Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI conclut les discussions annuelles sur les politiques communes des pays de la CEMAC
le 31 juillet 2014
Communiqué de presse No. 14/378Le 31 juillet 2014
Le 25 juillet 2014, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les discussions annuelles sur les politiques communes des États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)1.
Suite à une période de solide performance économique régionale, l’activité économique de la CEMAC s’est ralentie en 2013. Bien que la croissance dans les secteurs non pétroliers continue d’être largement tirée par les plans d’investissements publics dans plusieurs pays membres, la production pétrolière a baissé ce qui a débouché sur une croissance du PIB réel d’environ 2.5 % pour l’ensemble de la sous-région. Le franc CFA étant rattaché à l’euro, l’inflation s’est ralentie à moins de 2 % en moyenne, en dessous du plafond régional de convergence de 3 %. En 2014, l’activité économique devrait reprendre et, d’après les projections, la croissance du PIB réel régional devrait atteindre 5–5.5 %, suite à une reprise de la production pétrolière. L’inflation devrait rester modérée en raison des faibles prix des produits alimentaires.
Avec le maintien des politiques budgétaires expansionnistes et la baisse des recettes pétrolières, le solde primaire s’est transformé en déficit pour la première fois depuis 2009 et le déficit primaire non pétrolier a atteint 24,6 % du PIB non pétrolier. Suite à l’allégement de la dette et aux opérations de restructuration ces dernières années, la dette publique moyenne pour la région a progressé mais reste faible à environ 23 % du PIB, bien en deçà du plafond de 70 % du PIB arrêté par le cadre de surveillance régionale pour les pays membres de la CEMAC. Le déficit du compte courant s’est creusé à environ 3 % du PIB, alors que les exportations de pétrole ont baissé et que les importations liées aux investissements ont demeuré importantes. Les réserves de change ont légèrement diminué et se sont situées aux environs de 17,5 milliards de dollars, soit 5,1 mois d’importations à la fin de 2013.
La liquidité excédentaire rend la politique monétaire largement ineffective. Le principal taux directeur monétaire de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC) est déconnecté des taux débiteurs, ce qui témoigne de l’inefficacité du canal des taux d’intérêt, tandis que le manque de profondeur du système bancaire et le sous-développement des marchés financiers affaiblissent à la fois le canal du crédit et celui des prix des actifs. La croissance des dépôts bancaires s’est ralentie en 2013 mais reste solide, tandis que la croissance du crédit s’est accélérée. La liquidité dans le système bancaire a baissé suite à une diminution des avoirs extérieurs.
Les risques baissiers restent importants, car la région est toujours vulnérable à une baisse des prix du pétrole et des autres produits de base et à un ralentissement prolongé dans les pays partenaires. Une baisse prolongée des prix du pétrole et des autres produits de base aurait un impact significatif sur les soldes budgétaires et le solde du compte courant et exigerait une réduction plus prononcée et abrupte des investissements publics. En outre, dans un contexte où les grandes difficultés du climat des affaires limitent gravement la croissance des investissements privés, l’absence de réformes pourrait peser sur le potentiel de croissance à moyen terme. Les institutions régionales continuent de faire face à d’importantes contraintes de capacité; il convient de continuer à les renforcer pour coordonner les efforts de réforme et étayer la croissance régionale. Enfin, les risques accrus de sécurité dans la région, avec l’aggravation de la crise en République Centrafricaine et les difficultés liées à la sécurité dans le nord du Cameroun, pourraient aussi compromettre les investissements directs étrangers (IDE) et la croissance.
Évaluation du Conseil d’administration
Les administrateurs saluent les solides perspectives macroéconomiques à court terme de la région, étayées par les investissements publics et la reprise de la production pétrolière. Ils notent néanmoins que les perspectives favorables à moyen terme présentent d’importants risques baissiers en raison d’un choc potentiel des prix du pétrole qui pourrait avoir un impact substantiel sur les soldes budgétaire et des transactions courantes extérieures de la CEMAC. En même temps, d’importants défis subsistent, notamment la pauvreté élevée, l’inégalité des revenus et le chômage, notamment chez les jeunes.
Les administrateurs sont d’accord que la combinaison actuelle de politiques macroéconomiques devrait être ajustée. Ils considèrent que l’orientation budgétaire est devenue trop expansionniste dans certains pays. Ils notent également que l’efficacité de la politique monétaire est très limitée en raison de la faiblesse des canaux de transmission. De plus, le niveau des réserves extérieures reste adéquat, mais les déficits croissants du compte courant pourraient devenir une source de préoccupation. Ils exhortent les autorités nationales à agir de manière coordonnée avec la banque centrale régionale (BEAC) afin d’améliorer le respect des règles régionales de rapatriement des réserves.
