Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2024 au titre de l’Article IV avec le Gabon

le 30 mai 2024

Washington, DC : Le 24 mai 2024, le Conseil d'Administration du Fonds Monétaire International (FMI) a conclu la consultation au titre de l'Article IV[1] avec le Gabon.

La reprise post-pandémique du Gabon a bien résisté aux chocs récents. L'économie a traversé une période de ralentissement en 2023, à la suite d’une série de perturbations logistiques, d’incertitudes politiques, et de prix élevés du carburant pour les entreprises, mais elle devrait retrouver son niveau de croissance potentielle d’environ 3 pour cent cette année à la faveur de la dissipation des chocs. L’inflation a reculé pour se situer en dessous du plafond régional de la BEAC de 3 pour cent et devrait rester en-dessous de cet objectif en l’absence de chocs additionnels. La position extérieure a également été soutenue par la dynamique des prix élevés du pétrole au cours des récentes années.

Dans le même temps, les déséquilibres budgétaires se sont considérablement aggravés : les importants déficits hors pétrole en 2022-2023 ont conduit à une accumulation rapide d'arriérés, ont porté la dette publique à environ 70½ pour cent du PIB, au-dessus du plafond de la CEMAC, et ont pesé sur l’accumulation des réserves.

Dans l’avenir, les perspectives seraient confrontées à des risques majeurs. Les perspectives d’une diminution progressive de la richesse pétrolière pèsent sur les prévisions de croissance à long terme et sur la position extérieure, compte tenu d’une diversification encore modérée hors du secteur pétrolier. La croissance devrait donc ralentir à environ 2⅔ pour cent à long terme, ce qui est insuffisant pour relancer le revenu par tête qui stagne depuis de longues décennies, et les excédents du compte courant devraient progressivement s’amenuiser. S’ils ne sont pas corrigés, les déséquilibres budgétaires créeront des risques de liquidité à court terme et des risques de viabilité de la dette à long terme, pouvant déstabiliser les perspectives macroéconomiques. Les perspectives économiques dépendront donc de la capacité des autorités à faire face à ces risques, à corriger la position budgétaire et faire des progrès sur les réformes relatives à la transparence et à la diversification.

Évaluation du conseil d'administration[2]

Les administrateurs ont approuvé le contenu de l'évaluation des services du FMI. Ils ont salué le rebond de la croissance et la baisse de l’inflation au Gabon après de multiples chocs domestiques. Cependant, ils ont noté que le caractère actuellement expansionniste de la politique budgétaire et la persistance de faiblesses structurelles et de gouvernance, amplifiés par les risques externes, posent des défis significatifs pour l'économie. Les administrateurs ont souligné que les perspectives économiques du Gabon dépendront de la capacité des autorités à s’orienter vers un modèle de gouvernance plus transparent et inclusif, tout en corrigeant les déséquilibres budgétaires et en diversifiant l'économie pour stimuler la croissance et lutter contre la pauvreté.

Les administrateurs ont souligné l’urgence d’une consolidation budgétaire décisive pour garantir la viabilité des finances publiques, tout en préservant la capacité à répondre aux importants besoins sociaux et de développement. Ils ont encouragé à une plus grande efficacité budgétaire et l’accroissement des marges budgétaires grâce à l’adoption de mesures fiscales. Ils ont noté qu’assurer une position budgétaire viable à moyen terme nécessiterait l’adoption d’un cadre budgétaire solide pour guider les politiques vers la viabilité. Les administrateurs ont noté qu’un engagement ferme en faveur de bonnes pratiques de gestion des finances publiques sera crucial pour renforcer la position budgétaire. Ils ont salué la consolidation du Compte Unique du Trésor et la numérisation des services du gouvernement, et ont encouragé les autorités à remédier aux lacunes, qui subsistent, relatives à la gestion des entreprises publiques, de la dette et des investissements, ainsi qu’à la gestion de la masse salariale et de la fonction publique. Les administrateurs ont souligné que le renforcement de la position budgétaire du Gabon sera essentiel pour assurer la viabilité de la position extérieure de la CEMAC.

Les administrateurs ont souligné l’importance d'améliorer la gouvernance et la transparence des comptes publics. Ils ont salué l’engagement pris par les autorités dans ce domaine et ont noté que le reporting transparent des comptes publics récents est une première étape importante. Les administrateurs ont appelé à des efforts supplémentaires, notamment la comptabilisation et la présentation exhaustives des comptes publics, des actifs et des passifs du secteur public, la publication des contrats miniers, et une meilleure évaluation de la contribution potentielle des recettes du secteur minier.

Les administrateurs ont convenu que la diversification économique est essentielle pour une amélioration durable des conditions de vie au Gabon. Ils ont noté que des initiatives transversales visant à renforcer la gouvernance, à améliorer l’environnement des affaires et à assurer la fiabilité des infrastructures énergétiques et de transport constitueraient une approche économiquement efficace pour soutenir la croissance du secteur privé. Les administrateurs ont encouragé le renforcement de la solidité du secteur financier, notamment en réduisant les risques découlant du lien souverain-bancaire, en remboursant les arriérés de l’Etat, et en corrigeant les déficiences qui subsistent dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et financement du terrorisme (LBA/FT). Les initiatives pour faire face aux vulnérabilités liées au climat devraient également être prioritaires.

