Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2020 au titre de l’article IV avec le Maroc

le 23 décembre 2020

Washington : Le 18 décembre 2020, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV [1] avec le Maroc.

La riposte rapide des autorités marocaines a permis d'atténuer les répercussions de la pandémie. Néanmoins, l'activité économique a fortement ralenti au cours du premier semestre 2020 en raison de l'effet combiné de la crise sanitaire et de la sécheresse (qui a nui à la production agricole). Le ralentissement économique a entraîné une augmentation du taux de chômage, qui a atteint 12,7 % au troisième trimestre de 2020 (contre 9,4 % l'année précédente), et a fait baisser le taux d’inflation jusqu'à présent.

Étant donné que l'augmentation des dépenses du secteur public est financée par les contributions volontaires privées et publiques au Fonds anti-COVID-19, la détérioration de la situation budgétaire est principalement due à la baisse des recettes fiscales. Le déficit des transactions courantes s'est creusé en 2020 en raison de la baisse des recettes tirées du tourisme. Néanmoins, la bonne tenue des transferts de fonds par les Marocains résidant à l’étranger et la baisse des importations ont limité les besoins de financement extérieur du Maroc, et les réserves internationales restent largement supérieures à leur niveau de l’an dernier grâce au tirage effectué au titre de la ligne de précaution et de liquidité du FMI en avril dernier et à un recours accru au financement extérieur.

Jusqu'à présent, les banques ont relativement bien résisté à la récession et le crédit a continué d'augmenter en 2020 grâce à la réaction énergique de la banque centrale, qui a amélioré les conditions de liquidité et réduit les taux d'intérêt, et aux dispositifs de crédit garanti par l'État.

Les services du FMI s'attendent à ce que la croissance du PIB chute de 7,2 % en 2020 et rebondisse l'année suivante à 4,5 %, car les effets de la sécheresse et de la pandémie s'atténuent et les politiques monétaire et budgétaire restent accommodantes. La reprise du tourisme et des recettes d'exportation devrait conduire à une amélioration progressive du déficit des transactions courantes. Une incertitude d’un degré exceptionnel continue toutefois de peser sur ces perspectives : la plupart des éléments du scénario de référence dépendent de l'évolution de la pandémie et des progrès réalisés sur le front des vaccins, tant au Maroc que chez ses partenaires commerciaux.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Le Maroc a été durement touché par la pandémie mondiale et a connu une grave sécheresse. Les administrateurs saluent la rapidité avec laquelle les autorités ont réagi et ainsi permis d'atténuer les répercussions sociales et économiques de ces chocs. Ils soulignent le caractère exceptionnel de l’incertitude qui entoure les perspectives et encouragent les autorités à continuer de soutenir l'économie jusqu'à ce que la reprise se confirme.

Les administrateurs conviennent que la politique budgétaire a permis d'apporter un appui adéquat aux ménages et aux entreprises face à la pandémie, grâce aux contributions volontaires au Fonds anti-COVID-19, et devra continuer de favoriser la reprise à court terme. L'assainissement des finances publiques devrait toutefois reprendre dès que la pandémie sera surmontée. Les administrateurs encouragent les autorités à publier un cadre budgétaire à moyen terme qui témoignerait d'un engagement crédible à orienter la dette publique résolument à la baisse, parallèlement à la mise en œuvre de nouvelles réformes décisives pour améliorer la politique budgétaire et accroître l'efficience des dépenses publiques.

Les administrateurs saluent les mesures exceptionnelles que Bank Al-Maghrib a adoptées pour atténuer les effets de la pandémie sur les marchés financiers et l'économie réelle. La politique monétaire devra rester accommodante jusqu'à ce que de nouvelles tensions inflationnistes se fassent sentir. Les administrateurs se félicitent des récents progrès accomplis dans l'assouplissement du taux de change et invitent les autorités à achever la transition vers un ciblage de l'inflation pour renforcer la transmission de la politique monétaire. Bien que le secteur bancaire ait relativement bien résisté à la crise jusqu'à présent, les administrateurs recommandent de continuer de suivre de près les conséquences de la crise sur la qualité des actifs bancaires, notamment en procédant régulièrement à des tests de résistance. Ils préconisent également de redoubler d'efforts pour renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et pour terminer la mise au point d’un dispositif de résolution bancaire.

Les administrateurs soutiennent le plan des autorités visant à restructurer le secteur des grandes entreprises publiques, afin d'en améliorer l'efficience et la gouvernance, et à soutenir le développement du secteur privé. Compte tenu du volume élevé de garanties de crédit accordées pendant la crise et des efforts consentis pour stimuler les partenariats public-privé, les administrateurs invitent les autorités à renforcer la gestion des risques budgétaires connexes et à mieux en rendre compte. Ils notent les progrès accomplis et saluent les efforts déployés sans relâche pour améliorer la gouvernance, moderniser l'administration du secteur public et lutter contre la corruption.

