Communiqué de la trente-deuxème réunion du CMFI Sous la présidence de M. Agustín Carstens, Gouverneur de la Banque du Mexique
le 9 octobre 2015
Communiqué de presse N°15/468Le 09 octobre 2015
Économie mondiale
La reprise mondiale se poursuit, mais la croissance reste globalement modeste et inégale. L’incertitude et la volatilité des marchés financiers se sont accentuées, et les perspectives de croissance à moyen terme se sont dégradées. Dans les pays avancés, la reprise devrait s’accélérer légèrement, grâce à la baisse des cours des produits de base, à la poursuite des politiques monétaires accommodantes et à une plus grande stabilité financière, mais la croissance de la productivité sous-jacente demeure faible et l’inflation reste généralement en deçà des objectifs des banques centrales. Même si les perspectives de croissance varient au sein du groupe des pays émergents et en développement, elles reflètent globalement les incertitudes qui entourent l’évolution des cours des produits de base et les conditions financières mondiales.
Les risques qui pèsent sur les perspectives mondiales se sont accentués. Grâce à la solidité accrue de leurs paramètres fondamentaux, de leurs amortisseurs et du cadre de leur politique économique, les pays émergents et en développement sont généralement mieux équipés que par le passé pour affronter un environnement moins favorable. Cependant, un grand nombre de pays émergents sont exposés à un resserrement des conditions financières, à un ralentissement des entrées de capitaux et à des tensions sur les monnaies en raison du niveau élevé de l’endettement en devises du secteur privé. De nouvelles baisses des cours des produits de base pourraient assombrir les perspectives pour les pays qui exportent ces produits et dont beaucoup sont des pays à faible revenu. La situation créée dans plusieurs pays par l’afflux de réfugiés engendre des défis économiques et humanitaires tant pour les pays d’origine que pour les pays d’accueil. Il y a lieu de se féliciter du rééquilibrage qui s’opère en Chine en faveur d’un modèle de croissance plus soutenable, mais il convient de rester attentif aux problèmes extérieurs qui pourraient survenir. Dans les pays avancés, la reprise soutenue de la zone euro, la croissance positive au Japon et un niveau d’activité qui reste ferme aux États-Unis et au Royaume-Uni constituent autant de forces positives, mais la volatilité accrue des marchés pourrait menacer la stabilité financière à court terme. Un grand nombre de pays avancés restent exposés principalement au risque que la croissance déjà faible ne ralentisse encore, surtout si la demande mondiale continue de fléchir et que les contraintes qui pèsent sur l’offre ne sont pas éliminées. Plus généralement, les niveaux d’endettement élevés restent préoccupants. Les déséquilibres mondiaux sont moins prononcés que pendant les années récentes, mais le rééquilibrage de la demande doit se poursuivre.
Priorités d’action à l’échelle mondiale
Les principales priorités d’action consistent à prendre de nouvelles mesures pour rehausser la croissance à court terme et la croissance potentielle, préserver la viabilité des finances publiques, réduire le chômage, gérer les risques pour la stabilité financière et soutenir le commerce international. Nous réaffirmons notre attachement à la coopération pour mettre en œuvre ce programme de façon énergique afin d’assurer une croissance mondiale vigoureuse, durable, profitant à tous, créatrice d’emplois et mieux équilibrée. Il est essentiel que les orientations de politique économique soit soigneusement calibrées et fassent l’objet d’une communication claire et efficace pour éviter une volatilité excessive des marchés et limiter les retombées négatives. Nous réaffirmons aussi notre engagement [de nous abstenir de toutes formes de protectionnisme et de ne pas recourir à des dévaluations compétitives.
Soutenir la croissance aujourd’hui : Les pays avancés doivent continuer de mener des politiques monétaires accommodantes, là où cela est approprié, dans le respect des missions assignées aux banques centrales. Nous sommes conscients des risques pour la stabilité financière. Nous appliquerons nos politiques budgétaires avec souplesse en tenant compte des conditions à court terme afin de soutenir la croissance et la création d’emplois, tout en veillant à ce que la dette, en pourcentage du PIB, suive une trajectoire viable. Les pays émergents et en développement devraient utiliser la marge de manœuvre dont ils disposent pour étaler l’ajustement dans le temps afin de tenir compte de la conjoncture extérieure moins favorable, tout en poursuivant leurs efforts pour supprimer les goulets d’étranglement qui freinent la croissance. Les pays dont la marge de manœuvre est réduite devraient assurer la viabilité de leur politique budgétaire tout en veillant au maintien des dépenses sociales et d’infrastructure efficaces. Les pays exportateurs de produits de base dont les termes de l’échange se dégradent et dont les amortisseurs sont limités pourraient être amenés à réévaluer leur politique budgétaire face à la baisse des recettes provenant des produits de base.
