,3

16,8

17,2

18,0

18,5

18,5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Finances des adm. publiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Total des recettes et des dons

 

16,6

17,1

 

17,6

19,8

 

19,0

18,8

19,2

19,7

20,1

20,5

Recettes

 

14,1

15,3

 

15,1

16,8

 

16,9

17,3

17,8

18,3

18,7

19,3

recettes fiscales

 

12,5

14,0

 

13,9

14,8

 

15,2

15,7

16,2

16,7

17,2

17,7

Dépenses et capacité de financement (à l’exclusion des opérations du secteur bancaire)

 

23,7

21,8

 

26,0

26,6

 

23,9

21,8

22,2

22,7

23,1

23,5

Solde budgétaire global primaire (base ordonnancements, dons compris)

 

-4,7

-2,5

 

-5,9

-3,9

 

-4,0

-0,5

-0,6

-0,8

-1,0

-1,1

Solde global (base ordonnancements, dons compris, hors opérations du secteur bancaire)

 

-7,0

-4,7

 

-8,3

-6,7

 

-4,9

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

Solde global (base ordonnancements, dons compris)

 

-7,0

-4,7

 

-8,3

-6,7

 

-6,4

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

Solde budgétaire global primaire (base de caisse, dons compris)

 

-4,7

-3,4

 

-5,9

-3,9

 

-4,0

-0,5

-0,6

-0,8

-1,0

-1,1

Solde global (base caisse, dons compris, hors opérations du secteur bancaire)

-7,1

-5,6

 

-8,3

-6,7

 

-4,9

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

Solde global (base caisse, dons compris)

 

-7,1

-5,6

 

-8,3

-6,7

 

-6,4

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

-3,0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Secteur extérieur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Solde des transactions courantes

 

-0,3

-2,2

 

-3,5

-2,9

 

-3,3

-3,3

-3,1

-2,5

-2,3

-2,3

Exportations (biens et services)

 

23,3

23,7

 

26,6

25,5

 

25,6

25,5

26,1

26,3

26,3

26,2

Importations (biens et services)

 

-32,3

-34,0

 

-38,8

-36,2

 

-35,7

-34,8

-34,4

-34,2

-34,0

-34,0

Dette publique extérieure1

 

27,6

27,3

 

26,2

25,9

 

27,4

28,7

29,6

30,4

30,6

30,2

Service de la dette publique extérieure (en pourcentage des exportations)1

 

6,9

5,2

 

8,3

8,2

 

8,4

9,1

9,1

8,2

7,2

6,5

Dette publique intérieure2

 

34,6

37,6

 

41,2

42,1

 

42,4

39,8

36,9

34,6

32,8

31,8

Dette publique totale3

 

62,2

64,9

 

67,4

68,0

 

69,8

68,6

66,5

65,0

63,4

62,0

Dette publique totale (hors entreprises publiques)4

 

60,1

63,0

 

65,8

66,6

 

68,6

67,6

65,7

64,3

62,8

61,5

Valeur actualisée de la dette publique totale3

 

 

60,5

 

61,0

58,3

54,7

51,8

49,1

47,4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : autorités togolaises ; estimations et projections des services du FMI.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Comprend la dette extérieure des entreprises publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 Comprend la dette liée au préfinancement, les arriérés intérieurs et la dette intérieure des entreprises publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 Comprend les arriérés intérieurs et la dette des entreprises publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 Comprend les arriérés intérieurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Conformément à l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Les consultations au titre de l’article IV se tiennent tous les deux ans avec les pays bénéficiant d’un accord financier avec le FMI. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration. 

[2] À l’issue des délibérations, la Directrice générale, en sa qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Une explication des termes utilisés dans le résumé se trouve ici : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.

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