Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le FMI prévoit une forte croissance, et des risques persistants, dans les pays à faible revenu

le 26 avril 2013

  • Une bonne performance sur une base solide
  • Les pays à faible revenu doivent se doter de moyens de défense contre d'éventuels chocs
  • Le FMI renforce son appui financier et ses conseils aux pays les plus vulnérables

Selon le FMI, les pays à faible revenu affichent certains des taux de croissance les plus rapides au monde, mais beaucoup demeurent vulnérables aux chocs et aux effets de contagion émanant des économies avancées et émergentes.

Piste en Namibie

Piste en Namibie. Malgré la vigueur de leur croissance, les pays à faible revenu doivent encore relever certains défis (photo : Tondini/Corbis)

PAYS Á FAIBLE REVENU

«Les pays à faible revenu ont œuvré à développer des capacités institutionnelles et des volants budgétaires qu'ils ont pu utiliser pendant la crise, et ces efforts portent leurs fruits», a déclaré M. Min Zhu, Directeur général adjoint du FMI, lors d'un séminaire organisé par l'institution à l’occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui se sont déroulées à Washington du 19 au 21 avril.

Mais M. Zhu et plusieurs participants aux réunions de printemps ont souligné que ces pays devaient saisir l'occasion de renforcer leurs capacités de résistance à d’éventuels nouveaux chocs pour pouvoir espérer entretenir leur dynamique actuelle de croissance.

Au cours des mois qui ont précédé les réunions de printemps, le FMI a intensifié ses activités concernant les pays à faible revenu : il a publié une revue exhaustive (a) de ses instruments de prêt concessionnels et une nouvelle étude sur les perspectives de croissance de ces pays.

Des fondamentaux solides

Les pays à faible revenu connaissent actuellement une forte expansion qui repose sur des fondamentaux relativement solides, a fait observer Hugh Bredenkamp, Directeur adjoint du Département de la stratégie, des politiques et de l'évaluation du FMI.

S'exprimant pendant le séminaire intitulé «Les pays à faible revenu et la reprise économique mondiale : forces, faiblesses et rôle du FMI» (a), M. Bredenkamp a cité trois signes clairs montrant que la croissance est solidement établie dans ces pays.

Premièrement, les pays à faible revenu s'appuient moins sur la demande intérieure et davantage sur la demande extérieure au moment où la reprise mondiale s'amorce après la crise récente. Deuxièmement, leur taux d'inflation a diminué régulièrement, malgré des résurgences occasionnelles dues à des chocs sur les prix des produits de base. Troisièmement, on y observe une baisse des ratios d’endettement public, grâce à la conjonction d'allégements consentis par les créanciers, de croissance et d’une plus grande discipline budgétaire.

Du fait du recul de la dette, ces pays ont pu dépenser moins pour son service et plus en faveur des programmes de réduction de la pauvreté, a ajouté M. Bredenkamp.

Selon lui, «tout ceci laisse penser que les bons résultats économiques actuels des pays à faible revenu sont solidement établis et qu'à partir de là, il y a de bonnes chances que ces résultats se maintiennent à moyen terme».

Des faiblesses subsistent

Pendant la crise mondiale de 2008-09, les pays à faible revenu ont accusé un ralentissement, mais ils se sont redressés plus rapidement que le reste du monde. M. Bredenkamp a fait remarquer que l'une des raisons essentielles de cette résilience a été leur aptitude à mener des politiques anticycliques, en d'autres termes ils disposaient d'un espace budgétaire permettant de prendre des mesures de lutte contre la crise.

Toutefois, ces mesures ont épuisé leur marge de manœuvre, ce qui les laisse démunis face à des chocs futurs. Selon M. Bredenkamp, depuis la reprise de la croissance en 2010 les pays à faible revenu ont peu avancé dans la reconstitution de cette marge de manœuvre.

Á ses yeux, cette évolution a deux grandes conséquences. D'abord, les pays à faible revenu devront donner la priorité à la reconstitution de leurs défenses, même si cela implique de reléguer au second plan d'autres dépenses nécessaires. Ensuite, il faut que le FMI soit prêt à les aider à faire face à un contexte propice aux chocs, à la fois au moyen de financements et de conseils de politique économique.

L'aide du FMI aux pays à faible revenu

Les débats des réunions de printemps font suite à une revue exhaustive (a) des instruments de prêt concessionnels du FMI, englobant le modèle de financement de la bonification et la conception des facilités de prêt. Cette revue fait elle-même suite à la refonte des prêts concessionnels intervenue en 2009 (a), et qui a modifié le dispositif de facilités de prêt du FMI pour le rendre plus souple et réactif aux besoins divers des pays à faible revenu. La revue a permis de réaliser plusieurs objectifs. D'abord, elle a mis en place un modèle de financement autosuffisant des prêts concessionnels du FMI. Ensuite, elle a affiné le ciblage de ses ressources en faveur des pays les plus pauvres et les plus vulnérables en :

• faisant sortir du périmètre des ressources concessionnelles certains des pays «mieux placés»;

• ajoutant trois micro-États — pays de moins de 200.000 habitants— à la liste d'admissibilité (a) aux prêts bonifiés;

• combinant les ressources concessionnelles et les ressources non concessionnelles pour les pays «mieux placés» au sein de la catégorie des pays à faible revenu.

La revue avait aussi pour but d'assouplir les concours aux pays à faible revenu en :

• élevant le plafond des emprunts cumulés dans le cadre de la facilité de crédit rapide, l'instrument utilisé par le FMI pour apporter rapidement une aide d'urgence;

• permettant d'augmenter plus rapidement le montant des prêts au moment des chocs;

• assouplissant certaines des restrictions en matière d'utilisation des facilités de prêt à caractère de précaution.

Enfin, le FMI a entrepris d’améliorer ses conseils aux pays à faible revenu dans quatre domaines essentiels : développer l'investissement tout en maintenant la dette à des niveaux viables; gérer judicieusement la richesse issue des ressources naturelles; reconnaître la spécificité des besoins et des faiblesses des États fragiles (a) et des petits États (a); instaurer une croissance généralisée et solidaire, de sorte que toutes les couches de la population d'un pays en bénéficient.

Moins de pauvreté, plus de prospérité

La réforme des modalités d'intervention du FMI dans les pays à faible revenu a eu lieu juste au moment où la Banque mondiale dévoilait une nouvelle initiative destinée à mettre fin à la pauvreté et à répandre la prospérité. Lors des réunions de printemps, le Président de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim, a annoncé qu'il avait pour objectif de «fixer une date d'expiration» de l’extrême pauvreté en réduisant le pourcentage de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour à 3 % d'ici 2030 (contre 21 % en 2010).

Cet objectif, entériné par le Comité du développement du FMI et de la Banque mondiale, guidera une stratégie que la Banque mondiale entend présenter à l’Assemblée annuelle d'octobre 2013.

(a) en anglais