Les directeurs se félicitent de la volonté des autorités d'étendre la couverture du système de protection sociale, de rendre l'accès aux prestations plus équitable et d'améliorer le ciblage et l'efficience des dépenses. Étant donné le faible espace budgétaire disponible, ils insistent sur la nécessité d'assurer un financement adéquat de ces réformes à long terme. Ils soulignent également la contribution essentielle des réformes de l'enseignement au renforcement du capital humain et à l'amélioration de la productivité à long terme.

Les administrateurs notent que la décision de procéder à un tirage au titre de la ligne de précaution et de liquidité en avril 2020 a contribué à atténuer les pressions liées au financement extérieur et à maintenir les réserves officielles à un niveau adéquat. Ils se félicitent de l'intention des autorités, annoncée aujourd'hui, de rembourser prochainement une partie de ce tirage. Ainsi, le suivi postprogramme pourrait ne plus être nécessaire. Les administrateurs se réjouissent à la perspective de continuer à collaborer étroitement avec les autorités.


Maroc : principaux indicateurs économiques, 2017-25

Population : 35,587 millions (en 2019)

PIB par habitant (en dollars) : 3 460 (2019)

Quote-part : 894,4 millions de DTS

Taux de pauvreté : 4,8 % (2014)

Principales exportations : automobiles, phosphate et produits dérivés (2018)

Principaux marchés à l'exportation : France et Espagne (37 % de l’ensemble des échanges commerciaux)

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024

2025

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

Production

Croissance du PIB réel (%)

4,2

3,1

2,5

-7,2

4,5

3,9

3,6

3,7

3,7

Croissance du PIB réel, hors agriculture (en %)

3,1

3,1

3,7

-7,5

4,2

3,9

3,6

3,6

3,7

Emploi

Chômage (en %)

10,2

9,8

9,2

12,5

10,5

9,7

9,1

8,7

8,5

Prix

Inflation (fin de période)

1,7

0,1

1,0

0,2

0,8

1,2

1,6

1,8

2,0

Inflation (moyenne de la période)

0,7

1,6

0,2

0,2

0,8

1,2

1,6

1,8

2,0

Finances de l’administration centrale

Recettes (en % du PIB) 1/

26,6

26,1

25,6

26,9

26,2

26,4

26,6

26,8

27,2

Dépenses (en % du PIB)

30,1

29,9

29,7

34,6

32,6

32,7

32,2

31,7

31,3

Solde budgétaire (en % PIB) 1/

-3,5

-3,7

-4,1

-7,7

-6,3

-6,2

-5,6

-4,8

-4,0

Solde primaire

-2,0

-1,7

-1,8

-5,5

-3,9

-3,7

-2,8

-2,1

-1,2

Dette publique (en % du PIB)

65,1

65,2

65,2

76,5

76,9

77,3

77,7

77,3

76,6

Monnaie et crédit

Monnaie centrale

5,5

4,1

3,7

5,1

Monnaie au sens large (variation en %)

5,5

4,1

3,7

5,1

3,6

3,8

4,1

4,2

4,3

Crédit à l'économie (variation en %) 2/

3,3

3,4

5,4

3,4

3,9

3,9

4,0

4,0

4,0

Vitesse de circulation de la monnaie au sens large

0,8

0,8

0,8

0,7

Balance des paiements

Solde des transactions courantes, hors transferts officiels (en % du PIB)

-4,5

-5,6

-4,3

-6,7

-5,8

-5,1

-4,6

-4,5

-3,8

Solde des transactions courantes, transferts officiels compris (en % du PIB)

-3,4

-5,3

-4,1

-6,0

-5,4

-4,8

-4,3

-4,4

-3,7

Exportations de biens
(en dollars, variation en pourcentage)

12,8

14,5

0,2

-18,4

15,1

10,2

7,7

6,6

6,8

Importations de biens
(en dollars, variation en pourcentage)

7,8

13,5

-0,5

-18,0

14,4

7,4

6,0

6,2

6,3

Balance commerciale des marchandises

-16,5

-17,2

-16,7

-14,6

-15,1

-14,8

-14,6

-14,6

-14,6

IDE (en % du PIB)

1,5

2,4

0,5

1,2

1,1

1,3

1,4

1,4

1,5

Réserves brutes (en mois d’importations) 3/

5,7

5,3

6,8

7,3

6,9

6,7

6,5

6,3

6,9

Dette extérieure (en % du PIB)

35,0

32,0

32,8

39,7

39,3

39,3

39,9

39,0

39,1

Taux de change

TCER (moyenne annuelle, variation en %)

-0,4

0,9

0,5

...

...

...

...

...

...

Pour mémoire :

PIB nominal (en milliards de dollars)

109,7

118,1

119,7

113,0

124,2

131,1

138,2

145,7

153,8

Importations nettes de produits énergétiques
(en milliards de dollars)

-7,2

-8,8

-7,9

-3,9

-5,0

-5,1

-5,2

-5,6

-5,9

Monnaie nationale pour un dollar (moyenne pour la période)

9,7

9,4

9,6

9,5

9,1

9,0

9,0

9,0

9,0

Sources : autorités marocaines et estimations des services du FMI.

1/ Dons compris.

2/ Y compris le crédit aux entreprises publiques.

3/ Depuis 2009, l’allocation de DTS est comprise dans les réserves.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d'administration à l’adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm

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