COMMUNIQUÉ : GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL DES VINGT-QUATRE POUR LES QUESTIONS MONÉTAIRES INTERNATIONALES ET LE DÉVELOPPEMENT COMMUNIQUÉ
le 19 avril 2012
1. Nous, les Ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement, avons tenu notre quatre-vingt-septième réunion à Washington le 19 avril 2012, sous la présidence de M. Pranab Mukherjee, Ministre des Finances de l'Inde, assisté de M. Alfonso Guerra, Directeur des affaires internationales de la Banque du Mexique et Premier Vice-Président, et de M. Mohamed Salem, Ministre des communications et des technologies de l'information de l'Égypte et Second Vice-Président.
Mesures à prendre pour consolider la reprise de l'économie mondiale
2. En dépit d’une récente amélioration, nous restons préoccupés par la fragilité de la reprise de l'économie mondiale. Les mesures prises récemment ont réduit les menaces immédiates découlant de la crise dans la zone euro, mais les risques de dégradation demeurent considérables, notamment à cause du regain de tension possible dans la zone euro, ainsi que du niveau élevé et volatil des cours du pétrole. Le rythme de la croissance mondiale reste hésitant et incertain, avec des effets négatifs sur la croissance dans de nombreux pays émergents et pays en développement. Nous sommes d'avis qu'il est nécessaire d'agir dans l'immédiat et de manière concertée pour rétablir la confiance et accélérer la croissance mondiale, en menant des politiques concordantes et en tenant compte de leurs retombées.
3. Nous appelons les pays avancés à poursuivre leur action pour rétablir la stabilité et à mettre en œuvre les programmes d’ajustement budgétaire crédibles et soutenables qui s’imposent pour renforcer la confiance dans la viabilité de la dette en évitant de porter atteinte à la demande intérieure; nous les appelons en outre à mener des réformes structurelles plus vigoureuses et des politiques macroéconomiques de nature à accélérer la croissance mondiale. Nous demandons aussi de mieux doser les moyens d'action pour réduire les répercussions négatives telles que la volatilité des flux de capitaux et des cours des produits de base. Nous appelons à surveiller attentivement l’inversion de l’effet de levier des banques de la zone euro afin de veiller à ce qu'elle ne pèse pas sur l'offre de crédit aux pays émergents et en développement, notamment pour le commerce et les infrastructures.
4. Nous sommes déterminés à soutenir une croissance forte, solidaire, durable et équitable, et à contribuer ainsi au redressement de l'économie mondiale. Nous mettrons l'accent sur la création d'emplois et la mise en place de dispositifs efficaces et économiques de protection sociale à l’intention des populations pauvres et vulnérables. Nous sommes vivement préoccupés par la diminution de l’aide publique au développement et nous demandons que les engagements d'aide soient fournis en temps voulu et dans leur intégralité aux pays à faible revenu afin d'aider ces derniers à réaliser pleinement leur potentiel économique et à continuer de se rapprocher des objectifs du Millénaire pour le développement.
5. Nous prenons note des travaux en cours sur une stratégie globale, équilibrée et flexible en matière de gestion des flux de capitaux. Nous avons de fortes réserves quant à l’approche intégrée qui est proposée par les services du FMI et nous insistons pour que cette approche n'entraîne ni directement, ni indirectement de nouvelles obligations pour les pays membres. Les dirigeants doivent disposer de la souplesse et du pouvoir d'appréciation nécessaires pour adopter des mesures qu'ils considèrent comme étant appropriées et efficaces pour atténuer les risques liés à des flux de capitaux élevés et volatils. Les mesures de gestion des flux de capitaux doivent être considérées comme faisant partie intégrante de la panoplie d'instruments macroprudentiels. Par ailleurs, la crise de la zone euro a souligné qu’il est nécessaire d’approfondir la réflexion sur les mécanismes de restructuration de la dette souveraine.
