Communiqué de presse: Le Conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2015 au titre de l’article IV avec la Suisse
le 27 mai 2015
Communiqué de presse n° 15/23927 mai 2015
Le 18 mai 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV1 avec la Suisse.
L’économie suisse s’est portée relativement bien à la suite de la crise financière mondiale, avec une croissance de 2 % en 2014. Cependant, la situation s’est compliquée à la fin de 2014 : une augmentation des entrées de capitaux a forcé la Banque nationale suisse (BNS) à intervenir de façon intensive pour défendre le plancher du taux de change de 1,20 franc pour 1 euro. La BNS a fini par abandonner ce plancher le 15 janvier 2015 : elle a abaissé aussi son taux directeur (le taux d’intérêt sur les dépôts à la BNS dépassant 20 fois les réserves obligatoires) à -0,75 %. Par la suite, le taux de change s’est apprécié considérablement avant de se stabiliser aux environs de 1,05 franc pour 1 euro.
À court terme, la croissance de l’économie suisse va probablement ralentir, car la solidité du franc, qui est maintenant probablement surévalué, réduit les exportations nettes. Les indicateurs économiques avancés ont reculé jusqu’à présent en 2015, ce qui cadre avec le ralentissement attendu. La croissance du PIB devrait tomber à environ 0.75 % pour l’ensemble de l’année 2015 et à environ 1.25 % en 2016. Ce ralentissement devrait faire monter le chômage, mais seulement de manière modeste, grâce au travail à horaires réduits. L’inflation, qui est déjà très faible (-1,1 % en avril 2015), devrait encore reculer en 2015 : l’appréciation de la monnaie et la baisse récente des prix du pétrole continuent de se répercuter sur les prix finaux.
À moyen terme, l’économie devrait se redresser progressivement. À mesure que l’économie s’ajuste à l’appréciation de la monnaie, la croissance devrait s’accélérer progressivement pour avoisiner 2 % à moyen terme, tandis que l’inflation montera aux environs de 1 %. Les règles budgétaires devraient maintenir le déficit budgétaire structurel à un niveau proche de zéro et la dette publique à un bas niveau.
Cependant, ce scénario de référence est exposé à des risques importants. En particulier, le niveau très bas de l’inflation pourrait compliquer la conduite de la politique monétaire : il serait plus difficile d’abaisser les taux d’intérêt réels en cas de besoin face à des chocs. De fait, les rendements des obligations publiques à 10 ans sont négatifs et les plus bas du monde, ce qui indique un risque considérable d’une période prolongée d’inflation très basse et de croissance atone. Parmi les autres risques importants figurent l’incertitude entourant la future politique d’immigration et ses effets sur les relations avec l’Union européenne, l’évolution économique à l’échelle mondiale et régionale, les effets des modifications qui sont en train d’être apportées à la réglementation financière internationale et une baisse des prix sur le marché du logement, orienté à la hausse ces dernières années.
Face à ces risques et à ces enjeux à moyen terme, les autorités ont entrepris ou proposé récemment un certain nombre de réformes. Il s’agit de diverses réformes du secteur financier (par exemple, un durcissement des normes d’octroi de prêts hypothécaires), d’un renforcement de la viabilité du régime des retraites, ainsi que de réformes de l’imposition des sociétés et des contrôles financiers qui permettraient de se conformer à des initiatives internationales visant à limiter le blanchiment de capitaux, ainsi que la fraude et l’évasion fiscales à l’échelle internationale.
Évaluation par le Conseil d’administration2
Les administrateurs saluent la solidité persistante des paramètres économiques fondamentaux de la Suisse, qui résulte d’une saine gestion. Cependant, ils notent que, après l’abandon du plancher du taux de change plus tôt dans l’année et l’appréciation du franc suisse qui s’ensuivit, l’économie fait face à une surévaluation de la monnaie, à un affaiblissement de la croissance à court terme et à des perspectives de basse inflation.
Les administrateurs conviennent qu’un nouvel assouplissement de la politique monétaire soutiendrait la croissance et réduirait la surévaluation de la monnaie. En outre, ils notent que, si l’inflation se rapprochait de la limite supérieure de la fourchette-cible à moyen terme, les risques liés à une inflation basse seraient réduits. Cependant, un certain nombre d’administrateurs sont d’avis qu’il n’est peut-être pas possible pour l’économie suisse d’avoir une telle maîtrise de l’inflation du fait de sa petite taille et de son ouverture.
Étant donné la marge de manœuvre limitée pour un assouplissement monétaire conventionnel, les administrateurs sont d’avis qu’il est nécessaire d’explorer diverses possibilités. À cet égard, un programme d’achats d’actifs annoncé à l’avance pourrait être une option, bien que de nombreux administrateurs ne soient pas convaincus de l’efficacité d’un programme de ce type au stade actuel. Les administrateurs conviennent que le taux directeur doit être maintenu à son niveau actuel pour l’instant, car cela a permis de réduire les tensions déflationnistes. De manière plus générale, ils encouragent la banque centrale à continuer d’améliorer la communication de son cadre de politique monétaire et de donner la priorité à la constitution de provisions par rapport aux transferts à sa réserve de distribution afin de veiller à ce que ses fonds propres restent adéquats par rapport aux risques encourus.
Les administrateurs saluent la règle budgétaire qui a contribué à maintenir le déficit et la dette à un bas niveau. Ils conviennent que, pour que la politique budgétaire soutienne la croissance, il faut laisser jouer pleinement les stabilisateurs automatiques, comme l’autorise la règle du frein à l’endettement, tout en évitant de budgétiser des dépassements par rapport à la règle. De manière générale, les administrateurs conviennent que, en cas de récession grave ou prolongée, les autorités pourraient procéder à une relance budgétaire discrétionnaire en déclenchant la clause d’exception temporaire de la règle pour accélérer la croissance et l’inflation, et éviter de surcharger la politique monétaire.
