Les services du FMI achèvent leur mission de l’année 2022 au titre de l’article IV en République centrafricaine
le 26 janvier 2023
- La reprise économique qui s’était enclenchée en 2022 au sortir de la crise de la COVID-19 a été fortement perturbée par la pénurie des carburants et l'envolée des prix des denrées alimentaires, à la suite de la guerre en Ukraine. La crise alimentaire qui sévissait déjà dans le pays s’est aussi aggravée et nécessite un besoin immédiat d’assistance humanitaire et d’appuis budgétaires.
- La croissance économique en 2023 dépendra des conditions de financement et de la poursuite des réformes, y compris les réformes du marché des hydrocarbures visant à améliorer l’approvisionnement sur l’ensemble du territoire. Néanmoins, les risques pesant sur les perspectives économiques restent élevés.
- La mission encourage les autorités à poursuivre leurs efforts de mobilisation des recettes intérieures et de financement concessionnel afin d’assurer les dépenses publiques prioritaires et la soutenabilité de la dette publique.
Washington, DC : Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Albert Touna Mama, a séjourné à Bangui du 05 au 16 décembre 2022 pour mener les consultations au titre de l’article IV de l’année 2022 avec la République Centrafricaine (RCA). Ces discussions se sont poursuivies, en virtuel, jusqu’au 20 janvier 2023.
M. Touna Mama a fait la déclaration suivante à l’issue de la mission :
« L’activité économique en RCA a connu une performance en demi-teinte en 2022. La reprise économique qui s’était enclenchée au sortir de la crise de la COVID-19 a été fortement perturbée par la pénurie des carburants et l'envolée des prix des denrées alimentaires, à la suite de la guerre en Ukraine. Une inflation record à deux chiffres, la plus élevée dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), a été enregistrée en 2022, aggravant davantage l’insécurité alimentaire. Ces chocs surviennent alors que le pays dispose d’une marge de manœuvre réduite, notamment due à la suspension des appuis budgétaires. Ainsi, les perspectives de croissance ont été revues à la baisse et une quasi-stagnation est maintenant attendue en 2022, compte tenu de la hausse généralisée des coûts de production et d’importation dans un contexte d’enclavement, et du recul de la demande intérieure causée par le ralentissement des dépenses publiques.
« La crise alimentaire qui sévissait déjà dans le pays s’est aggravée après la guerre en Ukraine et nécessite un besoin immédiat d’assistance humanitaire et d’appuis budgétaires. La proportion de personnes souffrant d'insécurité alimentaire aiguë, déjà l’une des plus élevée au monde en 2022, devrait augmenter de 44 à 49 pour cent en 2023 selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
« L’exécution du budget en 2022 a été fortement perturbée par le ralentissement de l’activité économique et l’effondrement des recettes publiques, en particulier celles liées à la fiscalité des carburants. La prudence des autorités dans l’exécution des dépenses courantes et la sous-exécution du budget d'investissement ont permis de compenser en partie la contreperformance des recettes publiques et de contenir la hausse du déficit public.
« La croissance économique en 2023 dépendra des conditions de financement et de la poursuite des réformes. Dans cette optique, le gouvernement est encouragé d’approfondir le dialogue avec la communauté internationale sur le financement concessionnel en 2023 et au-delà, afin de combler les besoins de financement extérieur et d’assurer la soutenabilité de la dette publique. Des avancées dans ce dialogue ainsi que la poursuite des réformes, y compris les réformes visant à renforcer la gestion et la transparence des finances publiques et à améliorer la gouvernance ainsi que des réformes du marché des hydrocarbures, peuvent engendrer une reprise économique en 2023. Les risques pesant sur les perspectives économiques restent néanmoins élevés, y compris une détérioration possible des termes de l’échange et l’aggravation de la situation sécuritaire.
« La loi de finances 2023 anticipe une stabilisation de la situation budgétaire et poursuit des efforts de mobilisation des recettes intérieures au travers de nouvelles mesures. La hausse des prix des carburants à la pompe devrait à la fois permettre à l’Etat de retrouver des recettes fiscales afin d’assurer les dépenses publiques prioritaires mais aussi de rétablir un approvisionnement régulier et de qualité en carburants sur l’ensemble du territoire. La mission du FMI va mettre son expertise technique à la disposition des autorités centrafricaines pour réformer la structure des prix afin qu’elle soit plus flexible et protège mieux les populations les plus vulnérables touchées par les envolées des prix des hydrocarbures.
« La mission encourage aussi les autorités à mettre en harmonie la loi régissant les cryptomonnaies en RCA avec les accords établis dans le cadre de l’Union Monétaire en Afrique Centrale (UMAC) et les dispositions communautaires applicables dans la CEMAC.
« La mission du FMI tient à exprimer sa profonde gratitude aux autorités centrafricaines pour des discussions franches ainsi que pour l’accueil chaleureux qui lui a été réservé. »
La mission a rencontré le Premier Ministre, M. Félix Moloua, le Président de l'Assemblée Nationale, M. Simplice Sarandji, le Ministre des Finances et du Budget, M. Hervé Ndoba, la Ministre de l’Action Humanitaire et de la Réconciliation Nationale, Mme Virginie Baikoua, le Ministre de l’Energie, M. Arthur Piri, le Directeur National de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), M. Ali Chaïbou, d’autres membres du gouvernement et des hauts cadres de l’administration et de la BEAC, ainsi que des représentants du secteur privé et de la communauté des partenaires au développement.
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