Le Conseil d’administration du FMI mène à terme la première revue de l’accord au titre de la FEC, augmente le niveau d’accès, approuve un décaissement de 86 millions de dollars et achève les consultations de 2017 au titre de l’article IV avec Madagascar
le 28 juin 2017
- La réussite du programme passe par le renforcement des capacités de gestion des investissements et par le maintien de la stabilité macroéconomique et de la viabilité de la dette.
- Les réformes engagées pour promouvoir le développement et la solidité du secteur financier à partir du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) de 2016 contribueront à un système financier plus inclusif et plus robuste capable de répondre aux besoins de développement de Madagascar.
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La stratégie des autorités qui vise à promouvoir une croissance économique plus inclusive et durable en renforçant l’investissement dans l’infrastructure et le capital humain, en augmentant les dépenses sociales et en faisant avancer les réformes structurelles, est jugée appropriée.
Le 28 juin 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a mené à terme la première revue du programme économique de Madagascar appuyé par un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). Il a en outre approuvé la demande présentée par les autorités en vue d’une augmentation du niveau d’accès dans le cadre du programme de 30,55 millions de DTS (environ 42,39 millions de dollars) ou 12,5 % de la quote-part du pays.
L’achèvement de cette revue ouvre la voie au décaissement immédiat (y compris augmentation du niveau d’accès) de 61,978 millions de DTS (environ 86 millions de dollars). Cela porte le montant total décaissé au titre de l’accord à 93,41 millions de DTS (environ 129,61 millions de dollars).
En achevant la revue, le Conseil d’administration a approuvé la demande de dérogation présentée par les autorités pour non-observation du critère de réalisation continu sur l’accumulation de nouveaux arriérés de paiement extérieurs, et de modification du critère de réalisation à fin juin 2017 relatif au solde primaire intérieur.
L’accord au titre de la FEC en faveur de Madagascar a été approuvé le 27 juillet 2016 (voir communiqué de presse No. 16/370).
Au terme des délibérations du Conseil d’administration, M. David Lipton, Premier Directeur général adjoint et Président par intérim, a fait la déclaration suivante :
«Les résultats enregistrés par Madagascar dans le cadre de son programme économique appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) ont été solides. La stratégie des autorités visant à promouvoir une croissance plus inclusive et durable grâce au renforcement des investissements dans les infrastructures et le capital humain, à l’augmentation des dépenses sociales et à la poursuite de réformes structurelles — conformément au Plan national de développement — est appropriée. La réussite du programme passera par le renforcement de la capacité de gestion des investissements tout en sauvegardant la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette.
« Plusieurs événements récents — notamment la sécheresse, un cyclone aux effets dévastateurs et la faiblesse financière des entreprises publiques — ont créé de redoutables défis. Des ressources supplémentaires s’imposent pour les travaux de secours et de reconstruction et pour accompagner l’entreprise de services d’utilité publique JIRAMA, dont les résultats ont souffert de la sécheresse. Le récent partenariat stratégique d’Air Madagascar est de nature à renforcer ses activités, mais il exigera également une recapitalisation coûteuse pour pouvoir éponger les pertes passées.
«Les autorités sont intervenues pour atténuer les conséquences de ces défis, mais un creusement temporaire du déficit budgétaire est jugé raisonnable, pour autant que les problèmes que la JIRAMA et Air Madagascar connaissent de longue date reçoivent l’attention voulue. L’augmentation du niveau d’accès au titre de la FEC et les concours complémentaires des bailleurs de fonds contribueront à atténuer l’impact des catastrophes naturelles sur la balance des paiements.
«Les efforts des autorités visant à renforcer la gouvernance et à combattre la corruption sont essentiels pour leur stratégie. Outre le renforcement du cadre juridique, il est vital de le mettre en application de manière effective et de renforcer l’indépendance de la justice. Les améliorations apportées à la gestion des finances publiques, notamment pour accroître la transparence, jouent également un rôle déterminant.
«Les réformes engagées pour promouvoir le développement et la solidité du secteur financier à partir du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) de 2016 contribueront à assurer un système financier plus robuste et plus inclusif capable de répondre aux besoins de développement de Madagascar».
Le Conseil d’administration a également achevé les consultations de 2017 au titre de l’article IV avec Madagascar [1] .
Madagascar est un pays à faible revenu fragile qui s’efforce de se redresser au terme d’une période d’instabilité politique. Le pays accuse un faible taux de croissance économique de longue date — qui peine à suivre le rapide taux de croissance démographique — et les indicateurs de bien-être social se sont détériorés. Ces défis ont été aggravés par les crises politiques et les catastrophes naturelles récurrentes. Madagascar est ainsi devenu l’un des pays les plus pauvres de la planète et certains de ses indicateurs d’éducation, de santé et de nutrition sont parmi les plus faibles au monde. Le gouvernement vise à briser ce cycle de croissance et d’investissement faibles en accélérant l’investissement public et les réformes structurelles dans le cadre du Plan national de développement de 2014.
