Bulletin du FMI : Les politiques inclusives du Rwanda profitent aux plus défavorisés
le 12 décembre 2014
- Au Rwanda, les plus pauvres profitent de la forte croissance de l’économie nationale
- Le gouvernement entend promouvoir le développement des PME
- Vers un modèle de développement tiré par le secteur privé
Depuis 2000, le Rwanda connaît un développement économique remarquable, grâce à des politiques avisées qui ont permis de maintenir le taux de croissance annuel du PIB aux environs de 8 %; tel est le constat des services du FMI à l’issue du dernier bilan périodique de l’économie de ce pays d’Afrique de l’Est.
BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE
De plus, les classes les plus défavorisées ont fortement bénéficié de la croissance enregistrée au cours de cette période, la consommation par habitant ayant augmenté plus vite dans la partie inférieure de l’échelle.
Les services du FMI notent que l’économie rwandaise remonte la pente, après le creux causé par le fléchissement de la production agricole et les lenteurs de la mise en œuvre de certains projets : le taux de croissance a rebondi à 6 % en 2014, contre 4½ % en 2013, et l’inflation a été maîtrisée à 3 % en 2014. D’après les projections des services du FMI, en 2015, le taux de croissance devrait avoisiner 6 %, et l’inflation se rapprocher de la cible de 5 % retenue par les autorités.
Le gouvernement est parvenu à faire reculer la pauvreté : l’indice de pauvreté — le pourcentage de la population se situant en dessous d’un seuil de subsistance — est descendu de 60 % à 45 % entre 2000 et 2011. Les autorités ont centré leur action sur le secteur agricole, l’emploi et la promotion de l’égalité des chances entre hommes et femmes, pour promouvoir le partage plus vaste des fruits d’une croissance forte et soutenue.
Amélioration de la productivité des exploitations agricoles
Les mesures qui ont contribué à l’amélioration de la productivité et de la production du secteur agricole, dont beaucoup continuent à produire leurs effets, peuvent se classer dans quatre catégories distinctes.
• Amélioration de l’accès aux intrants et aux marchés grâce à un système de subventions publiques du prix des engrais et des semences et à la création de marchés régionaux pour permettre aux agriculteurs d’écouler rapidement leurs produits;
• Modèles communautaires visant en priorité à former les agriculteurs en vue d’optimiser l’emploi des terres et à développer les capacités au niveau de la base;
• Implication du secteur privé dans la fourniture d’intrants et de services auxiliaires tels que la gestion post-récolte et une meilleure maîtrise des facteurs saisonniers;
• Inclusion financière par le biais de l’accès aux initiatives de financement dirigées par les banques et d’un appui financier en début de campagne en échange d’une commercialisation de la production.
Transformation du marché du travail
Parallèlement, le gouvernement rwandais s’efforce de renforcer le marché du travail pour tirer parti du potentiel qu’offre son évolution démographique. La transformation économique a été plus rapide au Rwanda que dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, avec une diminution plus marquée de la part de l’agriculture dans l’emploi.
La transformation de l’emploi s’est cependant effectuée en majeure partie au profit des services à faible valeur ajoutée, tandis que la part de l’emploi industriel a à peine augmenté. Cela contraste avec l’évolution observée dans de nombreux pays à faible revenu d’Asie, qui ont pu accroître considérablement la part de l’emploi industriel au cours de leur processus de transformation.
Anticipant une forte poussée démographique, le gouvernement prépare une série de mesures visant à promouvoir le développement des entreprises familiales et des PME sur plusieurs fronts :
• Développement des compétences grâce à une refonte des nombreux programmes publics de formation et à la mise en place d’un système informel d’apprentissage donnant aux maîtres-ouvriers et artisans les outils nécessaires pour transmettre directement leur savoir-faire;
• Soutien pratique aux dirigeants des petites et moyennes entreprises grâce à un système de mentorat et d’accompagnement par des conseillers en développement d’entreprise et à un meilleur accès aux services financiers et commerciaux; et
• Détachement dans tous les districts de spécialistes sectoriels capables de détecter les projets porteurs et d’impulser le secteur des entreprises familiales.
Lutte contre les disparités hommes-femmes
Un des volets importants de la politique gouvernementale est la promotion de l’égalité hommes-femmes. Les taux de participation des hommes et des femmes au marché du travail sont similaires et les deux chambres du Parlement rwandais affichent la plus forte proportion de femmes au monde (53 % en 2013). En outre, les taux nets de scolarisation et d’achèvement des études primaires sont plus élevés pour les filles que pour les garçons.
C’est l’aboutissement d’une stratégie volontariste de correction des déséquilibres entre les sexes, de promotion de l’égalité des chances et de prise en compte de ces objectifs dans les politiques, activités et budgets de tous les secteurs.
La Stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté pour 2013-18 est axée sur la transformation de l’économie, le développement rural et l’emploi des jeunes. Les autorités espèrent en effet ramener le taux de pauvreté à 30 % d’ici la fin de la période couverte (voir le graphique). La poursuite de la mise en œuvre de ces politiques, ainsi que le passage réussi à un mode de développement économique tiré par le secteur privé permettront des avancées considérables en vue de la réalisation de cet objectif ambitieux.