Les services du FMI achèvent leur mission de consultations de 2021 au titre de l’article IV en Algérie

le 4 octobre 2021

Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des équipes des services du FMI qui rendent compte de leurs conclusions préliminaires après leur visite dans un pays. Les avis qui y sont exprimés sont ceux des services du FMI et ne correspondent pas nécessairement à ceux du conseil d’administration de l’institution. À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au conseil d’administration pour examen et décision.
  • Les autorités algériennes ont pris plusieurs mesures pour atténuer les répercussions de la pandémie de la COVID-19 et ont intensifié leur campagne de vaccination depuis le mois de juillet.
  • Il est urgent de recalibrer la politique économique pour corriger les déséquilibres macroéconomiques tout en protégeant et renforçant le soutien aux tranches les plus vulnérables de la population.
  • La transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance requiert la mise en œuvre d’un vaste ensemble de réformes structurelles, dont des mesures visant à améliorer la gouvernance économique et à favoriser l’émergence d’un secteur privé dynamique et la création d’emplois.

Washington. Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Geneviève Verdier s’est entretenue par visioconférence avec les autorités algériennes du 13 septembre au 3 octobre 2021 dans le cadre des consultations de 2021 au titre de l’Article IV.

A l’issue de ces entretiens, Mme Verdier a fait la déclaration suivante à Washington:

« A l’instar des autres pays, la pandémie mondiale de la COVID-19 a durement frappé l’Algérie. La mission du FMI tient à exprimer sa solidarité aux Algériens touchés par la crise sanitaire et à ceux qui ont travaillé sans relâche pour venir en aide à la population. La mission est heureuse de constater que des mesures sanitaires opportunes et l’accélération de la campagne de vaccination depuis le mois de juillet ont aidé à réduire l’impact de la troisième vague qui a frappé le pays l’été dernier.

« La pandémie et la baisse concomitante de la production et des prix du pétrole ont eu de graves répercussions sur l’économie l’année dernière, entraînant une forte contraction du PIB réel de 4,9 % en 2020. En sus des mesures sanitaires pour freiner la propagation de la pandémie, les autorités ont mis en œuvre un vaste ensemble de mesures visant à atténuer son impact sur l’économie, notamment des reports d’impôts, une augmentation des dépenses de santé, des allocations de chômage, un transfert ponctuel aux ménages à faible revenu, des réductions du taux directeur de la banque centrale et du ratio de réserves obligatoires, ainsi que l’assouplissement des règles prudentielles applicables aux banques.

« Ces mesures ont permis de protéger l’économie, mais la pandémie a encore mis en évidence les facteurs de vulnérabilité de l’économie algérienne. En raison de déséquilibres macroéconomiques de longue date, les décideurs disposent d’une marge de manœuvre considérablement réduite. La politique budgétaire expansionniste menée depuis plusieurs années a contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés, malgré une politique de compression des importations, et a entraîné de vastes besoins de financement qui ont été, dans une large mesure, satisfaits à travers la banque centrale. Les déficits budgétaire et extérieur se sont encore creusés en 2020, alors que les réserves internationales, qui demeurent à un niveau adéquat, ont baissé de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020.

« Une reprise graduelle est en cours, avec une croissance économique projetée à plus de 3 % cette année, soutenue par la reprise des prix et de la production des hydrocarbures. L’inflation s’est accélérée pour atteindre 4,1% en moyenne annuelle en juin 2021, en partie sous l’effet d’une augmentation des cours internationaux des produits alimentaires et d’un épisode de sécheresse en Algérie. La croissance devrait s’essouffler à moyen terme du fait de l’érosion probable de la capacité de production dans le secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets d’investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé.

« En effet, malgré le rebond de l’activité économique et la nette amélioration du solde extérieur en 2021, il reste urgent de rétablir une stabilité macroéconomique et une marge de manœuvre, tout en protégeant les groupes les plus vulnérables et en soutenant la reprise.

« De l’avis de l’équipe de la mission, la persistance de déficits budgétaires élevés à moyen terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiseraient les réserves de change, et présenterait des risques pour l’inflation, la stabilité financière et le bilan de la banque centrale. Globalement, la capacité des banques à prêter au reste de l’économie serait fortement entravée, ce qui aurait des conséquences négatives pour la croissance.

« La mission recommande un ensemble complet et cohérent de politiques budgétaire, monétaire, et du taux de change afin de réduire les vulnérabilités de l’Algérie. Un ajustement budgétaire général, qui donne en même temps la priorité aux mesures de protection des plus vulnérables, devrait être entamé en 2022 et s'échelonner sur plusieurs années pour maintenir la viabilité de la dette. Cet ajustement devrait être étayé par des politiques visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les dépenses et à accroître leur efficacité. Le financement monétaire devrait être interdit afin d’endiguer l’augmentation de l’inflation et l'épuisement rapide des réserves de change, tout en diversifiant les sources de financement budgétaire y compris à travers le recours à l’emprunt extérieur. Une plus grande flexibilité du taux de change contribuera à renforcer la résilience de l'économie aux chocs externes et un resserrement de la politique monétaire permettra d’endiguer les pressions inflationnistes.

« La mission et les autorités sont d’avis que la transition de l’Algérie vers un nouveau modèle de croissance passe également par la mise en œuvre de réformes fondamentales visant à renforcer la transparence et la gouvernance des institutions juridiques, budgétaires et monétaires dans l’ensemble du secteur public et à réduire les obstacles à l’entrée dans l’économie formelle. L’application de la loi organique relative aux lois de finances constitue une étape importante dans l’amélioration de la gouvernance budgétaire. La mission salue les efforts des autorités pour réduire les restrictions à l’investissement direct étranger et leurs plans de modernisation du cadre juridique de l'investissement et de la concurrence, ce qui contribuerait à diversifier l'économie et réduire sa dépendance aux hydrocarbures et à favoriser l'investissement du secteur privé et la création d'emplois. La mission salue également les annonces récentes concernant des plans de réduction des charges administratives et les réformes à venir pour réduire la vulnérabilité à la corruption.

« La mission a rencontré M. Benabderrahmane, Premier ministre et ministre des Finances, M. Fadli, gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Arkab, ministre de l’Énergie et des Mines, M. Nasri, ministre des Travaux publics, M. Rezig, ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, M. Lahfaya, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, et Mme Krikou, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme. L’équipe s’est également entretenue avec d’autres hauts responsables du gouvernement et de la banque centrale, ainsi qu’avec des représentants des secteurs économique et financier, de la société civile et des syndicats.

« L’équipe de la mission remercie les autorités et ses autres interlocuteurs de leurs entretiens productifs et de leur excellente coopération. »

Département de la communication du FMI
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