Les administrateurs encouragent les autorités à adapter le cadre régional de surveillance budgétaire afin de mieux assurer la stabilité et la viabilité des politiques. Les critères de convergence relatifs au déficit budgétaire et à la dette publique devraient être révisés pour limiter la procyclicalité et assurer que les risques de surendettement restent faibles, tout en appuyant des emprunts prudents. Les administrateurs soulignent aussi la nécessité d’accélérer la réforme du cadre de politique monétaire. Il convient de redoubler d’efforts pour relever les défis de l’excédent de liquidité, de l’inefficacité de la gestion de la liquidité et du sous-développement des marchés régionaux interbancaires et de la dette qui rendent la politique monétaire largement inefficace et entravent le développement du secteur financier.
Les administrateurs saluent les efforts déployés par les autorités pour renforcer le secteur financier régional. Ils notent toutefois qu’un cadre de réglementation et de supervision plus solide est nécessaire pour assurer la stabilité financière et appuyer le développement du secteur financier régional. À moyen terme, la création de centrales des risques de même que les réformes du système judiciaire seront essentielles pour promouvoir une croissance efficace du crédit. Les administrateurs considèrent que les autorités régionales doivent faire preuve de prudence lorsqu’elles envisagent l’utilisation de l’épargne des gouvernements déposée à la BEAC pour financer des projets d’infrastructure ; ils estiment qu’il serait préférable de rechercher une plus large participation du secteur privé pour financer le développement de la région. Ils encouragent également les autorités nationales et régionales à coordonner les efforts pour promouvoir l’inclusion financière dans la CEMAC.
Les administrateurs ont souligné que des efforts accrus étaient requis pour promouvoir l’intégration régionale et doper la compétitivité afin de surmonter les obstacles structurels à la croissance inclusive. Il est essentiel d’améliorer le climat des affaires régional pour encourager le développement du secteur privé et la diversification économique. Ils considèrent que ces efforts devraient être complétés par une mise en œuvre plus rapide de la réforme institutionnelle des institutions régionales. En particulier, l’autonomie institutionnelle de la BEAC devrait être renforcée et les capacités du superviseur bancaire régional et de la Commission de la CEMAC être renforcées.
Les vues exprimées par les administrateurs aujourd’hui seront incluses dans les discussions des consultations au titre de l’article IV sur les membres individuels de la CEMAC qui auront lieu lorsque le Conseil d’administration abordera les politiques communes de la CEMAC.
CEMAC: Principaux indicateurs économiques et financiers, 2010–15 | |||||||||||||||||||
2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | ||||||||||||||
Est. | Proj. | Proj. | |||||||||||||||||
(Variation annuelle en pourcentage) | |||||||||||||||||||
Revenu national et prix PIB à prix constants |
5.6 | 3.9 | 5.2 | 2.6 | 5.3 | 4.7 | |||||||||||||
PIB pétrolier |
3.8 | -2.2 | -2.7 | -7.1 | 3.2 | 1.8 | |||||||||||||
PIB non pétrolier 11 |
6.4 | 5.9 | 6.6 | 4.6 | 5.4 | 5.1 | |||||||||||||
Prix à la consommation (moyenne pour la période) 2 |
1.5 | 2.5 | 2.7 | 1.8 | 2.7 | 2.1 | |||||||||||||
Prix à la consommation (fin de période) 2 |
2.1 | 4.3 | 3.1 | 2.3 | 2.7 | 2.6 | |||||||||||||
Taux de change effectif nominal2 |
-4.0 | 1.1 | -3.1 | 3.1 | … | … | |||||||||||||
Taux de change effectif réel2 |
-4.7 | -0.9 | -1.5 | 3.6 | … | … | |||||||||||||
(Variation annuelle en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période) | |||||||||||||||||||
Monnaie et crédit Avoirs extérieurs nets |
-4.6 | 16.9 | 9.5 | -0.4 | … | … | |||||||||||||
Avoirs intérieurs nets |
28.1 | 0.4 | 6.7 | 9.0 | … | … | |||||||||||||
Monnaie au sens large |
21.7 | 18.0 | 16.6 | 6.4 | … | … | |||||||||||||
(Pourcentage du PIB, sauf indication contraire) | |||||||||||||||||||
