Le conseil d’administration du FMI achève les entretiens annuels concernant les politiques communes de la CEMAC et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres

le 20 décembre 2019

  • Des politiques macroéconomiques et financières plus restrictives ont contribué à éviter une crise plus profonde, et les réserves extérieures brutes ont augmenté plus rapidement ces derniers mois, grâce aussi à une mise en œuvre plus stricte de la réglementation des changes de la CEMAC.
  • Les réformes visant à favoriser une croissance plus diversifiée et plus inclusive, notamment une amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, devraient s’accélérer pour pérenniser les efforts qui sont déployés actuellement pour consolider la position extérieure de la région.

Le 13 décembre 2019, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les entretiens annuels avec la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) concernant les politiques communes des pays membres et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres.

La situation économique et financière de la CEMAC s’est améliorée, mais elle demeure fragile. L’activité économique reste bien en deçà de son niveau d’avant la crise. La croissance hors secteur pétrolier est tombée au-dessous de 2 % en 2018, du fait de l'assainissement des finances publiques, des arriérés intérieurs hérités du passé et de la volatilité de la situation sécuritaire dans certaines régions. La croissance régionale globale a été légèrement supérieure, à 2,5 %, portée par une accélération dans le secteur pétrolier. En 2019, la croissance régionale globale resterait au même niveau : une légère accélération de la croissance hors secteur pétrolier compenserait un ralentissement de la croissance de la production pétrolière.

Des politiques plus restrictives ont contribué à réduire les déséquilibres extérieurs, et les réserves extérieures ont augmenté plus rapidement au premier semestre de 2019. Les déficits des transactions extérieures courantes et de la balance globale des paiements resteraient en 2019 à leur niveau (orienté à la baisse) de 2018 (2,5 et 0,4 % du PIB, respectivement), du fait de la stabilité des exportations de pétrole, d'une hausse modérée des importations et de la stabilité globale des flux de capitaux. Avec l’impact de l’application plus stricte de la réglementation des changes sur les flux privés et le rapatriement des avoirs extérieurs des banques, conjugué à l’aide budgétaire extérieure continue et à un allégement de la dette, l’augmentation des réserves extérieures a été plus forte que prévu au premier semestre de 2019. En conséquence, l’objectif relatif aux avoirs extérieurs nets régionaux fixé pour juin 2019 a été dépassé de plus de 800 millions d’euros.

À moyen terme, une nouvelle hausse des réserves régionales est prévue, en supposant que les pays de la CEMAC restent attachés aux objectifs de leurs programmes et que de nouveaux programmes avec la Guinée équatoriale et la RCA débutent bientôt. La croissance globale devrait accélérer à 3,5 % en 2020, portée principalement par le secteur non pétrolier, qui devrait profiter de la mise en œuvre des stratégies gouvernementales d’apurement des arriérés. La croissance du secteur pétrolier resterait stable en 2020 avant de ralentir les années suivantes conformément aux tendances du passé. Au-delà de 2020, la croissance hors secteur pétrolier devrait s’accélérer progressivement, car il est supposé que les réformes visant à améliorer la gouvernance et le climat des affaires se mettent en place lentement. L’inflation devrait rester voisine de 2,5 % à moyen terme, soit en deçà du critère de convergence régional, car la politique monétaire resterait à juste titre restrictive.

De nouveaux efforts d’assainissement des finances publiques, qui reposeraient principalement sur une hausse des recettes non pétrolières, réduiraient le déficit budgétaire régional hors secteur pétrolier de 1 point supplémentaire du PIB non pétrolier en 2020, ce dernier continuant ensuite de diminuer progressivement. Dans l'ensemble, le ratio dette publique/PIB continuerait de baisser pour se situer à 47 % du PIB en 2020 et à moins de 40 % d'ici à 2023. Le déficit des transactions extérieures courantes augmenterait légèrement pour s’établir à 2,8 % du PIB en 2020 : les recettes tirées des exportations de pétrole diminueraient légèrement, tandis que les importations de biens et services augmenteraient parallèlement à la croissance du PIB hors secteur pétrolier. Une application plus rigoureuse de la réglementation des changes et l’allégement de la dette déjà accordé devrait améliorer le solde du compte de capital. En conséquence, les avoirs extérieurs nets régionaux devraient augmenter régulièrement à moyen terme et les réserves devraient atteindre l’équivalent de cinq mois d’importations de biens et services d’ici 2022.