Les administrateurs saluent les progrès accomplis dans les réformes du secteur financier et encouragent à continuer d’agir conformément au Rapport Brunetti et à la mise à jour du PESF. Ils soulignent qu’il est nécessaire de surveiller de près les risques pesant sur la stabilité financière sur le marché du logement et d’adopter des mesures prudentielles supplémentaires si nécessaire. Il pourrait s’agir de relever les exigences minimales en matière de ratio de levier financier pour les deux grandes banques internationales et d’améliorer leur résolvabilité, d’accroître la divulgation par les banques d’informations concernant la pondération des risques, de continuer d’améliorer l’utilisation d’auditeurs externes par la FINMA et de réformer l’assurance des dépôts. Les administrateurs appellent aussi à continuer de surveiller les effets du bas niveau des taux d’intérêt, en particulier pour les compagnies d’assurance-vie et les régimes de retraite à prestations définies.
Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la croissance à moyen terme et faire face aux nouveaux enjeux. À cet égard, ils appellent à réduire l’incertitude qui entoure la future politique d’immigration et ses effets sur les relations avec l’Union européenne. Les administrateurs attendent avec intérêt l’achèvement en temps voulu des réformes de l’imposition des entreprises et des contrôles financiers, conformément aux initiatives internationales visant à limiter le blanchiment de capitaux, ainsi que la fraude et l’évasion fiscales à l’échelle internationale. Des réformes qui relèvent le taux d’activité des femmes à temps plein, par exemple en réduisant les taux d’imposition marginaux sur les deuxièmes revenus, pourraient aussi rehausser la croissance potentielle. Les administrateurs prennent note avec satisfaction des propositions de réforme du régime des retraites, qui contribueraient à assurer la viabilité du filet de protection sociale et à garantir qu’il reste accessible aux générations futures.
Suisse : principaux indicateurs économiques, 2012–16 | |||||
2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | |
PIB réel (variation en pourcentage) |
1,1 | 1,9 | 2,0 | 0,8 | 1,2 |
Demande intérieure totale |
-1,2 | -0,8 | 1,7 | 2,5 | 1,8 |
Demande intérieure finale |
2,7 | 2,0 | 1,2 | 2,0 | 1,5 |
Consommation privée |
2,8 | 2,2 | 1,0 | 2,5 | 2,0 |
Consommation publique |
2,9 | 1,4 | 1,1 | 1,8 | 1,2 |
Investissement fixe |
2,5 | 1,8 | 1,8 | 1,0 | 0,5 |
Accumulation de stocks 1/ |
-3,5 | -2,5 | 0,4 | 0,4 | 0,2 |
Soldes extérieurs 1/ |
2,2 | 2,7 | 0,5 | -1,4 | -0,4 |
PIB nominal (milliards de francs suisses) |
624,4 | 635,7 | 651,8 | 648,2 | 651,1 |
Épargne et investissement (% du PIB) |
|||||
Épargne nationale brute |
34,1 | 33,2 | 30,5 | 28,6 | 28,5 |
Investissement intérieur brut |
24,2 | 22,5 | 23,6 | 22,8 | 22,9 |
Solde des transactions courantes |
9,9 | 10,7 | 7,0 | 5,8 | 5,6 |
Prix (variation en pourcentage) |
|||||
Déflateur du PIB |
-0,2 | -0,1 | 0,5 | -1,4 | -0,8 |
Indice des prix à la consommation (moyenne période) |
-0,7 | -0,2 | 0,0 | -1,1 | -0,4 |
Indice des prix à la consommation (fin de période) |
-0,4 | 0,1 | -0,3 | -1,4 | 0,3 |
Finances publiques (% du PIB) |
|||||
Recettes |
31,3 | 31,3 | 31,3 | 31,3 | 31,3 |
Dépenses |
31,4 | 31,5 | 31,1 | 31,6 | 31,6 |
Solde |
-0,1 | -0,1 | 0,2 | -0,3 | -0,3 |
Solde corrigé des variations cycliques |
0,2 | 0,1 | 0,3 | 0,0 | 0,0 |
Dette brute 2/ |
48,2 | 47,0 | 46,1 | 46,1 | 45,6 |
Emploi et utilisation des capacités |
|||||
Taux de chômage (%) |
2,9 | 3,2 | 3,2 | 3,4 | 3,6 |
Écart de production (% du PIB potentiel) |
-1,0 | -0,7 | -0,2 | -0,9 | -0,9 |
Utilisation des capacités |
81,5 | 80,7 | 82,0 | … | … |
Croissance potentielle |
1,7 | 1,7 | 1,5 | 1,5 | 1,3 |
Taux de change (niveaux) |
|||||
Franc suisse pour 1 dollar (moyenne annuelle) |
0,9 | 0,9 | 0,9 | … | … |
Franc suisse pour 1 euro (moyenne annuelle) |
1,2 | 1,2 | 1,2 | … | … |
Taux effectif réel (moyenne, 2000=100) 3/ |
114,0 | 114,0 | 116,0 | … | … |
Sources : Haver Analytics; Système des avis d’information du FMI ; Banque nationale suisse ; estimations des services du FMI. 1/ Contribution à la croissance. 2/ Non consolidée ; méthodologie du MSFP 2001, qui calcule la dette aux prix du marché. 3/ Sur la base des prix à la consommation relatifs. |
1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.. 2 À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.. |
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