Investir dans la résilience : Le programme de réforme de la réglementation financière mondiale doit être achevé et mis en œuvre sans tarder et de façon cohérente, et il doit être étendu, notamment au suivi et au traitement des problèmes posés par les activités financières hors système bancaire, le cas échéant. Dans un grand nombre de pays avancés, la priorité doit être donnée à la réparation des bilans et à l’élimination des créances improductives ainsi qu’au suivi et, si cela est nécessaire, au règlement des problèmes de liquidité des marchés. Les pays émergents et en développement devraient continuer de renforcer le cadre de leur politique économique et maintenir des amortisseurs adéquats. Les engagements en devises méritent une attention particulière et la souplesse du taux de change, là où elle est possible, peut servir à amortir les chocs. Des outils macroprudentiels appropriés et bien ciblés ainsi qu’une supervision rigoureuse sont importants pour préserver la stabilité financière. Lorsqu’il s’agit de contrer les risques engendrés par l’ampleur et la volatilité des flux de capitaux, l’ajustement nécessaire de la politique macroéconomique pourrait être accompagné de mesures macroprudentielles et, le cas échéant, de mesures de gestion des flux de capitaux. L’existence d’un filet de sécurité financière mondial solide reste importante pour assurer un apport de liquidité en cas de besoin.
Assurer une croissance durable à long terme : Il reste indispensable de bien ordonner et de mettre en œuvre en temps opportun des réformes structurelles pour rehausser la productivité, accroître la production potentielle et relever les niveaux de vie, renforcer la confiance et réduire les inégalités. Il est nécessaire d’identifier de nouvelles sources de croissance; de remédier aux goulets d’étranglement dans l’appareil productif, de combler le manque d’infrastructures et de faire face au vieillissement de la population; et de promouvoir une croissance économique profitant à tous et respectueuse de l’environnement. La poursuite de la libéralisation du commerce pourrait compléter et renforcer d’autres réformes. La baisse des cours du pétrole offre l’occasion de réformer les taxes sur l’énergie et les subventions énergétiques inefficaces, là où cela est nécessaire, tout en renforçant la protection sociale ciblée. Dans les pays avancés, il sera nécessaire, pour revigorer la croissance de la productivité, d’adopter un ensemble de mesures visant à améliorer la demande et l’offre de main-d’œuvre — par exemple en augmentant le taux d’activité des femmes —, encourager l’innovation et mieux allouer les ressources dans le secteur des services et l’investissement. Dans les pays émergents et à faible revenu, l’amélioration du climat des affaires, des institutions et de la gouvernance, de même que la résorption des déficiences en matière d’éducation et d’infrastructures sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à la convergence continue vers des niveaux de revenu plus élevés et à la réduction des inégalités.
Activités du FMI
Nous nous félicitons des initiatives adoptées par le FMI pour devenir encore plus agile, intégré et centré sur les pays membres. Les pays sont aujourd’hui confrontés à un environnement mondial de plus en plus incertain. Les liens économiques et financiers deviennent plus complexes et difficiles à appréhender. Dans ce contexte mondial, le FMI doit approfondir son travail d’analyse et ses activités de surveillance, et élargir le champ de ses conseils sur des questions importantes au plan macroéconomique.
Conseils de politique économique et surveillance : Nous demandons au FMI d’aider les pays membres à calibrer leurs politiques publiques de manière à pouvoir surmonter le double défi qui consiste à remédier aux facteurs de vulnérabilité tout en promouvant une croissance vigoureuse, durable et équilibrée. Nous saluons les progrès qui ont été accomplis dans la mise en œuvre des activités de surveillance prioritaires, en particulier les travaux en cours sur les risques et les effets de contagion, l’examen des liens entre politique monétaire et stabilité financière, l’analyse du retrait des banques internationales soucieuses de réduire leurs risques et, au besoin, les mesures à prendre pour y remédier, le renforcement de l’analyse des taux de change, l’approfondissement de l’analyse macrofinancière et la résorption des déficits de données — autant d’activités qui devraient être poursuivies. Nous encourageons le FMI, en coopération avec d’autres institutions internationales, à continuer de jouer son rôle en ce qui concerne les questions de fiscalité internationale. Après l’adoption du point de vue du FMI en tant qu’institution, nous sommes favorables à un tour d’horizon global des politiques adoptées par les pays membres pour gérer les flux de capitaux. Le FMI devrait aider les pays émergents et en développement à profiter des avantages offerts par les financements étrangers, notamment en leur offrant des conseils sur les moyens de renforcer leur politique économique afin d’atténuer les risques posés par le renversement des flux de capitaux et. Nous attendons avec intérêt que soient élargis les travaux sur les réformes structurelles revêtant une importance essentielle sur le plan macroéconomique, en mettant notamment à contribution l’expertise d’autres institutions. Il conviendrait aussi de s’intéresser aux conséquences macroéconomiques des transitions démographiques, ainsi que des flux massifs de migrants et de réfugiés, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique. Nous saluons la contribution du FMI au cadre mondial de développement durable et nous attendons avec intérêt sa mise en œuvre. Nous nous réjouissons aussi de la contribution active du FMI, conformément à son mandat — notamment sous la forme d’une évaluation des implications macroéconomiques du changement climatique —, aux bons résultats de la 21e Conférence des parties (COP21) qui se tiendra à Paris.
