Bulletin du FMI : Réduire les dépenses moins vite pour accélérer la reprise
le 14 juin 2013
- La croissance américaine devrait ralentir à 1,9 % en 2013, mais pourrait s'accélérer en 2014
- La reprise dépend d'un ajustement plus équilibré et plus progressif des finances publiques
- Il convient de bien communiquer et de bien échelonner la sortie de la relance monétaire
Les États-Unis pourraient accélérer leur croissance en procédant à un assainissement plus équilibré et plus progressif de leurs finances publiques, d'autant que la politique monétaire n'est plus guère en mesure de soutenir la reprise, note le Fonds monétaire international dans son bilan annuel de la plus grande économie du monde.
ÉCONOMIE AMÉRICAINE
« Il semble que la reprise américaine s’accélère et devienne plus durable. Cependant, elle est loin d'atteindre sa vitesse maximale. Le FMI recommande de ralentir, mais aussi de se dépêcher, c'est-à-dire de ralentir l'ajustement budgétaire cette année, ce qui soutiendrait la croissance et la création d'emplois, mais de se dépêcher de mettre en place une stratégie à moyen terme pour rétablir la viabilité des finances publiques à long terme », a déclaré la Directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
En dépit d'une amélioration des indicateurs économiques, en particulier sur le marché immobilier, la réduction très rapide du déficit budgétaire (y compris des réductions automatiques de dépenses) ralentit notablement la croissance, note le FMI.
La croissance américaine devrait tomber à 1,9 % en 2013, contre 2,2 % en 2012. Cette projection s'explique par les réductions automatiques de dépenses, ainsi que par l'expiration de la baisse de l'impôt sur les salaires et l'augmentation des taux d'imposition pour les revenus élevés.
La croissance pourrait s'accélérer à 2,7 % l'an prochain si l'ajustement budgétaire était plus modéré et si le marché immobilier continuait de s'affermir, note le FMI.
Conforter la reprise
Selon le FMI, la tâche principale des dirigeants consiste à soutenir la reprise tout en s'attaquant aux facteurs de vulnérabilité qui menacent la croissance, les finances publiques et la stabilité financière à moyen terme.
Dans son évaluation, le FMI met l'accent sur une stratégie budgétaire qui permettrait d'atteindre ses objectifs. Il s'agirait de :
• Éliminer la procédure de réduction automatique des dépenses et adopter un rythme plus équilibré et progressif d'assainissement budgétaire. Les compressions des dépenses freinent la croissance à court terme, mais, de plus, leurs réductions arbitraires dans l'éducation, les sciences et les infrastructures pourraient aussi peser sur la croissance potentielle à moyen terme.
• Relever le plafond de la dette afin d'éviter un choc grave pour l'économie américaine et l'économie mondiale.
• Adopter un ensemble détaillé de mesures concentrées en fin de période pour rétablir la viabilité des finances publiques à long terme. Les dépenses consacrées aux principaux programmes de soins de santé et à la sécurité sociale devraient augmenter de 2 points de pourcentage du PIB au cours des 10 prochaines années. Les charges d'intérêts devraient aussi progresser de 2 points de pourcentage du PIB sur la même période, les taux d'intérêt retrouvant progressivement un niveau neutre. Ces facteurs devraient de nouveau creuser le déficit budgétaire et faire augmenter la dette publique.De nouvelles recettes pourraient être mobilisées grâce à une réduction des exemptions et des déductions, ainsi qu'à la mise en place d'une taxe sur le carbone et d'une taxe sur la valeur ajoutée. Pour ce qui est des dépenses, il conviendrait de ralentir la croissance des dépenses de soins de santé et de retraite.
Le FMI souligne aussi l'importance cruciale de la politique monétaire. « Une période exceptionnelle exige des politiques exceptionnelles et un soin exceptionnel dans la gestion des risques », selon Mme Lagarde.
L’écart de production restant considérable, il n’est pas nécessaire de se dépêcher d’abandonner la politique monétaire accommodante. Mais le FMI souligne qu'il est nécessaire de planifier et de gérer une normalisation progressive et ordonnée de la politique monétaire, tout en surveillant les risques pesant sur la stabilité financière. La Réserve fédérale dispose d'une série d'outils pour gérer la sortie de la politique accommodante, mais il sera essentiel de bien communiquer et de bien calibrer le calendrier pour éviter une volatilité excessive des taux d'intérêt à long terme à mesure qu'on s'approche de la sortie.
Le FMI indique aussi qu'il est nécessaire d'accroître la résilience du système financier américain et mondial, tout en réduisant les risques de fragmentation de la réglementation financière mondiale. Il s'agit principalement d'arrêter définitivement la désignation des établissements financiers non bancaires qui sont importants pour le système, de renforcer davantage la réglementation des fonds du marché monétaire, de mettre en oeuvre les normes réglementaires de Bâle III et d'appliquer la règle Volcker.
De manière plus générale, il convient de coordonner le renforcement des réglementations visant à préserver la stabilité financière avec la réforme financière mondiale, car cela réduirait la fragmentation de la réglementation financière mondiale et limiterait l'incertitude et les possibilités d'arbitrage réglementaire.
Des politiques plus actives
En dépit des améliorations constatées au cours des 12 derniers mois, il reste possible de prendre des mesures d’aide au marché immobilier, selon le FMI. Un marché immobilier plus solide reste un élément essentiel de la reprise économique aux États-Unis : il sera donc important de maintenir les programmes publics qui ont facilité le refinancement et la modification de prêts hypothécaires en difficulté.
Le FMI note aussi que des politiques actives du marché du travail pourraient compléter les efforts déployés pour stimuler la demande intérieure et réduire le risque de pertes durables de capital humain. Parmi ces politiques figurent la formation et l'aide à la recherche d'un emploi, ainsi que le renforcement du lien entre le système d'éducation, en particulier les établissements universitaires à cycle court, et les employeurs, notamment grâce à des contrats d'apprentissage.
Un rapport final sera publié lorsqu'il aura été examiné par le Conseil d'administration du FMI à la fin du mois de juillet.