Note d’information au public : Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2009 au titre de l’article IV avec l’Algérie

le 23 février 2010

Les notes d'information au public (NIP) s’inscrivent dans le cadre des efforts que déploie le FMI pour promouvoir la transparence de ses prises de position et de son analyse de l’évolution et des politiques économiques. Les NIP sont diffusées avec le consentement des pays concernés, à l’issue de l’examen par le Conseil d’administration des rapports sur les consultations au titre de l’article IV avec les pays, de la surveillance de l’évolution économique à l’échelle régionale, du suivi post-programme et des évaluations ex post de la situation des pays membres qui ont mis en œuvre des programmes appuyés par le FMI sur une longue durée. Les NIP sont aussi diffusées à l’issue de l’examen des questions de politique générale par le Conseil d’administration, sauf si le Conseil en décide autrement.

Note d’information au public (NIP) n° 10/29
23 février 2010

Le 8 janvier 2010, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV avec l'Algérie selon la procédure de non objection1.

Informations générales

L'Algérie a connu plusieurs années de fortes performances économiques tirées par les dépenses publiques, mais elle reste confrontée à des défis importants. La croissance hors hydrocarbures a été vigoureuse, l'inflation est restée faible et l'État a accumulé une épargne considérable dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer un vaste programme d'investissement public (PIP) tout en ramenant les dettes publique et extérieure à de très bas niveaux. Cependant, la baisse de la demande mondiale d'hydrocarbures a mis en avant les vulnérabilités de l'Algérie. En dépit du redressement récent des cours du pétrole et de l'amélioration des perspectives financières à moyen terme, l'économie reste trop tributaire des exportations d'hydrocarbures, le chômage, bien qu’en baisse, reste relativement élevé, et la productivité ainsi que le climat des affaires accusent du retard par rapport aux principaux partenaires commerciaux. La croissance hors hydrocarbures et la création d'emplois sont soutenues dans une large mesure par les dépenses publiques, soulignant la nécessité pressante d'accélérer les réformes structurelles pour diversifier l'économie et permettre l’émergence d’un secteur privé compétitif et orienté vers l'extérieur.

L'Algérie a fait face au ralentissement de l'économie mondiale à partir d'une position relativement solide. La croissance dans le secteur des hydrocarbures atteindra probablement 9 % en 2009, grâce à une excellente récolte de céréales et à la vigueur persistante des secteurs des services et de la construction portés par le PIP. La production d'hydrocarbures continuera de diminuer cette année (de 6 à 7 %) en raison du fléchissement de la demande mondiale, ce qui ramènera la croissance globale aux alentours de 2 %. L'inflation en glissement a atteint 5,8 % sur un an en septembre 2009 en raison d'une hausse de 25 % des prix des produits alimentaires frais, qui aurait été causée par des défaillances structurelles dans la chaîne de l'offre. Avec un léger excédent des transactions courantes, les réserves officielles ont augmenté de 3 milliards de dollars depuis fin 2008, pour atteindre 146 milliards de dollars fin septembre 2009 (soit trois années d'importations). Du fait de la diminution des recettes tirées des hydrocarbures, l'Algérie affichera un déficit budgétaire de 8 % du PIB en 2009, après un excédent de 8 % en 2008. Ce déficit devrait être financé dans une large mesure par des ressources non bancaires intérieures. Le taux de change effectif réel est resté proche de son niveau d'équilibre.

