Déclaration De Kenji Okamura, Directeur Général Adjoint Du FMI, À L’issue Des Réunions Avec Les Autorités Du Cameroun Et De La CEMAC
le 17 mars 2023
Yaoundé, Cameroun, le 17 mars 2023. M. Kenji Okamura, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a fait la déclaration ci-dessous à l’issue des réunions tenues les 15 et 16 mars 2023 avec les autorités du Cameroun et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) à Yaoundé :
« Ce fut un plaisir immense de visiter le Cameroun et de dialoguer avec les autorités du pays et de la CEMAC. Je les remercie énormément de leur chaleureuse hospitalité.
« Lors de ma première journée dans le pays, j’ai rencontré le Secrétaire Général de la Présidence de la République et le Premier ministre Joseph Dion Ngute, ainsi que M. Paul Louis Motaze, ministre des Finances, M. Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, et d’autres responsables. Nos échanges riches et constructifs m’ont donné une vision claire des opportunités et des difficultés auxquelles le Cameroun est confronté.
« Je me félicite de l’approbation par le conseil d’administration du FMI, le 8 mars, de la troisième revue du programme du FMI avec le Cameroun, qui supporte le programme économique des autorités. Malgré un contexte macroéconomique difficile, les autorités camerounaises ont poursuivi la mise en œuvre de leur programme visant à maintenir la stabilité et promouvoir la croissance. Dans le cadre de cette visite, nous avons principalement évoqué le programme de développement du gouvernement et, plus largement, les défis économiques.
Deux priorités ont émergé :
« Tout d’abord, il est indispensable de promouvoir une croissance inclusive et résiliente en favorisant une économie diversifiée tournée vers les exportations de produits non pétroliers. Pour améliorer le bien-être de la population camerounaise dans son ensemble, la croissance doit bénéficier à tous. Une économie diversifiée est essentielle pour permettre à la croissance d’être mieux protégée des chocs sur les matières premières et d’être plus résiliente à long terme. Des réformes structurelles, visant par exemple à améliorer le climat des affaires et à renforcer l’inclusion financière, la gouvernance et la lutte contre la corruption, permettront de libérer le potentiel de croissance du pays et, surtout, de faire du secteur privé, son premier moteur de croissance.
« Nous avons ensuite évoqué trois façons dont le gouvernement peut dégager davantage d’espace budgétaire afin de financer des dépenses prioritaires, comme les infrastructures, la santé et l’éducation: i) mettre en œuvre des réformes visant à stimuler les recettes budgétaires et les exportations, par exemple en élargissant la base d’imposition du secteur informel et en améliorant l’efficience des dépenses publiques ; ii) donner la priorité aux dépenses productives, comme les grands projets d’infrastructures ; iii) s’appuyer sur des prêts à plus long terme et à des conditions préférentielles.
« Lors de ma deuxième journée à Yaoundé, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec M. Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). J’ai également participé à une table ronde à l’Institut sous-régional de statistique et d’économie appliquée (ISSEA), présidée par M. Francial Libengue, directeur général de l’ISSEA, et dans le cadre de laquelle sont intervenus M. Paul Tasong, Ministre Délégué, Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, M. Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur, Banque des États de l'Afrique centrale et M. Jean Claude Nguemeni, Directeur de la Surveillance Multilatérales, Commission de la CEMAC
« Les débats avec les responsables de la CEMAC et lors de la table ronde ont été francs, constructifs et informatifs. Ils ont porté sur la conjoncture mondiale actuelle et les politiques qui permettraient de répondre aux principales difficultés que traverse la région de la CEMAC.
« Le contexte mondial actuel est rempli d’incertitude pour les pays de la CEMAC. Cette région, fortement dépendante des exportations de pétrole, a certes tiré profit de la hausse des prix mondiaux du pétrole, mais fait face à une flambée de l’inflation domestique, en raison de facteurs externes. Le principal défi sera de maîtriser l’inflation et de préserver la stabilité budgétaire et externe, sans mettre en danger la reprise naissante. Cela exige d’élaborer une stratégie visant à maintenir la stabilité macroéconomique, tout en protégeant les populations les plus vulnérables et en renforçant la sécurité alimentaire. Les pays de la région doivent profiter des prix élevés du pétrole pour économiser une partie de des recettes pétrolières exceptionnelles et constituer des réserves de change. En même temps, la politique monétaire doit anticiper et contrôler l’inflation.
« Certaines des mesures clés permettant d’encourager une croissance plus inclusive et diversifiée figurent déjà dans le programme de réformes de la CEMAC. Le secteur privé devrait devenir le moteur de la croissance mais les gouvernements ont aussi un rôle crucial à jouer en améliorant le climat des affaires, en entreprenant des réformes structurelles et en construisant de grandes infrastructures publiques qui permettront aux entreprises de prospérer. Pour garantir une économie diversifiée, il est important de continuer de renforcer le capital humain grâce à l’éducation et des emplois valorisants. Les possibilités commerciales au sein de la région de la CEMAC sont immenses. Pour les concrétiser, les obstacles au commerce doivent être réduits. Accélérer le développement du secteur financier en veillant à ce qu’il soit ouvert au plus grand nombre contribuerait aussi grandement à élargir l’intermédiation financière et à soutenir l’activité des entreprises.
« Nous nous réjouissons à l’idée de renforcer encore la relation entre le FMI et le Cameroun, la région de la CEMAC et ses institutions. Je quitte Yaoundé avec un excellent souvenir du Cameroun, de la région et de l’accueil de sa population. »
Département de la communication du FMI
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