Les services du FMI examinent les progrès du programme économique de Madagascar
le 28 mars 2018
- Les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par la facilité élargie de crédit sont globalement positifs.
- La croissance économique devrait atteindre 5,0% en 2018, et une politique monétaire prudente contribue à maîtriser l’inflation.
- Augmenter l’investissement public, accélérer les réformes au niveau de la JIRAMA et adopter les lois pour renforcer la gouvernance sont essentiels pour faire avancer les priorités du programme.
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Marshall Mills, chef de mission pour Madagascar, a séjourné à Antananarivo du 14 au 28 mars 2018 pour mener les discussions relatives à la troisième revue du programme de réformes économiques de Madagascar appuyé par un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) [1]. Ces discussions se sont traduites par des progrès satisfaisants, et elles se poursuivront dans les semaines à venir. Une fois ces discussions à venir terminées, le conseil d’administration du FMI pourrait envisager de procéder à la troisième revue de l’accord FEC en juin 2018.
À la fin de la mission, M. Mills a fait la déclaration suivante :
« La situation économique de Madagascar reste favorable, avec une croissance soutenue et une situation macroéconomique stable en dépit de certains chocs. La croissance est estimée à 4,2% en 2017, en dépit des effets d’un cyclone de grande envergure et de la sécheresse sur l’agriculture et l’hydroélectricité, ainsi que d’une épidémie de peste sur le tourisme. La hausse des recettes tirées des exportations de vanille (grâce à un niveau de prix élevé) et de produits manufacturés légers a contribué à la bonne tenue de la monnaie et a permis l’accumulation d’importantes réserves de change, ces dernières dépassant quatre mois d’importations à fin 2017. La banque centrale a bien géré la hausse des liquidités bancaires qui y était liée. La croissance devrait s’accélérer à 5,0% en 2018, portée par l’augmentation des investissements publics, la croissance continue de l’industrie manufacturière, le rebond des activités agricoles et le redressement du secteur minier. L’inflation devrait reculer progressivement pour s’établir en-dessous de 8 % d’ici fin 2018, après avoir légèrement accéléré à 9% en 2017 en raison de chocs climatiques.
« Les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par la FEC restent dans l’ensemble satisfaisants. Sur la base des données actuelles, tous les critères de réalisation quantitatifs pour fin décembre ont été remplis, pour la plupart d’entre eux avec des marges importantes. En particulier, l’accumulation des réserves et le solde budgétaire ont continué de dépasser les objectifs fixés dans le programme. La mise en œuvre des réformes structurelles prévues par le programme a généralement progressé comme prévu, sauf celle relative à la fixation des prix des carburants et celle à la nouvelle loi sur les statistiques dû à un léger retard.
« Les services du FMI exhortent les autorités à maintenir la dynamique du programme. En particulier, la réorientation de dépenses publiques moins productives vers l’investissement et les dépenses sociales constitue l’un des objectifs fondamentaux du programme. Dans le contexte des discussions avec les pétroliers sur la nouvelle structure des prix à la pompe, l’ajustement des prix due à la hausse des prix mondiaux a été retardé. En conséquence, des engagements de l’Etat envers les distributeurs de carburants ont été accumulés. Les services du FMI conseillent les autorités d’ajuster progressivement les prix à la pompe pour les aligner sur les prix mondiaux avec l’objectif d’éliminer ces engagements d’ici la fin de l’année.
« Les difficultés financières de la compagnie publique JIRAMA continuent de grever les finances publiques malgré le lancement d’un plan ambitieux de restructuration de la compagnie. Les pertes importantes enregistrées l’an dernier aggravées par la sécheresse ont dépassé les transferts inscrits au budget, ce qui accentue la pression sur les ressources publiques. Sur la base des mesures existantes, les besoins de transferts de la JIRAMA devraient aussi dépasser les montants inscrits au budget cette année, car l’impact positif de la pluviométrie favorable sur la production d’hydroélectricité est insuffisant pour compenser l’impact négatif de la hausse des prix mondiaux des carburants et du service de la dette accumulée au cours des dernières années. Les services du FMI ont vivement encouragé les autorités à mettre en œuvre des mesures pour limiter ces pertes opérationnelles et les besoins de transferts budgétaires de la compagnie. Par ailleurs, les besoins pour la masse salariale et les retraites des agents de l’Etat sont plus élevés que prévu et exigeront aussi des ressources publiques supplémentaires.
« Les discussions ont aussi porté sur les réformes structurelles prioritaires à moyen terme dans le domaine de la politique monétaire, le développement du secteur financier et l’investissement public. La banque centrale continue de développer son cadre opérationnel pour les opérations monétaires en mettant davantage l’accent sur la gestion des liquidités bancaires excédentaires et en renforçant son cadre législatif. Avec le MFB, elle a aussi l’intention de mettre à jour l’ensemble des textes afin d’améliorer le fonctionnement du marché des changes. En s’appuyant sur l’évaluation de la stabilité du système financier, les autorités mettront à jour le cadre juridique et réglementaire du contrôle, adopteront un contrôle prudentiel fondé sur le risque et soumettront une loi bancaire révisée d’ici la fin de l’année. Elles cherchent aussi à accélérer l’exécution des investissements qui sont essentiels pour la stratégie de croissance du programme. La stratégie de gestion de l’investissement qui a été adoptée récemment devrait améliorer le suivi de l’exécution et assurer la cohérence des nouveaux projets d’investissement avec la stratégie nationale de développement.
En ce qui concerne la gouvernance, les services du FMI ont souligné qu’il est crucial d’adopter les lois sur le recouvrement d’avoirs illicites et la lutte contre le blanchiment de capitaux qui ont été soumises au Parlement, pour combattre la corruption et maintenir de bonnes relations bancaires à l’échelle internationale. Il demeure aussi important de continuer à mettre en œuvre le cadre législatif renforcé pour la lutte contre la corruption et le système de déclaration de patrimoine, ainsi que d’améliorer la gestion des finances publiques.
« La mission a rencontré le Président Hery Rajaonarimampianina, le ministre des Finances et du Budget Vonintsalama Andriambololona, le ministre de l’Économie et du Plan Herilanto Raveloharison, le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar Alain Rasolofondraibe, de hauts fonctionnaires, des représentants du secteur privé, ainsi que des partenaires techniques et financiers.
« La mission remercie les autorités malgaches de leur coopération étroite et de leurs entretiens constructifs. »
[1] La FEC est un mécanisme de prêt qui apporte un accompagnement soutenu à moyen ou à long terme sous la forme d’un programme dans les cas de problèmes persistants de balance des paiements. L'accord en faveur de Madagascar, pour un montant de 220 millions de DTS (environ 304,7 millions de dollars, ou 180 % de la quote-part), a été approuvé par le conseil d'administration du FMI le 28 juillet 2016 (voir communiqué de presse 16/370 ). Une augmentation de l'accès aux ressources au titre du programme a été accordée pour un montant de 30,55 millions de DTS (environ 42,39 millions de dollars, ou 12,5 % de la quote-part) après la réunion du conseil d'administration le 28 juin 2017 (voir rapport pays n° 17/223).
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