Le conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2021 au titre de l’article IV avec la France
le 26 janvier 2022
Washington : Le 19 janvier 2022, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV [1] avec la France.
La France a été l’un des pays européens les plus touchés par la crise de la COVID. Les progrès considérables réalisés en matière de vaccination ont permis de contenir efficacement le virus, favorisant ainsi, en 2021, une normalisation rapide de l’activité économique. De plus, l’inoculation généralisée a permis de limiter les taux d’hospitalisation et de décès comparativement aux vagues précédentes. Toutefois, ces derniers jours, les infections à la COVID-19 ont de nouveau connu une augmentation marquée en raison de la propagation rapide du variant Omicron.
Une reprise économique robuste est amorcée, renforcée par le soutien public et par de solides investissements du secteur privé. Dans l’ensemble, la croissance pour l’année est estimée à 6¾. L’inflation globale devrait s’accroître pour atteindre environ 2,1 % en raison d’effets de base et d’une hausse des prix de l’énergie. L’emploi affiche une croissance solide, et le taux de chômage est demeuré relativement stable. Le secteur financier a bien résisté à la crise et a fourni à l’économie du crédit en abondance, grâce à un soutien continu émanant d’un éventail de mesures prudentielles et monétaires.
En riposte à la crise, l’État a déployé, en 2020, un programme de mesures budgétaires de grande envergure ; il a également élargi les programmes d’aide durant le premier semestre de 2021. Les dépenses au titre de ces programmes sont de plus en plus ciblées et réduites à mesure que la reprise évolue, mais ces programmes ont été également étendus en conséquence avec la survenue de la nouvelle vague épidémique. En 2022, l’État compte poursuivre la mise en œuvre de son plan de relance pour la France, de concert avec des mesures supplémentaires à l’intention des jeunes en situation de vulnérabilité et des mesures destinées à contrer les pénuries de main-d’œuvre qualifiée. Les pouvoirs publics ont également donné le coup d’envoi à leur plan d’investissement quinquennal baptisé « France 2030 ». Ce plan a pour objectif de rétablir une longueur d’avance technologique dans certains secteurs d’activité au moyen d’interventions ciblées.
En 2022, la croissance devrait s’établir à 3,5 %, mais la production à moyen terme demeurera inférieure à la tendance d’avant la crise, témoignant d’une certaine perte de productivité limitée imputable à un rythme de reprise inégal. Les risques à court terme qui pèsent sur les perspectives sont orientés à la baisse, influencés par l’évolution de la pandémie et par des perturbations des chaînes d’approvisionnement. À l’inverse, une élimination plus rapide de l’épargne accumulée ou une reprise de la demande qui s’avèrerait plus forte que prévue dans des secteurs durement éprouvés pourraient dynamiser la croissance à court terme et amoindrir les séquelles à moyen terme.
Évaluation par le conseil d’administration [2]
Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils notent qu’une reprise économique solide est amorcée en France, renforcée par les progrès en matière de vaccination, un soutien budgétaire fort et des investissements solides tirés par le secteur privé. Les administrateurs saluent les mesures de soutien robustes et agiles déployées par les pouvoirs publics, qui ont permis de protéger les ménages et les entreprises durant la crise. Les administrateurs soulignent que les perspectives de croissance demeurent favorables, mais des incertitudes demeurent quant à l’évolution de la pandémie de COVID-19 et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.
À court terme, les administrateurs préconisent le soutien de la reprise économique au moyen d’une politique budgétaire modérément expansionniste, comme prévu par les autorités, axée sur le renforcement des compétences des travailleurs, l’investissement dans la transition écologique et numérique, ainsi que l’innovation, afin de stimuler le potentiel de croissance. Les mesures d’urgence doivent être de plus en plus ciblées, mais les autorités se doivent cependant de conserver une certaine marge de manœuvre. En réponse à la montée de l’inflation, les administrateurs soutiennent l’indemnisation des ménages vulnérables au moyen d’instruments ciblés et temporaires. En revanche, ils déconseillent les transferts généralisés et l’adoption de mesures de contrôle des prix sur le long terme, qui s’avèrent plus coûteuses et faussent les signaux donnés par les prix. Dans cette conjoncture, les administrateurs saluent les garanties données par les autorités quant au caractère provisoire de ces mesures.
À mesure que la reprise se poursuit, les administrateurs incitent vivement les pouvoirs publics à reconstituer leur marge de manœuvre budgétaire en procédant à un assainissement de grande envergure, mais progressif et continu, des finances publiques, fondé sur les dépenses et ancré dans le précédent objectif à moyen terme de la France. Certains administrateurs recommandent d’éviter de repousser dans le temps de manière excessive les ajustements. Cet engagement envers une trajectoire d’ajustement budgétaire doit s’accompagner de règles strictes en matière de dépenses et de responsabilités accrues pour l’organisme de surveillance budgétaire. Dans ce contexte, les administrateurs saluent l’approbation parlementaire de la loi organique y afférente.
Les administrateurs soulignent la résilience du secteur bancaire face à la crise et le soutien qu’il a apporté au redressement économique. Les défaillances généralisées des entreprises ne se sont pas matérialisées. Néanmoins, les administrateurs soulignent la nécessité d’une surveillance continue et étroite de la qualité des actifs bancaires, car des risques de solvabilité propres à certains secteurs pourraient encore survenir avec le retrait progressif des mesures d’urgence. Si l’orientation macroprudentielle demeure globalement appropriée, les administrateurs soutiennent néanmoins une réactivation au moment opportun du coussin de fonds propres contracyclique et un ajustement, si nécessaire, des mesures existantes relatives aux emprunteurs afin de limiter la prise de risques excessive, y compris dans le secteur de l’immobilier.
Les administrateurs saluent le rebond rapide et robuste de la croissance de l’emploi. Cependant, ils notent un certain resserrement ces derniers mois des conditions du marché du travail. Afin de prévenir l’accumulation de disparités au sein du marché du travail susceptibles de ralentir la reprise, les administrateurs recommandent l’adoption de mesures supplémentaires destinées à alléger les besoins en main d’œuvre qualifiée en conjuguant, par exemple, des programmes d’assistance à la recherche d’un emploi à des programmes de formation. Les administrateurs ont également insisté sur l’importance de réduire les disparités de longue date en matière d’éducation qui nuisent à l’emploi des jeunes, moyennant des mesures de renforcement de la transition du monde scolaire au marché du travail.
Les administrateurs soutiennent les mesures visant à renforcer la productivité afin d’améliorer la compétitivité et de renforcer la résilience du secteur extérieur de l’économie, telles que des réformes supplémentaires sur les marchés des produits, ainsi que des mesures ciblées destinées à encourager l’innovation. Les administrateurs saluent l’effort des autorités françaises pour atteindre la neutralité carbone ainsi que la stratégie énoncée dans la Loi climat et résilience et dans les plans « France relance » et « France 2030 ». Les administrateurs encouragent les autorités à renforcer leurs politiques écologiques de réduction des émissions, y compris en établissant une tarification du carbone suffisante assortie de mesures d’atténuation à l’intention des foyers vulnérables. Ils soulignent que l’amélioration de la formation des travailleurs et l’adéquation des compétences revêtiront une importance toute particulière pour faciliter la transition écologique sans que cela n’occasionne de pertes d’emplois.
Tableau 1. France : principaux indicateurs économiques, 2019–22 |
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[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.
[2] À l’issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d'administration est disponible à l’adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm .
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