Le Conseil d’administration du FMI achève les consultations régionales avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)

le 5 avril 2017

Le 31 mars 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations avec l’UEMOA au titre de l’article IV. [1]

L’activité économique est restée vigoureuse mais les vulnérabilités se sont accentuées. La croissance du PIB réel, soutenue par une demande intérieure solide et résiliente, est estimée à 6,2 pour cent en 2016. L’inflation est restée faible, de l’ordre de 0,4 pour cent en moyenne en 2016, reflétant des récoltes agricoles particulièrement abondantes et des prix du pétrole bas. D’après les données préliminaires, le déficit budgétaire global représenterait 4,5 pour cent du PIB en 2016, plus élevé que prévu initialement (4 pour cent). Le crédit au secteur public a augmenté plus rapidement (43,6 pour cent) que le crédit au secteur privé (9,7 pour cent). La croissance de la masse monétaire est cependant restée modérée (10,2 pour cent), en raison de la baisse des avoirs extérieurs nets. La dette publique est en hausse et le ratio de couverture des réserves de change a baissé à 3,7 mois, reflétant une expansion continue des infrastructures publiques et un financement extérieur moindre que dans le passé.

La BCEAO a pris des mesures pour stimuler le marché interbancaire et consolider les mécanismes de transmission de la politique monétaire. La banque centrale a élargi le corridor forme par le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres et le taux du guichet de prêt marginal pour le porter à 200 points de base, et a annoncé que le recours à ce guichet serait plafonné à deux fois les fonds propres des banques à partir de juin 2017. Par ailleurs, la banque centrale a ramené le coefficient de réserves obligatoires de 5 pour cent à 3 pour cent des dépôts. De plus, des mesures importantes ont été prises, visant à favoriser la stabilité financière. Parmi ces réformes, on citera l’adoption des normes de fonds propres de Bâle II et III et l’introduction de la supervision consolidée. La situation du secteur bancaire reste néanmoins délicate. Les risques de crédit et de concentration sont importants et le rapport entre le montant brut des prêts non performants (PNP) et le total des prêts demeure relativement élevé, tandis que la situation de plusieurs banques en difficulté demeurent non résolue.

Les perspectives restent positives, à condition que la stabilité macroéconomique et la volonté d’améliorer le climat des affaires et d’encourager l’investissement privé se poursuivent. La croissance devrait rester supérieure à 6 pour cent à moyen terme, et l’inflation devrait rester faible en raison de bonnes perspectives de la production agricole. Les risques sont plutôt à la baisse et incluent les dérapages dans les plans d'assainissement budgétaire, la lenteur des progrès dans l’amélioration de l’efficience des investissements publics et les réformes structurelles favorables au secteur privé, un ralentissement plus marqué de la croissance économique mondiale, un durcissement des conditions internationales de financement, ainsi qu’une baisse prolongée des cours du cacao. De plus, les risques sécuritaires demeurent importants.

Évaluation par le Conseil d’administration [2]

Les administrateurs s’associent aux grandes lignes de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent des solides résultats économiques que la région continue d’enregistrer, avec une croissance forte et une faible inflation. Ils notent, cependant, que les risques qui pèsent sur la viabilité de la dette publique et la stabilité extérieure se sont accrus. Les administrateurs insistent sur la nécessité, pour maintenir une croissance élevée, de politiques budgétaires nationales et de politique monétaire régionale bien coordonnées et cohérentes, de façon à limiter les vulnérabilités et préserver la stabilité macroéconomique, et d’une accélération des réformes structurelles afin d’améliorer le climat des affaires et stimuler la compétitivité et la diversification. Alors que la responsabilité principale à cet égard incombe aux autorités nationales et régionales, les administrateurs ont noté que le Fonds pourrait jouer un rôle clé par ses conseils en matière de politique économiques et le renforcement des capacités.