Prêts : Nous demandons au FMI de rester mobilisé pour répondre rapidement aux pays qui demanderaient une aide financière, notamment à titre de précaution, afin de procéder à des ajustements et à des réformes appropriés, ainsi que de se protéger contre les risques. À cet égard, nous nous réjouissons de l’évaluation qui sera faite prochainement du système monétaire international, y compris un examen de l’adéquation du dispositif mondial de sécurité financière. Nous nous félicitons des progrès qui ont été réalisés dans le sens d’une amélioration de l’accès aux ressources concessionnelles. Nous attendons avec intérêt l’achèvement de la revue de suivi des programmes approuvés durant la crise; la poursuite des travaux sur les questions relatives aux dettes souveraines, qui faciliteront la restructuration rapide et ordonnée des dettes; l’examen du cadre de l’accès exceptionnel aux ressources du FMI; et l’achèvement du réexamen de la méthode d’évaluation du DTS. Nous appelons le FMI à continuer de collaborer étroitement avec la Banque mondiale et d’autres institutions internationales pour aider les pays touchés par les crises humanitaires et de réfugiés, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique, afin d’atténuer les effets négatifs sur les économies des régions concernées et les répercussions sur l’économie mondiale.
Renforcement des capacités : Nous sommes favorables à une intégration plus poussée et au renforcement des synergies entre surveillance, activités de programme, assistance technique et formation, ainsi qu’à l’utilisation accrue d’un cadre de gestion fondé sur les résultats. Nous nous félicitons que les activités de renforcement des capacités et d’assistance technique aient été recentrées de manière à accroître la résilience, préserver la viabilité de la dette, améliorer la gouvernance et contribuer à la réalisation des objectifs mondiaux de développement durable dans le cadre du mandat du FMI, notamment par une meilleure mobilisation des recettes intérieures et l’expansion des circuits financiers dans les pays en développement ainsi que dans les États fragiles et de petite taille, et par l’approfondissement du dialogue avec les pays en développement sur les questions de fiscalité internationale, avec une collaboration étroite avec les autres partenaires de développement. Cela aidera aussi les pays à s’attaquer aux flux financiers illicites. Nous nous félicitons des initiatives du FMI visant à développer l’apprentissage entre pairs et à faciliter la transmission entre pays membres des meilleures pratiques en matière de politiques publiques.
Gouvernance et représentation
Nous restons profondément déçus du retard prolongé de la mise en œuvre des réformes de 2010 des quotes-parts et de la gouvernance du FMI. Compte tenu de l’importance de ces réformes pour la crédibilité, la légitimité et l’efficacité du FMI, nous réaffirmons que nous accordons la plus haute priorité à leur mise en œuvre dans les meilleurs délais et nous invitons instamment les États-Unis à ratifier les réformes de 2010 dès que possible. Eu égard aux objectifs des réformes de 2010, nous invitons le Conseil d’administration du FMI à achever ses travaux sur une solution intérimaire qui permettra de faire converger les quotes-parts relatives de façon significative, au plus tôt et dans la mesure du possible, vers les niveaux convenus dans le cadre de la 14e révision générale des quotes-parts. Nous prendrons la 14e révision comme base de travail pour la 15e révision, en utilisant notamment une nouvelle formule de calcul des quotes-parts. Nous restons déterminés à faire en sorte que les FMI continue d’être une institution forte, dotée de ressources suffisantes et fondée sur un système de quotes-parts. Nous affirmons de nouveau qu’il importe d’accroître la diversité du personnel du FMI et nous encourageons à accomplir des progrès supplémentaires dans ce domaine.
Nous remercions le gouvernement et le peuple du Pérou de leur accueil et de leur chaleureuse hospitalité. Notre prochaine réunion aura lieu à Washington, les 15 et 16 avril 2016.
La liste des personnes présentes se trouve à l’adresse suivante :
http://www.imf.org/external/french/am/2015/imfc/attendees/index.htm
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