Le conseil d’administration du FMI achève les consultations au titre de l’article IV avec le Liban

le 22 juin 2018

Le 11 mai 2018, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV [1] avec le Liban.

La croissance de l’économie libanaise reste faible, aux environs de 1-1,5 % en 2017 et en 2018 selon les estimations. Les moteurs traditionnels de la croissance libanaise tournent au ralenti : l’activité dans l’immobilier et la construction est faible, et un rebond vigoureux est peu probable à court terme. A politique économique inchangée, la croissance devrait s’accélérer progressivement pour s’approcher de 3 % à moyen terme. L’inflation est montée à 5 % en 2017, car le coût des importations pétrole a augmenté et le dollar américain s’est affaibli.

Le solde budgétaire global s’est amélioré en 2017, avec un déficit de 7,3 % du PIB, en partie à cause des recettes exceptionnelles tirées de l’imposition de bénéfices bancaires plus élevés à la suite des opérations financières de la Banque du Liban en 2016. Le Parlement a approuvé le budget 2017 en octobre 2017, et le budget 2018 en mars 2018, ces deux budgets étant les premiers approuvés depuis 12 ans. Les services du FMI prévoient que le déficit budgétaire en 2018 augmentera par rapport à celui de 2017 et contribuera à une nouvelle hausse de la dette publique, qui est déjà élevée, à plus de 150 % du PIB à la fin de l’an dernier.

Les entrées de dépôts, qui financent le double déficit du Liban, ont ralenti en 2017, principalement à cause de sorties limitées pendant la crise politique de novembre 2017. La Banque du Liban a relevé les taux d’intérêt par le biais de ses opérations monétaires et financières, surtout sur les produits en monnaie locale, afin de soutenir les entrées de capitaux et de mettre fin à la dollarisation.

Les chances de révision à la hausse de la croissance sont considérables. Une résolution rapide du conflit en Syrie profiterait au Liban. Le résultat de la récente conférence CEDRE, où les organisations internationales et les bailleurs de fonds ont apporté leur soutien au programme d’investissement du gouvernement libanais, offre l’occasion d’engager des réformes et des investissements propices à la croissance. Toutefois, la vulnérabilité reste élevée et des risques de dégradation subsistent : ils sont liés à l’évolution politique régionale, ainsi qu’à des événements de de de de de intérieurs qui pourraient influer sur les flux de dépôts.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils notent que la situation économique au Liban reste difficile, avec une dette publique élevée, un double déficit et un durcissement des conditions financières. Les répercussions du conflit en Syrie, y compris le nombre élevé de réfugiés, pèsent sur la croissance et mettent à dure épreuve les infrastructures et les services publics. Les administrateurs félicitent les autorités des efforts généreux qu’elles déploient pour accueillir des réfugiés et conviennent que le Liban doit continuer de bénéficier d’une aide internationale à cet égard. Ils encouragent les autorités à utiliser la dynamique politique actuelle et les promesses financières obtenues lors de la récente conférence sur l’investissement pour entreprendre des politiques et des réformes ambitieuses afin de s’attaquer aux déséquilibres internes et externes, d’améliorer la confiance des investisseurs et de rehausser les perspectives de croissance.

Les administrateurs soulignent qu’il est essentiel de procéder à un ajustement budgétaire immédiat et considérable pour améliorer la viabilité de la dette, ce qui nécessite un engagement politique solide et soutenu. Ils notent qu’une stratégie budgétaire bien définie, y compris une combinaison de mesures portant sur les recettes et les dépenses, à hauteur d’environ 5 points de pourcentage du PIB, est ambitieuse, mais nécessaire à moyen terme pour stabiliser la dette publique et l’orienter à la baisse. À cet égard, les administrateurs recommandent de relever les taux de la TVA, d’éliminer progressivement les subventions à l’électricité et de modérer les salaires du secteur public. Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de renforcer la gestion de l’investissement public afin d’assurer la bonne exécution du programme d’investissement des autorités. Ils notent avec satisfaction que les autorités ont sollicité une évaluation de la gestion de l’investissement public (PIMA) de la part du FMI, et encouragent les autorités à s’efforcer promptement de s’attaquer aux lacunes recensées dans cette évaluation avant d’accroître l’investissement public.