Évaluation par le conseil d’administration

Les administrateurs sont d'avis que la CEMAC se trouve à un tournant : il s’agit de consolider les progrès accomplis grâce à la stratégie régionale et de placer les efforts d’ajustement sur une trajectoire viable. Ils reconnaissent que des politiques macroéconomiques et financières plus restrictives ont contribué à stabiliser la situation économique et à éviter une crise plus profonde, ainsi qu’à accroître les réserves extérieures brutes, qui ont récemment dépassé les projections antérieures. Cependant, les administrateurs soulignent que les risques de dégradation restent considérables et qu’il convient de redoubler d’efforts pour favoriser une croissance plus diversifiée et plus inclusive, notamment en opérant des réformes structurelles visant à renforcer la gouvernance, à améliorer le climat des affaires et à stimuler le développement social.

Les administrateurs engagent les autorités nationales à s’en tenir strictement aux objectifs de leur programme appuyé par le FMI, un élément essentiel pour garantir la stabilité intérieure et extérieure. Ils sont d'avis qu’il conviendra de rééquilibrer la composition de l’assainissement des finances publiques en augmentant les recettes intérieures non pétrolières afin de préserver les dépenses sociales et l’investissement public. Il sera essentiel aussi de mettre en œuvre des plans bien gérés de remboursement des arriérés publics afin de soutenir le secteur privé et d’améliorer les bilans des banques.

Les administrateurs sont d’avis que la politique monétaire de la BEAC est restée restrictive à juste titre et soulignent que la BEAC devrait être prête à la durcir en cas de pressions extérieures. Les administrateurs encouragent la BEAC à chercher à absorber plus rapidement l’excédent de liquidités qui est aujourd’hui élevé dans le secteur bancaire afin de renforcer la transmission de la politique monétaire. Ils saluent aussi les mesures prises à l’égard de banques qui recourent excessivement à la BEAC pour satisfaire leurs besoins de liquidités. Les administrateurs soulignent que la BEAC devrait éviter tout nouvel accord de financement avec la BDEAC.

Ils notent avec satisfaction que la BEAC cherche à assurer une application plus progressive mais efficace de la réglementation des changes. Il est nécessaire de disposer d’un soutien accru des autorités nationales pour garantir le respect de la réglementation par toutes les entités publiques, et il est possible d’encore accélérer l’exécution des transactions de change. Les administrateurs encouragent aussi la BEAC à poursuivre le dialogue avec les sociétés pétrolières et minières pour que la réglementation soit effectivement appliquée tout en tenant compte de leurs particularités le cas échéant.

Les administrateurs encouragent la BEAC à mettre en œuvre un contrôle davantage fondé sur les risques. Ils saluent l’adoption du nouveau mécanisme de sanction pour améliorer le respect de la réglementation, mais notent que le processus de résolution des banques en difficultés reste lent. Les administrateurs encouragent la BEAC à appuyer les efforts déployés pour réduire les prêts improductifs, qui sont actuellement très élevés, y compris après les remboursements des arriérés de l’État. Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de renforcer les capacités de la COBAC, en particulier ses effectifs.

Ils soulignent qu’il importe de prendre des mesures structurelles plus ambitieuses et plus efficaces pour favoriser une croissance plus élevée et plus inclusive dans les secteurs non pétroliers, ainsi qu’une plus grande diversification de l’économie. Il s'agit de s'attaquer à des problèmes de longue date liés à la mauvaise gouvernance, à un climat des affaires médiocre qui freine l’investissement, au sous-développement du secteur financier et à la persistance d’obstacles non tarifaires au commerce régional. Il sera crucial d'accroître la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, ainsi que d'améliorer la surveillance de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il est nécessaire aussi de prendre des mesures plus efficaces pour promouvoir une convergence plus rapide, notamment en renforçant le dispositif de surveillance multilatérale de la CEMAC.

Les administrateurs notent que la BEAC a mis en œuvre les engagements figurant dans la lettre de suivi de juin 2019, en particulier l'assurance concernant l'accumulation d'avoirs extérieurs nets, qui a dépassé le niveau visé. Ils notent aussi les engagements et souscrivent à l'assurance mise à jour dans la lettre de suivi de décembre 2019 du Gouverneur de la BEAC concernant l’accumulation des avoirs extérieurs nets prévue pour fin décembre 2019 et fin juin 2020 sur la base de l’engagement pris par la BEAC de mettre en œuvre une politique monétaire suffisamment restrictive et des engagements pris par les pays membres de mettre en œuvre des politiques d’ajustement dans le contexte de programmes appuyés par le FMI. Les administrateurs soulignent qu’il reste essentiel de mettre en œuvre cette assurance pour garantir le succès des programmes appuyés par le FMI dans les pays membres de la CEMAC.

Les vues exprimées par les administrateurs aujourd’hui feront partie des entretiens relatifs aux consultations au titre de l’article IV avec les pays membres de la CEMAC qui se dérouleront d’ici le prochain examen des politiques communes de la CEMAC par le conseil d’administration. Il est prévu que le prochain examen des politiques communes de la CEMAC se déroulera selon le cycle standard de 12 mois.

Département de la communication du FMI
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