Le conseil d’administration du FMI achève la seconde revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit en faveur de Madagascar

le 12 septembre 2022

  • La mise en œuvre du programme a été mitigée en raison des catastrophes naturelles et des retombées de la guerre en Ukraine.
  • Davantage d'efforts sont nécessaires pour accroître l'efficacité de la politique budgétaire, améliorer la gouvernance et soutenir l'augmentation de l'investissement privé.
  • La décision du Conseil d'administration autorise les autorités à emprunter 24,44 millions de DTS (31,9 millions de dollars).

Washington, DC: Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé aujourd'hui la deuxième revue du programme économique de Madagascar dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC). L'achèvement de cette revue permet le décaissement immédiat de 24,44 millions de DTS (environ 31,9 millions de dollars) pour couvrir les besoins de financement extérieur et budgétaire, portant le total des décaissements au titre de l'accord à 122,2 millions de DTS (environ 159,7 millions de dollars).

La reprise à Madagascar après la pandémie a été entravée par une dure saison cyclonique et les retombées de la guerre russe en Ukraine. Alors que la croissance de 2021 a été révisée à 4,3 %, la croissance de 2022 devrait stagner à 4,2 %. L'inflation moyenne annuelle devrait s'accélérer pour atteindre 9,8 %, alimentée par la flambée des prix internationaux du pétrole et des denrées alimentaires. Une croissance plus faible et des prix des matières premières plus élevés pèseront sur le budget, creusant le déficit budgétaire.

Les perspectives restent soumises à des incertitudes et à des risques importants. Une nouvelle vague de COVID dans un contexte de faible vaccination, un nouveau ralentissement de la croissance mondiale et des prix du pétrole plus élevés affecteraient négativement les perspectives à court terme. A contrario, la mise en œuvre du programme de réformes envisagées dans le Plan Emergence Madagascar ainsi qu'une augmentation des investissements pourraient stimuler la productivité et la croissance.

À l'issue de la discussion du Conseil d'administration, Mme Antoinette Sayeh, Directrice générale adjointe et Présidente par intérim, a fait la déclaration suivante:

« Dans le cadre du programme appuyé par le FMI, les résultats de Madagascar ont été globalement satisfaisants, malgré le retard pris dans la mise en œuvre des réformes structurelles et un environnement extérieur qui reste difficile. Le pays doit continuer d’adopter des politiques prudentes et une attitude plus proactive pour soutenir les réalisations sur le plan structurel et maintenir la stabilité macroéconomique, stimuler les investissements et contribuer à une croissance plus durable et inclusive .

La loi de finances rectificative pour 2022 envisage un déficit primaire intérieur plus important que prévu. La hausse des cours internationaux du pétrole entraîne une augmentation des transferts budgétaires vers les distributeurs de pétrole et les entreprises de services publics. Il sera essentiel de renforcer la lutte contre la fraude fiscale et d’optimiser le recouvrement des arriérés d’impôts pour compenser toute baisse éventuelle des recettes intérieures. Dans le cadre du budget 2023, Madagascar devra faire des efforts supplémentaires pour augmenter ses recettes intérieures, atteindre l’équilibre budgétaire et créer un espace budgétaire supplémentaire pour financer les dépenses sociales et les investissements publics prioritaires.

Il est essentiel d’améliorer l’exécution du budget pour accroître l’efficacité de la politique budgétaire et atteindre les objectifs du programme. Dans le contexte actuel marqué par la hausse des prix des denrées alimentaires et des combustibles, il est particulièrement important d’augmenter effectivement les dépenses sociales et de mettre en place des dispositifs de protection sociale plus efficaces pour protéger les plus vulnérables.

La récente augmentation des prix de détail des combustibles marque une étape vers la mise en œuvre d’un mécanisme automatique de tarification qui supprimera les subventions coûteuses et régressives sur ces produits. Il est également primordial d’améliorer la santé financière des entreprises de services publics pour limiter le recours aux transferts budgétaires.