Les administrateurs saluent le rôle essentiel joué par la Banque du Liban pour attirer des entrées de dépôts et bien gérer la situation difficile. Ils soulignent que la Banque du Liban devrait adopter une perspective à long terme pour élaborer sa politique et en revenir à des outils de politique monétaire plus conventionnels. Ils encouragent la Banque du Liban à relever les taux d’intérêt si nécessaire, tout en prêtant attention à la dynamique de la dette.

Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de réduire la vulnérabilité du secteur financier en renforçant les amortisseurs et en prenant des mesures face à la hausse des risques de crédit. Ils soulignent aussi qu’il importe de renforcer le dispositif de gestion de crise et le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme conformément aux recommandations du PESF 2016, qui reposent sur les normes 2012 plus strictes du GAFI.

Les administrateurs encouragent les autorités à faire avancer les réformes structurelles nécessaires pour éliminer les obstacles à la croissance et faciliter le rééquilibrage extérieur. Il s’agit en particulier de réformer fondamentalement le secteur de l’électricité, notamment en éliminant progressivement les subventions coûteuses et en accroissant les capacités de production, tout en réduisant au minimum l’impact sur les groupes vulnérables. Les administrateurs encouragent aussi les autorités à redoubler d’efforts pour améliorer la gouvernance et réduire la corruption, et appellent à continuer d’améliorer le système statistique.

Il est prévu que la prochaine consultation au titre de l’article IV avec le Liban se déroulera selon le cycle standard de 12 mois.

Tableau 1. Liban : principaux indicateurs économiques, 2016–23

(Population : est. 4,5 millions ; 2014)

(PIB par habitant : est. 11.112 dollars ; 2014)

(Quote-part : 266 millions DTS, 0,11 % du total)

(Taux de pauvreté : 28 % ; 2004-05)

(Chômage : 11 % ; 2011) 1/

(Principaux produits et exportations : services, bijoux)

(Principaux marchés d’exportation : EAU, Arabie Saoudite, Suisse)

2016

Proj.

Eff.

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Productions et prix

(Variation annuelle en pourcentage)

PIB réel (prix du marché)

1,2

1,5

1,8

2,2

2,6

2,9

2,9

Déflateur du PIB

-0,7

2,5

2,7

3,3

2,4

2,3

2,1

2,1

Prix à la consommation (fin de période)

3,1

5,0

3,5

2,5

2,5

2,5

2,5

2,5

Prix à la consommation (moyenne sur la période)

-0,8

4,5

4,3

3,0

2,5

2,5

2,5

2,5

Investissement et épargne

(En pourcentage du PIB)

Formation brute de capital

20,4

22,7

21,4

20,4

19,4

18,4

18,4

17,8

Publique

1,4

1,4

1,4

1,4

1,4

1,4

1,4

1,4

Non publique

19,0

21,3

20,0

18,9

18,0

17,0

17,0

16,4

Épargne nationale brute

-2,1

-2,2

-4,3

-4,8

-5,2

-5,8

-5,3

-5,5

Publique

-7,7

-5,9

-9,1

-9,6

-9,9

-10,3

-11,0

-11,6

Non publique

5,6

3,6

4,8

4,8

4,6

4,5

5,7

6,1

Finances de l’administration centrale (base caisse)

(En pourcentage du PIB)

Recettes (dons compris)

20,0

22,1

23,0

23,2

23,3

23,1

23,0

23,0

Dépenses

29,2

29,4

33,6

34,2

34,6

34,9

35,4

36,0

Solde budgétaire (dons compris)

