Communiqué de presse: Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2015 au titre de l’article IV avec le Liban
le 30 juin 2015
Communiqué de presse no 15/309 (f)Le 30 juin 2015
Le 26 juin 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV1 avec le Liban.
Le conflit en Syrie, maintenant dans sa cinquième année, est le facteur dominant de la situation au Liban, où les réfugiés représentent actuellement plus d’un quart de la population. La crise des réfugiés met à rude épreuve les collectivités locales, aggrave la pauvreté et le chômage et pèse sur les finances publiques et les infrastructures déjà fragilisées. Le Liban est en outre confronté à une situation politique intérieure difficile. La présidence est vacante depuis mai 2014 et l’absence de consensus entre les principaux partis empêche l’adoption de textes de loi essentiels.
Face à ces incertitudes, la croissance reste timide. Après une chute abrupte en 2011, le taux de croissance a grimpé aux environs de 2-3 %, mais demeure bien inférieur au potentiel. D’après les estimations des services du FMI, le PIB n’a progressé que de 2 % en 2014 et il faut s’attendre à des résultats similaires en 2015. Les moteurs traditionnels de la croissance au Liban — tourisme, immobilier et BTP — ont été rudement touchés et il n’y a guère d’espoir de reprise vigoureuse dans le proche avenir. Il est désormais peu probable que le Liban renoue avec son taux de croissance potentielle (4 %) avant 2019. L’inflation a aussi nettement baissé en 2014 du fait de la chute des cours pétroliers et d’autres facteurs ponctuels, mais devrait remonter aux environs de 3 % d’ici la fin de 2015.
Sur le plan budgétaire, plusieurs facteurs exceptionnels ont permis de dégager un excédent primaire en 2014, mais, en l’absence de mesures résolues, les finances publiques continueront à se dégrader en 2015. L’excédent primaire d’environ 2,5 % du PIB enregistré en 2014 résultait pour une large part des transferts exceptionnels du secteur des télécommunications et, dans une certaine mesure, du non-versement ou du report de divers paiements. Mais le solde primaire devrait de nouveau accuser un déficit de près de 1,25 % du PIB en 2015, tandis que la dette publique restera élevée à 132 % du PIB. Les marchés de change et financiers demeurent résilients, en dépit des considérables besoins de financement extérieurs du Liban. Les entrées de capitaux restent abondantes, en particulier sous forme de dépôts des non-résidents; par ailleurs, dans le contexte du rattachement de la monnaie libanaise au dollar, la Banque du Liban (BdL) a conservé un niveau adéquat de réserves extérieures brutes.
Évaluation du Conseil d'administration2
Les administrateurs félicitent les autorités d’avoir préservé la stabilité macroéconomique et la confiance des marchés en dépit des retombées humanitaires et économiques sans précédent du conflit en Syrie, et notamment d’un redoutable afflux de réfugiés qui met à rude épreuve les finances publiques, les infrastructures et le tissu social. Au vu de cela, ils lancent un appel à la communauté internationale pour qu’elle intensifie son aide au Liban sur le plan humanitaire et sur celui du développement. Tout en reconnaissant qu’une conjoncture économique et politique très difficile limite le champ des politiques réalisables, les administrateurs encouragent les autorités à renforcer davantage la confiance et à assurer une croissance plus inclusive en mettant rapidement en œuvre les réformes budgétaires et structurelles prioritaires.
Les administrateurs insistent sur la nécessité d’un ajustement durable des finances publiques. Ils saluent l’excédent primaire de 2014, mais notent qu’il était dû pour l’essentiel à des facteurs ponctuels. Ils mettent en garde contre l’augmentation du ratio d’endettement qui, si aucune autre mesure d’ajustement n’est prise, risque de poursuivre son augmentation et d’aggraver les vulnérabilités existantes, évinçant ainsi les investissements publics et les dépenses sociales indispensables. Dans un premier temps, les administrateurs encouragent les autorités à adopter un budget suffisamment ambitieux pour 2015. Ils soulignent aussi l’urgente nécessité de réformer le secteur de l’électricité, afin de lever une lourde contrainte pour les finances publiques.
Plus généralement, les administrateurs soulignent la nécessité d’orienter l’endettement public sur une trajectoire de baisse durable. Dans ce contexte, ils recommandent la prudence en ce qui concerne le réajustement de la grille des salaires du secteur public. Ils signalent que de nombreuses possibilités existent d’accroître les recettes de manière équitable, notamment en améliorant le civisme fiscal et en élargissant l’assiette de l’impôt, à commencer par la fiscalité des carburants. En outre, les administrateurs notent qu’un réaménagement de la répartition des dépenses en faveur des dépenses d’équipement et sociales permettrait d’amortir l’impact procyclique de l’ajustement budgétaire. Ils estiment en outre que le renforcement du dispositif de protection sociale et la réforme du système de retraites pourraient améliorer l’équité et la viabilité des finances publiques.
Les administrateurs félicitent la banque centrale de son appui à la stabilité macroéconomique et du maintien d’un niveau adéquat de réserves internationales. Ils conviennent que la politique monétaire doit continuer à soutenir l’arrimage de la monnaie au dollar, qui a bien servi le Liban. À terme, les administrateurs soulignent que le rééquilibrage des finances publiques contribuera à alléger les charges financières et institutionnelles de la banque centrale liées aux activités quasi-budgétaires.
Les administrateurs notent le rôle crucial que joue le système bancaire du Liban pour assurer une croissance économique soutenue et généralisée. Ils félicitent les autorités de leur surveillance rapprochée du système financier et soulignent la nécessité d’une vigilance et d’efforts constants pour renforcer le cadre réglementaire. Ils soulignent qu’il est important d’accroître les volants de fonds propres, d’améliorer la classification et les règles de restructuration des prêts, et de renforcer davantage le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les administrateurs saluent la demande récemment formulée par les autorités en vue d’une évaluation actualisée au titre du Programme d’évaluation du secteur financier.
Les administrateurs soulignent la nécessité de faire progresser les réformes structurelles pour promouvoir la création d’emplois et améliorer la compétitivité. Outre la réforme du secteur de l’électricité, qui constitue une priorité absolue, les administrateurs insistent sur la nécessité de mener des réformes du travail, d’améliorer la prestation de services publics et d’adopter des textes propres à redynamiser l’investissement privé, notamment dans le secteur du pétrole et du gaz. Les administrateurs encouragent en outre les autorités à améliorer le système statistique du Liban, dans le prolongement des progrès en cours.
1 Conformément à l’Article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.
2 À l’issue des délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d’administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.
DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI
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