Les administrateurs ont souligné la nécessité d’améliorer la mise à disposition, la couverture et la qualité des statistiques économiques afin de promouvoir la transparence et de servir de base plus solide à la prise de décision.

Les administrateurs ont encouragé les autorités à poursuivre leur engagement avec le Fonds Monétaire International, y compris à travers le renforcement des capacités, pour soutenir leurs efforts de réformes.

Les prochaines consultations au titre de l'article IV avec le Gabon devraient se dérouler selon le cycle standard de 12 mois.

 

Gabon : principaux indicateurs économiques, 2022–25

 

 2022

 

 2023

 

2024

2025

 

 

 

 Prél.

 

 Proj. 1/   

 Revenu national et prix (variation annuelle en pourcentage)

 

 PIB réel

3,0

 

2,3

 

2,9

2,7

 Pétrole 

2,5

 

2,7

 

1,7

-0,8

 Hors-Pétrole

3,1

 

2,2

 

3,1

3,3

 PIB réel par habitant

1,8

 

0,0

 

0,7

0,5

 Déflateur du PIB

13,6

 

-7,2

 

-0,2

-1,8

 Inflation (Prix à la consommation, moyenne)

4,3

 

3,6

 

2,1

2,2

 Inflation (Prix à la consommation, fin de période)

5,4

 

2,3

 

2,2

2,2

 Termes de l’échange

12,3

 

-21,0

 

10,6

-1,7

 Taux de change effectif réel

-0,7

 

2,3

 

 

 

 

 

 

 

 

 Comptes nationaux (en pourcentage du PIB)

 

 

 

 

 

 

 Épargne nationale brute

40,6

 

38,6

 

35,9

35,7

 Investissement intérieur brut, dont :

30,0

 

34,2

 

32,0

32,9

 Investissement public

1,8

 

3,1

 

3,8

3,9

 

 

 

 

 

 

 

 Masse monétaire

15,2

 

9,7

 

2,7

0,9

 Crédit à l'économie

15,1

 

16,4

 

8,2

4,7

 

 

 

 

 

 

 

 Dette publique totale

63,7

 

70,5

 

73,1

78,9

 Dette publique totale (en pourcentage du PIB hors pétrole)

113,2

 

113,0

 

115,5

120,0

 Solde budgétaire global

-0,7

 

-1,8

 

-4,2

-6,4

 Solde primaire hors pétrole (en pourcentage du PIB hors pétrole)

-14,1

 

-14,3

 

-15,0

-14,9

 Recettes publiques

18,4

 

19,9

 

18,5

17,5

 Pétrole 

9,8

 

9,9

 

8,2

6,9

 Hors pétrole (en pourcentage du PIB hors pétrole)

15,4

 

16,0

 

16,2

16,2

 Dépenses publiques

19,1

 

21,7

 

23,0

23,9

 

 

 

 

 

 

 

 Secteur extérieur (en pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

 

 Compte courant, dont :

10,7

 

4,4

 

3,9

2,8

 Exportations de biens et services

45,2

 

41,1

 

40,5

38,7

 Importations de biens et services

27,1

 

30,4

 

30,5

30,3

 Dette publique extérieure

34,5

 

34,1

 

30,2

26,7

 Réserves internationales brutes (milliards de dollars US)

1,4

 

1,4

 

1,4

1,0

 Réserves internationales brutes (en mois d'importations prospectives)

2,8

 

2,7

 

2,5

1,9

 

 

 

 

 

 

 

 Pour mémoire

 

 

 

 

 

 

 PIB nominal (milliards de francs CFA)

     13 118

 

     12 447

 

     12 782

     12 893

 PIB nominal par habitant (dollars US)

       9 752

 

       9 290

 

       9 308

       9 148

 PIB nominal hors pétrole (milliards de francs CFA)

       7 385

 

       7 761

 

       8 093

       8 474

 Franc CFA par dollar US (moyenne)

     622,4

 

       606,5

 

 Prix du pétrole brut (Brent, dollars US par baril)

         99,0

 

         82,3

 

         80,6

         75,6

 Sources : Autorités gabonaises, et estimations et projections des services du FMI.

 

 

 

 

 

 

 1/ Les prévisions sont basées sur des politiques inchangées. 

 

 

 

 

 

 

 2/ Imputé à titre indicatif au Gabon à partir du pool régional de la CEMAC.

 

 

 

[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.

[2] À l’issue des délibérations, la Directrice Générale, en sa qualité de présidente du conseil, résume les opinions des administrateurs et transmet ce résumé aux autorités nationales. Une explication des termes convenus utilisés communément dans ces résumés est disponible à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.

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