Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Des experts traitent des perspectives d’avenir du secteur privé au Moyen-Orient

le 18 décembre 2013

  • La promotion d’une croissance solidaire impulsée par le secteur privée est un objectif prioritaire pour la région
  • Les experts réunis à Ryad se centrent sur les défis à relever et les pratiques à promouvoir dans le développement du secteur privé
  • Il faut encourager l’investissement, la stabilité macroéconomique, la diversification et l’ouverture

Réunis à Ryad, Arabie saoudite, le 3 décembre dernier dans le cadre d’une conférence intitulée «Le secteur privé au Moyen-Orient — Contribuer davantage à la croissance» des experts ont souligné que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord devaient entreprendre de profondes réformes pour jeter les bases d’une croissance durable et solidaire impulsée par le secteur privé.

BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE

La conférence visait à évaluer le rôle du secteur privé dans la région, à examiner les obstacles auxquels il se heurte et à traces les grands axes des réformes qui s’imposent.

Organisée conjointement par le FMI, la Société financière internationale et le Conseil des chambres de commerce saoudiennes, cette manifestation a rassemblé des représentants du secteur privé, des organisations internationales et des cercles universitaires de la région et d’autres parties du monde. Elle a permis de passer en revue les expériences réussies de développement du secteur privé au Moyen-Orient, ainsi que les pratiques exemplaires et expériences d’autres régions.

«La conférence nous a donné une occasion exceptionnelle d’être directement à l’écoute du monde des affaires, acteur primordial pour le développement économique et le progrès de la région», a déclaré M. Min Zhu, Directeur général adjoint du FMI. Il a ajouté que ce type d’échanges permettait d’éclairer les conseils de politique économique que le FMI prodigue aux gouvernements soucieux de réduire un taux de chômage excessivement élevé, notamment chez les jeunes.

Les défis que doit relever le secteur privé

Les participants à la conférence ont signalé les nombreux obstacles que doit surmonter le secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et expliqué pourquoi il avait perdu de son élan par rapport à celui des pays émergents dynamiques.

La plupart des pays de la région, notamment les importateurs de pétrole, se caractérisent par des niveaux relativement réduits d’investissement, une faible croissance de la productivité du travail et un secteur financier sous-développé. Les échanges commerciaux restent un vecteur de croissance sous-exploité, le climat des affaires demeure relativement faible et la corruption prévaut dans certaines parties de la région.

La dépendance à l’égard des ressources naturelles dans certains pays, notamment les exportateurs de pétrole, a sans doute exercé un effet dissuasif sur la diversification économique, et l’existence d’une vaste économie informelle a contribué à une croissance moins solidaire. En raison du ralentissement de la croissance, le chômage a atteint des niveaux élevés, notamment chez les jeunes, et il reste un défi de taille face à la rapide progression de la population active.

«Un meilleur environnement des affaires, une remise en état des infrastructures, un accès plus aisé à la finance et la facilitation des partenariats public-privé permettraient de réunir les conditions propices à la croissance du secteur privé», a déclaré M. Ibrahim Al-Assaf, Ministre des Finances de l’Arabie saoudite. M. Fadi Ghandour, fondateur et Président-Directeur général d’Aramex, en Jordanie, a rappelé aux participants l’importance des petites et moyennes entreprises comme principales sources d’emplois et de croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Le rôle des politiques macroéconomiques

Un environnement économique stable et un système financier robuste sont indispensables à la croissance du secteur privé. Un faible niveau d’inflation et une variabilité limitée de la croissance d’une année sur l’autre favorisent un climat de certitude pour les entreprises et les encouragent à investir et à créer des emplois. Or, les données recueillies durant la dernière décennie mettent en évidence que la volatilité macroéconomique a été particulièrement forte dans une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Une politique monétaire crédible peut contribuer à maîtriser l’inflation. En outre, une politique budgétaire saine peut dégager la marge de manœuvre qui permet à l’État d’accompagner l’activité économique lorsque celle-ci marque le pas, et elle contribue donc à réduire la volatilité économique.

De manière générale, le secteur financier de la région paraît robuste, cependant, le crédit au secteur privé demeure un problème pour la plupart des pays. La réforme du secteur financier devrait viser à améliorer l’accès à la finance et à renforcer la concurrence dans le secteur financier. «Il faut réaliser un travail d’inclusion financière centré sur les Saoudiens qui n’ont pas accès aux financements», a déclaré M. Fatin Bundagji, membre du Conseil de la Chambre de commerce et d’industrie de Djeddah.

Les participants ont signalé que si les pays de la région réussissaient à mener ces réformes, les systèmes financiers seraient nettement mieux à même de faciliter les investissements nécessaires à la croissance.

L’expérience internationale

Les débats ont également porté sur l’expérience acquise à l’échelle internationale. Les participants ont rappelé que les pays à croissance rapide dotés d’un secteur privé florissant présentent en règle générale des politiques macroéconomiques disciplinées, de solides niveaux d’épargne et d’investissement privés, des secteurs d’activité à forte valeur ajoutée bien développés et de robustes institutions responsables et qui favorisent un environnement propice aux investisseurs.

En outre, une croissance durable s’appuie sur des fondamentaux économiques sains, et notamment sur un investissement dans le capital humain et des dispositifs règlementaires et une gouvernance solides.

Les participants se sont toutefois accordés à reconnaître qu’il n’y avait pas de recette unique applicable à tous, mais que les pays de la région pouvaient tirer les enseignements de l’expérience d’autres pays. Celle de la Corée dans le développement de son secteur privé a été particulièrement évoquée.

Secteur privé et croissance solidaire

Les participants à la conférence ont convenu qu’il était nécessaire de créer des emplois de façon durable pour une population jeune et grandissante de manière à rendre la croissance solidaire. Pour atteindre cet objectif il est primordial de disposer d’un secteur privé plus dynamique.

Le manque d’intégration aux marchés régionaux et mondiaux limite vraisemblablement la croissance et la création d’emplois. En outre, en raison de l’inefficience des marchés du travail et des politiques d’enseignement et de l’accès inégal aux services publics et au crédit toute la population n’est pas en mesure de profiter de la même manière des débouchés économiques.

Les participants ont convenu que les entreprises doivent être perçues comme une partie intégrante de la solution et non comme une cause du problème. Il faut pour cela surmonter les intérêts particuliers afin de mobiliser la créativité du secteur privé et ouvrir des débouchés à tous.