Les administrateurs soulignent qu’un assainissement budgétaire respectueux de la croissance est essentiel pour réduire la dette publique et reconstituer les réserves de change. Ils invitent les pays membres à respecter leurs programmes actuels de réduction du déficit budgétaire. Ils insistent sur le fait que les efforts d’ajustement doivent être soigneusement calibrés et axés sur des réformes visant à mobiliser davantage de recettes et maîtriser les dépenses courantes tout en protégeant les dépenses d’investissement et sociales prioritaires. Ils encouragent les autorités à améliorer davantage la gestion de la dette et la qualité et l’efficience des dépenses, et à explorer des moyens alternatifs de financer les investissements dans les infrastructures tout en tenant compte des risques afférents.

Les administrateurs souscrivent à l’orientation actuelle de la politique monétaire. Ils saluent les décisions de politique monétaire récentes qui visent à durcir l’accès au guichet de refinancement mais se déclarent préoccupés par le fait que la réduction du coefficient de réserves obligatoires affaiblirait l’impact de ces mesures. Les administrateurs appellent les autorités à rester vigilantes et à se tenir prêtes à resserrer davantage la politique monétaire si les pressions continuent de s’exercer sur les réserves de change. Ils encouragent les autorités à prendre des mesures afin d’améliorer encore la gestion des liquidités, dynamiser le marché interbancaire, favoriser l’expansion des circuits financiers et renforcer la transmission de la politique monétaire.

Les administrateurs félicitent les autorités pour les réformes réglementaires ambitieuses visant à moderniser le secteur financier. Ils soulignent qu’il importe de bien préparer le déploiement effectif des cadres réglementaires et prudentiels amélioré, de rendre opérationnel le dispositif de sécurité financière et d’élaborer un régime régional de résolution bancaire qui soit efficace. De plus, ils encouragent les autorités à redoubler d’efforts pour s’attaquer aux poches de vulnérabilité qui existent aujourd’hui dans le système bancaire en faisant respecter la réglementation prudentielle en vigueur.

Les administrateurs notent avec satisfaction le nouveau plan d’action régional et la nouvelle stratégie régionale d’inclusion financière. Insistant sur le fait que l’approfondissement du marché financier et l’inclusion financière sont essentielles pour assurer la pérennité d’une croissance forte et inclusive, les administrateurs appellent à mettre rapidement en œuvre cette stratégie. Ils soulignent qu’il importe de réduire le coût des services financiers, de renforcer le cadre juridique et les procédures judiciaires, d’améliorer le climat des affaires et d’encourager le développement de la banque mobile tout en tenant dûment compte des questions de stabilité financière et de lutte contre le blanchiment de capitaux.

Les administrateurs engagent les autorités à accélérer le rythme des réformes structurelles afin de maintenir la dynamique de croissance. Ils appellent en particulier à poursuivre les efforts visant à encourager l’investissement privé, la compétitivité et la diversification en améliorant le climat des affaires, en réduisant les obstacles au commerce régional, notamment les lourdeurs administratives, et en renforçant les infrastructures régionales.

Les administrateurs encouragent les autorités à poursuivre leurs efforts d’amélioration de la qualité, du périmètre et de l’actualité des données régionales, en particulier les statistiques du secteur extérieur et les indicateurs de solidité financière.

Les vues exprimées aujourd’hui par les administrateurs feront partie des consultations au titre de l’article IV avec les pays membres qui se dérouleront jusqu’au prochain examen des politiques communes de l’UEMOA par le Conseil d’administration. Les prochains entretiens dans le cadre des consultations au titre de l’article IV avec les autorités régionales de l’UEMOA se dérouleront selon le cycle de 12 mois conformément à la décision du Conseil d’administration sur les modalités de la surveillance des politiques de l’UEMOA.

Tableau 1. UEMOA : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2013—2021

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

Est.

Proj.

