Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2014 au titre de l’article IV avec le Canada
le 30 janvier 2015
Communiqué de presse n° 15/25Le 30 janvier 2015
Le 28 janvier 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV avec le Canada1.
La croissance de l’économie canadienne a été vigoureuse récemment, parallèlement à l’affermissement de la reprise aux États-Unis. Le dynamisme de la croissance américaine, la dépréciation de la monnaie et la demande élevée d’énergie au début de 2014 ont entraîné une augmentation des exportations, bien que cette dernière n’ait pas encore dynamisé l’investissement et l’embauche. En particulier, le ralentissement de l’investissement des entreprises est considérable ces dernières années. En conséquence, la croissance ne s’est pas encore détournée de la consommation privée et de l’investissement résidentiel pour produire une reprise plus large et plus durable. La forte baisse des prix du pétrole amputera la croissance du fait d’une baisse de l’investissement dans le secteur de l’énergie. La consommation privée a continué d’augmenter grâce à la hausse du patrimoine des ménages et à des conditions financières exceptionnellement favorables. Après une brève pause, le marché du logement a rebondi en 2014, grâce à des taux d’intérêt bas et en baisse, bien que des signes encourageants de modération soient observés, en particulier sur les marchés surchauffés. Selon l’analyse des services du FMI, la surévaluation des prix réels des logements à l’échelle nationale se situerait entre 7 et 20 %, quoique avec des différences régionales importantes.
La croissance devrait rester dynamique cette année, en dépit de la forte baisse des prix du pétrole, et devenir plus équilibrée du fait du ralentissement du marché du logement. L’affermissement de la reprise aux États-Unis, qui devrait se poursuivre, entraîne une augmentation des exportations hors énergie et soutient l’investissement. Ces facteurs devraient compenser pour l’essentiel une modération de la consommation privée, ainsi que de l’investissement résidentiel et énergétique, tandis que les taux d’intérêt américains augmentent, que les prix du pétrole restent à un bas niveau et que les ménages demeurent très endettés. Au-delà de la vigueur récente du marché du logement, les services du FMI continuent de s’attendre à un atterrissage en douceur, car la hausse des taux d’intérêt et la détérioration des perspectives sur le plan des termes de l’échange freineraient la demande de logements. Les risques pesant sur les perspectives ont augmenté en raison des nouvelles baisses des prix du pétrole, et s’ajoutent aux risques d’un affaiblissement de la croissance mondiale et des effets du recul exceptionnellement marqué des prix du pétrole qui continuent à se faire ressentir. La vulnérabilité interne, sur le marché du logement et dans le secteur des ménages, reste élevée, mais elle est contenue du point de vue de la stabilité financière. Étant donné les interconnexions entre les risques externes et internes, certains risques pourraient se matérialiser ensemble.
Les finances publiques ont continué de s’améliorer en 2014, grâce à l’assainissement opéré au niveau du gouvernement fédéral et de certaines provinces. Le déficit budgétaire des administrations publiques devrait tomber d’environ 2 ¾ % du PIB en 2013 à 1 ½ % en 2014, le gouvernement fédéral étant pour l’essentiel en bonne voie d’atteindre son objectif de budget équilibré pour l’exercice 2015/16 en dépit de la baisse des prix du pétrole. Le gouvernement fédéral devrait envisager d’adopter une politique budgétaire neutre étant donné l’assainissement déjà opéré et les risques pesant sur la croissance. Une telle politique permettrait quand même d’atteindre les objectifs à plus long terme de réduction de la dette publique. Les provinces restent déterminées à atteindre leurs objectifs de budget équilibré, mais, pour certaines d’entre elles, l’ajustement continue de poser des problèmes. Elles devront continuer de chercher à renforcer leurs finances publiques, surtout compte tenu des pressions que le vieillissement de la population exercera à plus long terme.
Le 21 janvier, à la suite de la forte baisse des prix du pétrole et de l’augmentation de l’incertitude entourant des perspectives économiques qui, sinon, seraient solides, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 25 points de base et a révisé à la baisse ses prévisions pour la croissance du PIB et l’inflation globale. L’action de la Banque du Canada cadre avec les conseils donnés par les services du FMI, à savoir utiliser la marge de manœuvre monétaire si les chocs s’intensifient à cause de la baisse plus marquée des prix du pétrole. Globalement, le maintien d’une politique monétaire accommodante et un assainissement budgétaire progressif au niveau de l’ensemble des administrations publiques seraient propices à une croissance qui serait portée davantage par les exportations et, donc, l’investissement dans l’économie, tandis que des mesures macroprudentielles ciblées contribueraient à s’attaquer à la vulnérabilité du secteur du logement si nécessaire.
Les banques canadiennes restent très rentables : la qualité des prêts est bonne, les prêts improductifs sont faibles et la capitalisation s’améliore. Selon les tests de résistance, les banques sont résilientes aux risques de crédit, de liquidité et de contagion grâce à la solidité de leurs fonds propres, à la stabilité de leurs sources de financement et au faible niveau de leurs engagements dans le secteur de l’énergie, ainsi qu’à la vaste assurance hypothécaire garantie par l’État. Les progrès sont réguliers en ce qui concerne des éléments essentiels du programme de réformes financières, par exemple la mise en œuvre des ratios de liquidité et de levier de Bâle III. Une amélioration de la coordination entre les autorités fédérales et provinciales sur le plan du contrôle et des tests de résistance renforcera encore la solidité du système financier. En outre, une amélioration du dispositif macroprudentiel et du dispositif de gestion de crise renforcera la résilience globale du système financier.
