Bulletin du FMI : Le FMI intensifie le dialogue avec les parlementaires du Moyen-Orient
le 14 janvier 2015
- Le FMI et l’OMC rencontrent des députés du monde arabe pour analyser les dossiers économiques qui intéressent la région
- Objectif : mieux faire comprendre les rôles des deux institutions aux niveaux régional et mondial
- Le dialogue s’est centré sur les dossiers économiques d’importance régionale et les réformes nécessaires pour doper la croissance et l’emploi
Le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont lancé une initiative en direction des parlementaires des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MOAN), en organisant un séminaire destiné à mieux faire comprendre les rôles des deux institutions aux niveaux régional et mondial et à analyser ensemble les problématiques auxquelles est confrontée l’économie de la région.
DIALOGUE AVEC LE MOYEN-ORIENT
Ce séminaire, qui s’est tenu du 2 au 4 décembre au Centre d’études économiques et financières FMI-Moyen-Orient (CEF) à Koweït-city, a rassemblé vingt-six parlementaires d’un grand nombre de pays du Mashreq et du Maghreb : Algérie, Cisjordanie et Gaza, Jordanie, Libye, Maroc, Mauritanie, Soudan, et Yémen.
Cet atelier, le quatrième en un an, s’inscrit dans les efforts entrepris récemment par le FMI pour intensifier son dialogue avec les législateurs, les représentants de la société civile, les journalistes et les universitaires du monde entier, dans le but de mieux éclairer le contexte sociopolitique dans lequel sont prises les décisions économiques, et de contribuer à faire comprendre la logique des conseils de politique générale prodigués par le FMI. D’autres rencontres avaient eu lieu précédemment au CEF à l’intention de parlementaires des pays du Golfe, de législateurs des pays du Mashreq et du Maghreb et de membres du parlement jordanien.
«Le FMI est déterminé à travailler dans la transparence, à expliquer ses activités et à être à l’écoute des populations qui peuvent être touchées par ses activités», déclare Raja Almarzoqi, conseiller au sein du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, en ajoutant «le travail avec les parlementaires est important car ce sont eux qui adoptent les textes de loi économiques dans leurs pays».
Des débats interactifs
L’atelier a permis de couvrir les dossiers et les politiques macroéconomiques et commerciales (par exemple, emplois et croissance, subventions énergétiques, politique budgétaire, politiques monétaire et de change, processus d’adhésion à l’OMC, et accords commerciaux préférentiels).
Les services du FMI ont expliqué leurs analyses et leurs conseils de politique générale qui reposent sur les pratiques optimales et l’expérience des pays. Leurs présentations ont contribué à signaler les politiques et les réformes réussies, en insistant sur les arbitrages à faire entre les réformes, la croissance, et la viabilité budgétaire et sociale des politiques adoptées.
Les débats ont été francs et animés, avec de nombreuses interventions et questions, dont certaines ont été critiques à l’égard du rôle du FMI. Les participants ont toutefois manifesté un réel intérêt pour les thèmes abordés au cours de ces trois jours de débats ouverts et interactifs.
Les parlementaires ont enrichi le dialogue en faisant part de leur expérience et de leurs défis d’économie politique, du reste fort similaires. Pour eux, cet atelier a été «unique en son genre» compte tenu de son thème et de sa richesse de contenu en termes de politique économique générale.
L’image du FMI
Les participants ont salué cette occasion d’échanger leurs points de vue sur les problèmes économiques de la région avec les services du FMI. Plusieurs d’entre eux ont reconnu que l’image du FMI s’améliore, certes un peu plus lentement dans certains pays. D’autres ont estimé que le malentendu quant au véritable rôle du FMI pouvait être dissipé avec une interaction plus soutenue des services du FMI avec différentes parties prenantes, dont les parlementaires.
«Le monde arabe perçoit le FMI comme une institution qui dicte aux gouvernements des pays en développement les politiques budgétaire et monétaire à suivre et qui prescrit les mêmes politiques à tous les pays, qu’elles qu’en soient les conséquences sociales» a déclaré Rula Al-Farra, membre de la Commission du travail, du développement humain et de l’éducation de l’Assemblée nationale jordanienne, en ajoutant «cet atelier a contribué à corriger certaines de ces idées fausses».
Dans le même esprit, Arafat Aatmoun, Vice-président de la Commission des finances et du développement économique du Parlement marocain, a reconnu l’importance de cet atelier pour dissiper un certain malentendu sur le rôle effectif du FMI. «Je comprends maintenant en quoi le FMI tente d’aider les pays par ses conseils de politique générale», a-t-il précisé. «Toutefois, mieux vaut prévenir que guérir, et le FMI devrait aider les pays à adopter une démarche plus préventive dans l’élaboration de leurs politiques économiques», a-t-il ajouté.
Un appel à des relations soutenues
Les participants à ce séminaire ont lancé un appel au FMI et à l’OMC pour que ces deux institutions continuent à collaborer et à dialoguer activement avec les parlementaires afin de les aider à renforcer leurs capacités au regard des dossiers de politique générale auxquels ils sont confrontés.
«La démarche de dialogue entamée par le FMI à l’égard des parlementaires est à mon avis très utile mais mériterait d’être élargie pour inclure des ateliers plus spécialisés afin d’étudier de façon plus approfondie certains thèmes macroéconomiques particulièrement pertinents», a estimé Sahar Alqawasmi, membre de l’Assemblée législative de Cisjordanie et Gaza.
Un certain nombre de participants ont demandé si le FMI, fort de ses 188 membres, pouvait intensifier son dialogue au niveau de chaque pays. «Nous espérons que le FMI pourra organiser d’autres manifestations de ce type, surtout pour certains pays de la région qui traversent une situation politique exceptionnelle», a estimé Howida Adam, membre de l’Assemblée nationale du Soudan.
Les services du FMI ont expliqué plus en détails les programmes de formation et de sensibilisation actuellement en cours au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
«Ce séminaire à l’intention des parlementaires, ainsi que d’autres activités de formation et de dialogue en direction des média et de la société civile, permettent d’élargir nos relations au-delà de nos interlocuteurs habituels qui sont surtout les gouvernements», a déclaré aux participants Philippe Karam, alors Directeur par intérim du CEF. «Malgré son jeune âge, le CEF a un impact considérable sur les efforts de renforcement des capacités entrepris par le FMI dans la région. Depuis son ouverture en mai 2011, le centre a proposé près de 130 activités et assuré la formation de plus de 3.000 responsables de 22 pays de la Ligue arabe» a-t-il ajouté.