La situation économique a évolué de manière encourageante en 2016. Impulsée par les investissements publics, l’augmentation des exportations de textile et l’accélération de l’activité agroindustrielle, la croissance s’est hissée à 4,2 % en 2016, son niveau le plus élevé depuis 2008. L’exécution de la loi de finances de 2016 a été conforme aux objectifs du gouvernement. Les dépenses budgétaires ont été maîtrisées, encore que les résultats financiers de l’entreprise d’utilité publique JIRAMA se soient affaiblis vers la fin d’exercice. Les réformes se sont poursuivies dans l’administration des recettes et les recettes budgétaires ont été supérieures aux objectifs. L’inflation était maîtrisée à 7 % à fin 2016. La situation extérieure s’est sensiblement renforcée, profitant d’un choc positif des prix à l’exportation de la vanille et de la forte croissance des exportations de produits manufacturés.
Cependant, l’exécution budgétaire s’est heurtée à plusieurs défis en 2017. À la fin 2016 et au début 2017, Madagascar a souffert d’une grave sécheresse et d’un cyclone dévastateur — le pire des 13 dernières années. Celui-ci s’est soldé par un coût économique (dommages proprement dits plus pertes de production) estimé à environ 400 millions de dollars (4 % du PIB). La sécheresse a réduit les approvisionnements hydroélectriques bon marché pour la production d’électricité, ce qui a augmenté les besoins de transferts de l’État à la JIRAMA. Par ailleurs, le lancement d’un partenariat stratégique pour Air Madagascar exigera une recapitalisation ponctuelle coûteuse afin de pouvoir éponger les pertes passées et de renforcer les opérations à moyen terme.
Malgré les difficultés actuelles, les perspectives à moyen terme sont favorables. La croissance devrait s’accélérer, impulsée par l’augmentation des investissements, le tourisme, et d’autres industries légères, l’activité minière et les gains de productivité dans l’agriculture. En partie à cause des récentes catastrophes naturelles, l’inflation moyenne devrait s’accroître de manière temporaire à environ 8,5 % en 2017, pour ensuite redescendre progressivement à près de 5 % à moyen terme. Les importations devraient s’accroître en raison de l’intensification des investissements publics et du travail de reconstruction, mais le creusement du déficit courant devrait pouvoir être financé de manière viable grâce à l’aide publique concessionnelle et à l’investissement direct étranger.
Évaluation par le Conseil d’administration [2]
Les Administrateurs saluent les solides résultats enregistrés par Madagascar dans le cadre de son programme appuyé par le FMI en dépit des récents défis, dont deux chocs de nature climatique, et ils notent que les perspectives à moyen terme semblent être favorables, mais que des risques baissiers subsistent. Les Administrateurs s’associent à la stratégie des autorités visant à promouvoir une croissance économique plus inclusive et durable grâce à l’augmentation de l’investissement dans les infrastructures et le capital humain, au relèvement des dépenses sociales et à la poursuite des réformes structurelles. Ils soulignent cependant que la réussite de cette stratégie passera par le renforcement de la capacité de gestion des investissements et par la riposte rapide à tout signe de surchauffe, de manière à préserver la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette.
Pour maintenir les progrès vers les objectifs de développement de Madagascar, les Administrateurs reconnaissent qu’une marge budgétaire supplémentaire s’impose à titre temporaire en 2017 compte tenu des coûts issus des chocs récents et des faiblesses financières des entreprises publiques. À cet égard ils saluent les mesures entreprises pour atténuer l’impact de ces chocs, y compris l’augmentation des objectifs de recettes pour 2017 et les réductions de dépenses non prioritaires. Ils soulignent en outre qu’il est nécessaire de s’attaquer aux problèmes que connaissent de longue date l’entreprise d’utilité publique et Air Madagascar.
Les Administrateurs saluent l’importance particulière que les autorités attachent à l’amélioration de la gouvernance et à la lutte contre la corruption, travail essentiel pour pouvoir améliorer le climat des affaires. Outre l’achèvement du dispositif juridique de lutte contre la corruption, y compris avec l’adoption d’une nouvelle loi régissant la lutte contre le blanchiment de capitaux, les Administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de renforcer l’application et l’exécution du dispositif ainsi que l’indépendance de la justice. Ils recommandent en outre d’améliorer davantage la gestion des finances publiques, notamment à la faveur de mesures propres à accroître la transparence.
Les Administrateurs estiment que la conduite de la politique monétaire par la banque centrale a été appropriée, et ils s’associent aux efforts qu’elle déploie pour continuer de mettre à niveau le dispositif opérationnel de la politique monétaire. Ils se félicitent en outre des efforts qu’elle continue de déployer pour développer le secteur financier et renforcer sa stabilité. Les Administrateurs encouragent les autorités à poursuivre la mise en œuvre des recommandations du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) de 2016, notamment pour renforcer le cadre juridique et la fonction de supervision et pour améliorer l’inclusion financière.
[1] Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.
[2] À l’issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de Présidente du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et le résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans le résumé des délibérations du Conseil d’administration à l’adresse : http ://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm .
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