Communiqué de presse : Déclaration à l’issue de la mission aux Comores au titre de l’article IV

le 4 novembre 2014

Les communiqués de presse publiés en fin de mission par les services du FMI incluent des déclarations qui expriment leurs observations préliminaires au terme d'une mission dans un pays. Les opinions exprimées dans ces conclusions sont celles des services du FMI et ne sont pas nécessairement celles du Conseil d'administration. Sur la base des observations préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l'approbation de la direction, sera soumis à l'examen et à la décision du Conseil d'administration du FMI.

Communiqué de presse n° 14/497
Le 4 novembre, 2014

Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Harry Trines, chef de mission pour les Comores, a séjourné à Moroni du 20 octobre au 4 novembre pour mener les entretiens relatifs aux consultations de 2014 au titre de l’article IV. La mission a rencontré le Président Dhoinine Ikililou et s’est entretenue avec le Vice-Président et Ministre des finances, M. Mohamed Ali Soilihi, la Commissaire au plan, Mme Alféine Soifiat Tadjiddine, le Gouverneur de la Banque centrale des Comores, M. Abdou Mohamed Chanfiou, le Conseiller du Président et Chef de la Cellule des réformes économiques et financières, M. Chei Oubeidi, et plusieurs responsables d’administrations, ainsi qu’avec des représentants du secteur privé, des syndicats et des bailleurs de fonds.

A l’issue de la mission, M. Trines a publié la déclaration ci-après :

« Alors que les Comores ont accompli des progrès économiques notables ces dernières années et que la stabilité politique qui a suivi l’adoption d’une nouvelle constitution en 2009 a facilité une amélioration de la situation macroéconomique, beaucoup reste à faire afin de : (i) consolider et accélérer une croissance économique inclusive qui privilégie la stabilité macroéconomique et l'amélioration des infrastructures, (ii) encourager des réformes structurelles qui rehaussent la compétitivité de l’économie et améliorent le climat des affaires.

« La croissance économique est estimée à 3,5 % en 2013 et devrait atteindre 3-3,5 % en 2014. L’inflation était de 3,5 % fin 2013, mais est tombée à 0,7 % en août 2014. Les exportations et les importations ont augmenté nettement en volume en 2013, toutefois, on note que les exportations restent à un niveau très faible. Les envois de fonds des travailleurs émigrés ont aussi continué de progresser, il est estimé que le déficit des transactions extérieures courantes serait supérieur à 10% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2014 contre 9,5% en 2013.

« Sur le front budgétaire, une quantité considérable des recettes du Programme de citoyenneté économique perçues en 2012 a été utilisée en 2013. Le solde global (base encaissements-décaissements, net de l’allégement de la dette) est passé d’un excédent de 1,6 % du PIB en 2012 à un déficit de 1,3 % en 2013.

« Les Comores font face à de nombreux problèmes. À court terme, le gouvernement doit chercher à trouver un meilleur équilibre entre les ressources disponibles et les dépenses afin d’éviter l’apparition d’arriérés, en particulier sur les salaires et la dette extérieure, et d’allouer des crédits à des initiatives importantes. Par ailleurs, la fiabilité dans l’approvisionnement énergétique doit être améliorée d'urgence, car elle représente un important frein à la croissance. À moyen terme, il s’agit principalement : (i) de créer un espace budgétaire pour l’investissement dans les infrastructures et les dépenses sociales en accroissant considérablement les recettes, (ii) d’accélérer une croissance solidaire et la création d’emplois, et (iii) de réduire la pauvreté, tout en accroissant aussi la résilience aux chocs extérieurs, y compris aux catastrophes naturelles.

« L’exécution du budget 2014 a été difficile, en particulier à compter du second semestre. Les ressources n’ont pas été suffisantes pour faire face à l’augmentation de la masse salariale résultant de la hausse des traitements des enseignants approuvée en mars et à des dépenses non prévues dans le budget, notamment pour les élections. Lors des entretiens, la mission a encouragé les autorités à établir un ordre de priorité parmi les dépenses pour le reste de l’année, de manière à ce que les arriérés sur les traitements et salaires et les prêts extérieurs puissent être résorbés d’ici la fin de l’année.

