Communiqué de presse: Le rapport du FMI sur les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne met en relief l’impact de l’envolée des cours des carburants et des denrées alimentaires ainsi que les retombées des turbulences financières mondiales

le 10 octobre 2008

Communiqué de presse n° 08/243

Le Fonds monétaire international a rendu public aujourd'hui son rapport d'octobre 2008 sur les Perspectives économiques régionales de l'Afrique subsaharienne. Mme Antoinette Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI a présenté les principales conclusions de ce rapport :

«Dans un environnement mondial de plus en plus défavorable, la croissance économique de l'Afrique subsaharienne devrait ralentir en 2008 et 2009 pour s'établir autour de 6 %, contre 6½ % en 2007. Dans le même temps, l'inflation devrait atteindre 12 % en 2008 et 10 % en 2009. Les projections de croissance sont légèrement en retrait, et les projections d'inflation nettement plus élevées, par rapport à l'édition d'avril du rapport, surtout en ce qui concerne l'année 2008.

Cette dégradation de la situation macroéconomique tient aux forces contraires que constituent l'envolée des prix des denrées alimentaires et des carburants, le ralentissement de la croissance mondiale et les turbulences financières dans le monde. Jusqu'à présent, les effets des turbulences financières semblent s'exercer de façon indirecte, par le biais du ralentissement de la croissance mondiale et de la volatilité des cours des produits de base. L'aggravation récente des turbulences accroît toutefois les risques d'une diminution des flux de ressources en direction de l'Afrique sous forme de capitaux privés, d'envois de fonds des travailleurs émigrés et même d'aide publique au développement.

Le choc des cours des produits de base a poussé à la hausse l'inflation et les déficits extérieurs courants. En outre, le soutien des bailleurs de fonds n'a pas augmenté suffisamment pour couvrir le surcoût des importations dû à l'envolée des cours, obligeant les pays à opérer l'ajustement avec leurs ressources intérieures. Les réserves de change ont assez bien résisté au choc jusqu'à présent, mais on ne saurait s'attendre à ce qu'elles permettent d'absorber les conséquences à long terme de la flambée des prix de l'alimentation et de l'énergie. Bien que la situation soit en train de changer rapidement suite à la haute volatilité sur les marchés financiers et des produits de base, ces préoccupations restent d'actualité malgré le reflux récent des cours du pétrole et des prix alimentaires. Dans un certain nombre de pays, l'ajustement à des cours des produits alimentaires et énergétiques plus élevés ne semble pas s'être complètement opéré et il est possible que des tensions inflationnistes subsistent.

Les décideurs sont confrontés à trois enjeux : gérer l'ajustement au choc des cours des produits alimentaires et énergétiques, préserver la stabilité économique dans un contexte de turbulence financière dans le monde et protéger les plus pauvres. Avec la diminution récente des cours des produits alimentaires et énergétiques par rapport à leur niveau le plus élevé, il devrait être plus facile de répercuter les cours mondiaux des denrées alimentaires et des carburants sur l'économie afin d'encourager l'ajustement. Cependant, étant donné que l'alimentation représente une grande partie des dépenses des ménages, la perte de pouvoir d'achat des pauvres qui en résulte est extrêmement préoccupante. Les mesures visant à amortir l'impact de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants sur les pauvres doivent donc être bien ciblées et aussi mieux soutenues par les bailleurs de fonds. Les pays exportateurs de pétrole doivent, pour leur part, maintenir une perspective de moyen terme et gérer les recettes pétrolières de façon avisée, ce qui leur permettrait de maintenir leurs niveaux de dépenses publiques dans l'éventualité d'une baisse soutenue des cours du pétrole.

Des risques sans précédent pèsent sur les perspectives économiques de la région, et la vigueur de la croissance et de la stabilité macroéconomique du continent est mise à l'épreuve. Plus que jamais, les pays doivent être prêts à réagir rapidement aux chocs exogènes inattendus. La tâche est particulièrement difficile pour les pays qui subissent les effets inflationnistes du renchérissement des importations, la dégradation de leurs termes de l'échange ainsi que la diminution des envois de fonds des travailleurs émigrés et des flux de capitaux privés ; dans ce contexte maintenir ou augmenter l'aide publique au développement reste d'une importance capitale.»

Le texte complet du rapport d'octobre 2008, intitulé Perspectives économiques régionales-Afrique subsaharienne, est disponible sur le site Internet du FMI, www.imf.org.

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