Les services du FMI achèvent leur mission de revue au Gabon
le 25 juin 2018
- La croissance économique devrait se redresser en 2018 pour atteindre 2%, contre 0,5% en 2017.
- La performance du programme a été faible avec des dérapages budgétaires substantiels et des progrès lents sur les réformes structurelles. Les autorités ont convenu de prendre des mesures correctives fortes.
- Les discussions se poursuivent pour finaliser un ensemble de mesures et de réformes qui pourraient être présentées au Conseil d'administration du FMI avant la fin du mois de juillet 2018.
Une mission du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Alex Segura-Ubiergo, a séjourné à Libreville du 13 au 25 juin pour réaliser la deuxième revue de l’accord élargi du Gabon [1] au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) [2]. Le programme appuyé par le MEDC aidera le Gabon à rétablir la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance inclusive. Il cherche à consolider la soutenabilité de la dette au niveau national, et à contribuer à la stabilité extérieure de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), en s’appuyant sur les efforts collectifs des autres pays membres et des institutions régionales de la zone monétaire.
À l’issue de la mission du FMI pour la deuxième revue, M. Segura-Ubiergo a publié la déclaration suivante :
« L'activité économique semble se stabiliser, avec une croissance estimée à environ 0,5 % en 2017. En dépit de la faiblesse des secteurs traditionnels de l'activité économique (pétrole, commerce et services), une activité robuste dans les secteurs de l'extraction minière, de l'agriculture et du bois, a contribué à éviter une récession de l’économie. Cela indique que certains éléments de la stratégie de diversification des autorités commencent à avoir un impact positif.
« L'inflation s’est établie au niveau modeste de 2,7 % et les exportations de pétrole et les nouvelles capacités minières ont contribué à réduire le déficit du compte courant en 2017. La croissance économique devrait se redresser en 2018 pour atteindre 2 %, soit un rebond plus modeste que prévu. Néanmoins, les perspectives à moyen terme restent favorables, si des politiques adéquates sont mises en œuvre comme prévu. Les perspectives de reprise graduelle restent bonnes, tirée par une augmentation des investissements privés à grande échelle dans l'infrastructure de transport du Gabon et dans les secteurs d'exportation émergents et établis. Les projets agricoles et forestiers en grande partie ruraux et à forte intensité de main-d'œuvre pourraient également générer des retombées positives, mais ce potentiel dépendra en grande partie des réformes visant à améliorer le climat des affaires, pour lequel de plus grandes réformes sont nécessaires.
« Les vulnérabilités du secteur financier ont augmenté en 2017. Les dépôts bancaires et les crédits au secteur privé ont diminué, tandis que les créances en souffrance ont augmenté. Les conditions se sont détériorées au premier trimestre 2018, reflétant l'incidence des arriérés intérieurs du gouvernement sur ses fournisseurs. Des mesures décisives seront nécessaires pour accélérer le remboursement des arriérés intérieurs, qui constitue une lourde charge pour la capacité du secteur privé à soutenir la croissance économique et pourrait affaiblir davantage la santé du système bancaire. Ce plan de remboursement, intégré dans la stratégie du « Club de Libreville », doit être mis en œuvre de manière transparente.
« La mission s'est déclarée préoccupée par la faiblesse des résultats du programme, les dérapages budgétaires substantiels et les progrès décevants des réformes structurelles. Le déficit budgétaire global (base caisse) a baissé d'environ 3 % du PIB, globalement en ligne avec les projections du programme. Cela a contribué à contenir la dette publique (y compris les arriérés intérieurs) à environ 63 % du PIB. Cependant, la composition de l'ajustement a été peu optimale car elle a reposé sur une forte baisse des investissements publics, ce qui peut avoir un impact négatif sur la croissance. Les progrès ont également été insuffisants pour contenir les dépenses courantes (salaires et traitements, transferts, subventions et comptes spéciaux) et les recettes non pétrolières ont été faibles. Les progrès réalisés pour éliminer les arriérés intérieurs et extérieurs ont également été plus lents qu’attendu, et de nombreuses réformes structurelles importantes ont été retardées ou n'ont pas été mises en œuvre comme prévu.
« Les autorités ont reconnu la nécessité d'accélérer la mise en œuvre du programme et ont convenu de mettre en œuvre des mesures décisives dans le cadre de la loi de finances rectificative 2018. La mission a noté que les efforts inclus dans le projet de loi de finances rectificative pour réduire la masse salariale contribueront à alléger les pressions de trésorerie et à placer les finances publiques sur une trajectoire soutenable. Elle a cependant également noté que des mesures visant à renforcer la mobilisation des recettes, ainsi que des réductions supplémentaires du niveau total des dépenses seront nécessaires, tout en veillant à ce que les dépenses sociales soient correctement protégées. Une plus grande rigueur sera également nécessaire dans l'exécution du budget et la gestion de la trésorerie pour remédier au problème récurrent d’accumulation d’arriérés extérieurs, qui nuit à la crédibilité internationale et à la solvabilité du pays.
« Les autorités ont indiqué leur intention de faire progresser un ensemble de réformes décisives pour mobiliser des recettes non pétrolières supplémentaires, contenir les dépenses publiques, améliorer la transparence et l'efficacité du budget, protéger les dépenses sociales en faveur des groupes les plus vulnérables de la population, et améliorer la gestion de la trésorerie afin d’éviter une nouvelle accumulation d'arriérés intérieurs et extérieurs. Les discussions se poursuivront dans les prochains jours pour finaliser un ensemble de mesures économiques et de réformes qui pourraient être présentées au Conseil d'administration du FMI avant la fin du mois de juillet 2018.
« La mission voudrait remercier les autorités gabonaises pour les discussions constructives qu’elle a eues et pour leur chaleureuse hospitalité. »
[1] La mission a rencontré le Directeur de cabinet du président de la Republique, M. Brice Laccruche Alliangha, le Ministre de l'Économie, M. Jean Marie Ogandaga, le Ministre d’Etat du Budget, M. Otandault, le Directeur national de la BEAC, M. Meporewa, et d'autres hauts fonctionnaires, des représentants du secteur privé, de la société civile et des partenaires développement international.
[2] Le 19 juin 2017, le Conseil d'administration du FMI a approuvé en faveur du Gabon un accord élargi d'un montant de 464,4 millions de DTS (environ 642 millions de dollars, ou 215 % de la quote-part du Gabon au FMI) au titre du mécanisme élargi de crédit, à l'appui du programme de redressement du pays à moyen terme(See Press Release 17/233). La première revue du programme s'est achevée le 21 décembre 2017.
Département de la communication du FMI
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS
ATTACHÉ DE PRESSE: Ismaila Dieng
TÉLÉPHONE:+1 202 623-7100COURRIEL: MEDIA@IMF.org