Les perspectives restent favorables à court terme, mais à moyen terme elles sont sensibles aux cours futurs du pétrole. La croissance restera soutenue à court terme par des dépenses publiques élevées et l'accélération du programme d'investissement de la compagnie nationale d'hydrocarbures. Le PIB hors hydrocarbures pourrait progresser de 5 ½ % en 2010 et la production d'hydrocarbures devrait s'accroître du fait du redressement de l'économie mondiale, contribuant à une croissance globale qui devrait avoisiner 4 ½ %. L'inflation devrait s'établir au-dessous de 5 % si les prix des produits alimentaires frais se stabilisent. La hausse attendue des cours mondiaux du pétrole entraînera une amélioration des soldes extérieur et budgétaire, mais ces derniers resteraient bien en deçà des excédents élevés qui ont été enregistrés ces dernières années. Un ralentissement de l'économie mondiale et une nouvelle baisse sensible des prix de l'énergie représenteraient des risques de dégradation importants à moyen terme, car ils affaibliraient les positions extérieure et budgétaire, contraindraient à réduire le PIP et d'autres investissements, et impliqueraient un fléchissement de la croissance et une hausse du chômage. Les perspectives à moyen terme dépendent aussi de l'adoption de mesures résolues pour encourager le développement du secteur privé et la diversification de l'économie, car les dépenses publiques à elles seules ne peuvent assurer une croissance à long terme.

Les réformes structurelles ont été timides et le climat des affaires doit être amélioré. Les autorités ont pris diverses mesures pour accroître la capacité de prêt du système bancaire et l'efficience des dépenses publiques, y compris le relèvement du capital minimum des banques, la réduction du niveau des créances non performantes au moyen d'une restructuration financière des entreprises publiques, et l’amélioration de la gestion et du système budgétaires. Cependant, la nouvelle réglementation relative à l'investissement direct étranger et la lenteur des négociations commerciales régionales et multilatérales pourraient contraindre les efforts de l'Algérie visant à réaliser une croissance diversifiée, durable et axée sur les exportations. La perception du climat des affaires ne s’est pas améliorée et reste classée en deçà de celle de la plupart des concurrents régionaux.

Évaluation par le Conseil d’administration

Les administrateurs souscrivent à l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils notent avec satisfaction les fortes performances économiques réalisées par l'Algérie ces dernières années, avec une croissance vigoureuse hors hydrocarbures et une inflation faible. En particulier, ils félicitent les autorités pour les politiques financières prudentes qu’elles ont menées et qui ont permis d’accroître sensiblement les réserves, réduire la dette publique et extérieure à un bas niveau et accumuler une épargne budgétaire considérable qui permettra de maintenir en 2010 l’orientation budgétaire actuelle. Néanmoins, ils notent que la baisse des cours du pétrole et la détérioration des soldes financiers qui s'en est suivie montrent que l'Algérie reste confrontée à des défis importants à moyen terme. Des efforts soutenus sont nécessaires pour améliorer la productivité, diversifier l'économie en vue de réduire sa forte dépendance à l'égard du secteur des hydrocarbures et réduire le chômage élevé des jeunes.

Les administrateurs souscrivent au maintien en 2010 de l’orientation budgétaire actuelle, mais ils encouragent les autorités à revenir à une trajectoire soutenable à moyen terme. Ils souscrivent à la mise en œuvre continue du PIP et du soutien aux PME, et notent que les réserves budgétaires considérables peuvent être utilisées à cet effet. Néanmoins, les administrateurs soulignent qu'une réforme profonde des dépenses courantes et des dépenses d'équipement permettrait de dégager des ressources budgétaires, de mieux préserver la richesse en hydrocarbures à moyen terme et de maintenir un espace budgétaire en cas de choc relatif aux cours du pétrole. Ils notent avec satisfaction que les autorités sont déterminées à établir un ordre de priorité dans l’exécution des PIP courant et futurs sur la base des perspectives budgétaires, et recommandent de contenir fermement les dépenses courantes, en particulier la masse salariale, afin de dégager une marge de manœuvre pour les coûts d'entretien additionnels liés aux nouvelles infrastructures. Ils notent que les progrès en cours dans la réforme de l'administration fiscale devraient permettre d'accroître les revenus budgétaires, à condition que la croissance des incitations fiscales soit contenue.

Les administrateurs soulignent l’importance cruciale de veiller à la qualité et à l'efficience des dépenses publiques, qui sont devenues un moteur important de la croissance économique hors hydrocarbures de l'Algérie. À cet égard, ils prennent note avec satisfaction du programme de modernisation du système budgétaire et du travail effectué par l'agence d'évaluation des projets qui est aujourd'hui totalement opérationnelle.