Évaluation par le Conseil d’administration2
Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils notent avec satisfaction que le Canada continue d’enregistrer une croissance vigoureuse, grâce à la bonne gestion macroéconomique des autorités. Les administrateurs notent que, si les perspectives restent favorables et que la croissance devrait devenir plus équilibrée du fait du ralentissement du marché du logement, la croissance risque d’être révisée à la baisse en raison du durcissement des conditions financières à l’échelle mondiale, des répercussions de la forte baisse des prix du pétrole et de la vulnérabilité persistante du marché du logement et du secteur des ménages. Les administrateurs conviennent que la poursuite d’une politique économique bien calibrée devrait faciliter le rééquilibrage nécessaire et soutenir la croissance. Il sera important aussi d’opérer des réformes structurelles visant à accroître la productivité et l’investissement des entreprises afin de soutenir la croissance à moyen terme.
Les administrateurs conviennent que la politique monétaire devrait rester accommodante étant donné que les anticipations inflationnistes sont bien ancrées, que l’investissement des entreprises stagne et que les prix du pétrole sont plus bas, et ce, jusqu’à ce qu’il y ait des indices fermes d’une reprise durable, accompagnée d’un rebond de l’investissement des entreprises. Les administrateurs soutiennent la décision de la Banque du Canada d’abaisser le taux directeur car cela contribuera à soutenir l’économie compte tenu des effets négatifs probables du recul des prix du pétrole. Cependant, ils encouragent les autorités à continuer de surveiller l’impact de la politique monétaire sur l’endettement des ménages et les prix du logement.
Les administrateurs reconnaissent que les mesures macroprudentielles ont permis de limiter la croissance des prêts hypothécaires assurés, mais ils notent une augmentation considérable des prêts hypothécaires non assurés, parallèlement à des segments du marché du logement qui restent vigoureux. Ils conviennent dans l’ensemble que des mesures macroprudentielles supplémentaires, en particulier un durcissement des normes pour les prêts hypothécaires non assurés, pourraient être nécessaires si la vulnérabilité des bilans des ménages et du marché du logement augmente de nouveau. Les administrateurs notent avec satisfaction les mesures que les autorités ont prises récemment pour limiter l’exposition de l’État au secteur du logement. Ils encouragent à continuer d’agir de manière progressive pour assurer une conservation appropriée du risque de la part du secteur privé et, à plus long terme, à réexaminer les dimensions de la vaste assurance hypothécaire garantie par l’État.
Les administrateurs notent avec satisfaction que les autorités sont déterminées à atteindre leurs objectifs budgétaires et que le gouvernement fédéral est pour l’essentiel en bonne voie pour équilibrer son budget en 2015. Ils conviennent que l’assainissement des finances publiques doit se poursuivre au niveau de l’ensemble des administrations publiques, mais l’ajustement budgétaire doit se déplacer du gouvernement fédéral aux provinces. La plupart des administrateurs sont d’avis qu’il est possible pour le gouvernement fédéral d’adopter une politique budgétaire neutre à terme, étant donné l’ajustement vigoureux qui a été opéré ces dernières années. Ils encouragent à utiliser les ressources budgétaires disponibles pour prendre des mesures propices à la croissance et renforcer le cadre budgétaire à moyen terme.
Les administrateurs conviennent que l’ajustement budgétaire au niveau provincial doit se poursuivre, notamment en continuant de limiter les dépenses liées au vieillissement de la population et en s’appuyant sur des examens réguliers des dépenses. Ils notent de manière générale que, pour assurer la viabilité des finances publiques à long terme, il convient d’étendre les prévisions budgétaires à long terme au niveau provincial et de publier des prévisions budgétaires consolidées pour l’ensemble des administrations publiques en consultation avec les provinces.
Les administrateurs notent que le secteur financier canadien reste sain et stable, et félicitent les autorités des progrès réalisés sur le plan du programme international de réformes. Ils notent avec satisfaction les progrès qui ont été accomplis dans la mise en œuvre de plusieurs recommandations de la mise à jour de 2013 du Programme d’évaluation du secteur financier (PESF) et encouragent les autorités à mettre en œuvre les recommandations restantes. De manière générale, les administrateurs notent que la poursuite du renforcement de la coopération entre les autorités fédérales et provinciales sur le plan du contrôle, l’harmonisation des tests de résistance pour les établissements de dépôts qui sont importants pour le système et l’amélioration du dispositif macroprudentiel et du dispositif de gestion de crise renforceront la résilience du système financier canadien. Un petit nombre d’administrateurs note qu’il pourrait être bénéfique de mettre l’accent davantage sur les résultats en ce qui concerne les performances du secteur financier et de prévoir une plus grande flexibilité en ce qui concerne les dispositifs ou les structures qui permettent de les atteindre.
DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI
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