Questions clés sur la Tunisie
Le 10 avril 2020
- Comment le fmi évalue-t-il les répercussions de la covid-19 sur la tunisie ?
- Comment le fmi soutient-il la tunisie dans sa lutte contre la pandémie de covid-19 ?
- Quelles nouvelles mesures la Tunisie a-t-elle prises pour améliorer la résilience de son économie ?
- La dette de la Tunisie va-t-elle augmenter en raison du choc de la covid-19 ?
- Quelles sont les réformes prioritaires que la Tunisie doit mener à moyen terme ?
- Qu’a permis de réaliser l’accord 2016-2020 conclu avec le FMI au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) ?
Comment le fmi évalue-t-il les répercussions de la covid-19 sur la tunisie ?
L'économie tunisienne a été durement touchée par l'épidémie de COVID-19. La croissance en 2020 devrait chuter à -4,3 %, soit le niveau le plus bas depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956. Les autorités ont pris des mesures en amont pour endiguer la propagation du coronavirus en fermant les frontières du pays, en isolant les personnes touchées et en imposant un confinement et un couvre-feu nocturne. Elles ont également agi rapidement pour atténuer les répercussions sociales et économiques de la pandémie sur les ménages à faibles revenus et les petites et moyennes entreprises en prenant une série de mesures d'intervention d'urgence.
L'important secteur du tourisme, qui représente 7 % du PIB, et les entreprises exportatrices, qui approvisionnent les industries automobiles et textiles européennes, ont déjà été fortement touchés. Les tensions vont s'accentuer à mesure que la crise se fera sentir dans l'ensemble de l’économie nationale. Les ménages devront puiser dans leur épargne et réduire leur consommation. Le taux de chômage, déjà à 15 %, sera encore plus élevé, les recettes diminueront et les prix à l'importation augmenteront. De nombreuses entreprises risquent de manquer de liquidités en raison des fermetures temporaires et de la baisse des recettes tirées de la consommation et des exportations.
Comment le fmi soutient-il la tunisie dans sa lutte contre la pandémie de covid-19 ?
Le 10 avril, moins de trois semaines après avoir reçu la demande d'aide financière d'urgence des autorités tunisiennes, le conseil d'administration du FMI a approuvé un financement d'urgence de 745 millions de dollars, soit 2 % du PIB de la Tunisie, au titre de son instrument de financement rapide (IFR) afin d'aider les autorités à faire face à la pandémie de COVID-19.
Le financement du FMI appuiera les efforts déployés en amont par les autorités pour endiguer la propagation du virus et atténuer ses répercussions sur le plan humanitaire, social et économique. Les ressources du FMI permettront aux autorités d'augmenter les dépenses de santé, de renforcer les dispositifs de protection sociale pour les familles à faible revenu et les chômeurs, et de soutenir les petites et moyennes entreprises touchées par la crise. Elles contribueront également à accélérer la mobilisation de fonds supplémentaires en provenance de donateurs.
En outre, l'IFR empêchera la couverture des réserves de la Tunisie de tomber au seuil critique de 3 mois d'importations, ce qui garantira des volants de réserves suffisants dans un contexte d'incertitude sans précédent et renforcera la confiance. Il convient de noter également que ce mécanisme offrira une protection plus forte en cas de nouveaux chocs ou de reprise prolongée après l'épidémie de COVID-19.
Quelles nouvelles mesures la Tunisie a-t-elle prises pour améliorer la résilience de son économie ?
Face au choc imprévu de l'épidémie de coronavirus, le gouvernement a pris des mesures pour atténuer les tensions budgétaires et réduire les besoins de financement :
La dette de la Tunisie va-t-elle augmenter en raison du choc de la covid-19 ?
Alors que le pays est aux prises avec le choc de la COVID-19, la charge de sa dette va sensiblement augmenter, compte tenu du fort ralentissement de la croissance et de la détérioration du solde budgétaire primaire à la suite de la baisse des recettes et des mesures prises pour faire face à la crise. En 2020, la dette publique devrait atteindre 89 % du PIB et la dette extérieure 110 % du PIB. Pour assurer la viabilité de la dette, les autorités tunisiennes devront donc mener une politique macroéconomique prudente à moyen terme et surtout procéder à un assainissement continu et énergique des finances publiques, une fois la crise du coronavirus passée. Cela dit, trois facteurs réduisent les risques qui pèsent sur la viabilité de la dette : premièrement, la majeure partie des dettes extérieure et publique est due à des créanciers officiels ; ces prêts sont assortis de taux d'intérêt moyens relativement bas et de longues échéances, ce qui réduit les obligations au titre du service de la dette. Deuxièmement, le risque de fortes fluctuations des taux de change, qui pourraient fortement influer sur les niveaux d'endettement, est faible par rapport à d'autres pays émergents, car la Tunisie n'autorise pas les investissements internationaux dans des instruments à court terme qui pourraient être rapidement annulés. Troisièmement, les banques tunisiennes sont peu exposées à la dette souveraine et aux passifs libellés en devises, ce qui accroît leur résistance aux chocs imprévus. Les partenaires extérieurs de la Tunisie peuvent l'aider à assurer la viabilité de sa dette à l'avenir en lui apportant un soutien financier à des conditions préférentielles et sous forme de dons.