Les administrateurs saluent la politique monétaire prudente des autorités qui a permis de contenir les tensions inflationnistes. Cependant, ils notent que la liquidité abondante liée au secteur des hydrocarbures et aux dépenses publiques requiert une vigilance continue et que les autorités doivent se tenir prêtes à resserrer la politique monétaire si les tensions inflationnistes liées à cet excès de liquidité se matérialisaient.

Les administrateurs sont d'avis que la politique de taux de change de l'Algérie est compatible avec la stabilité extérieure à moyen terme. Ils souscrivent à l'évaluation des services du FMI selon laquelle le taux de change correspond dans l'ensemble aux paramètres économiques fondamentaux. Néanmoins, les administrateurs encouragent vivement les autorités à accélérer les réformes structurelles pour améliorer la compétitivité extérieure. Bien que les administrateurs félicitent les autorités pour les efforts déployés afin d’améliorer les infrastructures, ils soulignent que ces efforts ne suffisent pas pour améliorer le climat d'investissement. Les administrateurs notent que la nouvelle réglementation relative aux projets d'investissements directs étrangers pourrait décourager les investisseurs étrangers d'ouvrir des filiales en Algérie, ce qui empêcherait un transfert de technologie dont le pays a tant besoin.

Les administrateurs encouragent les autorités à accélérer la réforme du secteur financier pour renforcer et améliorer l'efficience des institutions financières. En particulier, les recommandations de la mise à jour 2007 du PESF pourraient être mises en œuvre de manière plus résolue, de manière à clarifier le rôle des banques publiques et à renforcer leur gouvernance. Les administrateurs sont d'avis que les possibilités de relance du processus de privatisation des grandes banques publiques pourraient être explorées, en vue d'accroître l'efficience du secteur bancaire sur la base des meilleures pratiques internationales. Ils estiment que les efforts de réduction des créances improductives doivent se poursuivre pour les ramener à un niveau plus proche de celui observé dans des pays comparables. Les administrateurs sont d'avis que l'interdiction des prêts à la consommation (à l’exception du crédit immobilier) constitue un obstacle potentiel au développement du secteur financier et suggèrent de lever cette interdiction lorsque la centrale des risques liés aux crédits aux particuliers deviendra opérationnelle.


 
        Prél. Proj.
2005 2006 2007 2008 2009
 
           
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie intérieure

         

PIB réel

5.1 2.0 3.0 2.4 2.1

Secteur des hydrocarbures

5.8 -2.5 -0.9 -2.3 -6.6

Autres secteurs

4.7 5.6 6.3 6.1 9.2

Indice des prix à la consommation (moyenne)

1.6 2.5 3.9 5.8 5.4

Épargne nationale brute (en % du PIB)

51.8 54.9 56.6 57.8 49.9

Investissement intérieur brut (en % du PIB)

31.2 29.7 34.1 37.7 49.0
           
(En milliards de dollars EU, sauf indication contraire)

Secteur extérieur

         

Exportations, f.à.b.

46.3 54.7 60.6 78.2 44.9  

Importations, f.à.b.

19.9 20.7 26.4 36.3 37.5

Solde des transactions courantes (en % du PIB)

20.6 25.2 22.5 20.2 0.9

Réserves officielles brutes

56.2 77.8 110.2 143.1 149.1

Idem, en mois d’importations de l’année suivante

26.5 28.0 26.9 35.4 35.2

Dette extérieure (en % du PIB)

16.7 4.8 4.1 3.3 3.6

Ratio du service de la dette (en % des exportations)

12.5 23.8 2.4 1.8 3.0

Termes de l’échange (détérioration –)

         

(variation annuelle en %)

33.0 12.4 0.8 22.5 -25.6

Taux de change effectif réel (dépréciation –)

         