« La mission a souligné que la raison principale des difficultés actuelles réside dans le faible niveau des recettes intérieures, à l’instar des difficultés à entreprendre davantage de projets d’investissement public. La tâche la plus urgente pour les autorités consiste donc à mobiliser davantage de recettes intérieures. À cet égard, la mission a encouragé les autorités à consacrer leurs efforts sur le renforcement des administrations de recettes, notamment en gelant les exonérations nouvelles, en assurant une meilleure maitrise du fichier des grands contribuables et en améliorant le respect des obligations fiscales de manière plus générale. La mission a noté aussi qu’il importe de renforcer la gestion des finances publiques, notamment en mettant en œuvre une gestion de trésorerie efficace et en accroissant la transparence. Toutes les transactions effectuées au nom de l’État, qu’il s’agisse des recettes ou des dépenses, doivent apparaître dans le budget. Une meilleure gestion de trésorerie devrait limiter les arriérés, y compris pour les traitements et salaires, tandis qu’une meilleure transparence devrait contribuer à réduire la méfiance des parties prenantes, y compris celle des gouvernements autonomes des îles.

« En ce qui concerne le budget 2015, la mission a souligné la nécessité d‘assoir les plans de dépenses sur la base des ressources disponibles. Les efforts déployés pour mobiliser davantage de recettes prendront du temps pour faire sentir leurs effets. Les possibilités de financement étant limitées, il convient de bien maîtriser à court terme les dépenses courantes, en particulier celles consacrées aux traitements et salaires, la composante la plus importante des dépenses financées sur ressources intérieures.

« La mission a noté que les autorités sont en train d’établir une nouvelle Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) pour remplacer la stratégie de réduction de la pauvreté qui arrive à expiration. La mission a souscrit aux principaux objectifs de la stratégie, mais elle a indiqué que cette stratégie devait reposer sur des hypothèses réalistes en ce qui concerne le financement disponible et devrait mettre l’accent sur l’accroissement de l’attrait de l’économie comorienne pour les investissements et le tourisme. La mission a encouragé les autorités à ajouter à la stratégie une composante relative au développement du secteur privé. Par ailleurs, il convient de poursuivre résolument les réformes déjà engagées dans le secteur de l’électricité avec l’aide de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, et de les approfondir afin de réduire les pénuries d’électricité qui touchent aujourd’hui le pays et constituent un obstacle important à la croissance économique.

« La mission a noté l’accroissement des créances en souffrance du système bancaire et les difficultés dans leur recouvrement. Elle encourage les autorités comoriennes à poursuivre les reformes structurelles et corriger les faiblesses persistantes dans l’application de la Loi.


« Enfin, la mission a noté qu’il convient d’améliorer d’urgence la collecte des données économiques aux Comores. Le manque de production régulière de données économiques de qualité rend difficile l’évaluation des résultats économiques ainsi que leurs projections. En dépit d’un environnement budgétaire difficile, la mission a engagé les autorités à allouer des crédits adéquats au nouvel institut de la statistique afin de permettre à ce dernier de fournir les données nécessaires pour une élaboration plus pertinente de la politique économique.

« La mission a confirmé que le FMI est prêt à collaborer étroitement avec les autorités à travers l’assistance technique pour l’établissement d’un cadre macroéconomique et budgétaire efficace, ainsi que la gestion de trésorerie. Une assistance technique supplémentaire est, par ailleurs, prévue dans les domaines de la politique fiscale, des statistiques de la balance des paiements, ainsi que dans la supervision bancaire.

« Il est prévu que le Conseil d’administration du FMI examine le rapport des services du FMI sur les consultations de 2014 au titre de l’article IV fin janvier 2015. La mission tient à remercier les autorités pour leur hospitalité chaleureuse et de leur coopération constructive. »

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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