6. Nous demandons que des mesures soient prises pour atténuer la volatilité excessive des cours des produits de base, qu’il s’agisse des produits alimentaires ou des produits énergétiques, qui hypothèque les perspectives de croissance et nuit aux populations pauvres et vulnérables. Ces mesures devraient inclure une meilleure réglementation des marchés de dérivés sur produits de base et des mesures concertées pour renforcer la sécurité alimentaire et énergétique, en particulier dans les pays à faible revenu. Il faut bien veiller à atténuer les effets économiques des hausses des prix et à protéger les populations vulnérables.
Rôle et réforme des institutions financières internationales
7. Nous répétons qu'il est extrêmement important de respecter intégralement et en temps voulu les engagements pris en ce qui concerne la réforme des quotes-parts et de la gouvernance du FMI, comme convenu par le Conseil des gouverneurs du FMI. Il s'agit de procéder à un examen approfondi de la formule de calcul des quotes-parts d'ici janvier 2013 et d'achever la quinzième révision générale des quotes-parts d'ici janvier 2014. Nous sommes d'avis que l'objectif ultime doit être de mieux refléter le rôle croissant de l’ensemble des pays émergents et des pays en développement dans l'économie mondiale, tout en renforçant la participation et la représentation des pays pauvres, de petite taille et vulnérables. La nouvelle formule de calcul devrait conduire à une augmentation des quotes-parts calculées et effectives des pays émergents et en développement dynamiques conformément à leur position relative dans l'économie mondiale, sans que les autres pays émergents et en développement en souffrent. Nous appelons les pays membres à mettre en œuvre les réformes de 2010 des quotes-parts et de la gouvernance d'ici l'Assemblée annuelle d'octobre 2012. Nous demandons que le réalignement du Conseil d'administration aboutisse à une augmentation du nombre de sièges détenus par les pays émergents et les pays en développement. Nous demandons un troisième siège pour l'Afrique subsaharienne, mais en lieu et place d’un siège détenu par un pays avancé.
8. Nous prenons note de la série de propositions visant à renforcer, à mieux intégrer et à équilibrer les activités du FMI en matière de surveillance bilatérale et multilatérale. Nous souscrivons à l'objectif consistant à renforcer la capacité du FMI de détecter les risques systémiques où qu'ils se trouvent, mais nous soulignons que l'efficacité et le poids de sa surveillance dépendront de la qualité et de l'impartialité de ses travaux analytiques et de ses conseils, de la confiance existant entre l'institution et ses pays membres, ainsi que de la poursuite des progrès de la réforme de sa gouvernance, en tenant compte des recommandations contenues dans le rapport du BIE.
9. Nous saluons les efforts actuellement déployés en vue d’assurer que le FMI dispose des ressources nécessaires pour jouer le rôle qui est le sien face à la montée des risques dans l’économie mondiale et pour contribuer à répondre aux besoins de tous les pays membres qui pourraient être touchés, mais nous soulignons que le renforcement de la capacité de prêt du FMI ne doit pas compromettre sa nature d’institution fondée sur des quotes-parts et doit reposer sur un ferme engagement de réforme de sa gouvernance.
10. Nous engageons le FMI à être prêt à répondre aux besoins de financement additionnels des pays à faible revenu, notamment face aux retombées de la hausse des prix de l’énergie. La priorité immédiate est d’achever le montage financier de 2009 pour permettre au FMI de répondre aux besoins prévus jusqu’à la fin de 2014. Nous appelons à redoubler d’efforts pour mobiliser l’aide des donateurs, et nous invitons le FMI à examiner sans tarder comment satisfaire aux besoins de financement à plus long terme afin d’éviter tout déficit de financement.
