Communiqué de presse: M. Rodrigo de Rato, Directeur général du FMI, souligne les progrès de la réforme du FMI et avertit le Conseil des gouverneurs du ralentissement de la croissance mondiale
le 22 octobre 2007
Le Directeur général du Fonds monétaire international, M. Rodrigo de Rato, a déclaré aujourd'hui, dans son allocation d'ouverture de l'Assemblée annuelle 2007 du Conseil des gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI, que la croissance de l'économie mondiale se poursuivrait à un rythme plus lent que ces dernières années et que les risques de révision à la baisse des prévisions étaient plus importants qu'il y a six mois, étant donné les turbulences des marchés du crédit. Il a observé que le FMI restait vigilant et engagé, et il a souligné, dans ce discours prononcé à Washington, les progrès très sensibles accomplis dans la réforme du FMI, appelant les gouverneurs à confirmer leur engagement à mener à bien des volets essentiels des réformes l'année prochaine, afin de permettre au FMI de mieux s'acquitter de sa mission, qui est de favoriser une croissance mondiale durable.
L'économie mondiale
M. de Rato a observé que l'économie mondiale repose toujours sur de solides fondations. Néanmoins, il a rappelé que : «La question est de savoir si l'économie mondiale se trouve aujourd'hui à un point d'inflexion. Il semble jusqu'à présent que la croissance se poursuivra, mais à un rythme plus lent que ces deux dernières années ». Le Directeur général a ajouté : « Ces derniers mois ont été marqués par un véritable séisme sur les marchés du crédit. Comme la plupart des séismes, celui-ci a pu sembler lointain à la plupart d'entre nous — nous en avons pris connaissance par les journaux. Mais tout risque de répliques n'est pas écarté, et ce n'est qu'avec le temps que l'impact de la perturbation qui s'est produite se fera pleinement sentir». M. de Rato a invité les responsables économiques et financiers réunis à l'occasion de l'Assemblée annuelle 2007 à prendre les mesures déjà convenues pour réduire les déséquilibres économiques mondiaux et à mener à terme les négociations commerciales multilatérales. Il a déclaré aussi que les économies émergentes susceptibles d'être touchées par la crise devraient se préparer aux risques liés à un ralentissement de la croissance mondiale.
M. de Rato a souligné qu'il était important de réfléchir aux enseignements de la crise financière et de coopérer dans l'application de ces leçons. «Nous savons déjà que nous ne devrions pas essayer de décréter la fin des crises: cela reviendrait à essayer d'interdire les tremblements de terre. Mais nous devons remédier, en revanche, aux carences de notre infrastructure que la crise a mises en évidence. Nous devons nous assurer que l'infrastructure réglementaire est suffisamment solide et suffisamment simple pour faire face aux crises dans une économie mondialisée», a-t-il indiqué. Le Directeur général a résumé les leçons de la crise financière en soulignant les points suivants : il faut chercher des moyens peu coûteux d'améliorer la transparence des marchés du crédit; les autorités de surveillance et les agences de notation du crédit qui évaluent la solidité des banques et de leurs fonds propres devraient faire davantage attention aux risques hors bilan; les autorités de réglementation devraient intégrer, dans leur évaluation des ratios de liquidité, le risque de liquidité accru auquel les banques sont confrontées maintenant qu'elles font de plus en plus appel aux marchés de titres pour leur financement; enfin, il convient de mieux éduquer et de mieux protéger les consommateurs car «les principales victimes de la crise ont été jusqu'à présent ceux que l'on a persuadé d'acheter un logement qu'ils n'avaient pas les moyens d'acquérir, et qui en sont aujourd'hui dépossédés». M. de Rato a souligné par ailleurs l'importance de la coopération multilatérale sur les questions relatives aux marchés financiers, et le rôle que le FMI pourrait jouer à cet égard. «Le FMI bénéficie d'une dimension universelle qui en fait une enceinte privilégiée pour les discussions multilatérales et donne du poids aux résultats de ces discussions».
