Bulletin du FMI : Des efforts concertés sont nécessaires pour augmenter la croissance à long terme et réduire la pauvreté aux États-Unis
le 23 juillet 2014
- La reprise s’accélère, mais à cause de la faiblesse du premier trimestre, la croissance sera décevante en 2014
- Trouver un accord sur un plan crédible d’assainissement budgétaire à moyen terme reste une priorité importante
- Mettre fin aux taux d’intérêt nuls sera un exercice complexe qui exigera une communication avisée
Bien que la reprise s’accélère aux États-Unis, la gestion de la sortie des taux d’intérêt nuls et l’augmentation de la croissance potentielle demeurent des priorités, dit le FMI dans son rapport le plus récent sur la plus grande économie du monde.
Diagnostic économique
L’activité s’était intensifiée au second semestre de 2013, mais la rigueur inhabituelle de l’hiver conjuguée à d’autres facteurs -- notamment les difficultés persistantes du marché immobilier, une correction des stocks et le ralentissement de la demande externe ont cassé son élan. La croissance de la production a chuté à -2,9 % au premier trimestre de 2014, première baisse trimestrielle depuis le début de 2011.
Le FMI prévoit une accélération de la croissance pendant le reste de l’année (dans une fourchette de 3 à 3½ %) sous l’effet de progrès de l’emploi, d’une hausse de la production industrielle, d’un redressement des ventes et des commandes de biens durables ainsi que d’un retour de la confiance. Toutefois, il sera difficile de compenser le recul du premier trimestre et la croissance pour l’ensemble de l’année ressortira à 1,7 %, un chiffre décevant. Le FMI continue pourtant à prévoir pour 2015 une croissance supérieure, dont le rythme serait le plus rapide depuis 2005.
S’attaquer à la pauvreté
Malgré le redressement de l’activité et la création d’emplois, près de 50 millions d’Américains vivent encore dans la pauvreté, ne pouvant pas gagner assez pour satisfaire leurs besoins de base; près d’un enfant sur quatre sont touchés. De meilleures perspectives sur le plan de l’emploi et de la croissance économique seront indispensables pour faire baisser ce chiffre, mais le rapport du FMI préconise une augmentation du crédit d’impôt en faveur des revenus du travail et un relèvement du salaire minimum pour résoudre en partie le problème.
Stimuler la croissance à long terme
En l’absence d’initiatives supplémentaires, le FMI anticipe une stabilisation de la croissance potentielle à un taux de quelque 2 % dans les prochaines années, en raison de la hausse ralentie de la population active liée au vieillissement et d’une moindre progression de la productivité. C’est très inférieur au taux moyen observé pendant la décennie antérieure à la crise financière qui a dépassé 3 %.
Le FMI recommande des mesures pour remédier à cet affaiblissement de la croissance à long terme, notamment davantage d’investissements dans les infrastructures du pays, une amélioration des résultats du système éducatif, un perfectionnement du système fiscal et le renforcement des qualifications de la main-d’œuvre (au moyen d’une réforme de l’immigration, d’actions de formation et d’aides à la prise en charge des enfants pour les familles qui travaillent).
Réduire la dette publique
Le FMI continue à préconiser un plan crédible d’assainissement budgétaire à moyen terme pour influer sur la dynamique à plus longue échéance de l’endettement, mais aussi pour dégager une marge de manœuvre budgétaire à court terme pour accompagner l’économie, ce qui pourrait être conçu de façon à réduire la pauvreté mais aussi à encourager la croissance à long terme. Le FMI recommande d’inclure dans le plan d’assainissement des mesures destinées à freiner l’augmentation des coûts de santé, à réformer le régime fédéral des retraites et à accroître les recettes fiscales.
Sortir des taux d’intérêts nuls
Pour la politique monétaire, l’objectif est de gérer la sortie des taux d’intérêt nuls d’une manière qui permette à l’économie d’atteindre le plein emploi conjugué à la stabilité des prix, tout en évitant l’instabilité financière et des répercussions négatives sur l’économie mondiale. Il s’agit à l’évidence d’un exercice complexe et délicat.
Pour le faciliter, le FMI recommande d’enrichir la panoplie des instruments de communication de la Réserve fédérale, notamment en envisageant de programmer des conférences de presse du Président de la Fed après chaque réunion du Comité fédéral d’Open Market et de publier un rapport trimestriel de politique monétaire entériné par ce comité.
Rendre le système financier plus sûr
Beaucoup a été fait pour réduire les risques du système financier : les banques sont plus fortes, les bilans des entreprises sont solides, le levier financier est maîtrisé et le cadre réglementaire grandement amélioré. Néanmoins, la période prolongée de taux d’intérêt très bas continue à susciter des préoccupations à propos de la stabilité financière, relatives en particulier aux activités effectuées hors du système bancaire traditionnel.
Le FMI recommande de mettre fin à ces excès au moyen d’un resserrement des normes de souscription et d’une pondération accrue de certains risques complétés par un suivi attentif des risques qui apparaissent dans le secteur de la gestion d’actifs. Le rapport estime aussi que la réglementation et la supervision du secteur des assurances méritent une attention particulière.