Les services du FMI achèvent leur mission de 2021 au titre de l’article IV avec le Maroc

le 10 décembre 2021

Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des équipes des services du FMI qui rendent compte de leurs conclusions préliminaires après leur visite dans un pays. Les avis exprimés dans la présente déclaration sont ceux des services du FMI et ne correspondent pas nécessairement à ceux du conseil d’administration du FMI. À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au conseil d’administration pour examen et décision.
  • L'économie marocaine se redresse. La reprise économique devrait se poursuivre au cours des prochaines années, malgré les séquelles de la pandémie.
  • Les autorités ont engagé un ensemble de réformes structurelles, qui méritent d’être appuyées par un plan de financement adéquat et en continuant à inscrire leur action dans un cadre macroéconomique stable.
  • Les réformes visant à étendre la protection sociale à tous les Marocains et les efforts ayant pour objectif de promouvoir davantage le secteur privé sont prioritaires.

Washington : Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Roberto Cardarelli, a mené une mission virtuelle du 30 novembre au 10 décembre 2021 dans le cadre des consultations de 2021 au titre de l’article IV des statuts du FMI.

À l’issue de la mission, M. Cardarelli a fait la déclaration suivante :

« Grâce à une campagne de vaccination particulièrement efficace et à la riposte rapide des autorités, la crise sanitaire a été maîtrisée et l’économie marocaine se redresse. Cette dernière a regagné quasiment le terrain perdu lors de la grave récession mondiale de 2020 qui n’a pas épargné l’économie marocaine. Cette performance s’explique par le maintien des mesures de relance budgétaire et monétaire, par la bonne performance des principaux secteurs exportateurs, par le dynamisme des transferts des Marocains résidant à l’étranger ainsi que par la récolte exceptionnelle qui a succédé à deux années de sécheresse. Après une contraction de 6,3 % en 2020, le PIB devrait croître de 6,3 % en 2021, l’un des taux les plus élevés dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

« La reprise économique devrait se poursuivre au cours des prochaines années, malgré les séquelles de la pandémie. La croissance économique devrait s’établir autour de 3 % en 2022, dans l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne et d’une poursuite de la reprise des activités non agricoles. Les récentes tensions inflationnistes restent maîtrisées et devraient s’estomper à moyen terme, à mesure que diminueront les pressions sur les coûts de production provoquées par les perturbations des chaînes d’approvisionnement à l’échelle internationale. Après avoir fortement baissé l'an dernier, le déficit courant devrait revenir cette année à un niveau plus proche de celui d'avant la crise et se stabiliser à moyen terme autour de 3,5 % du PIB. Les réserves de change du Maroc ressortent renforcées de la pandémie. Bien que ces perspectives demeurent marquées par des incertitudes, liées notamment à l’évolution de la pandémie qui constitue la principale source de risque, des réformes structurelles efficaces et rapides devraient accélérer la croissance à moyen terme.

« En 2021, et avec une réduction du déficit de près de 1% du PIB par rapport à l’année 2020, l’orientation de la politique budgétaire est restée expansionniste, caractérisée par un accroissement des dépenses courantes (dû à l’augmentation de la masse salariale et de la charge de la compensation) plus important que la progression des recettes fiscales qui a accompagné la reprise économique. Le budget pour 2022 prévoit une légère réduction du déficit global en pourcentage du PIB. Pour renforcer la résilience et disposer de plus grandes marges de manœuvre budgétaires afin de faire face à de futurs chocs, les autorités marocaines devraient réduire davantage le déficit budgétaire global, et rapprocher, à moyen terme, le ratio dette sur PIB de son niveau d’avant la pandémie. Pour y parvenir, les autorités devront élargir l’assiette fiscale et en accroître la progressivité, conformément aux principes énoncés dans la loi-cadre, et poursuivre les efforts de rationalisation et d’optimisation de la dépense publique.

« En 2021, Bank Al-Maghrib (BAM) a laissé son taux directeur inchangé et a maintenu les mesures de soutien à la liquidité. Les services du FMI sont favorables à cette orientation monétaire accommodante, surtout que les pressions inflationnistes restent contenues et les anticipations d'inflation bien ancrées. La récente appréciation du taux de change et l’incertitude quant au caractère transitoire ou durable de ces pressions inflationnistes offrent l’occasion aux autorités d’accélérer la transition vers un régime de ciblage de l’inflation.

« Les banques marocaines ont bien résisté à la crise, grâce à la rapidité et à l’ampleur de l’appui que leur a apporté BAM. Les services du FMI saluent la décision de BAM de mettre fin à la plupart des mesures prudentielles adoptées pour soutenir le secteur bancaire au cours de la pandémie. BAM devra continuer à veiller à ce que les banques continuent de constituer des provisions pour créances douteuses, tout en accélérant, avec les autorités concernées, le lancement des réformes pour la création d’un marché secondaire des créances en souffrance. En outre, les autorités devraient parachever le projet de réforme légale visant à se doter d’un cadre plus solide en matière de résolution bancaire.

« Les services du FMI saluent la détermination des autorités à mettre en œuvre les réformes structurelles proposées dans le cadre du Nouveau modèle de développement (NMD). Ces réformes sont susceptibles de placer le Maroc sur une trajectoire de croissance plus forte, plus inclusive, et plus durable. En sus des réformes en cours dans les domaines de la protection sociale, des entreprises publiques et du système éducatif, les réformes préconisées par le NMD permettraient d’améliorer la concurrence, de renforcer la compétitivité du pays, d’encourager la croissance de l’économie formelle, et d’inspirer davantage confiance dans le secteur public et le système judiciaire. Étant donné l’ampleur des financements que ces réformes nécessitent, l’horizon temporel peu maitrisé de leurs effets sur la production potentielle, et l’espace budgétaire restreint dont disposent les autorités, il importe que celles-ci définissent et échelonnent soigneusement les réformes prioritaires, en s’appuyant sur un plan de financement adéquat et en inscrivant leur action dans un cadre macroéconomique stable et cohérent.

« La mission tient à remercier les autorités marocaines, ainsi que les représentants des secteurs public et privé et de la société civile qu’elle a eu l’occasion de rencontrer, pour leur coopération et des entretiens constructifs. »

Informations générales

Depuis 2012, le Maroc a conclu avec le FMI quatre accords successifs au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le 7 avril 2020, les autorités marocaines ont procédé au tirage de toutes les ressources disponibles (environ 3 milliards de dollars) dans le cadre de l’accord au titre de la LPL ( voir le communiqué de presse N° 20/138 ), afin de pouvoir faire face au choc sans précédent que constitue la pandémie de COVID-19. Depuis lors, les autorités ont remboursé 651 millions de DTS au mois de janvier, après s’être tournées vers les marchés financiers internationaux. Pour autant, les autorités et les services du FMI maintiennent un dialogue étroit.

Département de la communication du FMI
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

ATTACHÉ DE PRESSE: Wafa Amr

TÉLÉPHONE:+1 202 623-7100COURRIEL: MEDIA@IMF.org