Le FMI et son programme de réformes
S'agissant de l'évolution du FMI face aux problèmes soulevés par la mondialisation, le Directeur général a souligné l'importance des progrès accomplis dans la réforme de l'organisation, en particulier dans les domaines de la gouvernance, de la surveillance et du financement du FMI.
En ce qui concerne la gouvernance et les réformes institutionnelles, M. de Rato a déclaré : «L'accord est maintenant de plus en plus grand entre les membres sur les principaux éléments d'une nouvelle formule de calcul des quotes-parts, et plus particulièrement sur la nécessité de faire figurer le PIB calculé à parité de pouvoir d'achat parmi les ingrédients de la réforme». Il a aussi souligné les progrès réalisés sur d'autres points fondamentaux de la réforme de la gouvernance, comme le consensus qui s'est dégagé sur la nécessité de revoir la répartition des droits de vote dans un sens plus favorable aux pays émergents et en développement dans leur ensemble, ainsi que la convergence de vues sur une augmentation totale des quotes-parts d'au moins 10 % et sur le doublement au moins du nombre des voix de base afin de préserver la position des pays à faible revenu. M. de Rato a ajouté : «Bien entendu, le processus de réforme doit encore être mené à bonne fin, et il ne faudrait pas sous-estimer le défi que cela représente ni la détermination dont il faudra faire preuve pour y parvenir. Mais je suis convaincu que nos pays membres se montreront à la hauteur. Vous avez manifesté votre volonté de réforme à Singapour et vous l'avez de nouveau manifestée à la réunion du CMFI ce week-end».
Quant à la modernisation du travail de surveillance du FMI, le Directeur général a attiré l'attention sur la décision adoptée en juin dernier, qui constitue la première révision importante en 30 ans du cadre de la surveillance. Il a déclaré que cette décision «réaffirme que la surveillance doit être centrée sur ce qui constitue le cœur de notre mandat — à savoir la responsabilité que nous avons de promouvoir la stabilité extérieure des pays membres.» Le Directeur général a également attiré l'attention sur l'achèvement de la première consultation multilatérale, qu'il a qualifiée de «nouvel instrument utile mis à la disposition des pays membres».
L'élaboration d'un nouveau mode de financement du FMI recueillant l'assentiment de tous a bien avancé. «L'accord est maintenant total sur la nécessité pour le FMI de se doter de ce nouveau modèle et ses modalités font l'objet d'un large consensus. La Direction et les services du FMI sont prêts à proposer plusieurs scénarios. J'espère que les pays membres seront prêts de leur côté à prendre les décisions qui s'imposent pour préserver l'équilibre financier de l'institution», a précisé M. de Rato. En réponse aux demandes de réduction des dépenses du FMI, M. de Rato a déclaré que l'institution avait «préparé un budget qui prévoit une économie de 6 %, en termes réels, sur une période de trois ans».
M. de Rato souhaite la bienvenue à son successeur et remercie la Direction et les services du FMI
M. de Rato a déclaré : «J'ai eu le privilège d'être le Directeur général du FMI pendant trois ans et demi et je considère que c'est l'un des plus grands honneurs qui m'aient jamais été faits dans la vie ». Le Directeur général a achevé son allocution en souhaitant la bienvenue à son successeur, M. Dominique Strauss-Kahn, ainsi qu'au nouveau Président du CMFI, M. Tommaso Padoa-Schioppa. Il a aussi remercié les Directions du FMI et de la Banque mondiale, le Conseil d'administration et les services du FMI de leur soutien et de leur dévouement durant son mandat, avant de déclarer : «Mais je voudrais surtout remercier les membres des services du FMI, dont le dévouement à l'institution et à sa mission est absolument remarquable. On pense parfois, à l'extérieur, que le personnel des organisations internationales est rebelle au changement. Eh bien cela n'est pas vrai des services du FMI. Chaque fois que j'ai voulu introduire des changements, il a relevé le défi, et il est même allé plus loin en se faisant lui-même le moteur du changement au sein de l'institution».
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