11. Nous soulignons qu’il importe de renforcer les flux de financement du développement vers les pays émergents et les pays en développement pour relever les défis immédiats et subvenir à leurs besoins de développement à plus long terme. Nous sommes préoccupés par les prévisions d’une baisse des prêts de la Banque mondiale, à ce moment critique, par manque de moyens financiers. Nous appelons donc à la recherche de nouvelles solutions pour accroître la capacité financière de la Banque mondiale et de la SFI, en engageant notamment un débat avec les actionnaires sur l’adéquation de leur capital. Nous invitons instamment la Banque mondiale à améliorer sa capacité de réaction en utilisant des politiques et des instruments plus souples et novateurs. L’instrument, récemment approuvé, de programme pour les résultats constitue un premier pas dans cette direction.
12. Nous soutenons l'initiative de la Banque mondiale visant à promouvoir les dispositifs de protection et de sécurité sociales dans ses activités afin d'aider les pays à concevoir et à mettre en application des dispositifs sociaux efficaces. Des dispositifs efficaces de protection et de sécurités sociales sont nécessaires non seulement pendant les crises, mais aussi en temps normal, car ils accroissent la productivité et mettent en valeur le capital humain. Nous sommes d'avis qu'il existe un énorme potentiel d’échange de savoir Sud-Sud, et nous appelons la Banque mondiale à faciliter ce transfert de connaissances. Nous prenons note avec intérêt du nouveau Rapport sur le développement dans le monde consacré à l'emploi et nous nous réjouissons de prendre connaissance de propositions concrètes concernant l'application de ses recommandations.
13. Nous encourageons la Banque mondiale à continuer d’accompagner les pays à revenu intermédiaire et à s'appuyer davantage sur leurs capacités pour mieux servir le développement, en particulier pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté. La Banque mondiale devrait trouver des moyens novateurs d'exploiter ses ressources et ses connaissances pour atteindre ces objectifs, notamment en encourageant les échanges Sud-Sud.
14. Nous réaffirmons qu’il importe que le FMI et la Banque mondiale répondent de manière adéquate aux besoins de développement des pays en transition de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et nous appelons à accroître les ressources, les conseils et l’assistance technique qui sont essentiels pour relever les énormes défis économiques et de développement de la région, notamment la persistance d’un chômage élevé.
15. Nous saluons l’engagement pris par la Banque mondiale et, plus récemment, par le FMI d’accorder une attention adéquate aux petits États, en tenant dûment compte de leur forte fragilité et vulnérabilité face aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques, ainsi que des contraintes liées à leur taille. Nous nous félicitons de la création d’un groupe de travail d’administrateurs du FMI représentant les petits États en vue de donner une plus grande visibilité aux préoccupations de ces pays. Nous appelons à ajuster et à améliorer comme il se doit les mécanismes de financement et les cadres d’action en s’adaptant aux circonstances particulières des petits États.
16. Nous prenons acte du fait que, pour la première fois dans l’histoire de la Banque mondiale, la sélection de son Président s’est faite suivant un processus ouvert, comportant un débat sur les priorités et l’avenir de l’institution. Les pays en développement ont présenté deux excellents candidats, Ngozi Okonjo-Iweala et José Antonio Ocampo; nous les remercions de leur engagement et de leur volonté de présenter de nouvelles idées et de mettre en lumière le besoin de changement dans la gouvernance de la Banque mondiale. Nous félicitons M. Jim Yong Kim d’avoir été choisi pour devenir le Président de la Banque et nous lui apportons notre soutien en espérant qu’il honorera les engagements qu’il a pris avant d’être sélectionné. À l’avenir, les processus de sélection doivent prolonger ces progrès, mais doivent être transparents et vraiment fondés sur le mérite.
Infrastructure et développement durable
17. Nous sommes d’avis que le potentiel de croissance de nos économies et nos objectifs cruciaux de développement, d’inclusion et de protection de l’environnement ne sauraient être réalisés sans une forte augmentation des investissements dans l’infrastructure au cours des prochaines décennies. Nous nous attendons à un large déficit de financement et nous appelons à un renforcement de l’architecture existante des institutions mondiales, régionales et nationales. Nous sommes d’avis que le renforcement des partenariats public-privé peut apporter une contribution importante et nous engageons la SFI à promouvoir une plus grande participation du secteur privé. Étant donné la croissance de la réserve d’épargne dans les pays émergents et les pays en développement, nous appelons à un renforcement de la coopération Sud-Sud, y compris en recourant au secteur privé, pour transformer cette épargne en financements stables, prévisibles et bien calibrés afin de relever ce défi imminent. Nous attendons avec intérêt les résultats de l’examen demandé par les dirigeants des pays du groupe BRICS pour explorer les avantages et la viabilité d’une banque de développement qui serait chargée de mobiliser des ressources destinées à des projets d’infrastructure et de développement viables dans les pays du groupe BRICS et les autres pays émergents et en développement.