-9,2

-7,3

-10,6

-11,0

-11,3

-11,7

-12,4

-13,0

Solde primaire (dons compris)

0,1

2,5

0,2

0,3

0,5

0,4

0,3

0,3

Dette publique totale

151

153

157

161

165

169

173

178

Secteur monétaire

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Crédit au secteur privé

6,1

6,1

4,2

5,1

4,7

4,9

5,0

5,0

Monnaie de réserve

27,7

32,0

-11,5

2,2

2,2

2,2

2,1

2,0

Monnaie au sens large 2/

7,6

4,1

5,0

5,0

5,0

5,0

5,0

5,0

Dollarisation des dépôts (niveau)

65,9

68,8

69,0

69,0

69,0

69,0

69,0

69,0

Taux d’intérêt (moyenne sur la période, en pourcentage)

Rendements des bons du Trésor à trois mois

4,4

5,1

5,8

6,1

6,2

6,3

6,4

6,4

Rendements des bons du Trésor à cinq ans

6,8

7,9

8,2

8,4

8,5

8,6

8,7

n,a,

Secteur extérieur

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Exportations de biens et services (en dollars, variation en pourcentage)

-4,5

2,6

6,0

5,2

5,3

5,2

5,5

5,6

Importations de biens et services (en dollars, variation en pourcentage)

0,4

6,9

7,0

3,0

3,1

4,0

4,3

4,4

Solde des biens et services

-24,0

-26,3

-27,4

-26,1

-24,9

-24,2

-23,6

-23,0

Solde des transactions courantes

-22,5

-25,0

-25,8

-25,2

-24,7

-24,2

-23,7

-23,3

Investissement direct étranger

4,0

4,6

4,0

4,0

4,0

4,0

4,0

4,0

Dette extérieure totale 3/

190

198

202

205

208

211

213

216

Réserves brutes (en milliards de dollars) 4/

40,2

40,6

37,5

33,7

29,9

26,1

22,4

18,6

En mois d’importations de biens et services de l’année suivante

14,7

13,9

12,4

10,8

9,2

7,7

6,3

5,1

En pourcentage de la dette extérieure à court terme 5/

48,0

44,8

38,8

32,7

27,3

22,4

18,1

14,1

En pourcentage des dépôts en monnaies étrangères du système bancaire

37,6

35,1

30,7

26,2

22,2

18,4

15,0

11,9

En pourcentage des dépôts totaux du système bancaire

24,8

24,1

21,2

18,1

15,3

12,7

10,4

8,2

Postes pour mémoire :

PIB nominal (en milliards de dollars)

49,6

51,5

53,6

56,4

59,0

61,9

65,0

68,3

Dépôts des non-résidents (estimations des services du FMI, variation en pourcentage)

11,7

3,8

5,0

5,0

5,0

5,0

5,0

5,0

Actifs totaux des banques commerciales (en pourcentage du PIB)

394

396

394

394

392

389

385

n.a.

Importations de produits pétroliers (en millions de dollars)

-4.107

-4.760

-5.700

-5.424

-5.287

-5.281

-5.378

-5.535

Monnaie locale pour 1 dollar (moyenne sur la période)

1.508

1.508

...

...

...

...

...

...

Taux de change effectif réel (moyenne annuelle, variation en pourcentage)

-0,4

3,0

...

...

...

...

...

...

Sources : autorités libanaises ; estimations des services du FMI.

1/Selon une enquête sur la main-d’œuvre menée par la Banque mondiale en avril 2011. Le dernier taux de chômage officiel est de 9,7 % pour 2007.

2/Monnaie en circulation plus dépôts des résidents et non-résidents.

3/Y compris les dépôts des non-résidents.

4/À l’exclusion de l’or et des actifs grevés.

5/Dette à court terme sur la base des échéances restantes, y compris dépôts à court terme des non-résidents.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission préparent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de Présidente du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm..

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