(variation annuelle en %) 1/

-4.0 0.0 -1.1 3.2 -4.3
(En pourcentage du PIB)

Financement de l’administration centrale

Recettes totales

40.9 43.0 39.2 47.0 36.9

Total des dépenses et des prêts nets

29.0 29.4 34.7 38.9 45.4  

Solde budgétaire global (déficit –)

11.9 13.6 4.4 8.1 -8.4
           
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Monnaie et crédit

         

Avoirs extérieurs nets

34.0 31.9 34.4 38.2 5.1  

Crédit intérieur

-17.8 -5.9 -13.6 -18.8 9.7

Crédit à l’État (net)

-24.4 -8.9 -20.7 -26.4 4.3

Crédit à l’économie

15.9 7.1 12.5 18.9 13.0

Masse monétaire au sens large

11.1 18.6 24.2 15.8 4.3

Taux d’intérêt (taux d’escompte banque centrale, en %)

4.0 4.0 4.0 4.0 4.0
 

Sources : autorités algériennes; estimations et projections des services du FMI.
1/ Pour 2009, en date de septembre.

Principaux indicateurs économiques

 
        Prél. Proj.
2005 2006 2007 2008 2009
 
           
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Économie intérieure

         

PIB réel

5.1 2.0 3.0 2.4 2.1

Secteur des hydrocarbures

5.8 -2.5 -0.9 -2.3 -6.6

Autres secteurs

4.7 5.6 6.3 6.1 9.2

Indice des prix à la consommation (moyenne)

1.6 2.5 3.9 5.8 5.4

Épargne nationale brute (en % du PIB)

51.8 54.9 56.6 57.8 49.9

Investissement intérieur brut (en % du PIB)

31.2 29.7 34.1 37.7 49.0
           
(En milliards de dollars EU, sauf indication contraire)

Secteur extérieur

         

Exportations, f.à.b.

46.3 54.7 60.6 78.2 44.9  

Importations, f.à.b.

19.9 20.7 26.4 36.3 37.5

Solde des transactions courantes (en % du PIB)

20.6 25.2 22.5 20.2 0.9

Réserves officielles brutes

56.2 77.8 110.2 143.1 149.1

Idem, en mois d’importations de l’année suivante

26.5 28.0 26.9 35.4 35.2

Dette extérieure (en % du PIB)

16.7 4.8 4.1 3.3 3.6

Ratio du service de la dette (en % des exportations)

12.5 23.8 2.4 1.8 3.0

Termes de l’échange (détérioration –)

         

(variation annuelle en %)

33.0 12.4 0.8 22.5 -25.6

Taux de change effectif réel (dépréciation –)

         

(variation annuelle en %) 1/

-4.0 0.0 -1.1 3.2 -4.3
(En pourcentage du PIB)

Financement de l’administration centrale

Recettes totales

40.9 43.0 39.2 47.0 36.9

Total des dépenses et des prêts nets

29.0 29.4 34.7 38.9 45.4  

Solde budgétaire global (déficit –)

11.9 13.6 4.4 8.1 -8.4
           
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Monnaie et crédit

         

Avoirs extérieurs nets

34.0 31.9 34.4 38.2 5.1  

Crédit intérieur

-17.8 -5.9 -13.6 -18.8 9.7

Crédit à l’État (net)

-24.4 -8.9 -20.7 -26.4 4.3

Crédit à l’économie

15.9 7.1 12.5 18.9 13.0

Masse monétaire au sens large

11.1 18.6 24.2 15.8 4.3

Taux d’intérêt (taux d’escompte banque centrale, en %)

4.0 4.0 4.0 4.0 4.0
 

Sources : autorités algériennes; estimations et projections des services du FMI.
1/ Pour 2009, en date de septembre.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration. À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Les consultations de cette année ont été conclues selon la procédure de non objection. En vertu de cette procédure, les consultations au titre de l'article IV sont achevées par le Conseil sans faire l’objet de discussions officielles.




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