Communiqué de presse : Les services du FMI achèvent leur mission relative aux consultations de 2015 au titre de l’article IV avec la Somalie
le 18 juin 2015
Les communiqués de presse publiés en fin de mission par les services du FMI incluent des déclarations qui expriment leurs observations préliminaires au terme de leur séjour dans un pays. Les opinions exprimées dans le présent communiqué n’engagent que les services du FMI et ne sont pas nécessairement celles du Conseil d’administration. À partir des conclusions préliminaires de la mission, les services du FMI prépareront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la Direction, sera présenté au Conseil d’administration pour examen et décision.
Le 18 juin 2015
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Rogerio Zandamela a mené des entretiens relatifs aux consultations de 2015 au titre de l’article IV avec la Somalie, du 8 au 18 juin 2015, à Nairobi. Ce type d’échanges n’avait pas eu lieu depuis plus de 25 ans. Au terme de la mission, M. Zandamela a rendu publique la déclaration suivante :
«Depuis 1991, la population somalienne a grandement souffert de la guerre civile. L’économie s’est effondrée suite à la destruction de l’infrastructure physique. Par-delà les pertes en vies humaines, le niveau de vie a continué de se détériorer et il se situe désormais parmi les plus faibles au monde. Pour promouvoir la croissance économique et le développement, la Somalie a besoin de l’aide financière de la communauté internationale, ainsi que d’une assistance technique et d’un renforcement des capacités.
«Malgré une situation politique et sécuritaire qui demeure délicate, la Somalie a enregistré des progrès remarquables depuis qu’elle a rétabli ses relations avec le FMI, le 12 avril 2013. Le FMI s’est activement employé à fournir une assistance technique et des conseils de politique économique dans ses sphères de compétence primordiales, ce qui a permis de jeter les bases de ces consultations. Cependant, les carences en matière de données source et de couverture statistique continuent de poser des difficultés.
«Selon les estimations, l’activité économique aurait progressé de 3,7 % en 2014, impulsée par la croissance de l’agriculture, des BTP et des télécommunications. L’inflation de l’IPC s’est située à 1,3 %. Pour 2015, la croissance réelle est projetée à 2,7 % et l’inflation devrait rester modérée aux alentours de 4 %. Avec des progrès modestes sur le front sécuritaire et s’il ne se produit pas de sécheresses, la croissance annuelle à moyen terme devrait pouvoir se hisser aux alentours de 5 %. Elle restera cependant insuffisante pour combattre la pauvreté et les disparités de genre.
«Le gouvernement a entrepris un ambitieux programme de réformes. Il importe d’avancer vers la bonne gouvernance — avec des institutions solides et responsables — pour rétablir la confiance du public dans l’État. La Somalie offre un considérable potentiel de recettes tirées des ressources naturelles, et dans l’intérêt de la paix et de la prospérité il est donc crucial d’opérer une gestion efficace des concessions et de mettre en place un régime financier approprié. La stratégie de mise en valeur des ressources naturelles devrait s’inspirer des principes exemplaires et faciliter la participation du secteur privé et assurer la transparence. La Somalie doit en outre parvenir à un consensus sur le fédéralisme budgétaire, notamment en définissant les responsabilités en matière de prestation de services et de mobilisation et partage des recettes.
«Des progrès notables ont été enregistrés dans le renforcement des institutions budgétaires mais d’importantes réformes s’imposent pour rapprocher les systèmes de gestion des finances publiques des normes internationales. La Somalie doit en outre adopter des réformes budgétaires globales et bien agencées, qui devront passer par l’adoption de mesures propres à améliorer la préparation et l’exécution du budget, maîtriser les arriérés, assurer la gestion de trésorerie et mettre en place un système de comptabilité et d’information.
«Le budget fédéral pour 2015 prévoit un solde de trésorerie nul et s’appuie sur des prévisions de recettes optimistes et un faible degré de maîtrise des engagements. Les insuffisances dans la mobilisation des recettes, les considérables pressions qui s’exercent sur les dépenses et les engagements sans suite des bailleurs de fonds ont gravement compromis l’exécution budgétaire. Le déficit de financement a poussé les autorités fédérales à rationner les crédits et à accumuler des arriérés envers l’armée, les agents de la fonction publique et les fournisseurs.
«En raison de l’expansion du nombre de ministères et d’organismes publics, la solde occupe une place centrale dans le budget de la Somalie, la masse salariale représentant environ 45 % des dépenses. Le budget continue de dépendre pour plus de 40 % des dons extérieurs, ce qui l’expose aux aléas des décaissements des bailleurs de fonds. En dehors du budget, l’aide internationale est nettement supérieure à l’appui budgétaire direct.
«Compte tenu de la diminution des recettes intérieures et du manque à percevoir auprès des bailleurs de fonds, les services du FMI prévoient un considérable déficit budgétaire en 2015. La Somalie doit donc accroître ses recettes et réviser son budget pour aligner les engagements de dépenses sur les ressources disponibles. La Somalie devrait adopter des politiques propres à corriger les graves vulnérabilités budgétaires. Des règles budgétaires, telles que des objectifs de part des salaires ou de dépenses d’équipement peuvent contribuer à assurer la viabilité des finances publiques et aboutir à une composition propice des dépenses. Ces règles devraient aller de pair avec un cadre budgétaire à moyen terme pouvant servir de repère à leur application.
«L’économie est pour l’essentiel dollarisée et les liquidités manquent, notamment les petites coupures. Les billets somaliens ne sont pas facilement disponibles, ce qui crée des problèmes pour les populations les plus démunies. Les pressions s’intensifient de la part du public et du monde politique en faveur d’une réforme monétaire. Cette réforme doit toutefois attendre que les conditions nécessaires soient en place. En effet, si elle se soldait par un échec, les pertes directes seraient lourdes et les coûts en termes de réputation considérables. La réforme de la monnaie doit donc adhérer à une feuille de route bien élaborée, et elle devra s’appuyer sur des capacités techniques et humaines suffisantes. Le FMI se tient à la disposition de la Somalie pour l’aider à mener à bonne fin une réforme de sa monnaie.
«Des mesures rapides s’imposent pour faire en sorte que les envois de fonds des expatriés empruntent le système bancaire international. L’élaboration d’une feuille de route pour le secteur financier sera un premier pas décisif pour asseoir la crédibilité des agréments et de la supervision bancaires.
«La mission a rencontré le Ministre des Finances, M. Mohamad Aden Ibrahim, Le Vice-ministre du Plan, M. Abdullahi Sheikh Ali, le Gouverneur de la banque centrale, M. Bashir Issa Ali, ainsi que d’autres hauts responsables. La mission a également eu une réunion d’information avec les bailleurs de fonds.
«La mission exprime sa reconnaissance aux autorités somaliennes pour leur coopération, la qualité des entretiens et l’ouverture d’esprit qui a animé les échanges. Nous restons déterminés à poursuivre notre dialogue».
DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI
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