Se mobiliser avec l’Afrique-Réunions de printemps 2020 : Allocution d’ouverture
le 17 avril 2020
Texte préparé pour l’intervention
Nous sommes ici aujourd’hui pour travailler en partenariat avec l’Afrique et accorder plus d’attention et plus de ressources au continent africain afin qu’il puisse surmonter cette crise sans précédent.
La pandémie de COVID-19 a bouleversé notre monde, provoquant de tragiques pertes en vies humaines et perturbant notre ordre social et économique. Comme vous l’aurez vu dans notre rapport sur lesPerspectives de l’économie mondiale, nous prévoyons le pire ralentissement de l’économie mondiale depuis la Grande dépression.
Pour l’Afrique, nous tablons sur une contraction d’au moins 1 ¼ % cette année, soit le pire résultat jamais enregistré. Les positions budgétaires déjà fragiles se détérioreront davantage à un moment où il est impératif de déployer la politique budgétaire afin de renforcer les systèmes de santé et d’aider les ménages et les entreprises vulnérables. Il est clair que, faute d’une aide internationale rapide et suffisante, la crise menace d’annuler les progrès accomplis par le continent sur le front du développement et de dégrader les perspectives pendant les années à venir.
C’est l’esprit de l’appel lancé il y a quelques jours par 18 dirigeants africains et européens, parmi lesquels le Président Ramaphosa, qui est avec nous aujourd’hui, le Président Macron et la Chancelière Merkel, sous la bannière « seule une victoire en Afrique peut permettre de battre la pandémie partout ».
Notre réunion d’aujourd’hui sur le thème « Se mobiliser avec l’Afrique » concerne aussi la solidarité internationale et l’action rapide qui sont nécessaires pour s’attaquer à la fois à l’urgence sanitaire et à ses conséquences économiques sur le continent. La région est durement touchée et ne dispose pas des capacités de soins de santé, ni des ressources, pour faire face à la crise seule. La marge de manœuvre budgétaire est restreinte, et les besoins de financement budgétaire pour faire face à la crise sont considérables, au moins 114 milliards de dollars pour cette année. Notre action résolue a contribué à satisfaire ces besoins en partie, mais il reste un déficit de financement de 44 milliards de dollars que nous devons chercher à combler.
Il est de notre responsabilité commune de nous mobiliser avec l’Afrique dans son combat contre la pandémie et ses répercussions économiques. Permettez-moi de mettre en avant trois propositions :
- Premièrement, offrir des possibilités de financement rapide et accru en faveur de l’Afrique. Le FMI mobilise plus de 18 milliards de dollars pour l’Afrique en 2020. Nous avons temporairement doublé l’accès à nos ressources au titre de nos mécanismes d’urgence et nous avons simplifié nos procédures afin d’accorder une aide financière rapide à nos pays membres, notamment en répondant à plus de 40 demandes d’aide de nos pays membres africains. Nous cherchons aussi à reconstituer le fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance en vue de tripler notre capacité d’accorder des prêts concessionnels aux pays à faible revenu . À cet égard, j’ai trouvé très encourageante l’action de pays membres hier : le Japon, la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et plusieurs autres pays ont présenté des engagements qui nous amènent à 70 % du montant nécessaire pour atteindre cet objectif.
- Deuxièmement, obtenir un appui à l’allégement de la dette. Nous applaudissons la décision du G20 de suspendre les paiements du service de la dette des pays moins développés admissibles à l’IDA (39 pays africains) envers des créanciers bilatéraux officiels jusqu’à la fin de 2020, en réponse à un appel que j’ai lancé il y a quelques semaines avec David Malpass. Je tiens à souligner le travail que la France, l’Allemagne, la Chine et l’Arabie Saoudite ont effectué pour conclure cet accord. Nous avons aussi réformé notre fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes afin d’alléger la dette de nos pays membres les plus pauvres, dont 23 se trouvent en Afrique, et nous cherchons à obtenir des fonds supplémentaires pour prolonger la durée de l’allégement. Nous appelons les créanciers privés à être aussi partie prenante à la solution. Avec la Banque mondiale, nous prêterons grande attention aux pays lourdement endettés.
- Troisièmement, définir des mesures de riposte au choc actuel. Le FMI renforce ses conseils et le partage de ses connaissances en ce qui concerne les mesures à prendre face à la crise. Nous préconisons de privilégier les mesures qui renforcent les services de santé et protègent ainsi les populations les plus vulnérables et certaines parties de l’économie. Nous voulons que l’Afrique non seulement gère cette situation difficile, mais profite aussi des possibilités que la crise présentera, pour devenir plus compétitive et pour faire un bond en avant, par exemple, en ce qui concerne la gouvernance électronique et les fintech.
Pour conclure, en nous mobilisant avec l’Afrique, je suis convaincue que nous surmonterons cette crise et que nous ferons en sorte que l’Afrique devienne la région la plus dynamique du XXIe siècle.
Département de la communication du FMI
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