Communiqué de presse : Les services du FMI concluent leur mission de consultation au titre de l'article IV 2015 au Bénin
le 15 septembre 2015
Communiqué de presse No. 15/416Le 15 septembre 2015
Le communiqué de presse de fin de mission est une déclaration des équipes des services du FMI qui résume les constats préliminaires effectués à l'issue d'un séjour dans un pays. Les points de vue exprimés dans cette déclaration sont ceux des services du FMI et ne représentent pas le point de vue du conseil d'administration. Sur la base des constats préliminaires, les services prépareront un rapport qui, sous réserve d'approbation par leur direction, sera soumis au conseil d'administration pour examen et décision. |
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Christine Dieterich, chef de mission pour le Bénin, a séjourné à Cotonou du 31 août au 14 septembre pour les consultations de 2015 au titre de l'article IV. A l'issue de la mission, la mission a publié la déclaration suivante :
« La performance macroéconomique du Bénin est restée solide depuis 2014, année à laquelle l'accord avec le FMI au titre de la Facilité élargie de crédit est arrivé à expiration. Les faibles niveaux de déficit budgétaire des années précédentes ont maintenu la dette à un niveau bas, ce qui fournit maintenant un espace budgétaire nécessaire au plan ambitieux du gouvernement d'augmentation des investissements publics dont l'objectif est de corriger les déficits d’infrastructures en termes d'énergie et de transports.
« Le Bénin devrait, pour la troisième année consécutive, enregistrer une solide croissance économique, projetée à environ 51/2 % en 2015 et 2016. C’est un ralentissement modéré de l’activité en comparaison avec 2014 dû à des effets négatifs de contagion du Nigéria- principal partenaire commercial du pays. L'inflation reste maîtrisée et devrait s’établir à environ 2 % en 2016.
« Pour assurer une réduction du niveau élevé de pauvreté, une croissance plus forte et plus inclusive est nécessaire. Le recul durable de la pauvreté ne sera possible que si le secteur privé peut créer des emplois pour la population béninoise, jeune et en pleine croissance. Le défi macroéconomique majeur pour les années à venir sera la mise en œuvre efficace d’une hausse des investissements publics qui n’hypothèque pas l'objectif de préservation de la viabilité de la dette que s'est fixé le gouvernement. Cela nécessite des réformes structurelles vigoureuses. Premièrement, pour que les dépenses d’investissement produisent des infrastructures de qualité, plus de réformes s’imposent au niveau de la gestion des finances publiques, notamment la mise en place d'un cadre réglementaire solide pour les partenariats public-privé et un meilleur suivi des sociétés d'État. Deuxièmement, une mobilisation plus importante des recettes fiscales domestiques pourrait créer un espace budgétaire supplémentaire pour des dépenses d'investissement, tout en réduisant la dépendance du Bénin à l'égard des recettes douanières. Troisièmement, les investissements publics dans le secteur des infrastructures ne suffiront pas à attirer l'investissement privé si le climat des affaires n’est pas amélioré davantage. A cet égard, le renforcement du secteur financier doit être considéré comme une priorité afin de faciliter l'accès au financement et améliorer sa contribution à la croissance économique. Bien que la mise en place de ces réformes ait commencé, des progrès plus rapides dans leur mise en œuvre doivent être réalisés pour que l'augmentation des investissements publics se traduise par une croissance forte et durable.
« La politique budgétaire a fait face à des complications en 2014 et 2015 liées à la sous-performance des recettes provoquée par le ralentissement de l’activité observé au Nigéria, à des retards dans la privatisation de la société publique de téléphonie, et à un montant de financements extérieurs inférieur aux prévisions. Cette situation, conjuguée aux problèmes de capacité au niveau de l’exécution du budget, a retardé l'accélération prévue de l'investissement public. Ces sous-performances ont également eu pour conséquence des retards de paiement du gouvernement qui fragilisent la crédibilité du budget et qui sont préjudiciables au secteur privé.
« Afin de garantir une forte accélération des investissements pour le reste de 2015, le gouvernement a récemment réagi face à ces sous-performances en augmentant le volume des placements sur le marché obligataire régional. Bien que les titres d'Etat récemment placés aient en moyenne des maturités plus longues qui réduisent les risques de refinancement, le passage d’un financement extérieur concessionnel à un financement intérieur aux conditions du marché augmente sensiblement les charges d’intérêts. De même, l'accélération prévue du programme d'investissement est d'une telle ampleur que sa qualité risque d’en souffrir. D’après les discussions que l’équipe du FMI a eues avec les autorités, le budget 2016 prévoirait des évolutions similaires, et les services du FMI souhaiteraient plaider en faveur d'une augmentation plus graduelle de l’investissement. Le processus serait en effet moins onéreux à financer lorsque les réformes qui devraient renforcer l’impact de l’investissement sur la croissance seront bien avancées.
« Le niveau élevé de créances improductives depuis 2009 a limité l’octroi de crédit des banques commerciales au secteur privé. Les niveaux de provisions associés ont provoqué une baisse du ratio de fonds propres dans le système bancaire, mais ces ratios se sont récemment améliorés. Toutefois, la concentration du portefeuille de prêts des banques, révélateur des problèmes structurels de l’économie, reste une source de préoccupation. La création prévue d'un bureau d’information sur le crédit - la loi est en instance d’examen à l'Assemblée nationale - ainsi que les améliorations apportées au registre foncier permettraient aux banques de diversifier leurs portefeuilles et élargir l’accès aux services financiers. Les dépôts et les crédits des institutions de micro finance ont enregistré une forte croissance, facilitant ainsi l'accès aux services financiers. Cependant, le nombre important de celles qui sont non-agréées exige que soient renforcées les mesures prises par le gouvernement, y compris par des décisions de fermeture de structures non-agrées. Enfin, bien que le cadre juridique et réglementaire de lutte contre le blanchiment d'argent dans le secteur financier soit en place, sa mise en œuvre doit être renforcée, y compris au niveau du système judiciaire.
« L'équipe du FMI a eu des entretiens avec le Président, le Premier Ministre, le Ministre d'Etat chargé de l'Economie, des Finances et des Programmes de Dénationalisation, le Directeur National de la BCEAO et d’autres officiels du gouvernement et de la Banque centrale, ainsi que des membres de la commission des finances de l'Assemblée nationale, des représentants des secteurs financier et privé, des ONGs, des universités et des partenaires au développement. Elle exprime sa gratitude aux autorités ainsi qu'à tous leurs autres interlocuteurs pour les discussions franches et constructives et la chaleureuse hospitalité qui leur a été réservée. »
1 Au cours d'une mission de consultation au titre de l'article IV, une équipe d'économistes du FMI séjourne dans un pays afin d'en évaluer les évolutions économiques et financières et les politiques économiques. Ces consultations sont connues sous l'appellation de consultations au titre de « l'article IV », parce qu'elles doivent aux termes de l'article IV des statuts du FMI se tenir régulièrement avec tous les états membres du FMI.
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