Bulletin du FMI : Le Mali se redresse et renoue avec les réformes au sortir de la crise sécuritaire
le 30 décembre 2013
- Le Mali se remet de la pire des crises sécuritaires et politiques de son histoire récente
- Réconciliation, reprise, et réduction de la pauvreté : priorités des dépenses publiques
- Le pays bénéficie directement de l’amélioration de la situation sécuritaire de la région
L’économie malienne se redresse, avec le retour progressif de l’aide des bailleurs de fonds et de la confiance des investisseurs au sortir de la pire crise politique et sécuritaire que le pays ait connue dans son histoire récente.
AFRIQUE DE L’OUEST
Le nouveau prêt de 46 millions de dollars du FMI appuie le programme de réformes structurelles qui vise à promouvoir une croissance robuste propre à faire reculer la pauvreté.
Le 18 décembre dernier, le Conseil d’administration du FMI a approuvé un nouvel accord en faveur du Mali au titre de la facilité élargie de crédit pour un montant de 46,2 millions de dollars. Cette décision a ouvert la voie à un décaissement immédiat de 9,2 millions de dollars.
Le Mali connaît une croissance démographique rapide et présente un potentiel en grande partie inexploité. Les priorités de longue date consistent à accélérer la croissance et la création d’emplois et à faire reculer sensiblement la pauvreté grâce à une croissance partagée. La mise en valeur du potentiel du Mali nécessitera de gros investissements, non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans l’éducation et la santé de la population, la principale richesse du pays.
Crise sécuritaire et politique
Au début de 2012 des groupes insurgés ont pris le contrôle du nord du pays et en mars 2012 un coup d’État militaire a déstabilisé la situation politique. Les perspectives se sont améliorées après l’intervention militaire dirigée par la France au début de 2013. Cette intervention a chassé les rebelles des villes du nord et permis au gouvernement de commencer à rétablir son contrôle sur l’ensemble du territoire.
Depuis, les progrès enregistrés dans la normalisation politique ont été encourageants : le bon déroulement de l’élection présidentielle, la formation du nouveau gouvernement et les élections législatives ont démontré le ferme attachement du Mali à sa tradition démocratique.
Le Mali était un des pays les plus performants d’Afrique durant les dix années qui ont précédé 2012. Il pouvait s’enorgueillir d’un robuste taux de croissance moyen d’environ 5,5 % entre 2001 et 2011 — bien supérieur aux 3,9 % de moyenne de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Accalmie dans la région
Le Mali devrait bénéficier d’une conjoncture extérieure relativement stable à court terme. Les perspectives de la région sont favorables. L’Afrique subsaharienne devrait continuer d’afficher une croissance robuste, alimentée par de solides investissements dans l’infrastructure et la capacité de production et par un volume grandissant d’investissements directs étrangers et d’autres types de financement.
L’embellie est particulièrement notable dans le voisinage du Mali, l’UEMOA, au sein de laquelle la Côte d’Ivoire travaille dur pour regagner le terrain perdu après des années de conflit civil. Le Mali profite directement de l’amélioration de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, car une très grande part de ses échanges transite par Abidjan. En outre, encouragés par le rétablissement de la stabilité politique et sécuritaire et par les bons résultats du gouvernement avec l’appui de deux prêts totalisant 33,8 millions de dollars au titre de la facilité de crédit rapide en janvier et juin 2013, les bailleurs de fonds se sont engagés à mobiliser 4,4 milliards de dollars pour accompagner la reprise que commence à connaître le Mali.
Des avancées dans la lutte contre la pauvreté
Le Mali est aussi l’un des pays d’Afrique subsaharienne qui a progressé le plus sur la voie des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), établis par l’ONU pour combattre la pauvreté. Entre 2001 et 2011 :
• le taux de scolarisation primaire a augmenté de 4 à 7 enfants sur 10;
• le taux d’alphabétisation des jeunes hommes et femmes a doublé;
• le taux de mortalité infantile a été réduit presque de moitié;
• et enfin, des progrès importants ont été accomplis sur le front de la pauvreté, qui, certes, reste encore élevée.
Dans l’immédiat, le Mali a une double priorité : gérer les conséquences de la crise de 2012 et renouer avec le programme de réformes structurelles interrompu par cette crise. Pour atteindre le premier objectif il faudra avancer dans la réconciliation entre le nord et le sud, améliorer la gouvernance et consolider la reprise qui commence à se dessiner.
Outre qu’il débloquera l’accès aux concours financiers du FMI, le nouvel accord au titre de la facilité élargie de crédit jouera un rôle catalyseur en permettant de mobiliser un soutien plus vaste de la communauté des bailleurs de fonds. Les revues dont feront l’objet à intervalle régulier les résultats du programme appuyé par le FMI devraient rassurer les bailleurs de fonds quant à la qualité des politiques économiques mises en œuvre. Le vaste soutien que devraient apporter les bailleurs de fonds est appelé à atténuer les tensions budgétaires à court terme (voir graphique).
Trois grandes priorités
Il importe de souligner que l’accord de prêt aidera à promouvoir les politiques capables de relever les défis auxquels se heurte aujourd’hui le Mali. Le programme budgétaire de 2014 contribue à la stabilité macroéconomique en continuant à aligner les dépenses sur les recettes. La composition des dépenses publiques traduit les grandes priorités : réconciliation nationale, reprise et réduction de la pauvreté.
Pour accélérer le rythme des investissements publics dont le pays a grand besoin, le gouvernement dégagera dans le budget une plus grande marge de manœuvre en matière de dépenses. Pour ce faire, il mobilisera davantage de recettes fiscales grâce à des réformes de la politique et de l’administration fiscales et de la tarification et fiscalité des carburants et il accroîtra l’efficience de la dépense grâce à des réformes de la gestion des finances publiques.
Le gouvernement entend également prendre des mesures pour améliorer le climat des affaires. Au Mali, les entreprises se heurtent à un des environnements les plus difficiles au monde, et il devient donc prioritaire d’agir sur ce front, notamment en combattant la corruption, en facilitant l’accès à la finance et en améliorant la qualité des biens publics, tels que l’infrastructure d’éducation, de transport et d’irrigation, l’approvisionnement en électricité et le système judiciaire.
Le partenariat entre le FMI et le Mali ne se limite pas aux concours financiers ou aux conseils de politique économique. Au fil des ans, le Mali a utilisé activement l’assistance technique du FMI. Dernièrement, grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire, le FMI a intensifié son assistance technique dans les domaines des finances publiques, de la gestion de la dette, des statistiques et du secteur financier.