Bulletin du FMI : Les ministres mettent en garde : la sécheresse et l’insécurité s’ajoutent aux aléas des matières premières
le 16 avril 2016
- La chute des cours des produits de base a réduit les recettes publiques de plus de moitié dans certains pays
- La gravité des sécheresses et les problèmes sécuritaires accentuent les tensions budgétaires
- Les pays les plus touchés lancent un appel à la communauté internationale
Réunis à Washington à l’occasion des Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, les ministres des finances africains ont rappelé que l’effondrement des cours des matières premières, la gravité de la sécheresse et la montée de l’insécurité frappaient de plein fouet de nombreux pays.
MINISTRES DES FINANCES AFRICAINS
Lors d’une conférence de presse, les ministres de quatre pays durement touchés ont souligné que la faiblesse de la demande mondiale menaçait les perspectives de croissance de la région, obligeant les pays à opérer de profonds ajustements budgétaires.
Le Tchad a perdu plus de 60 % de ses recettes budgétaires en raison de la chute des cours du brut. Son Ministre des Finances, M. Mahamat Allamine Bourma Treye, a ajouté que l’insécurité provoquée dans la région du Lac Tchad par Boko Haram et par Daech entraînait un afflux massif de réfugiés, mettant à mal les ressources déjà limitées du pays.
«La situation sécuritaire pose un nouveau problème car nous n’arrivons même pas à échanger avec nos pays voisins. Nous avons un énorme potentiel agricole qui nous permettait d’avoir des échanges avec le Niger, mais nos frontières avec ce pays sont maintenant hermétiquement fermées», a précisé le Ministre. «Jusqu’à présent l’appui fourni par la communauté internationale a été très important mais il reste insuffisant vu les redoutables défis que doit relever le Tchad».
L’impact du changement climatique
Le Ministre des Finances du Swaziland, M. Martin Dlamini, a signalé que les effets du changement climatique étaient à l’origine de perturbations de dimension macroéconomique dans son pays, ajoutant que la fréquence des catastrophes naturelles, telles que sécheresses et inondations, s’était intensifiée durant ces dernières années.
«Comme beaucoup d’autres pays d’Afrique australe, le Swaziland est actuellement aux prises avec une grave sécheresse, qui menace l’agriculture — notamment les cultures vivrières et l’élevage — perturbe l’approvisionnement en eau et l’alimentation en électricité, attise l’inflation et accentue les tensions budgétaires», a-t-il précisé.
Le Swaziland a vu ses recettes d’exportation diminuer de 30 % en raison du ralentissement de l’économie de son voisin, l’Afrique du Sud, et aussi en partie à cause de la sécheresse.
La Ministre des Finances du Burkina Faso, Mme Rosine Sori-Coulibaly, a précisé qu’une saison des pluies plus courte qu’à l’accoutumée avait obligé le pays à maîtriser l’eau, notamment pour l’agriculture.
«Nous sommes l’un des plus gros producteurs de coton de la région, la filière fait vivre de 2 à 3 millions de personnes», a déclaré Mme Sori-Coulibaly, qui a par ailleurs noté que son pays subissait également les effets de la baisse des cours du coton.
Un appel en faveur d’une assistance
Le Ministre des Finances de la Somalie, M. Mohamed Aden Ibrahim, a déclaré que son pays disposait d’abondantes ressources naturelles, mais que son potentiel de développement économique dépendait grandement de sa capacité à gérer une dette extérieure de plus de 5 milliards de dollars.
«Si nous ne nous attaquons pas à ce problème, nous n’aurons pas de véritable croissance en Somalie» a signalé M. Ibrahim, «aussi, avons-nous établi une relation de travail avec le FMI il y a trois ans, et en juillet dernier nous avons achevé la première revue du pays en 26 ans. En outre, la Somalie a conclu un accord avec le FMI il y a à peine une semaine et nous espérons que cela permettra de débloquer des ressources financières».
M. Ibrahim a déclaré aux journalistes présents qu’après des décennies de conflit la Somalie s’emploie activement à reconstruire son économie et ses institutions.
«Aujourd’hui je vous invite à porter un regard nouveau sur notre pays. La Somalie n’est plus ce qu’elle était il y a 10 ou 20 ans. La Somalie va résolument de l’avant et notre expérience est une expérience positive, une expérience de progrès», a conclu M. Ibrahim, en ajoutant qu’il plaçait de grands espoirs dans la tenue d’élections présidentielles dans un climat de paix avant la fin de l’année.