Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Accélération de la croissance en Afrique sur fond de changements de la donne mondiale

le 24 avril 2014

  • La croissance déjà robuste observée dans la région en 2013 devrait s’accélérer en 2014
  • Les tendances mondiales qui ont soutenu la croissance dans le passé pourraient s’estomper à moyen terme
  • Les risques d’origine locale pourraient assombrir encore plus les perspectives pour certains pays

La croissance économique déjà robuste de l’Afrique subsaharienne devrait s’accélérer en 2014 sous l’effet de l’amélioration des perspectives pour la plupart des pays exportateurs de pétrole et plusieurs pays à faible revenu et États fragiles.

Labours à Saulawa, au Nigéria : le rebond de la production agricole devrait contribuer à l’accélération de la croissance en Afrique subsaharienne (photo: Joe Brock/Reuters/Newscom)

Labours à Saulawa, au Nigéria : le rebond de la production agricole devrait contribuer à l’accélération de la croissance en Afrique subsaharienne (photo: Joe Brock/Reuters/Newscom)

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES

Selon le dernier rapport du FMI sur les Perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, la croissance du PIB devrait atteindre 5½ % en 2014, contre environ 5 % en 2013 (graphique 1).

L’accélération de la croissance devrait s’appuyer sur des investissements massifs dans les infrastructures et les activités minières, les investissements arrivant à maturité dans le secteur des transports et celui des télécommunications, et un rebond de la production agricole.

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Les bons résultats de 2013 sont dus essentiellement à la demande intérieure, tandis que la demande extérieure n’a que peu contribué à la croissance de la région, car l’activité économique mondiale et les prix des produits de base sont restés relativement modérés pendant presque toute l’année.

Tendances mondiales

Les solides perspectives à court terme sont néanmoins exposées à des aléas négatifs. Trois tendances mondiales qui ont soutenu la croissance de l’Afrique subsaharienne dans le passé devraient devenir moins favorables à court terme.

Pour commencer, la croissance va sans doute rester relativement modeste dans certains des principaux pays partenaires de la région. Si la croissance des pays émergents — et en particulier de la Chine — devait ralentir beaucoup plus qu’on ne le prévoit actuellement, un grand nombre de pays de la région subiraient certainement une baisse de la demande d’exportations.

Dans ces conditions, il est probable que les perspectives pour certains produits de base — en particulier le cuivre et le minerai de fer — seraient aussi sombres, ce qui aurait des conséquences négatives pour les investissements liés à l’extraction de ces produits dans la région. En outre, le resserrement des conditions financières, surtout en Chine, pourrait inciter les entreprises chinoises à moins investir en Afrique subsaharienne.

Le retrait progressif des politiques monétaires non conventionnelles dans les pays avancés pourrait se traduire par une hausse des coûts d’emprunt, en particulier pour les pays émergents et les pays pionniers. Cela provoquerait des tensions financières considérables dans la région, notamment sous forme de nouvelles pressions sur les taux de change et les prix intérieurs.

Cette nouvelle donne mondiale pourrait s’avérer de plus en plus problématique pour la plus grande partie de la région à moyen terme et constituer la plus grande menace pour la région dans son ensemble. Cependant, pour certains pays, ce sont les risques d’origine locale qui prédominent.

Risques d’origine locale

Les risques d’origine locale tiennent à l’aggravation des déséquilibres budgétaires dans un certain nombre de pays, entraînant parfois un nouvel alourdissement de la dette publique. Les déficits à l’échelle de la région sont restés pratiquement inchangés après 2009, lorsque de nombreux pays de la région ont évité pour la première fois de mener une politique budgétaire procyclique (graphique 2). Pour la plupart, la persistance des déficits s’explique par des politiques qui favorisent l’augmentation bien nécessaire des dépenses d’investissement tout en maintenant l’endettement à un niveau soutenable, et ne suscite pas une grande préoccupation au niveau régional.

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Cependant, les finances publiques se sont dégradées fortement dans plusieurs pays qui ont mené des politiques budgétaires excessivement expansionnistes financées en partie par l’emprunt extérieur, ce qui a entraîné une augmentation rapide de la dette publique. Certains de ces pays ont donné la priorité aux dépenses courantes en réduisant l’investissement public. Dans quelques pays, les coûts d’emprunt ont augmenté et le taux de change est mis à mal depuis mai 2013, date à laquelle la Réserve fédérale des États-Unis a annoncé son intention de mettre fin progressivement à ses mesures monétaires non conventionnelles.

Par ailleurs, dans quelques pays, dont la République centrafricaine et le Soudan du Sud, les conditions de sécurité restent difficiles et le conflit engendre des dégâts considérables, qui ont des retombées sur certains pays voisins. D’autres pays du Sahel sont aussi confrontés à la menace terroriste, ce qui a des effets négatifs pour la stabilité et le développement.

Réduction des déficits

Les politiques devraient viser davantage à préserver la stabilité macroéconomique, qui a été le pilier de la croissance vigoureuse de la région.

Là où la croissance est saine, la politique budgétaire devrait réduire les déficits en contenant les dépenses. Il convient aussi de faire en sorte que le rythme de recouvrement des recettes fiscales suive au moins le rythme de croissance des dépenses.

Dans les pays qui accusent clairement des déséquilibres macroéconomiques, il est urgent de prendre des mesures correctrices. Les pays qui sont fortement tributaires des flux de portefeuille devraient être prêts à adapter leurs plans budgétaires en cas de chute des financements extérieurs, tout en laissant le taux de change s’ajuster le cas échéant.

Études de référence

Le rapport sur les Perspectives économiques régionales comprend aussi deux chapitres analytiques, qui examinent ce qu’il serait possible de faire pour rendre la croissance économique de l’Afrique subsaharienne durable et plus solidaire, ainsi que l’évolution des cadres de politique monétaire dans un échantillon de pays de la région.

Il ressort de la première étude que, malgré une certaine amélioration des indicateurs sociaux, les bienfaits de la croissance n’ont pas été largement répartis dans la plupart des pays. Selon cette étude, outre les initiatives en cours pour promouvoir la transformation structurelle, telles que l’investissement dans le capital physique et humain, il serait possible de mieux partager les bienfaits de la croissance en facilitant la création d’emplois, en élargissant l’accès aux services financiers et en rehaussant la productivité du secteur agricole, où travaille la plus grande partie de la population.

L’amélioration du climat des affaires, l’accès à une meilleure formation technique, la réduction des coûts de transactions financières et l’exploitation des nouvelles technologies telles que le téléphone mobile pour effectuer des transactions bancaires, sont autant d’éléments qui pourraient concourir à la réalisation de ces objectifs.

La deuxième étude examine les améliorations qui peuvent être apportées à la politique monétaire dans un échantillon de pays, en partant du constat qu’il est de moins en moins efficace de s’appuyer sur les agrégats monétaires pour combattre l’inflation.

Pour accroître l’efficacité de la politique monétaire, il est recommandé d’entreprendre des réformes reposant sur l’amélioration des instruments servant à gérer la liquidité excédentaire, des données à haute fréquence pour permettre des interventions en temps opportun, des modèles analytiques solides pour prévoir l’inflation et une stratégie de communication claire qui contribue à ancrer les anticipations. Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont déjà pris des mesures dans ce sens.