18. Nous attendons avec intérêt la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui offrira à la communauté internationale une importante occasion de renouveler son engagement politique à soutenir les objectifs généraux de développement durable conformément aux principes et dispositions de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, notamment le principe de responsabilités communes mais différenciées, l’Action 21 et le Plan d’application de Johannesburg.
Autres questions
19. La prochaine réunion des Ministres du G-24 aura normalement lieu le 10 octobre 2012 à Tokyo.
LISTE DES PARTICIPANTS1
Les ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement ont tenu leur quatre-vingt-septième réunion à Washington le 19 avril 2012, sous la présidence de M. Pranab Mukherjee, Ministre des finances de l'Inde, assisté de M. Alfonso Guerra, Directeur des affaires internationales de la Banque du Mexique et Premier Vice-Président, et de M. Mohamed Salem, Ministre des communications et des technologies de l'information de l'Égypte et Second Vice-Président.
La réunion des ministres a été précédée le 18 avril 2012 par la quatre-vingt-dix-neuvième réunion des suppléants du Groupe des Vingt-Quatre, sous la présidence de M. Alok Sheel, Directeur général adjoint du Trésor national de l'Inde.
Groupe africain : Karim Djoudi, Algérie; Jean-Baptiste Aman, Côte d’Ivoire; Jean-Louis Kayembe, République démocratique du Congo; Mohamed Hammam, Égypte; Atnafu Teklewulu, Éthiopie; Luc Oyoubi, Gabon; Franklin Belnye, Ghana; Ngozi Okondjo-Iweala, Nigéria; Pravin Gordhan, Afrique du Sud.
Groupe asiatique : Ping Sun, Chine; Kaushik Basu, Inde; Shams-O-Din Hosseini, République islamique d'Iran; Alain Bifani, Liban; Abdul Hafeez Shaikh, Pakistan; Roberto Tan, Philippines; Sarath Amunugama, Sri Lanka; Maya Choueiri, Syrie.
Groupe latino-américain : Alfredo MacLaughin, Argentine; Rogério Studart, Brésil; Ana Fernanda Maiguashca, Colombie; Johny Gramajo, Guatemala; Carlos Perez Verdía, Mexique; Oscar Hendrick, Pérou; Maurice Suite, Trinité-et-Tobago; José Rojas-Ramirez, Vénézuela.
Observateurs : Yisr Burnieh, Fonds monétaire arabe; Inés Bustillo, ECLAC; Nathalie Cely, Équateur; Stephen Pursey, OIT; Birama Sidibe, BIsD; Karim El Aynaoui, Maroc; Manuel Montes, South Centre; Fuad Albassam, OFID; Hasan Qabazard, OPEP; Suleiman Alofi, Arabie Saoudite; Sultan Alsuwaidi, Émirats arabes unis; Rob Vos, CNUCED; Alex Trepelkov, UNDESA.
Invités : Christine Lagarde, Directrice générale, Fonds monétaire international
Robert B. Zoellick, Président, Banque mondiale
Secrétariat du G-24 : Amar Bhattacharya, Analisa Bala, Susanne Quadros, Ndzouli Mendouga
Coordinateur des recherches pour le G-24 : Jomo Sundaram
Secrétariat du FMI pour le G-24 : Rosalind Mowatt, Iulia Teodoru, Dalila Bendourou
1 Personnes assises à la table de discussion.
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