(Variation annuelle en pourcentage)

Revenu national et prix

PIB à prix constants

6,1

6,6

6,2

6,2

6,5

6,6

6,5

6,6

6,5

PIB par habitant à prix constants

3,3

3,7

3,3

3,3

3,6

3,7

3,6

3,8

3,6

Monnaie au sens large/PIB

3,2

4,7

2,4

4,0

Prix à la consommation (moyenne)

1,3

-0,1

1,0

0,4

1,5

1,9

1,9

2,0

2,0

Termes de l’échange

-9,2

-2,3

1,2

0,1

0,1

-1,2

-1,7

-0,6

1,1

Taux de change effectifs nominaux

4,3

3,8

-3,8

2,0

Taux de change effectifs réels

2,7

1,0

-5,5

-0,4

(Pourcentage du PIB)

Comptes nationaux

Épargne nationale brute

15,9

17,0

15,0

16,1

17,1

17,7

17,5

18,1

18,3

Investissement intérieur brut

22,5

22,1

21,2

22,1

23,4

23,7

23,5

23,7

23,5

Dont : investissement public

7,4

7,1

7,8

8,2

8,9

8,7

8,4

8,6

8,4

(Variation annuelle en % de la monnaie au sens large en début de période)

Monnaie et crédit1

Avoirs extérieurs nets

-6,0

0,1

0,0

-5,4

Avoirs intérieurs nets

17,2

12,7

14,7

15,7

Monnaie au sens large

11,2

12,9

14,7

10,2

Crédit au secteur privé

15,6

15,9

18,0

9,7

12,1

11,6

13,6

12,8

13,5

(Pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Opérations financières de l’État2

Total des recettes publiques, hors dons

17,8

17,4

18,3

18,6

19,2

19,4

19,8

20,1

20,2

Dépenses publiques

23,8

23,5

24,9

25,5

26,1

25,4

25,0

25,0

24,8

Dons officiels

3,0

2,7

2,1

2,4

2,2

2,2

2,2

2,1

2,2

Solde budgétaire global, dons inclus (base caisse)

-3,0

-3,3

-4,5

-4,5

-4,7

-3,7

-3,0

-2,7

-2,5

Solde budgétaire de base, dons & PPTE inclus

-1,4

-1,6

-1,5

-1,5

-0,9

-0,3

0,3

0,6

0,9

Secteur extérieur

Exportations de biens et services3

24,3

23,7

24,3

23,9

24,1

25,8

23,0

22,7

22,3

Importations de biens et services3

35,7

35,2

33,2

33,5

33,6

34,8

31,9

31,1

30,1

Solde des transactions courantes, hors dons4

-9,1

-7,5

-8,0

-8,8

-8,9

-8,4

-8,4

-7,9

-7,4

Solde des transactions courantes, dons inclus4

-6,6

-5,1

-5,8

-6,1

-6,3

-6,0

-6,0

-5,7

-5,3

Dette publique extérieure

24,5

23,9

27,9

27,9

28,1

27,8

27,6

27,1

26,9

Dette publique totale

37,6

38,5

44,5

45,9

46,3

44,8

43,1

41,3

40,7

Monnaie au sens large

28,8

30,1

30,8

32,1

Pour mémoire :

PIB nominal (en milliards de francs CFA)

46.194

49.918

53.968

57.991

62.584

67.969

73.667

79.969

86.726

PIB nominal par habitant (dollars EU)

897

943

827

867

899

951

1.007

1.069

1.126

Francs CFA pour un dollar EU, moyenne

494

494

591

601

Taux de couverture des réserves de change5

84,0

77,0

71,1

Réserves en mois d’importations (hors importations intra-UEMOA)

4,5

4,7

4,6

3,7

3,5

3,9

4,0

4,0

4,0

Sources : FMI, base de données du Département Afrique ; Perspectives de l’économie mondiale ; estimations des services du FMI.

1 Variation d’une année sur l’autre, fin décembre; pour 2014, variation d’une année sur l’autre, fin novembre.

2 Les données budgétaires pour 2014 tiennent compte d’une forte augmentation du déficit budgétaire du Niger due au lancement d’un nouveau projet dans le secteur des hydrocarbures.

3 Hors commerce intra-régional.

4 Jusqu’en 2011, les données sont ajustées par la BCEAO pour tenir compte des écarts dus au commerce intra-régional.

5 Réserves officielles brutes divisées par passifs intérieurs à court terme (définition du FMI).




[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission préparent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de Présidente du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm .

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