Épargne nationale brute |
30.5 | 33.0 | 30.4 | 28.3 | 28.7 | 27.3 | |||||||||||||
Investissements intérieurs bruts |
32.1 | 31.2 | 31.0 | 31.4 | 31.9 | 31.1 | |||||||||||||
Dont: publics |
12.1 | 13.9 | 14.1 | 14.8 | 14.5 | 13.4 | |||||||||||||
Opérations financières de l’État |
|||||||||||||||||||
Total recettes, dons exclus |
24.9 | 27.9 | 27.9 | 26.8 | 26.1 | 25.9 | |||||||||||||
Dépenses publiques |
24.3 | 25.6 | 29.4 | 29.5 | 29.5 | 29.2 | |||||||||||||
Solde budgétaire de base primaire3 |
3.1 | 5.6 | 2.0 | 2.3 | 1.4 | 1.6 | |||||||||||||
Solde budgétaire de base4 |
2.3 | 4.9 | 0.7 | 0.5 | -0.1 | 0.2 | |||||||||||||
Solde budgétaire global, dons exclus |
0.1 | 2.0 | -1.6 | -2.7 | -3.5 | -3.4 | |||||||||||||
-Solde primaire |
1.9 | 3.6 | 0.3 | -0.4 | -1.3 | -1.3 | |||||||||||||
Solde budgétaire global non pétrolier, dons exclus (% du PIB non pétrolier) |
-23.6 | -26.2 | -31.1 | -27.9 | -26.8 | -24.4 | |||||||||||||
Solde budgétaire primaire non pétrolier (% du PIB non pétrolier) |
-20.9 | -23.7 | -28.0 | -24.6 | -23.6 | -21.5 | |||||||||||||
Secteur extérieur |
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Exportations de biens et de services non facteurs |
51.2 | 55.5 | 55.1 | 51.3 | 49.3 | 46.3 | |||||||||||||
Importations de biens et de services non facteurs |
44.4 | 43.8 | 43.5 | 43.4 | 42.2 | 41.6 | |||||||||||||
Solde sur les biens et les services non facteurs |
6.7 | 11.7 | 11.6 | 7.9 | 7.2 | 4.7 | |||||||||||||
Compte courant, dons inclus |
-1.6 | 1.8 | -0.6 | -3.1 | -3.2 | -3.8 | |||||||||||||
Dette publique extérieure |
12.3 | 12.4 | 14.2 | 16.8 | 17.2 | 18.4 | |||||||||||||
Réserves officielles brutes (fin de période) |
51.2 | 55.5 | 55.1 | 51.3 | 49.3 | 46.3 | |||||||||||||
Millions de dollars |
13,658 | 15,717 | 17,531 | 17,490 | 17,698 | 17,528 | |||||||||||||
Mois d’importations de biens et de services (moins importations intra-régionales) |
4.3 | 5.0 | 5.4 | 5.1 | 5.0 | 4.8 | |||||||||||||
Pourcentage de la monnaie au sens large |
92.1 | 85.6 | 88.6 | 80.4 | … | … | |||||||||||||
Pour mémoire : |
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PIB nominal (milliards de FCFA) |
36,863 | 42,407 | 45,445 | 45,727 | 48,273 | 49,827 | |||||||||||||
FCFA pour un dollar, moyenne |
495.3 | 471.9 | 510.5 | 494 | 479 | 471 | |||||||||||||
Prix du pétrole (dollars/le baril) |
79.0 | 104.0 | 105.0 | 104 | 104 | 98 | |||||||||||||
Sources: Compilations des services du FMI. |
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1 Pour la Guinée équatoriale, le PIB non pétrolier inclut la production de dérivés des hydrocarbures. | |||||||||||||||||||
2 En utilisant comme pondération les parts du PIB en PPA dollars des pays membre de la CEMAC. | |||||||||||||||||||
3 Dons, investissement financés sur ressources extérieures et paiements d’intérêts exclus. | |||||||||||||||||||
4 Dons et investissements financiers sur ressources extérieures exclus. |
1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l'article IV, les services du FMI tiennent des discussions annuelles séparées avec les institutions régionales responsables des politiques communes dans quatre unions monétaires — la zone euro, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, l'Union économique et monétaire de l'Afrique centrale et l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, les équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l'union monétaire, recueillent des données économiques et financières, et s'entretiennent avec les responsables de l'union monétaire de l'évolution et des politiques économiques de l’union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration. Les entretiens des services avec les institutions régionales et la discussion du rapport par le Conseil d’administration font partie intégrante des consultations au titre de l’article IV avec chaque pays membre. À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse: http:www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm. |
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