Bulletin du FMI : Le plan de développement de l’infrastructure guide la politique de croissance du Cameroun
le 17 juillet 2014
- Grâce à l’investissement public et à la demande intérieure, le taux de croissance demeure stable.
- Les subventions aux carburants nuisent aux dépenses plus favorables aux pauvres
- Le pays doit impérativement combler le déficit d’infrastructure et améliorer le climat des affaires pour réaliser ses objectifs de développement.
Le Cameroun devrait connaître cette année une croissance économique stable, alimentée par un programme ambitieux d’investissement public censé développer le réseau électrique et l’infrastructure de transport. Le FMI estime toutefois, dans son examen périodique de l’économie de ce pays d’Afrique centrale, que les déficits récurrents ont fragilisé la situation budgétaire, et que les recettes pétrolières risquent de diminuer étant donné la hausse des coûts de production.
BILAN DE SANTÉ ÉCONOMIQUE
Un rapport des services du FMI sur l’économie camerounaise prévoit pour 2014 un taux de croissance de 5,5 %, identique à celui de 2013. Selon le rapport, l’agriculture, qui assure la subsistance de la majorité des pauvres, n’a pas connu un développement suffisant pour résorber la pauvreté et les inégalités. La pauvreté touche près de 40 % de la population, et les indicateurs sociaux - espérance de vie, mortalité infantile et alphabétisation des jeunes par exemple – sont médiocres.
Le taux annuel d’inflation, de 2,1 % en 2013, est également resté relativement bas grâce à la stabilité des prix alimentaires résultant d’une offre abondante. Les prix de détail des carburants sont cependant restés bloqués au niveau de 2009, en raison d’importantes subventions qui nuisent aux dépenses plus favorables aux pauvres. Dans le budget, l’enveloppe allouée à la santé et à l’éducation reste modeste.
Le rapport du FMI recommande notamment les mesures suivantes:
• Favoriser une croissance plus dynamique et inclusive par une redistribution des dépenses en faveur des secteurs sociaux, l’instauration d’un climat plus propice aux affaires, et l’approfondissement de l’intégration régionale;
• Redéfinir les priorités des dépenses publiques en réduisant progressivement les subventions au carburant, et prévoir en parallèle une compensation ciblée pour les plus vulnérables.
• Améliorer les recettes non pétrolières en élargissant l’assiette fiscale et en rationalisant les exonérations.
Restructurer l’assiette fiscale
Selon le rapport, l’enjeu budgétaire pour le Cameroun consiste à restructurer son assiette fiscale et à mettre en place d’autres formes d’imposition. L’accord de partenariat économique conclu avec l’Union européenne devrait avoir des retombées positives, dont l’élargissement de l’assiette fiscale, à mesure que les revenus augmenteront. L’effet à long terme sera fonction de la capacité des autorités à compenser la baisse des recettes douanières par des recettes d’autres sources, comme la TVA, les droits d’accise et la réduction des exonérations fiscales.
Projets d’infrastructure
Dans un autre rapport consacré à divers aspects de l’économie camerounaise, le FMI note que les indicateurs nationaux de l’infrastructure sont en retrait par rapport à ceux de pays comparables de la région. Malgré une légère amélioration de la qualité globale de l’infrastructure en 2013, les indicateurs sont faibles par rapport à d’autres pays d’Afrique subsaharienne, particulièrement en ce qui concerne le réseau routier, les transports aériens et le réseau électrique. Le rapport estime que le Cameroun doit impérativement remédier au déficit d’infrastructure s’il veut réaliser son objectif de développement – atteindre le statut de pays émergent à l’horizon 2035.
Le rapport observe que les autorités camerounaises ont engagé un plan de développement décennal qui donne priorité à l’expansion de l’infrastructure. Un programme d’investissement public d’envergure couvre plusieurs grands projets dans ce domaine, notamment la construction de routes, d’un port en eaux profondes, et de centrales thermiques et hydroélectriques.
Partenariats public-privé
Les autorités camerounaises pourraient mettre à profit les partenariats public-privé (PPP) pour mobiliser la participation du secteur privé aux grands projets d’infrastructure, mais elles doivent prendre dûment compte des risques. Ces partenariats interviendraient dans le secteur des transports dans le cadre de projets de routes, de chemins de fer et de tramway, et de la construction d’un port en eaux profondes; dans celui de l’énergie au travers de projets de parcs éoliens et de centrales hydroélectriques; et dans les domaines de l’aménagement urbain et de l’industrie agroalimentaire.
Le rapport observe que les partenariats public-privé peuvent apporter des gains d’efficience dérivant de la gestion du secteur privé et de l’innovation, et transférer dans le même temps une partie des responsabilités et des risques au secteur privé. Si cette solution peut présenter un intérêt quand les États sont soumis à des contraintes d’endettement rigoureuses, le rapport mentionne le risque connexe d’un déficit de capacité institutionnelle et de passifs conditionnels pour l’administration publique.
Cela dit, pour que les partenariats public-privé assurent une rentabilité plus élevée que les marchés publics habituels, les gains d’efficience doivent compenser leurs coûts d’emprunt et de transaction généralement supérieurs. En outre, ces partenariats font généralement appel à des contrats de longue durée avec le secteur privé, ce qui réduit la marge de manœuvre des autorités dans le cas où les priorités gouvernementales évolueraient. Pour qu’ils portent leurs fruits, les autorités doivent mettre en place des cadres juridiques, institutionnels, budgétaires, comptables et de notification bien conçus afin de limiter la recherche de rentes et de gérer correctement les risques budgétaires.
Régime financier du secteur pétrolier
Le rapport consacré aux questions générales se penche également sur le régime fiscal du secteur pétrolier. Celui-ci serait plus attrayant pour les investisseurs et permettrait par ailleurs à l’État de recueillir un pourcentage supérieur des rentes s’il était plus transparent et progressif (autrement dit, si l’État captait une plus grande part des bénéfices à mesure que les projets gagnent en rentabilité).
Le rapport signale que le Cameroun est le dixième producteur de pétrole brut d’Afrique subsaharienne et que le brut, malgré sa part relativement modeste dans l’activité économique globale, occupe une place importante dans les exportations et les recettes publiques. Le Cameroun est en outre un producteur parvenu à maturité, le pétrole y étant exploité depuis plus de 65 ans, et la production ayant atteint son niveau maximal en 1987.
Les autorités estiment toutefois qu’il existe d’importantes perspectives pour de nouveaux gisements, à terre et en mer. De plus, les progrès techniques en matière de forage et d’extraction permettent désormais une exploitation commerciale viable de gisements auparavant non rentables.