Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Une action concertée s’impose pour doper la croissance et l’emploi

le 8 juillet 2013

  • Assainir le système bancaire et renforcer son intégration pour accompagner la reprise et rétablir la confiance
  • Remédier aux faiblesses structurelles pour assurer une reprise durable
  • Accompagner la demande jusqu’à ce que se mettent en place de plus vastes réformes

De considérables efforts collectifs ont certes été déployés pour faire face à la crise dans la zone euro, mais d’autres mesures s’imposent pour accompagner la croissance et créer des emplois.

Siège de la Banque centrale européenne, à Francfort

Banque centrale européenne, à Francfort : les progrès vers l’union bancaire sont déterminants pour la reprise de la zone euro (photo : Frank Rumpenhorst/AFP)

CONSULTATION AVEC LA ZONE EURO

Dans son dernier bilan annuel de la zone euro, le FMI signale que ces mesures auront des effets synergiques si elles s’inscrivent dans une démarche concertée.

«Durant l’année écoulée, de solides initiatives ont été adoptées à l’échelle nationale et à celle de la zone euro pour combattre la crise», a déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI. «Mais en dépit de ces progrès, la reprise économique n’est toujours pas au rendez-vous, le chômage s’aggrave et il règne une grande incertitude. D’autres mesures s’imposent pour rétablir pleinement la confiance, insuffler une nouvelle vigueur à la croissance et créer des emplois».

Le FMI a notamment souligné qu’il importait d’agir pour assainir le bilan des banques, mener à terme l’union bancaire, accompagner la demande et faire avancer les réformes structurelles.

Progrès accomplis

Le FMI prend note des effets positifs des mesures prises durant l’année écoulée pour lutter contre la crise, comme la mise en place par la BCE des opérations monétaires sur titres (OMT), l’achèvement du pare-feu que constitue le Mécanisme européen de stabilité (MES) et les accords sur les pays menant un programme. Ces mesures ont permis de gérer des menaces immédiates, mais les marchés financiers restent fragmentés le long des frontières nationales.

En outre, face aux incertitudes persistantes et aux niveaux d’endettement élevés, les ménages et les entreprises diffèrent leurs dépenses. Enfin, comme le chômage est au plus haut, chez les jeunes en particulier, les risques de stagnation et de dégradation durable de la croissance potentielle augmentent.

Quatre axes prioritaires

Dans son bilan, le FMI recommande d’agir en priorité sur quatre fronts :

Remettre d’aplomb les bilans bancaires. Pour rehausser la confiance, il est nécessaire de procéder à une évaluation crédible de la qualité des actifs bancaires. Cette évaluation devra quantifier les besoins en fonds propres et expliquer clairement comment y répondre. Là où les apports privés seront insuffisants, des dispositifs de soutien crédibles — le MES, dans certains cas — seront essentiels pour faire en sorte que les banques puissent continuer à prêter.

Mener à terme l’union bancaire. Il faudra pour cela accélérer les réformes engagées, par exemple en adoptant la législation relative au Mécanisme unique de supervision et en parvenant à un accord final sur la directive applicable au redressement et à la résolution des crises bancaires. Ce travail devrait également passer par la mise en place d’un solide mécanisme unique de réalisation permettant de traiter rapidement des banques en difficultés, en limitant par ailleurs les coûts pour les contribuables.

Redoubler d’efforts pour accompagner la demande à court terme. Le FMI salue l’adoption récente des indications sur la politique à venir (forward guidance) et l’engagement de la BCE à maintenir une orientation monétaire accommodante tant que cela sera nécessaire. Le FMI a également signalé que la politique monétaire ne peut pas, à elle seule, s’attaquer aux faiblesses structurelles du secteur bancaire, mais qu’elle peut dégager une marge de manœuvre essentielle, à la faveur de mesures classiques ou atypiques, selon les besoins. En outre, le travail d’assainissement budgétaire dans les pays de la zone euro doit être dosé avec prudence pour éviter qu’il ne pèse par trop sur la croissance.

Accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles. La correction des lacunes structurelles — à l’échelle de la zone euro et des pays — permettrait de relever la croissance potentielle et de promouvoir l’ajustement extérieur au sein de la zone euro. La mise en application de la directive «services» pourrait encourager la concurrence transfrontalière et accroître la productivité, tandis que les activités menées au plan national pour remédier aux faiblesses du marché du travail devraient doper la compétitivité et l’emploi.

Les fruits des mesures à venir

Dans son évaluation au titre de l’article IV, le FMI note qu’un vaste effort de réforme — visant à remédier à la fragmentation financière et aux déficiences structurelles — pourrait avoir des effets très bénéfiques à moyen terme, en rehaussant potentiellement le niveau de la production de la zone euro et du monde entier d’environ 3 % et 1 %, respectivement, en l’espace de cinq ans.

L’évaluation du FMI se fonde sur les conclusions préliminaires d’une équipe des services du FMI qui s’est rendue dans la zone euro. Un rapport définitif sera publié une fois qu’il aura été examiné par les 24 membres du Conseil d’administration du FMI dans les semaines à venir.