Les autorités sont encouragées à poursuivre leurs efforts pour améliorer la transparence budgétaire et renforcer la responsabilité des parties concernées, notamment en respectant plus rigoureusement le cadre juridique de lutte contre la corruption. Afin de renforcer les contrôles a posteriori des finances publiques, la Cour des comptes, en sa qualité d’autorité de contrôle, pourra désormais accéder à l’intégralité des systèmes d’informations du ministère des Finances. La Cour rédigera également un rapport de suivi sur la mise en œuvre des recommandations consignées dans ses rapports d’audit sur les mesures prises pour faire face à la pandémie de COVID-19.

La banque centrale continue d’améliorer son cadre de politique monétaire et devrait se tenir prête à relever une nouvelle fois les taux d’intérêt pour maîtriser les pressions inflationnistes. »

Tableau 1. Principaux indicateurs économiques, 2019–24

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Est.

Proj.

(Variation en pourcentage; sauf indication contraire)

Produit intérieur brut et prix

PIB à prix constants

4.4

-7.1

4.3

4.2

5.2

5.2

Déflateur du PIB

6.5

4.4

6.1

9.1

8.3

6.8

Indice des prix à la consommation (fin de période)

4.0

4.6

6.2

12.0

9.7

8.7

Monnaie et crédit

Masse monétaire (M3)

7.3

12.1

12.2

32.5

12.9

13.2

(Croissance en pourcentage de la masse monétaire (M3) de début de période)

Avoirs extérieurs nets

-2.6

2.1

1.0

4.4

0.4

3.0

Avoirs intérieurs nets

9.9

10.0

11.2

28.1

12.5

10.2

dont : Crédit au secteur privé

10.3

5.6

11.1

9.0

7.6

7.9

(En pourcentage du PIB)

Finances publiques

Recettes budgétaires (hors dons)

10.8

9.9

10.7

11.6

12.2

12.8

dont : Recettes fiscales

10.6

9.5

10.4

11.3

11.9

12.6

Dons

3.1

2.5

0.6

2.5

2.0

2.0

dont : Dons budget

0.7

0.9

0.0

0.0

0.1

0.3

Dépenses totales

15.4

16.3

14.1

20.5

19.0

19.5

Dépenses courantes

9.5

9.6

8.9

11.2

10.0

10.0

Dépenses en capital

5.8

6.8

5.2

9.3

9.0

9.5

Solde global (base engagement)

-1.4

-4.0

-2.9

-6.5

-4.8

-4.7

Solde primaire intérieur1

0.3

-1.9

-0.3

-1.4

0.0

0.3

Financement total

1.3

3.5

3.1

6.5

5.1

5.0

Financement extérieur (net)

1.3

1.8

2.2

3.7

3.4

3.9

Financement intérieur

0.0

1.7

0.9

2.8

1.7

1.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Déficit de financement

Epargne et investissement

18.3

15.0

14.9

19.4

20.4

22.2

Formation brute de capital fixe

17.5

8.2

9.9

14.0

15.3

17.1

Epargne nationale intérieure

Secteur extérieur

Exportations de biens, FAB

18.5

15.0

19.0

21.3

21.5

20.9

Importations de biens, CAF

26.9

24.3

29.2

30.2

28.5

28.6

Solde du compte courant (hors dons)

-5.4

-7.9

-5.5

-7.9

-7.1

-7.0

Solde du compte courant (dons inclus)

-2.3

-5.4

-4.9

-5.4

-5.1

-5.1

Dette publique

40.6

50.8

53.1

53.8

53.1

53.6

Dette publique Extérieure

27.0

36.7

39.2

41.5

42,3

43.4

Dette publique Intérieure

13.6

14.1

13.9

12.3

10.8

10.2

(Unités comme indiqué)

Réserves officielles brutes (en millions de DTS)

1196

1338

1630

1677

1641

1696

En mois d'importations de biens et services

4.2

6.0

5.8

5.1

4.8

4.7

PIB par habitant (dollars américains)

532

478

507

522

540

562

Sources: autorités malagasy et estimations et prévisions des services du FMI.

1 Solde primaire sauf les investissements avec financement extérieur et dons. Base engagement.

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